Ghettotech
Origines stylistiques UK garage, ghetto house, electro, techno, hip-hop[1], R&B
Origines culturelles Fin des années 1990 ; États-Unis (Détroit et Chicago)
Instruments typiques Séquenceur, échantillonneur, batterie, synthétiseur, clavier, ordinateur
Voir aussi Ghetto house, UK garage

La ghettotech, ou ghetto-tech[2], est un genre musical de musique dance ayant émergé à Détroit. Il s'inspire par la musique house de Chicago, la techno de Détroit avec un zest de hip-hop au rythme assez rapide (entre 140 et 175 BPM) et aux textes très directs, parfois pornographiques. Descendant direct de la Miami bass inventée par les rappeurs des années 1980 en Floride, Disco D (en) est l'inventeur du terme. Les musiciens et groupes du genre incluent notamment DJ Assault[3], Mr. De, Disco D, DJ Nasty[1], DJ Omega, DJ Godfather[3], Sixfoe, et Cocky Balboa. Le label de musique Motor City Electro Company se spécialise dans ce sous-genre musical.

Historique modifier

Jeff Mills "The Wizard"

Origines modifier

La ghettotech est originaire de Détroit dans le Michigan aux États-Unis. La ghettotech est un genre de musique populaire, d'abord porté et incarné par les classes défavorisées de la ville. On l'écoutait notamment dans les clubs de striptease[4].

Le DJ Jeff Mills est crédité comme inspirateur principal du style avec les mix qu'il produit sur les radios WDRQ and WJLB sous le nom The Wizard au cours des années 1980. Il se produit également tous les dimanches au Nectarine Ballroom de Detroit. La ghettotech est un genre qui existe d'abord uniquement sous forme de mix radio ou de mix en club, ou le DJ superpose un morceau de rap (souvent 2 Live Crew), sur une piste d'électro-funk ou de techno, jouée en accélère. Les DJs de Détroit allaient jusqu'a modifier leurs platines pour pouvoir augmenter le tempo jusqu'à 150-155BPM. Ce mélange, c'est la ghettotech. Si Jeff Mills a popularisé cette manière de jouer les disques, d'autres DJ vont l'imiter comme Gary Chandler. Plus tard, des producteurs comme DJ Assault ou DJ Godfather sortiront des morceaux qui réalisent déjà ce mélange[5].

DJ Godfather

Avant d'être dénommé ghettotech, le style musical a connu plusieurs noms. Il a été qualifié de « booty music », « mix show music», «tech shit», "Jit Music". Le terme ghettotech est finalement proposé au milieu des années 1990 par le DJ Disco D et le journaliste Hobey Echlin[5].

Sur la télévision locale, les émissions The Scene (1975-1987) et New Dance Show vont contribuer à populariser la musique électronique de Detroit. On pouvait y entendre de la techno, de l'électro et de la ghettotech. Ces émissions, imaginées comme des versions locales de Soul Train, invitaient un DJ à passer des disques et des danseurs à bouger dessus. New Dance Show est cités par de nombreux artistes de Detroit comme une influence, et donne même son nom à un titre de Starski and Clutch[5].

Déclin modifier

À partir de la fin des années 90 et le début des années 2000, la ghettotech baisse en popularité. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. D'un côté, au début des années 2000 le hip-hop et le r'n'b gagnent en popularité et remplacent la ghettotech dans les clubs et sur les ondes radio de Détroit[5].

Napster en 2001

Autre problème, le vivier de producteur de ghettotech et ghettohouse est trop petit. Quand un producteur a du succès, il part en tournée et a moins le temps pour produire. Selon Rick Wade c'est cela qui explique qu'une majorité des tubes du ghettotech ont été produits avant le milieu des années 90.

L'arrivée des sites de téléchargement illégal comme Napster a aussi fragilisé les disquaires principaux diffuseurs de vinyles de ghettotech. Enfin, le changement de programmation des radios ont donné moins d'opportunités aux DJ locaux[5].

Au tournant des années 2000, les producteurs de ghettotech sont partagés entre une volonté de produire des morceaux plus proche de la scène rap (DJ Assault avec Detroit Summer en est un exemple) et des titres au tempo plus rapide. Ces morceaux, trop rapide pour une grande partie de l'audience, peinent a trouver un public[5].

Renouveau modifier

À partir de la seconde moitié des années 2010, une nouvelle vague de producteurs et DJs va s'inscrire dans le courant ghettotech. Ces artistes ne sont pas forcément originaires de Détroit et de ces horizons, ce qui était le cas de la quasi-totalité des artistes ghettotech originaux. Parmi eux, on trouve l'australien Partiboi69, les européennes DJ Mell G, DJ Fuckoff, Miss Bashful, MCR-T.[6] Cette génération contient plus d'artistes féminines, qui jouent des codes hyper-sexualisés de la ghettotech pour en faire des hymnes d'empouvoirement. À Detroit, de nouvelles figures se démarquent, comme le groupe HiTech.

Caractéristiques modifier

Dj Assault

La ghettotech est un genre de musique électronique assez rapide, dont le tempo se situe entre 140 et 170BPM. Elle se construit la plupart du temps sur une rythmique 4x4 donc en quatre temps, avec un kick de bass sur chaque temps. Le genre s'inspire de la Ghetto House venu de Chicago sur cet aspect là. La ghettotech contient aussi des sonorités électroniques inspirées de la techno et de l'électro de Détroit, portée par des artistes comme Cybotron ou Jeff Mills. La ghettotech n'existe pas que sous forme instrumentale, une grande partie des morceaux du genre comprennent des paroles. Les flows et les textes sont inspirée de la Miami Bass, un sous-genre du rap américain, réputé pour ses paroles lascives[5].

Les textes de ghettotech sont réputés pour être répétitifs et particulièrement portés sur la sexualité, et de contenir de nombreuses injures. Certains morceaux existent en version censurée, comme "Gel and Weave" version radio-friendly du morceau "Ass N Titties"[5].

Beaucoup de classiques du genre parlent de sexe et de drague. DJ Godfather souligne quant à lui qu'une grande partie de la ghettotech s'intéresse à d'autres sujets, comme les danses footwork et jit qui sont toutes les deux associées au genre. Les pochettes d'albums de ghettotech sont parfois, elles aussi, sexuellement explicites[5].

France modifier

Inspiré par le son électronique de Détroit, DJ Koyote a fait son premier voyage à Detroit et Chicago en 2003, où il a rencontré et s'est lié d'amitié avec DJ Nasty, DJ Godfather et DJ Nephets. De retour en France, où il avait déjà son propre crew, Family Werks, avec Goon et d'autres, il organise  des soirées, invitant les grands noms de la scène de Détroit et en leur proposant de mixer sur des radios parisiennes[7].DJ Koyote et Family Werks ont contribué à faire connaître le "booty sound", la ghettotech et la ghettohouse à l'Europe continentale[4].

TTC

Le premier morceau de Ghettotech produit en France, et en français est probablement "Pute & Mac" de France Copland paru en 2002[4]. Il influence directement le groupe TTC qui signe en 2004 "Girlfriend" l'un des premiers succès ghettotech francophone. Teki Latex, membre de TTC, explique cette filiation dans Libération.[8] "Girlfriend" reprend une rythmique ghettotech et s'inspire également de "Ass n Titties" de DJ Assault. Paru en 2004, le morceau est un tube, particulièrement populaire dans les soirées étudiantes[9].

Le label parisien Booty Call Records qui met en avant la Ghettotech depuis 2007 notamment avec les sorties digitales de Dj Godfather, Mr H, Kesmo, Typhonic, du mix cd "Ice & Tities" [10] ou encore de la compilation "La Boutique" sortie en 2010. Les artistes de Booty Call Records signeront quelques morceaux ghettotech en français, comme DJ Kesmo avec "Face Bas et Fesses Haut" ou Kaptain Cadillac avec "Coucou".

Interviewé par le magazine Trax, DJ Koyote souligne que certains morceaux de Jul (il donne en exemple "La Classe" et "Toujours la dalle") se rapprochent de la ghettotech, au niveau du tempo et de la structure[4]. En 2023, Kaba et Hyas publient "Lick It" un morceau inspiré ghettotech/ghettohouse en collaboration avec le groupe de Détroit HiTech[11].

Notes et références modifier

  1. a et b (en) « Ass. Titties. Ass and titties. Ass, ass, ass, ass, ass and titties.” -- DJ Assault, “Ass N Titties” (1996). », sur Stylus (consulté le ).
  2. (en) « DJ Rashad - Double Cup », sur AllMusic (consulté le ).
  3. a et b (en) « DJ Funk Biography », sur AllMusic (consulté le ), While Detroit artists like DJ Assault and DJ Godfather specialized in what is often referred to as ghetto tech, Chicago-based icon DJ Funk specialized in ghetto house.
  4. a b c et d Trax Magazine, « C'est quoi la ghettotech, par DJ Koyote »
  5. a b c d e f g h et i (en) Ray Philp, « Ghettotech: An Oral History », sur daily.redbullmusicacademy.com (consulté le )
  6. (en) Brittany Gaston, « The Past, Present, and Future of Ghettotech with Dj Godfather »
  7. (en) Resident Advisor, « Biographie DJ Koyote »
  8. Teki Latex, « La playlist de Teki Latex »
  9. Sophie Marchand & Jean Morel, « « Girlfriend » : l’hymne de TTC qui s’inspirait…d’un autre hymne »
  10. « Discogs »,
  11. Morane Aubert, « Full sentimental : Kaba »