Grand-Reng

section d'Erquelinnes, Belgique

Grand-Reng (en wallon: Grand-Rin) est un village de la province de Hainaut en Belgique. En bordure immédiate de la frontière française (département du Nord) il est lié historiquement au village de ‘Vieux-Reng’ qui se trouve en France. Administrativement il fait aujourd’hui partie de la commune commune d'Erquelinnes (Région wallonne de Belgique).

Grand-Reng
Grand-Reng
L'église de la Sainte-Vierge, à Grand-Reng
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Hainaut Province de Hainaut
Arrondissement Thuin
Commune Erquelinnes
Code postal 6560
Zone téléphonique 064
Démographie
Gentilé Grand-Rentois(e)[1]
Population 1 487 hab. (1/01/2020)
Densité 179 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 19′ 44″ nord, 4° 04′ 14″ est
Superficie 830 ha = 8,30 km2
Localisation
Localisation de Grand-Reng
Localisation de Grand-Reng au sein d'Erquelinnes
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte topographique de Belgique
Grand-Reng
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte administrative de Belgique
Grand-Reng
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
Voir sur la carte administrative de la Région wallonne
Grand-Reng
Géolocalisation sur la carte : Hainaut
Voir sur la carte administrative du Hainaut
Grand-Reng

Ce petit village, adossé à la frontière française, est proche de la Route Nationale 40 reliant Mons à Beaumont.

Évolution démographique

modifier
  • Sources : INS, Rem. : 1831 jusqu'en 1970 = recensements, 1976 = nombre d'habitants au 31 décembre.

Etymologie

modifier

Des vestiges depuis longtemps oubliés … des Grand-Rengtoises et des GrandRengtois nombre de chercheurs et d’amateurs d’histoire se sont penchés sur les origines étymologiques du village de Grand-Reng (tout comme sur celles de Vieux-Reng).

Malheureusement, il existe une règle qui soufre peu d’exceptions : on trouve habituellement presque autant d’avis qu’il n’y a de personnes qui se posent la question.

L’exercice vaut pourtant la peine d’être tenté. Lisons l’ouvrage d’un certain Zéphyr-Joseph Piérart (1818-1879), « Recherches historiques sur Maubeuge, son canton et les communes limitrophes », un bouquin de 284 pages, publié en 1851, par Ed. Levecque, libraire à Maubeuge. A la page 44, on trouve ceci : « Dans un grand nombre de titres anciens, Vieux-Reng est appelé Vies-Rain, mais cette orthographe n'est pas constante ; elle varie quelquefois, et il est plusieurs actes où ce village est désigné par le mot Vies-Reng. D'après la première orthographe, Vieux-Rain signifierait vieille rivière, vieux cours d'eau, du tudesque rin, rain, couler, rivière.

Mais il est plus probable que cette dénomination est moins exacte que l'autre, laquelle fait supposer au village la signification de vieux camp, de ring, circonvallation. De cette manière, on pourrait expliquer l'étymologie de Grand-Reng, qui, alors, signifierait grand camp, plutôt que grande rivière, chose inacceptable, vu le peu d'importance que la Trouille a dans cet endroit. ». Signalons au passage que tudesque dérive du francique (la langue que parlaient les Francs) theudisk (= teuton = germanique). Cette dernière interprétation n’est pas isolée. Par exemple, dans le volumineux et récent ouvrage de Jean-Jacques Jespers, « Dictionnaire des noms de lieux – Province de Hainaut », paru en 2021 aux Editions Racine, on peut lire (à la page 206), à propos de GrandReng : « forme locale Rin : éminence ronde, redoute (germanique Hringa, néerlandais Ring). ». Donc, on cherche une ligne de défense de forme circulaire, grande (Grand-Reng) et vieille (Vieux-Reng).

Oui, mais voilà ! Si la commune est bien connue, depuis longtemps, pour ses nombreux vestiges archéologiques épars, on n’y connait pas d’enceinte circulaire ancienne. Il y a bien le camp gaulois, recyclé par les romains, le Castelet à Rouveroy.

Mais, c’est loin. On parle ici de Grand-Reng et de Vieux-Reng, pas de Rouveroy. De plus le site n’a rien de circulaire…

Alors ? On attend encore quelques siècles pour savoir ?

C’est ici qu’intervient une découverte, passée inaperçue dans la localité. Un article publié en 2021 dans le numéro 29 de la revue Chronique de l'Archéologie wallonne. On y décrit la découverte d’une double enceinte néolithique, pratiquement circulaire, centrée sur la rue Trou Gilot, à mi-chemin entre les villages de Grand-Reng et Vieux-Reng ! Elle s’appuie au sud sur la bordure de la plaine alluviale de la Trouille et à l’ouest sur le vallon du ruisseau des Viviers. Elle correspond à une éminence pas très élevée, mais qui domine néanmoins le paysage.

La structure n’est pas visible au sol, elle a été vue et investiguée à l’aide des photos aériennes (orthophotoplans couleur et infrarouge) réalisés pour le compte du SPW, entre les années 1990 et 2020. Auxquelles ont été ajoutées des images de l’IGN français et… des vues de Google Maps !

Il s’agit d’un ensemble pratiquement circulaire formé de deux (parfois trois) fossés aujourdhui comblés, séparés par des banquettes (probablement des levées de terre) maintenant arasées. L'emprise totale du site (fossés compris) s'étend sur 580 m nord/sud et 600 m est/ouest ; l'aire totale fait alors environ 28 ha. L'espace intérieur de l'enceinte (qui représente la surface utile pour les occupants) fait 480 m nord/sud et 530 m est/ouest ; cela correspond à une aire enclose d'environ 21 ha. Le site est donc particulièrement grand. Les fossés font de 10 à 14 mètres de large, les banquettes font entre 7 et 14 m. On ne connait pas la profondeur des fossés puisqu’aucune fouille n’a été réalisée à ce jour. Par comparaison avec d’autres sites semblables découverts en Belgique, dans le Nord de la France et en Allemagne, on peut affirmer que l’enceinte de Grand-Reng date du Néolithique moyen, plus précisément d’une « culture » dénommée « Michelsberg » (du nom d’une localité allemande où les vestiges ont été particulièrement bien étudiés). Le Michelsberg a été daté de 4400 avant J.C. à 3700 ou 3600 avant J.C., c’est-à-dire en gros 6000 ans avant nous.

Avant la mécanisation « récente », les travaux agricoles impactaient peu le paysage. On peut supposer que l’enceinte néolithique, quoique partiellement estompée, est restée visible pendant de nombreux siècles. (A Boisfort, en plein milieu de la Forêt de Soignes, une enceinte Michelsberg laisse encore voir dans le paysage la traces de ses fossés et levées de terre. La protection des vestiges a été ici assurée par la forêt.).

Chez nous donc, au MoyenAge, cette enceinte ou ring était très probablement à la fois grande et vieille : « grande » vue de Grand-Reng, et « vieille » vue de Vieux-Reng ! Même si les vestiges ne sont pas visibles pour qui les foule au pieds, en parcourant la rue Trou Gilot, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit d’un patrimoine d’une importance considérable… si c’est à eux que les Grand-Rengtoises et les Grand-Rengtois doivent leur nom !

Eléments d’histoire

modifier

Le 13 mai 1794, le village a été le site de la Bataille de Grand-Reng (ou ‘bataille de Rouveroy’) lorsque Franz Wenzel (en), comte von Kaunitz-Rietberg de l'armée autrichienne empêcha l’armée française (sous les ordres de Louis Charbonnier et Jacques Desjardin) de traverser la Sambre.

Anecdote

modifier

Une légende locale

modifier

Un jour, un grand seigneur et sa famille à bord d'un carrosse tiré par quatre chevaux, accompagné du cocher, des laquais et de domestique, avaient été précipités, après une course folle, dans l'étang de la Trouille où toutes les recherches faites pour les retrouver furent infructueuses. Chaque année, l'équipage au complet revient, à la grande frayeur des vivants et vogue silencieusement sur l'eau déserte. Tout l'équipage apparaît alors aux vivants, la peur se lit dans leurs yeux. Quand le jour s'annonce l'attelage fantôme regagne les profondeurs de l'étang[2].

Galeries

modifier

Notes et références

modifier
  1. Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne), p. 33.
  2. La vie dans le Nord de la France de René Minon 1898