Gerhardt Stenger
Gerhardt Stenger, né Gerhard Stenger à Linz en Autriche en 1955, est un universitaire franco-autrichien.
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Maître de conférences, professeur d'université, spécialiste de la littérature, romaniste, érudit littéraire |
A travaillé pour |
Université de Montpellier-III, Université de Nantes |
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Maître | |
Dir. de thèse |
Jacques Proust, Jean Mayer |
Maître de conférences émérite à l’Université de Nantes, il est spécialiste du siècle des Lumières, en particulier de l'histoire des idées, de Diderot, de Voltaire et de l'Encyclopédie. Il est l’auteur de nombreux articles sur cette époque et l'éditeur des Œuvres complètes d'Helvétius.
Biographie
modifierAprès des études de français et de latin aux Universités de Salzbourg et de Graz en Autriche (1974-1980), Gerhardt Stenger exerce comme professeur de lycée pendant plusieurs années à Linz puis à Vienne. En 1981, il entame sous la direction de Jacques Proust une thèse sur Diderot à l'Université de Montpellier-III, où il enseignera en tant que lecteur d’Allemand de 1984 à 1987. Après avoir soutenu sa thèse en 1990, il devient maître de conférences en littérature française à l'Université de Nantes en 1992[1]. En 2001, il obtient l’habilitation à diriger des recherches (HDR) à l’Université de la Sorbonne-Paris IV.
Gerhardt Stenger a enseigné dans le cadre d'Erasmus Mundus à l’Université nationale de Tucumán (Argentine) en 2010 et à l'Université de Téhéran (Iran) en 2017. En , il a été victime d'un grave accident de baignade sur l’île de Tobago où il a failli perdre la vie. Il a pris sa retraite en 2020.
Gerhardt Stenger fait partie du conseil d’administration de la Société Diderot et de la Société Voltaire. De 1997 à 2002, il a été trésorier de la Société française d’étude du XVIIIe siècle (SFEDS) ; depuis 2012, il est membre du Comité éditorial des Œuvres complètes de Voltaire[réf. nécessaire].
Parallèlement à ses activités d'enseignement et de recherche, Gerhardt Stenger poursuit une carrière théâtrale qui lui permet de toucher un public non-universitaire. Dès 1998, il a travaillé avec la troupe théâtrale Science 89 (dir. Michel Valmer) à l’adaptation de l' Entretien d'un philosophe avec la maréchale de *** de Diderot et de L'Ingénu de Voltaire. En 2004, il a traduit Aire de repos ou Ainsi font-elles toutes d’après la pièce de l’écrivaine autrichienne et prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek Raststätte oder Sie machen's alle[2]. Puis il adapte Le neveu de Rameau de Diderot pour une lecture-interprétation au festival d’Avignon en 2009[3]. En 2013, il a écrit, en collaboration avec Henri Mariel et à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Diderot, la pièce de théâtre Diderot en prison[4],[5] ; elle a été représentée en 2018 au château de Vincennes, où Diderot fut incarcéré en 1749. En 2017, il a écrit la pièce Luther, ou la réforme en dix rounds[6], à l’occasion du cinquième centenaire de la naissance du protestantisme.
Recherche
modifierÉlève de Jacques Proust, Gerhardt Stenger a préparé sous la direction de Jean Mayer une thèse sur les dernières œuvres de Diderot (Montpellier 3)[7],[8] et entamé une réflexion sur les méthodes et les présupposés qui allaient le conduire dans sa recherche. Convaincu que la critique littéraire et l’histoire des idées doivent porter une attention particulière à la matérialité et à l’historicité de tout texte littéraire, Gerhardt Stenger estime qu'il est nécessaire de faire précéder l’entreprise critique par le travail philologique de base, condition sine qua non d’une interprétation correcte : étude des manuscrits, questions de chronologie, problèmes de traduction, etc. Le simple recours aux passages de L’Homme cités par Diderot dans sa Réfutation d'Helvétius lui a permis de découvrir que celui-ci n’avait pas compris les principales thèses défendues par son adversaire[9]. De même, la comparaison minutieuse des premières pages de l' Inquiry on virtue or merit de Shaftesbury avec la traduction faite par Diderot a clairement démontré que le philosophe a plus ou moins consciemment trahi, moyennant quelques retouches, la base idéaliste de son modèle[10]. Enchaînant sur une étude philologique approfondie de ses œuvres de jeunesse, Gerhardt Stenger a montré que Diderot n’a jamais été déiste au début de sa carrière d’homme de lettres[11]. Mais ce sont surtout les sources découvertes par Gerhardt Stenger qui ont contribué à mieux interpréter certains textes de Diderot[12]. Et comme il n’est pas de critique littéraire sérieuse sans éditions sûres, Gerhardt Stenger consacre une bonne partie de son travail de recherche à l’élaboration d’éditions critiques. À ce titre, il a dirigé l'édition des Œuvres complètes d'Helvétius et participe à celles de Diderot, de Voltaire et de la Correspondance littéraire de Grimm.
Publications
modifierLivres
modifier- Nature et liberté chez Diderot après l'« Encyclopédie », Paris, Universitas, 1994, 342 p.[8],[13]
- Diderot. Le combattant de la liberté, Paris, Perrin, 2013, 795 p.[14],[15],[16]
- Le Triomphe des Lumières : l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Paris, Perrin, 2024, 443 p.
Éditions d’ouvrages collectifs
modifier- Être matérialiste à l’âge des Lumières. Hommage offert à Roland Desné. Textes réunis et publiés par Béatrice Fink et G.S., Paris, Presses Universitaires de France, 1999, 343 p.
- 1867. L’année de tous les Rapports. Les lettres et les sciences à la fin du Second Empire. Ouvrage collectif coordonné par Évelyne Barbin, Jean-Luc Godet et G.S., Pornic, Éditions du temps, 2009, 352 p.
- Diderot et Rousseau. Littérature, science et philosophie. Actes du colloque de l’Université Permanente de Nantes (23-) recueillis par G.S., Haute-Goulaine, Opéra Éditions, 2014, 183 p. + ill.
- Les Morales de Diderot. Sous la direction d'Odile Richard et G. S., Paris, Hermann, 2022, 457 p. (« Les colloques Cerisy »).
Éditions de textes du XVIIIe siècle (choix)
modifier- L’Affaire des Cacouacs. Trois pamphlets contre les Philosophes des Lumières, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2004, 160 p.
- Helvétius : Œuvres complètes, Paris, Champion, 2011-2020, 3 vol. (en collaboration avec David Smith et Jonas Steffen)[17].
- Diderot : Le Père de famille, Montpellier, Éditions Espaces 34, 1re éd. 1993, 2e éd. 1997, 3e éd. 2004, 151 p.
- Diderot : Observations sur la « Lettre sur l’homme et ses rapports » de Hemsterhuis, dans Diderot : Œuvres complètes, éd. Dieckmann-Proust-Varloot (DPV), t. XXIV, Paris, Hermann, 2004, p. 215-419.
- Diderot : Réfutation suivie de l’ouvrage d’Helvétius intitulé, L’Homme, dans Diderot : Œuvres complètes, éd. Dieckmann-Proust-Varloot (DPV), t. XXIV, Paris, Hermann, 2004, p. 421-767 (avec Roland Desné).
- Diderot : Notes écrites de la main d’un souverain à la marge de Tacite, ou Principes de politique des souverains, accompagnés d’extraits du De arcanis rerumpublicarum d’Arnoldus Clapmarius, Paris, Société française d’étude du dix-huitième siècle, 2015, 110 p. + 3 ill.
- Voltaire : Lettres philosophiques. Derniers écrits sur Dieu [Tout en Dieu. Commentaire sur Malebranche – Dieu. Réponse au Système de la nature – Lettres de Memmius à Cicéron – Il faut prendre un parti, ou le Principe d’action], Paris, Flammarion, 2006, 486 p. Réédition en 2008 et 2020 dans la collection « Le Monde de la philosophie ».
- Voltaire : Questions sur l’Encyclopédie. Édition critique sous la direction de Nicolas Cronk et de Christiane Mervaud, dans Œuvres complètes de Voltaire, t. 40, 41, 42A, 42B, 43 (de nombreux articles).
- Voltaire : Dictionnaire philosophique, Paris, Flammarion, 2010, 634 p.
- Voltaire : Dieu. Réponse au Système de la nature, dans Œuvres complètes de Voltaire, t. 72, Oxford, Voltaire Foundation, 2011, p. 125-163 (avec Jeroom Vercruysse).
- Voltaire : Les Oreilles du comte de Chesterfield, et le chapelain Goudman, dans Œuvres complètes de Voltaire, t. 76, Oxford, Voltaire Foundation, 2013, p. 125-207.
- Voltaire : De l’âme. Par Soranus, médecin de Trajan, dans Œuvres complètes de Voltaire, t. 76, Oxford, Voltaire Foundation, 2013, p. 209-257.
- Voltaire : Les Singularités de la nature. Œuvres complètes de Voltaire, t. 65B, Oxford, Voltaire Foundation, 2017, xxii + 383 p.[18]
Théâtre
modifier- Diderot : Entretien d’un philosophe avec la Maréchale de ***. Adaptation théâtrale de Françoise Thyrion, avec la collaboration de G.S. Postface de G.S., Lille, La Fontaine Éditions, 1998, 39 p. (2e éd. 2004).
- Diderot : Le Neveu de Rameau. Adaptation théâtrale (2009)[3]
- Voltaire : L’Ingénu. Adaptation théâtrale de Françoise Thyrion avec la collaboration de G.S. Préface de G.S., Lille, La Fontaine Éditions, 2001, 64 p.
- Gerhardt Stenger et Henri Mariel : Diderot en prison, Paris, L’Harmattan, 2018, 49 p.[4]
- Gerhardt Stenger et Henri Mariel : Luther, ou La Réforme en dix rounds, Nantes, La Fabrique du Livre, 2023, 33 p.
Notes et références
modifier- Michel Valmer, « Nantes, l'Europe, la Culture. Six personnalités ligériennes des arts, de la pensée et du spectacle témoignent d'une dynamique vivante de leur extraterritorialité », Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire., , p. 83
- (de) Die Weltweiten übersetzungen von Elfriede Jelineks werken samt aufführungsdokumentation, 2012
- « Podcast-Le neveu de Rameau de Diderot », sur Radio France, (consulté le ).
- « Diderot, ou la pensée des Lumières mise en lumière », sur L'Humanité, (consulté le ).
- « Théâtre de l'Entr'Acte - Diderot en prison », sur site-entracte (consulté le ).
- « Théâtre de l'Entr'Acte - Luther, ou la Réforme en dix rounds », sur site-entracte (consulté le ).
- « Nature et liberté chez Diderot après l'Encyclopédie par Gerhardt Stenger », sur Thèses.fr, (consulté le ).
- Anthony Strugnell, « Gerhardt Stenger, Nature et liberté chez Diderot après l'Encyclopédie », Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, (consulté le ), p. 162–163
- Voir « Diderot lecteur de L’Homme : une nouvelle approche de la Réfutation d'Helvétius », dans Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 228, 1984, p. 267-291.
- Voir « Diderot traducteur de Shaftesbury : éléments pour une lecture critique de l’Essai sur le Mérite et la Vertu », dans Shaftesbury. Philosophie et politesse. Actes du Colloque (Université de Nantes, 1996). Textes réunis par F. Brugère et M. Malherbe, Paris, Champion, 2000 (Coll. « Champion-Varia », 45), p. 213-226.
- Voir « L’atomisme dans les Pensées philosophiques : Diderot entre Gassendi et Buffon », dans Dix-Huitième Siècle, 35, 2003, p. 75-100, et « De la suffisance de la religion naturelle : un manifeste déiste de Diderot ? », dans La Lettre clandestine, 21, 2013, p. 229-237.
- Voir « Diderot lecteur de Heinsius : quelques éclaircissements sur la conclusion des Éléments de physiologie », dans Revue d'histoire littéraire de la France, 3, 2012, p. 601-612, « La source inconnue des Principes de politique des souverains de Diderot », dans Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 47, 2012, p. 293-297, « Diderot lecteur de Clapmarius. Prolégomènes à une future édition des Principes de politique des souverains de Diderot », dans Diderot et la politique, aujourd’hui. Sous la direction de Marie Leca-Tsiomis et Ann Thomson, Paris, Société Diderot, 2019, p. 13-24, ainsi que l'édition critique des Notes écrites de la main d’un souverain à la marge de Tacite de Diderot.
- Marc Buffat, « Gerhardt Stenger : Nature et liberté chez Diderot après l' « Encyclopédie ». 1994 (compte-rendu) », Dix-Huitième Siècle, (consulté le )
- Odile Richard-Pauchet, « Gerhardt Stenger, Diderot, Le combattant de la liberté, Paris, Perrin, 2013 », sur Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, (consulté le )
- Serge Hartmann, « Gerhardt Stenger Biographie. Diderot, la liberté pour combat », sur DNA, (consulté le )
- Pierre Chartier, « Diderot: le combattant de la liberté by Gerhardt Stenger (review) », French Studies: A Quarterly Review, (consulté le ), p. 248–249
- Stéphanie Roza, « Les Lumières radicales d’Helvétius », sur L'Humanité, (consulté le ).
- (en) Mitia Rioux-Beaulne, « Gerhardt Stenger (Editor). Les singularités de la nature . (Complete Works of Voltaire, 65B.) xxi + 383 pp., figs., index. Oxford: Voltaire Foundation, 2017. ISBN 9780729411523 », University of Chicago Press, (consulté le )
Liens externes
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