Glande à sel

organes
Glande à sel
Les glandes lacrymales transformées en glandes à sel expliquent notamment les larmes des tortues et des crocodiles lorsqu'ils sont hors de l'eau. Dans le cadre de la théorie du primate aquatique, les sécrétions lacrymales salées chez l'homme pourraient rappeler cette fonction mais ces sécrétions sont isotoniques au plasma sanguin (9 g/L de NaCl)[1].
Détails
Système
Région
Identifiants
MeSH
A13.811
Nom MeSH
Salt Gland

Les glandes à sel sont des organes qui, chez les Elasmobranchii, quelques reptiles, les oiseaux marins et quelques oiseaux terrestres vivant dans des milieux très secs[3] comme les géocoucous, participent à l'osmorégulation interne. Ces glandes jouent un rôle actif en contrôlant le taux de sodium-potassium du sang et permettant ainsi son élimination via une solution concentrée. Le sang passant au contact des cellules de ces glandes se trouve dessalé par un processus tout à fait comparable à celui qui préside au dessalage de la sueur, ce qui permet d'excréter les surplus de sel. Ces animaux peuvent ainsi ingérer de l'eau de mer avec leurs proies. Il semble que la présence de ces glandes chez les élasmobranches et les amniotes soit une convergence évolutive.

Filtrée par les glandes à sel puis expulsée par les narines, une solution hypersaline s'écoule à la pointe du nez de cet Albatros royal, donnant l'impression qu'il a « la goutte au nez »[2].

Il existe également des glandes à sel sur les feuilles et les tiges de certaines plantes halophytes (communes dans les familles des Plumbaginaceae et des Frankeniaceae, on en trouve aussi, mais occasionnellement, dans d'autres familles). Ces glandes épidermiques assurent le rejet du sel accumulé dans les tissus à la suite de la transpiration végétale[4].

Chez les animaux, ces glandes maintiennent l'équilibre en sel et permettent à certains vertébrés[5] ainsi qu'aux oiseaux marins[6] de boire de l'eau de mer.

Chez les Elasmobranchii modifier

Chez les Elasmobranchii (requins, raies), la glande à sel se trouve toujours dans le rectum. Cette glande rectale permet d'éliminer le surplus de sel par les fèces[7].

Chez les amniotes modifier

Les glandes à sel se trouvent toujours dans le crâne, près des orbites oculaires ou des narines. On estime que les glandes à sel performantes des tortues marines leur permettent de pouvoir boire de l'eau de mer[5]. Les reins de ces animaux sont en fait beaucoup moins performants que ceux des mammifères, d'autant que leur peau ne leur permet pas de sudation et donc d'excréter les sels ainsi.

Certaines théories, peu acceptées par les spécialistes de la phylogénétique, suggèrent que les conduits lacrymaux et glandes sudoripares chez les mammifères peuvent être une évolution des glandes à sel.

Le mécanisme de ces glandes chez les oiseaux et les reptiles marins, appelées depuis des siècles glandes nasales ou glandes supraorbitaires, ont été découvertes par Knut Schmidt-Nielsen[8] en 1957.

Les oiseaux modifier

Les oiseaux de mer et quelques oiseaux terrestres vivant dans des milieux très secs comme les géocoucous, expulsent le sel excès via un liquide limpide et incolore qui s'écoule par les cavités nasales. Cette solution a une concentration constante en chlorure de sodium, pouvant atteindre une concentration en sodium de 1 000 mmol/L[9]. Le fonctionnement des glandes à sel est différent de celui des reins, puisqu'elles ne fonctionnent qu'en réponse aux stress osmotiques, d'une manière discontinue[9]. Le volume expulsé par les cavités nasales est très supérieur au volume d'urine produit par le rein. Enfin, la glande à sel entre en action très rapidement dès que le taux de sodium crée les conditions nécessaires (environ 12 à 15 minutes)[10].

Les glandes nasales des oiseaux de mer sont un des transporteurs d'ions les plus efficaces du monde du vivant connu[9].

Cétacés modifier

Les cétacés ne possèdent pas à proprement parler de glandes à sel. C'est la fonction sudoripare qui se charge d’évacuer le trop plein de sel. Cette fonction est hypertrophiée et poussée jusqu’à la cristallisation du sel marin pour assurer l’équilibre hydrominéral[11],[12].

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) M. Peaker, J. L. Linzell, Salt glands in birds and reptiles, Cambridge University Press, , 307 p. (lire en ligne)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. (en) Knut Schmidt-Nielsen, Animal Physiology. Adaptation and Environment, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 345.
  2. Christophe Barbraud, Fabrice Genevois, Oiseaux marins. Entre ciel et mers, éditions Quæ, , p. 62.
  3. Futura, « Définition | Glande à sel | Futura Santé », sur Futura (consulté le ).
  4. (en) K. Kubitzki, J. G. Rohwer, & V. Bittrich, The families and genera of vascular plants, vol. 2, Springer, , p. 523–530.
  5. a et b (en) O’Driscoll, K.J.; Staniels, L.K.; and Facey, D.E., « Osmoregulation and Excretion » (consulté le ).
  6. Peter H. Raven, Jonathan B. Losos, Kenneth A. Mason et Tod Duncan, Biologie, De Boeck Superieur, (ISBN 978-2-8073-2702-3, lire en ligne), p. 1095.
  7. Denis Poinsot, Maxime Hervé, Bernard Le Garff, Mael Ceillier, Diversité animale. Histoire, évolution et biologie des Métazoaires, De Boeck Superieur, (lire en ligne), p. 202.
  8. (fr) « In memoriam », sur institut de France de l'Académie des sciences.
  9. a b et c C. Jouanin, « L'élimination extra-rénale du sel chez les oiseaux océaniques », Ann. Pharm. Fr., vol. 58, no 5,‎ , p. 34-350 (ISSN 0003-4509, résumé).
  10. Luc Chazel, Muriel Chazel, Les oiseaux ont-ils du flair ?, Quæ, , p. 95-96.
  11. Denise Viale, « Mise en évidence d'une fonction excrétrice de la peau chez certains cétacés odontocètes et mysticètes », Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, vol. 40, no 3,‎ , p. 201–221 (ISSN 0022-0981, DOI 10.1016/0022-0981(79)90051-0, lire en ligne, consulté le ).
  12. Viale, D. et Viale-Masson, A. C., « Évolution de la fonction sudoripare chez les cétacés: de la disparition supposée à l'hypertrophie démontrée? », Bulletin de la Société zoologique de France,‎ (lire en ligne).