Graffite

brève inscription sur un objet n'ayant pas vocation à accueillir un écrit

En archéologie, les graffites sont de brèves inscriptions faites à la main sur des objets du quotidien qui n'ont pas vocation à accueillir l'écrit. Au contraire du sens communément attribué aux graffiti, cette forme de l'écrit ne relève pas nécessairement de la dégradation[1]. Ce type d'inscription, que Mireille Corbier qualifie d'« écriture en liberté »[2], constitue une catégorie particulière d'inscription épigraphique à laquelle les archéologues se sont progressivement intéressés dès le XIXe siècle mais surtout depuis la fin du XXe siècle avec la diminution du nombre d'inscriptions monumentales inédites[3]. Longtemps considérés comme des témoignages écrits des classes inférieures moins représentées dans d'autres sources de documentation, les graffites concernent en réalité un spectre bien plus large des sociétés anciennes[1].

Graffite sur céramique sigillée.

Pour les mondes romain et grec, l'étude des graffites concerne tous les objets qui relèvent de l'instrumentum[4], mais essentiellement les inscriptions sur céramique dont la conservation est fréquente[5].

Dans l'agglomération romaine du col de Ceyssat (Puy-de-Dôme), 72 graffites, qui correspondent soit à des formules abrégées soit à des initiales, ont été découverts sur la lèvre et le bec verseur de céramiques qui sont majoritairement des vases à feu dont des cruches/bouilloires. La présence de ces graffites pourrait avoir un lien, dans le cas du graffite DVX, soit avec l'écoulement du liquide contenu dans le vase, soit avec le culte de Mercure, contribuant de ce fait à étayer l'hypothèse d'un sanctuaire romain implanté au bas du puy de Dôme[6].

Notes et références modifier

  1. a et b Andrieu 2017, p. 3.
  2. Corbier 2017.
  3. Andrieu 2017, p. 9-15.
  4. Michel Feugère, « L'instrumentum, support d'écrit », Gallia, vol. 61,‎ , p. 53-65 (ISSN 0016-4119, lire en ligne, consulté le ).
  5. Andrieu 2017, p. 4.
  6. Jérôme Trescarte, « Céramiques communes en contexte cultuel : le cas du puy de Dôme, sanctuaire sommital et agglomération du col de Ceyssat (Puy-de-Dôme) », dans Lucien Rivet (éd.), Actes du congrès de Langres. 17-20 mai 2007, Marseille, Société française d'étude de la céramique antique en Gaule, , p. 367-394.

Bibliographie modifier

  • Morgane Andrieu, Graffites en Gaule Lyonnaise. Contribution à l'étude des inscriptions sur vaisselle céramique. Corpus d'Autun, Chartres et Sens, Autun, Mergoil, coll. « Monographie Instrumentum » (no 54), (ISBN 978-2-35518-065-1).
  • Mireille Corbier, « L’écriture en liberté : les graffitis dans la culture romaine », dans Mireille Corbier et Gilles Sauron (dir.), Langages et communication : écrits, images, sons, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, coll. « Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques », (lire en ligne), p. 11-26.
  • Mireille Corbier, Michel E. Fuchs, Pierre-Yves Lambert et Richard Sylvestre (dir.), Graffites antiques, modèles et pratiques d’une écriture, Drémil-Lafage, Mergoil, coll. « Monographie Instrumentum » (no 65), (ISBN 978-2-35518-103-0)

Voir aussi modifier