Georges Mareschal

chirurgien français
Georges Mareschal
Portrait de Georges Mareschal
Portrait de Mareschal gravé par Jean Daullé d’après un dessin de Fontaine.
Biographie
Naissance
Calais
Décès
Bièvres
Thématique
Formation Hôpital de la CharitéVoir et modifier les données sur Wikidata
Profession Premier chirurgien du roi
Employeur Hôpital de la CharitéVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions Ordre de Saint-Michel et ordre royal et militaire de Saint-LouisVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de Académie royale de chirurgieVoir et modifier les données sur Wikidata

Charles Georges Mareschal de Bièvre, né le à Calais et mort le au château de Bièvres, est un chirurgien français. Il fut notamment le premier chirurgien et confident du roi Louis XIV.

Naissance et formation modifier

Il est le fils de John (George) Marshall (mort en 1671), gentleman irlandais émigré en France, officier d'infanterie dans l'armée de Louis XIII, blessé à la bataille de Rocroi (1643), amputé du bras droit, établi hôtelier à Gravelines, retiré à Calais où il mourut pauvre.

Orphelin de père à treize ans, Mareschal est recueilli par son tuteur, Paul Knopf, chirurgien-barbier de Gravelines, qui l'emploie comme aide. En 1677, il se rend à Paris et s'y installe comme assistant d'un chirurgien de Saint-Côme. Il réalise très vite ses premières saignées, soigne des blessures. Vers 1680, il apprend l’anatomie en travaillant bénévolement à l’hôpital de la Charité, l’un des plus importants de Paris. En 1684, il entre officiellement à la Charité, où il devient maître-chirurgien en 1688, puis chirurgien en chef de 1692 à 1703. Il bénéficie rapidement d’une excellente réputation[1].

Premier chirurgien du roi modifier

Le , il est appelé à donner son avis sur la maladie du roi Louis XIV, qui a un énorme abcès à la nuque dû à un anthrax[1]. En 1698, il opère le duc de Villeroy d'une hernie[2].

Georges Mareschal est nommé à la charge stratégique de Premier chirurgien du roi Louis XIV le [3]. Il succède à Charles-François Félix, et conservera cette charge sous le jeune Louis XV, jouissant de la confiance et de l'amicale estime de ces deux souverains. Bien que démissionnaire au bénéfice de son fils aîné en 1719, il sera maintenu auprès du jeune monarque jusque vers 1730.

Il est alors un membre essentiel de l’entourage du roi, qu’il suit partout. En bonne entente avec le Premier médecin du roi Dodart, il soigne d’autres grands personnages de la cour, notamment Racine. De nombreux souverains étrangers le consultent.

Son buste par François GIrardon, présenté au château de Versailles.

En 1704, il opère le duc de Saint-Simon avec lequel il se lie d'amitié[4]. Pour Saint-Simon, Mareschal est « le premier de tous en réputation et en habileté (...) fort peu d'esprit, très bon sens, connaissait bien ses gens, était plein d'honneur, d'équité, de probité et d'aversion pour le contraire ; droit, franc et vrai, et fort libre à le montrer, bon homme et rondement homme de bien et fort capable de servir, et par équité ou par amitié, de se commettre très librement à rompre des glaces auprès du roi, quand il se fut bien initié et on l'était bientôt dans ces sortes d'emploi familiers auprès de lui[5]. »

Georges Mareschal est nommé « Maître d'hôtel du roi », en , et anobli par lettres patentes, en [6].

En , il opère le maréchal de Villars, blessé au genou à la bataille de Malplaquet et lui évite l’amputation en extrayant la balle et en cautérisant la plaie[7]. En , il soigne le duc d'Orléans des suites d'une chute de cheval, puis en opère le comte de Toulouse d'une « pierre grosse et pointue »[8], recevant en récompense dix mille écus, qu'il tente de refuser avant de devoir les accepter.

En , il veille le roi Louis XIV, atteint de la gangrène, tente une opération pour le sauver, constate sa mort le 1er septembre puis pratique son autopsie et son embaumement[9].

En 1731, il a fondé, avec François Gigot de Lapeyronie, l'Académie royale de chirurgie[10]. On lui doit aussi d'avoir fait progresser la chirurgie lithotomique[1].

Titres et distinctions, famille modifier

Il figure parmi les premiers chevaliers de Saint Louis lors de la création de cet Ordre. Il est décoré de l'Ordre royal de Saint-Michel en 1723, après avoir guéri l’infante d’Espagne[11].

Seigneur de Bièvres-le-Châtel (terre acquise en 1712), Seigneur de Vélizy , etc., chevalier de l'ordre de Saint-Michel (1723), Chirurgien du Roi, Académie Royale de Chirurgie, Chevalier de l'Ordre de Saint Louis[1].

Il épouse en 1684 Marie Roger, dont trois fils, notamment Georges (1685-1747), seigneur de Bièvres, qui lui succéda dans sa charge (il fut également fermier général), et François, qui fut abbé et conseiller-clerc au parlement. Le premier eut, d'Anne Blanchet, six enfants survivants ; l'aîné des fils fut Georges-François (1719-1747), seigneur de Bièvres, Vélizy et Montéclain, conseiller au parlement, mais il mourut jeune, à 28 ans ; il avait épousé Marie-Anne Eynaud.

Leur fils, le marquis de Bièvre (1747-1789, né posthume, et qui perdit sa mère à cinq ans), devenu célèbre pour ses mots d'esprit et ses calembours, est l'arrière-petit-fils du chirurgien[12].

Georges-François eut notamment deux frères qui continuèrent la descendance.

Notes et références modifier

  1. a b c et d « Éloge de Mareschal », Mémoires de l’Académie Royale de chirurgie de Paris, Paris, Delaguette, t. 2,‎ , p. 31-42 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Jacques Roujon, Le Duc de Saint-Simon, 1675-1755, D. Wapler, , 747 p. (lire en ligne), p. 80.
  3. Louis XIV (roi de France ; 1638-1715), Déclaration... ou Lettres patentes portant confirmation des droits et privilèges du premier barbier et chirurgien du Roy, en faveur du sieur Mareschal, 1710, lire en ligne sur Gallica
  4. (en) Vivian Nutton, Medicine at the Courts of Europe : 1500-1837, Routledge, , 310 p. (ISBN 978-0-429-75888-1, lire en ligne), p. 228, note 91.
  5. Saint-Simon, t. 4, XIII, p. 254
  6. François De Vaux de Foletier, Anoblissements de médecins et chirurgiens de Louis XIV à Louis XVI, Paris, 4 p. (lire en ligne).
  7. André Corvisier, La Bataille de Malplaquet, 1709 : l’effondrement de la France évité, Paris, Economica, , 170 p. (lire en ligne), p. 132.
  8. Félix Lorin, Rambouillet, Paris, Aubert, , 702 p. (lire en ligne), p. 386.
  9. (en) Robert P. Hudson, Disease and its control : the shaping of modern thought, Greenwood Press, , 259 p. (ISBN 978-0-313-23806-2, lire en ligne), p. 116.
  10. Histoire de la Société dans le site de l'Académie Nationale de Chirurgie
  11. Hippocrate, t. 16-18, Paris, (lire en ligne), p. 34.
  12. Base généalogique Roglo.eu, d'après La Chesnaye-Desbois, Dict. de la Noblesse.

Bibliographie modifier

  • « Éloge de M. Georges Mareschal », Mémoires de l'Académie Royale de Chirurgie, t. 2, 1753, p. 31-42 (Texte intégral).
  • « Éloge de M. Mareschal », Mémoires de l'Académie Royale de Chirurgie, t. 2, Paris, Delaguette, 1753, p. 31-42 (Texte intégral)
  • Louis Moréri, Étienne François Drouet, Claude Pierre Goujet, « Mareschal (Georges) », Le grand dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, t. 7e, Paris, Libraires associés, 1759 (Texte intégral)
  • Abbé Jean-Baptiste Ladvocat, Dictionnaire historique-portatif contenant l'histoire des patriarches, des princes ..., des empereurs ..., des papes ..., des historiens, poètes ... ; avec leurs princ. ouvrages ..., des femmes savantes, ... & généralement de toutes les personnes illustres ... de tous les siècles ... ; ouvrages utile pour ĺ'intelligence de l'histoire ancienne & moderne, Paris, Didot, 1755 - 664 pages (Texte intégral)
  • Observations sur les écrits modernes, t. X, Paris, Chaubert, 1737, 360 p. (Texte intégral)
  • « Georges Mareschal », Dictionnaire des sciences médicales, Paris, Paneckoucke, 1813 (Texte intégral)
  • Mémoire pour Georges Mareschal, premier chirurgien du roi, intervenant, et pour les prévôts, maîtres et gardes de la communauté des maîtres chirurgiens de Paris, appelants, contre les frères religieux, prieur et convent servant l'hôpital de la Charité à Paris, intimés et défendeurs, Hôpital de la Charité, Paris, Normant, imp. de B. Laisnel, (s. d.).
  • Factum pour Mre Georges Mareschal,... premier chirurgien-barbier du roi, défendeur en règlement de juges, et au principal demandeur en exécution des arrêts du conseil, des et ,... contre Charles Léger, Jean Gousselin de la Touche, Louis Le Mire et Adrien Le Bègue,... perruquiers de la ville de Paris [S.l. : s.n., s.d.].
  • Constantin Mazeret, Devéria, Dénorama, ou Spécilège historique et anecdotique sur chaque partie du corps humain, Peytieux, 1825 - 240 pages (Texte intégral)
  • François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois, « Maréchal-de-Bièvre », Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l’histoire & la chronologie des familles nobles de France, l’explication de leurs armes & l’état des grandes terres du royaume, Paris, Veuve Duchesne,‎ , p. 522 (lire en ligne).
  • « Éloge de M. Georges Mareschal - tiré des Mémoires del'Académie royale de Chirurgie», Almanach de la ville et du canton de Calais [puis et de Saint-Pierre] pour... : contenant une table des marées, des détails statistiques, l'indication des professions libérales et commerciales, etc. Publié sous les auspices de la Société d'agriculture, du commerce, des sciences et arts de Calais. Année 5, Ed. D. Le Roy (Calais), 1843-1866, p. 120-128 lire en ligne sur Gallica
  • A. C., « Mareschal (Georges) », Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Deuxième série, L-P. t. 4e, MAG-MAR / publ. sous la dir. A. Dechambre [puis de] L. Lereboullet ; L. Hahn secrétaire de la dir. [puis] directeur-adjoint, Masson puis Hasselin, Paris, 1874-1889, p.775-777 lire en ligne sur Gallica
  • Gérard Kufferath, Sire, votre chirurgien, Rouf, 1974.
  • François Iselin, Les lys et le caducée. Soigner à la cour de Versailles, Perrin, 2012.
  • Jean-Jacques Peumery, « Georges Mareschal (1658-1736), fondateur de l'Académie de chirurgie », Bulletin de la Société Française d’Histoire de la Médecine, 1996, 30(3), p. 323-332.(Texte intégral)
  • Jean-Jacques Peumery, « Les proches parents de Georges Mareschal, Premier chirurgien de Louis XIV et de Louis XV (1658-1736) », Vesalius, 1997, III, 2, p. 85-90 (Texte intégral)
  • P. Delaunay, Le Monde parisien au XVIIIe siècle, 2e édition, Paris, 1906.
  • Gabriel Marechal De Bièvre, Georges Mareschal, seigneur de Bièvre, chirurgien et confident de Louis XIV (1658-1736), Paris, Plon-Nourrit, 1906, 600 p.
  • J. Lévy-Valensi, La médecine et les médecins français au XVIIe siècle, Paris, Baillière, 1933, p. 643-649.
  • Histoire de la Médecine aux Armées, t. I, Paris, Charles Lavauzelle, 1952.
  • William Doolin, « Georges Mareschal (1658-1736) - Les origines irlandaises de l'Académie de chirurgie », Médecine de France, Paris, Perrin, 1956, no 72.
  • (en) William Doolin, « Georges Mareschal (1658-1736) : Liberator of Surgery », Ann R Coll Surg Engl., , 10(2): 78–95 (Texte en ligne)
  • André Sicard, « L'Académie de chirurgie », La Médecine à Paris du XIIIe au XXe siècle, ouvrage publié sous la direction d'André Pecker, Paris, Hervas, 1984, p. 209-218.
  • François Lebrun, « Médecins et empiriques à la cour de Louis XIV », Histoire, économie et société, 1984, 3e année, no 4, Santé, médecine et politiques de santé, p. 557-566. (Texte intégral)
  • Jacques Bescond, Une construction de la clinique : le savoir médical au XVIIIe siècle, Paris, L'Harmattan, 2010, p. 49-52 (Extraits)
  • C. Chatelain, « Histoire de l’Académie nationale de chirurgie ou Quelques considérations sur la naissance et la vie de l’Académie de chirurgie ou Naissance et avatars d’une Académie », e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie, 2006, 5 (2) : 18-23 (Texte intégral)

Liens externes modifier

Annexes modifier