Gotthold Hasenhüttl

théologien autrichien

Gotthold Nathan Ambrose Hasenhüttl (né le à Graz) est un prêtre autrichien et théologien critique de l’Église exerçant en Allemagne et suspendu par l'Église catholique romaine.

Gotthold Hasenhüttl
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Gotthold Hasenhüttl est professeur de théologie systématique de 1974 à 2002 à l'université de la Sarre. Armé de fortes convictions œcuméniques, il s'engage pour l'intercommunion entre chrétiens issus de différentes confessions et pour l'abolition du célibat des prêtres catholiques. Cela et ses critiques de l’Église catholique ("une institution rigide aux orientations fondamentalistes"[1]) lui vaut un conflit sérieux avec la hiérarchie catholique. Il est suspendu en 2003 en tant que prêtre, pour avoir administré la communion catholique à une assemblée comportant des protestants, et, en 2006, sa canonica missio (licence d'enseignement) lui est retirée. Gotthold Hasenhüttl est formellement sorti de l’Église catholique romaine en 2010[2].

Biographie

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Après avoir fréquenté une école primaire et un lycée de sa ville natale de Graz, Gotthold Hasenhüttl a étudié la philosophie et la théologie catholique, d'abord à l'université de Graz, puis à partir de 1953 à Rome à l'Université pontificale grégorienne, dont il obtient en 1956 une maîtrise de philosophie et en 1960 une maîtrise de théologie. En 1959, il est ordonné prêtre à Rome. En 1962, il obtient son doctorat en théologie, avec une thèse portant sur "l'accomplissement de la foi, une rencontre avec R. Bultmann du point de vue de la compréhension catholique de la foi" (Der Glaubensvollzug. Eine Begegnung mit R. Bultmann aus katholischem Glaubensverständnis)[3].

Après ses études, il est pendant deux ans chapelain à Sankt Lorenzen im Mürztal en Styrie avant d'entrer comme maître-assistant à l'université de Tübingen en 1964. Il est alors assistant de recherche auprès du professeur Hans Küng à l'Institut de recherche œcuménique (Institut für Ökumenische Forschung) fondé par ce dernier en 1963. Hans Küng et Joseph Ratzinger - le futur Benoît XVI - sont alors (de 1966 à 1969) les titulaires des deux chaires de dogmatique catholique romaine de la Faculté de théologie de l'université de Tübingen [4] En 1969, il obtient le grade de professeur et commence à enseigner. En 1972, il obtient un doctorat de philosophie avec une thèse sur l'idée de Dieu dans Sartre[Quoi ?][3].

De 1974 jusqu'à sa retraite en 2002, il enseigne la théologie systématique à la Faculté de Université de la Sarre. En 1989, il devient président de la Société internationale Saint-Paul (Internationale Paulusgesellschaft). Depuis 1993, il est un membre régulier de l'Académie européenne des sciences et des arts.

Il assume en outre les responsabilités administratives suivantes au sein des universités :

  • 1972-1973 : vice-doyen de la faculté de théologie catholique de l'université de Tübingen
  • 1973-1974 : doyen de la faculté de théologie catholique de l'université de Tübingen
  • 1977-1979 : administrateur (senator) de l'université de la Sarre
  • 1977-1981 et à nouveau en 1994-1996 : vice-doyen de la faculté de philosophie de l'université de la Sarre et président du domaine d'enseignement des sciences historiques et fondamentales (Vorsitzender des Fachbereichs Grundlagen- und Geschichtswissenschaften der Universität des Saarlandes)

Lors de l'Assemblée de l'Église œcuménique à Berlin en 2003, il a célébré une messe selon le rite catholique dans l'église protestante de Gethsémané et a explicitement invité toutes les personnes présentes à participer à l'eucharistie sans autorisation de l'évêque ordinaire du lieu. En conséquence, l'évêque de Trèves Reinhard Marx l'a frappé d'une Suspense (droit canonique) le 17 juillet 2003, le privant donc de ses droits d'exercer la prêtrise. En 2006, sa licence d'enseignement ou Missio canonica lui est retirée (mais il est alors déjà à la retraite).

En 2010, après des années de relations houleuses avec la hiérarchie catholique en raison de ses positions sur l’Église, il quitte l'Église catholique en tant qu'institution mais il souligne en même temps son appartenance à la communauté de foi de l’Église catholique et son souhait d'y revenir si les conditions sont réunies[1].

Positions théologiques et éthiques

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Théologie

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Gotthold Hasenhüttl écrit en 1979 dans son livre "dogmatique critique" (Kritische Dogmatik) que la foi ne doit jamais revendiquer d'être une vérité éternelle objective. En 2001, il a publié le livre "La foi sans mythe" (Glauben ohne Mythos), dans lequel il affirme que Dieu se révèle au travers de l'amour de l'homme envers d'autres hommes. Il est ainsi secondaire de savoir si Jésus de Nazareth a vécu, et l'eucharistie serait alors un symbole réel de Jésus-Christ, semblable à une "image divine"[5].

Hasenhüttl comprend Dieu comme un événement d'amour dans le contexte interpersonnel, et appelle à un changement de paradigme, du juridique au charismatique. Selon lui, "Jésus lui-même pas n'a pas fondé d'église". Il n'a donc a fortiori pas donné à l'église de structure institutionnelle ; un principe hiérarchique n'a rien à voir avec la nature de l’Église"[6].

Position sur les cas d'abus sexuels dans l’Église catholique

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Hasenhüttl tient le pape Benoît XVI directement responsable de la dissimulation systématique des abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique. Ce dernier avait en effet, alors qu'il était préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, interdit à tous les évêques de porter les cas de violence à la connaissance du public, cela dans une lettre du 18 mai 2001, De delictis gravioribus, sous peine de sanctions canoniques. Les écrits ultérieurs de Benoît XVI continuent à "relativiser" ce qui ne serait "pas un problème d'ordre purement ecclésiastique". En tant que gardien de la morale, l’Église ne peut pas argumenter ainsi, soutient Hasenhüttl; "Si cela est fait abus dans les familles, cela ne justifie qu'il existe aussi dans l’Église."[7]

Publications

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Gotthold Hasenhüttl a publié de nombreux livres en allemand, dont certains ont été traduits en diverses langues, mais pas en français :

  • Der Glaubensvollzug. Eine Begegnung mit Rudolf Bultmann aus katholischem Glaubensverständnis ("L'accomplissement de la foi, une rencontre avec R. Bultmann du point de vue de la compréhension catholique de la foi", ouvrage tiré de se thèse de doctorat en théologie), Essen 1963.
  • Geschichte und existenziales Denken ("Histoire et pensée existentialiste"), Wiesbaden 1965.
  • Der unbekannte Gott? ("Ce Dieu inconnu"), Einsiedeln 1965 (traductions hollandaise en 1965, anglaise en 1966, italienne en 1967, croate en 1982).
  • Charisma. Ordnungsprinzip der Kirche ("Charisme. Principe d'ordre dans l’Église"), Fribourg 1969 (traduction italienne en 1973).
  • Gefährdet die moderne Exegese den Glauben? ("L'exégèse met-elle la foi en péril ?"), Graz-Cologne 1970.
  • Füreinander dasein. Brennpunkte moderner Glaubensproblematik ("Être présent à l'autre. Points sensibles de la problématique actuelle de la foi"), Freiburg 1971.
  • Gott ohne Gott. Ein Dialog mit Jean-Paul Sartre ("Dieu sans Dieu, un dialogue avec Jean-Paul Sartre"), Graz-Köln 1972 (holl. 1973).[8]
  • Christentum ohne Kirche ("Christianisme sans église"), Aschaffenburg 1973.
  • Herrschaftsfreie Kirche. Sozio-theologische Grundlegung ("Une église libre de toute domination, bases socio-théologiques"), Düsseldorf 1974.
  • Formen kirchlicher Ketzerbewältigung ("Formes de lutte de l’Église contre les hérétiques", avec J. Nolte), Düsseldorf 1976.
  • Kritische Dogmatik ("Dogmatique critique"), Graz-Köln 1979
  • Einführung in die Gotteslehre ("Introduction à l'enseignement de la théologie"), Darmstadt 1980 (traduction en coréen en 1983)
  • Freiheit in Fesseln. Die Chance der Befreiungstheologie. Ein Erfahrungsbericht ("La liberté sous les entraves, la chance de la théologie de la libération, un rapport tiré de l'expérience. "), Olten 1985, 21987.
  • Die Augen öffnen. Betrachtungen für alle Wochen des Jahres ("Ouvrir les yeux, contemplations pour chaque semaine de l'année"), Munich 1990.
  • Schwarz bin ich und schön. Der theologische Aufbruch Schwarzafrikas ("Noir et beau je suis, l'éveil théologique de l'Afrique noire"), Darmstadt 1991.
  • Glaube ohne Mythos ("Foi sans mythe"), Mayence 2001.
  • Ökumenische Gastfreundschaft. Ein Tabu wird gebrochen ("Hospitalité eucharistique, un tabou brisé"), Stuttgart 2006.
  • Christen gegen Christen. Der Streit um das gemeinsame Abendmahl ("Chrétien contre chrétien, la lutte pour une communion partagée"), Stuttgart 2010.
  • Glaube ohne Denkverbote. Für eine humane Religion ("Une foi sans censure, pour une religion humaine), Darmstadt 2012.

Notes et références

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  1. a et b Article de Daniel Kirch Saarbrücker Theologe Hasenhüttl ist aus der katholischen Kirche ausgetreten (le théologien Hasenhüttl a quitté l’Église catholique) [1] in Saarbrücker Zeitung, paru le 16 novembre 2010, consulté le 16 novembre 2016.
  2. Article du journal Die Zeit Theologe Hasenhüttl tritt aus der katholischen Kirche aus (Le théologien Hasenhüttl sort de l’Église catholique) [2], mis en ligne le 16 novembre 2010, consulté le 16 novembre 2016.
  3. a et b Biographie en ligne sur le site de l'Université de la Sarre, mis à jour le 3 septembre, 2015, consulté le 16 novembre 2016 [3]
  4. voir par exemple le Vorlesungsverzeichnis der Universität Tübingen, 1968, catalogue des cours de l'université de Tübingen, 1968.
  5. Matthias Stolz, Nein und Amen, article du journal Die Zeit 4/2006,paru le 19 janvier 2006, consulté le 16 novembre 2016 [4] .
  6. Macht Kirche. Plattform „Wir sind Kirche“, Munich 1998, page 37.
  7. [5] Theologe gibt Papst Verantwortung für Vertuschung – und spricht zu Benedikts „Hirtenbrief“, article paru dans la Neue Rundschau, en mars 2010, consulté le 16 novembre 2016 [6]
    Article de Gotthold Hasenhüttl "Sexueller Missbrauch in der römisch-katholischen Kirche – ein Symptom?", webpage de Gotthold Hasenhüttl sur le site de l'université de la Sarre [7], consultté le 16 novembre 2016