Grand Camée de France

Le Grand Camée de France est un camée aux dimensions exceptionnelles en sardoine à cinq couches. Il mesure 31 cm de hauteur et 26,5 cm de largeur. C’est le plus grand camée antique connu.

Grand Camée de France
Date
antiquité romaine
Matériau
Dimensions (H × L)
31 × 26,5 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Il est conservé au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France, devenu aujourd'hui "Musée de la BNF".

Histoire

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La provenance exacte de ce camée est inconnue. L'hypothèse la plus courante est qu'il a été commandé en l'an 20 par Tibère à Dioscoride d'Aigai, le célèbre graveur de pierres précieuses établi à Rome, pour orner l'urne d'or contenant les cendres de Germanicus, le neveu de Tibère et le petit-fils d'Auguste mort près d'Antioche le 19. Mais il est probable qu’à l’époque romaine il suivit ensuite le déplacement du centre du pouvoir de Rome à Byzance. Il a pu être acquis par saint Louis auprès de Baudouin II, empereur de Constantinople. Il est ensuite cité dans les premiers inventaires du trésor de France avant 1279. Il est mis en gage par Philippe VI en 1343 ; il est récupéré par le dauphin, futur Charles V, avant 1363. Puis il est restitué à la Sainte-Chapelle en 1379. Il fut réclamé par Louis XVI en 1791, qui le remit au Cabinet des Médailles. Il est volé en 1804, puis restitué en 1805 au Cabinet des Médailles.

Description

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Ce camée est une composition complexe de vingt-quatre figures réparties en trois registres. Il aurait été commandé par Antonia, la mère de Germanicus. Aujourd’hui encore, la datation et l’identification des personnages ne sont pas certaines (surtout pour les femmes). Seule la signification générale et la visée politique sont à peu près sûres. La scène représenterait l’apothéose d’Auguste. Son but est d’affirmer la continuité et la légitimité dynastique des Julio-Claudiens et l’unité de la famille impériale, en en magnifiant l'origine. Auguste apparaît ici sous les traits d'Alexandre le Grand, parce que c'est de ce dernier qu'Auguste tire son idée de réunir, sous l'autorité d'un seul homme, tous les peuples de la terre[1]. Son état de conservation est bon, mais il y a trois grandes fêlures (faites avant 1480) et deux têtes de prisonniers manquent.

Registre supérieur

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Ce registre évoque l’Olympe. C’est la place des morts héroïsés. Au centre, avec la couronne radiée sur la tête, on reconnaît sans doute Auguste, le fondateur ou, plus exactement « le divin Jules », puisque l'on est dans le monde divin. Il est entouré, à gauche, par Drusus II, au profil caractéristique, et à droite par Germanicus chevauchant Pégase[2]. Le souverain du Temps et de l'Univers, Aiôn, porte l'Univers symbolisé par le globe[3].

Registre médian

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C’est le monde des vivants. Au milieu de la composition, un personnage à demi nu et recouvert de l’égide de Jupiter tient un long sceptre et un lituus : C’est Tibère. Il est accompagné de Livie, sa mère et la veuve d’Auguste. Il est entouré de ses descendants et de ses héritiers possibles.

À gauche, debout devant eux, se tient Nero Drusus, le fils ainé de Germanicus, que Tibère désigna comme son héritier, et Antonia sa grand-mère. À droite, c’est Drusus III, le cadet de Germanicus, qui élève un trophée vers son père. À l’extrême gauche, on voit Agrippine l'Aînée, la femme de Germanicus, avec Caligula, son plus jeune fils, qui foule un tas d’armes avec ses petites caligae (chaussures de soldat)[4].

Registre inférieur

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C’est le monde des vaincus, soumis à Rome. On voit des captifs barbares. Des Parthes avec des bonnets phrygiens et des Germains aux longs cheveux. Ils paraissent écrasés par la domination romaine. Cette mise en scène témoigne de la puissance de la dynastie.

Œuvres apparentées

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Références

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  1. Bernard Andreae, L'art de l'ancienne Rome, Paris, Editions d'art Lucien Mazenod, , 641 p. (ISBN 2-85088-004-3), p. 149.
  2. « Grand camée de France », sur Bibliothèque nationale de France : Les essentiels (consulté le ).
  3. Patrice Faure, Nicolas Tran et Catherine Virlouvet, Rome, cité universelle : de César à Caracalla : 70 av. J.-C.-212 apr. J.-C., Belin, (1re éd. 2018), 871 p., 20 cm. (ISBN 978-2-410-02838-6, SUDOC 269333843), p. 153. (SUDOC 225672588), 2018, format 24 cm.
  4. BnF, Les essentiels.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Edmond Courbaud, « Le grand camée de Vienne et le grand camée de France », dans Le bas-relief romain à représentations historiques. Étude archéologique, historique et littéraire, Paris, Albert Fontemoing éditeur, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et Rome no 81 », (lire en ligne), p. 105-111
  • Jean-Baptiste Giard, Le Grand Camée de France, Paris, Éditions de la Bibliothèque nationale de France, 1998, 48 p., 15 pl. en couleurs et en noir et blanc. (ISBN 2-7177-2045-6)
  • Camées et intailles, Volume 2 : Les portraits romains du Cabinet des médailles. Catalogue raisonné. Auteur : médailles et antiques Bibliothèque nationale de France. Département des monnaies. Éditeur : Bibliothèque nationale de France, Paris
  • Giuliani, Luca & Schmidt, Gerhard. Ein Geschenk für den Kaiser. Das Geheimnis des großen Kameo, C.H. Beck Verlag, München 2010. (ISBN 9783406600548)
  • Politik in Edelstein - Gemmennachschnitte von Gerhard Schmidt
  • Gerhard Schmidt, Klaus Scherberich, Marcell Perse. Grand Camée de France, S. 62-69. Nünnerich-Asmus; 1. Edition, 2019. (ISBN 978-3-96176-096-1)

Articles connexes

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Liens externes

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