Georges de Castillon de Saint-Victor

Joseph Félix Georges, « comte » de Castillon de Saint-Victor, né le à Saint-Bomer en Eure-et-Loir, mort à Laval en Mayenne le , est un aéronaute, homme politique et jésuite français.

Biographie

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Georges de Castillon de Saint-Victor est né le au château de la Grève à Saint-Bomer en Eure-et-Loir[1]. Fils de Marie-Joseph, comte de Castillon de Saint-Victor et de Marie, princesse Cantacuzène[2] sœur de l'homme politique roumain Georges Grégoire Cantacuzène, il fait ses études au collège des Jésuites du Mans, puis à la faculté de Paris.

Licencié en droit en 1891, il suit les cours de l'École des Sciences Politiques puis entre au ministère des Affaires étrangères en 1893. Orateur habile, une brillante carrière de diplomate s'ouvre devant lui, quand ses opinions royalistes l'obligent à démissionner en 1895.

L'aéronaute

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Le comte de Castillon pratique de nombreux sports dont le cyclisme et l'automobile, mais s'intéresse plus particulièrement aux expériences aérostatiques. En , il accomplit son baptême de l'air avec Henry de La Vaulx, sous la conduite de Maurice Mallet, dans une ascension de Paris à Dreux en 22 heures, à bord du ballon Le Volga. La même année, il fait Paris-Luxembourg en 7 heures. En décembre, il met 18 heures pour relier Paris à Millau (Aveyron).

Le , son ballon ayant été contrarié par le vent océanique, il se classe second dans le premier concours de la course des aéronautes en se posant à l'Île d'Elle[3]. Il ne va pas tarder à prendre sa revanche : le de la même année, il bat (avec Mallet) le record du monde de distance en ligne droite (1 330 km en 23 h 15), jusqu'alors détenu par Maurice Farman[4] et Gustave Hermite, à bord du « Centaure » en se posant à Vesterwick (Suède)[3],[5],[6].

Avec de La Vaulx encore, les 21 et , il remporte le record de durée (35 heures avec escale et 29 heures 5 minutes sans escale) sur « l'Aéro-club » en faisant un trajet mouvementé entre l'usine à gaz du Landy à Saint-Denis et Commercy dans la Meuse. Le suivant, il atterrit à Münden au Hanovre après 15 heures d'un voyage rendu tumultueux par une tempête qui sévissait dans les montagnes voisines de Coblence.

En , toujours avec son ami de La Vaulx, il rallie la Russie à bord du Centaure. Leur ballon se pose à Korostychev près de Kiev, le , après 35 heures de vol et 1 925 km parcourus depuis leur départ de Paris[7], c'est un nouveau record de distance[8],[9]. Le , il participe à la première coupe aéronautique « Gordon Bennett ». Il doit poser son appareil à Blonville-sur-Mer dans le Calvados, le vent étant trop incertain[10].

Il sera secrétaire général de la Fédération aéronautique internationale de 1909 à 1912[11]. Le comte de Castillon recevra la Grande Médaille d'Or de l'Aéro-Club de France en 1913[12].

Le politique

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Mais ses activités sportives ne lui font pas oublier ses engagements politiques. Bien que ne manquant jamais de railler ce qu'il appelle la foire électorale[13], il est plusieurs fois candidat aux élections législatives (en 1902 et 1906) à Belleville. En ce début du XXe siècle les monarchistes sont en perte de vitesse et il ne sera pas élu député. Président des Comités royalistes de la Seine de 1909 à 1913, il refuse de s'allier à l'Action française alors dirigée par Charles Maurras. Il prône alors un anti-parlementarisme modéré, loin des excès des anti-dreyfusards. En 1910 il soutient l'interdit du duc Philippe d'Orléans contre les Camelots du Roi dont il désapprouve la violence[14].

À la stupéfaction de son entourage et de ses amis, il quitte brusquement la scène sportive et politique à 43 ans pour entamer une longue et fructueuse carrière religieuse « Pour la plus grande gloire de Dieu ! ». Ainsi, en , il se retire au Royaume-Uni chez les Jésuites de Canterbury. Avec d'autres religieux, il reviendra en France à l'occasion du déclenchement de la guerre de 1914 pour prendre sa place dans l'Armée[15].

Il meurt à la maison des Jésuites de Saint-Michel de Laval (Mayenne) le .

Bibliographie

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  • Aéro-club de France, « Georges de Castillon de Saint-Victor », Aéro France,‎ , Volume 15, p. 17 (lire en ligne)
  • Dick, « Les chemins de l'air et Instantané: Le conte Castillon de St-Victor », Le Figaro,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  • François Calais, « La jeunesse royaliste de Paris préfiguration de l'Action française », Histoire, économie et société, no volume 10, n° 4,‎ , pp. 561-589 (lire en ligne)
  • C.E. Curinier, Dictionnaire national des contemporains, Paris, B. Brunel et Cie, (lire en ligne), tome 2, p. 174
  • Georges de Castillon est souvent cité dans le journal L'Aérophile (fondé par Georges Besançon)
  • « La détermination du Point en ballon par A. de la Baume Pluvinel (2 décembre 1903) », Bulletin de la Société Astronomique de France, no volume 18,‎ , pp. 77-80 (lire en ligne)

Notes et références

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  1. Archives départementales d'Eure-et-Loir, état civil de Saint-Bomer 1866-1878, cote 3E327/010
  2. Mariés en 1863 : Archives départementales des Yvelines, État-Civil de Versailles 1863, cote 1116708
  3. a et b « L'aérostation », La Vie au grand air,‎ , p. 180 (lire en ligne)
  4. « Portrait d'aéronautes contemporains, M. Farman », L'Aérophile, no 7e année, N°10,‎ , De Paris au Golf de fos en ballon, pp. 109-120 (lire en ligne)
  5. « Petites nouvelles », Le Matin, no 16e année, N° 5700,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  6. (sv) « Parisisk a luftseglare. Teckning för Idun af Theodor Lindblom. », Idun, no 83,‎ , pp. 5-6 (lire en ligne)
  7. Henry de (1870-1930) La Vaulx, Livre de bord du grand voyage du Centaure, piloté par les comtes de La Vaulx et Georges de Castillon de Saint-Victor, de Vincennes à Korostychev (Petite Russie, 1 925 km en 35 h 45), ces 9-11 octobre 1900, (lire en ligne)
  8. « Paillettes de souvenirs - 1900 », Air-France revue,‎ , p. 12 (lire en ligne)
  9. « Un anniversaire », L'Aérophile, no 33e année, N° 19-20,‎ , p. 300 (lire en ligne)
  10. « Le Journal », sur 14910.net
  11. Son personnage est caricaturé par Mich dans La Vie parisienne lors d'une soirée à l'Aéro-Club (lire en ligne)
  12. « Bulletin officiel de l'Aéro-club de France », L'Aérophile,‎ , p. 189 (lire en ligne)
  13. « Le banquet de la Saint-Philippe », Journal du Loiret, no 93e année, N° 118,‎ (lire en ligne)
  14. « Chez les Royalistes la scission s'accentue », Journal de Roubaix, no 350,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  15. « Petites Nouvelles », La Croix, no 9641, 35e année,‎ , p. 4 (lire en ligne)