Grand Prix automobile de Grande-Bretagne 1967

course de Formule 1

Le Grand Prix de Grande-Bretagne 1967 (XXth British Grand Prix), disputé sur le circuit de Silverstone le , est la cent-cinquante-sixième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la sixième manche du championnat 1967.

Grand Prix de Grande Bretagne 1967
Tracé de la course
Données de course
Nombre de tours 80
Longueur du circuit 4,711 km
Distance de course 376,880 km
Conditions de course
Météo temps chaud et ensoleillé
Affluence 120 000 spectateurs
Résultats
Vainqueur Jim Clark,
Lotus-Ford Cosworth,
h 59 min 25 s 6
(vitesse moyenne : 189,345 km/h)
Pole position Jim Clark,
Lotus-Ford Cosworth,
min 25 s 3
(vitesse moyenne : 198,823 km/h)
Record du tour en course Denny Hulme,
Brabham-Repco,
min 27 s 0
(vitesse moyenne : 194,938 km/h)

Contexte avant la course

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Le championnat du monde

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Depuis la saison précédente, la Formule 1 a adopté la réglementation trois litres pour les monoplaces à moteur atmosphérique, avec également possibilité d'utilisation de moteurs suralimentés, un coefficient deux étant alors appliqué pour la cylindrée (soit un maximum de 1 500 cm3 en cas d'utilisation d'un compresseur volumétrique ou d'un turbocompresseur). La réglementation s'appuie sur les points suivants[1] :

  • pas de cylindrée minimale
  • cylindrée maximale : 3 000 cm3 si moteur atmosphérique ou 1 500 cm3 si moteur suralimenté
  • poids minimal : 500 kg (à sec)
  • roues non carénées
  • double circuit de freinage obligatoire
  • arceau de sécurité obligatoire (le haut du cerceau devant dépasser le casque du pilote)
  • démarreur de bord obligatoire
  • carburant commercial obligatoire
  • ravitaillement en huile interdit durant la course
  • distance minimale d'un Grand Prix : 300 km
  • distance maximale d'un Grand Prix : 400 km
  • distance minimale pour être classé : 90% de la distance parcourue par le vainqueur

Après la main mise de Jack Brabham sur le championnat 1966, la saison 1967 s'annonce beaucoup plus ouvertes, les cinq premières manches ayant été remportées par cinq pilotes différents. L'apparition victorieuse de la Lotus 49 à moteur V8 Cosworth lors du Grand Prix des Pays-Bas laissait entrevoir une domination totale des monoplaces de Colin Chapman, mais leur manque de fiabilité a permis à Denny Hulme (vainqueur du Grand Prix de Monaco) et à son employeur Brabham (vainqueur du Grand Prix de France) d'occuper les deux premières places du classement provisoire.

Le circuit

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Silverstone 1945
Tracé en 1948 sur le site de Silverstone, le circuit emprunte les voies d'accès aux pistes de l'ancienne base aérienne.

Les dégâts infligés aux autodromes anglais au cours de la Seconde Guerre mondiale ont amené le comité sportif du Royal Automobile Club à envisager d'utiliser un aérodrome désaffecté pour aménager un nouveau circuit. Entre la base de Snitterfield (Warwickshire) et celle de Silverstone (située à environ cent kilomètres au nord-ouest de Londres), le choix fut rapidement établi en faveur de la deuxième, sa proximité avec la capitale s'avérant un facteur décisif. Le tracé d'origine, combinant voies d'accès et pistes d'atterrissage, développait près de six kilomètres. Le premier Grand Prix de Grande-Bretagne y fut organisé en octobre 1948, la victoire revenant à Luigi Villoresi (sur Maserati), également auteur du record du tour à 123,6 km/h de moyenne. Jugé peu sûr, les deux lignes droites se faisant face n'ayant qu'une séparation fictive, le circuit fut redessiné l'année suivante, empruntant exclusivement les routes périphériques de la base. C'est ce second tracé de 4,7 kilomètres qui est depuis régulièrement utilisé, les seules modifications apportées depuis étant la suppression de la chicane du «Club Corner» et le déplacement des stands[2]. Le record officiel du circuit est détenu par le pilote-constructeur Jack Brabham, qui avait effectué un tour à 188,9 km/h de moyenne lors de International Trophy 1966[3].

Monoplaces en lice

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Brabham BT24
Conçues à partir d'un châssis de Formule 2, les Brabham BT24 à moteur V8 Repco sont extrêmement compactes.
  • Brabham BT24 "Usine"

Jack Brabham et Denny Hulme pilotent les BT24 avec lesquelles ils ont réalisé le doublé au dernier Grand Prix de l'A.C.F.. Dérivées de la BT23 de Formule 2, ces monoplaces à châssis multitubulaire sont très compactes. Leur moteur V8 Repco à simples arbres à cames en tête est alimenté par un système d'injection mécanique Lucas. Sa puissance maximale est de 330 chevaux à 8000 tr/min[4]. Il se caractérise par une grande souplesse d'utilisation et une excellente fiabilité. La transmission est assurée par une boîte de vitesses Hewland DG300 à cinq rapports. Ces voitures pèsent 510 kg à vide[5]. Après quelques problèmes techniques lors des premiers tours de roues, elles sont désormais parfaitement au point et l'usine vient de céder ses deux BT20 utilisées en début de saison, la première étant vendue au pilote rhodésien John Love (un des principaux animateurs du championnat d'Afrique du Sud), la seconde à Guy Ligier en remplacement de sa Cooper[6]. L'équipe a toutefois gardé en réserve, dans ses locaux de Milton Keynes, la BT19 ayant valu le titre 1966 au pilote-constructeur. Les Brabham officielles sont chaussées de pneus Goodyear[7].

  • Brabham BT11 & BT20 privées

Guy Ligier utilise pour la première fois la BT20 qu'il vient d'acquérir et qui porte encore ses couleurs d'origine[8]. Il s'agit de la voiture victorieuse à Monaco aux mains de Denny Hulme. Elle est dotée de la première version du V8 Repco, avec sorties d'échappement à l'extérieur du vé, développant 300 chevaux à 7250 tr/min. Elle pèse environ 570 kg[4]. Bob Anderson aligne quant à lui son habituelle Brabham BT11, avec laquelle il dispute sa quatrième saison. Elle est motorisée par un antique moteur quatre cylindres Climax FPF de 2,7 litres, d'une puissance de l'ordre de 260 chevaux à 6800 tr/min[9]. Ligier et Anderson utilisent des pneus Firestone[10].

  • Ferrari 312 "Usine"
Ferrari 312/67
Une Ferrari 312/67 lors d'une manifestation historique.

Depuis la disparition de Lorenzo Bandini en mai et le grave accident ayant touché Mike Parkes le mois suivant, la Scuderia Ferrari limite sa présence en Grand Prix à une seule voiture, Chris Amon défendant seul les chances de l'équipe italienne. Le jeune pilote néo-zélandais dispose d'une 312/67, monoplace à châssis monocoque motorisée par un V12 à double arbre à cames en tête et 36 soupapes, alimenté par injection indirecte Lucas. Sa puissance maximale est de 390 chevaux à 10000 tr/min. La boîte de vitesses est à cinq rapports. Cette voiture de 550 kg est chaussée de pneus Firestone[11].

  • Cooper T81 & T86 "Usine"

Jochen Rindt devrait disposer de la nouvelle T86, très attendue en remplacement des lourdes et encombrantes T81. Toute comme les modèles précédents de la marque, la T86, dont le châssis monocoque est beaucoup plus compact que celui de sa devancière, a été conçue sous la direction de Derrick White. Elle est équipée de la toute dernière version du V12 Maserati (Tipo 10), avec distribution à trois soupapes par cylindre, à double allumage, alimenté par un système d'injection Lucas. Ce moteur, déjà testé à Monaco, développe théoriquement 400 chevaux à 10000 tr/min. Il est accouplé à une boîte cinq vitesses Hewland. La voiture, tout juste achevée pour l'épreuve britannique, pèse 570 kg à vide. La T81B utilisée en début de saison par Rindt lui sert désormais de mulet. Elle pèse 620 kg et son moteur Maserati V12 Tipo 9 à deux soupapes par cylindre développe 360 chevaux à 9000 tr/min. Elle est également dotée de la boîte «cinq» Hewland. Pedro Rodríguez dispose de sa T81 habituelle, un modèle de 1966 (pesant 640 kg) avec moteur Maserati Tipo 9 mais boîte «cinq» ZF. Pour son épreuve locale, l'équipe dirigée par Roy Salvadori a préparé une quatrième voiture, identique à celle de Rodríguez, pour Alan Rees, un des principaux animateurs des courses de Formule 2. Les Cooper utilisent des pneus Firestone[12].

  • Cooper T77 & T81 privées

Deux T81 privées (modèles 1966) sont présentes à Silverstone : celle du Rob Walker Racing Team, confiée à Joseph Siffert, et celle du pilote indépendant Joakim Bonnier. Contrairement aux versions "Usine", leur V12 Maserati est à simple allumage, la puissance étant limitée à 330 chevaux[10]. Le mécène suisse Charles Vögele a loué la T77 que son compatriote Fritz Baumann utilisait en course de côte pour la saison 1966. Il s'agit d'une ex F1 1500 cm3 modifiée par le chef-mécanicien Alf Francis, qui a remplacé le moteur Climax d'origine par un V8 ATS de 2,7 litres, d'une puissance de l'ordre de 250 chevaux. Cette voiture est confiée à Silvio Moser, qui avait en début d'année disputé le Grand Prix de Syracuse à son volant[3]. Siffert et Bonnier roulent sur pneus Firestone, Moser sur pneus Dunlop[10].

  • BRM P83 & P115 "Usine"
BRM H16
L'imposant moteur 16 cylindres équipant les deux BRM officielles.

L'équipe BRM aligne sa dernière P115 pour Jackie Stewart, ce modèle n'ayant encore disputé aucune course, le pilote écossais l'ayant jusqu'alors jugée insuffisamment au point. Son coéquipier Mike Spence dispose quant à lui d'une P83 de 1966. Le même type de moteur à 16 cylindres en H anime ces deux voitures à structure monocoque. Alimenté par un système d'injection indirecte Lucas, il développe 400 chevaux à 10000 tr/min, une puissance respectable mais le poids élevé de ce bloc (environ 250 kg[13]) s'avère un handicap, surtout sur les tracés sinueux. Malgré l'allègement de son châssis, la P115 accuse 665 kg sur la balance, 35 de moins que la P83. Ces deux monoplaces sont équipées d'une boîte de vitesses à six rapports, conçue et réalisée en interne, et utilisent des pneus Goodyear[10].

  • BRM P83 & P261 privées

Le Reg Parnell Racing engage une P83 (prêtée par l'usine) pour Chris Irwin, la P261 de l'équipe étant pour la circonstance confiée à Piers Courage. Le Bernard White racing a également amené une P261 (500 kg, moteur V8 de deux litres, 270 chevaux), confiée à David Hobbs. Ces trois voitures sont équipées de pneus Goodyear[10].

  • Lotus 49 "Usine"

Jim Clark et Graham Hill disposent de leurs Lotus 49 habituelles. Conçues par Colin Chapman en collaboration avec le motoriste Cosworth, sous partenariat Ford, ces monoplaces ont inauguré le principe du moteur porteur, le V8 étant directement boulonné à l'arrière du cockpit, le châssis monocoque ne comprenant pas de berceau arrière. Ce V8 Cosworth DFV, à double arbre à cames en tête, ne pèse que 168 kg, embrayage et accessoires compris. Alimenté par un système d'injection indirecte Lucas et doté d'une distribution à quatre soupapes par cylindre, il fournit 400 chevaux à 9000 tr/min[14]. La transmission est assurée par une boîte cinq vitesses ZF. Les Lotus 49 pèsent 510 kg à vide et sont chaussées de pneus Firestone[15].

  • Eagle T1G "Usine"

Le pilote-constructeur américain Dan Gurney a engagé deux Eagle T1G à moteur V12 Weslake (double arbre à cames en tête, 48 soupapes, 410 chevaux à 10000 tr/min). Il dispose d'une version allégée (avec châssis monocoque réalisé à partir de titane et de magnésium) pesant 525 kg à vide, alors que son coéquipier occasionnel Bruce McLaren (qui fera courir sa propre voiture dès que le nouveau V12 BRM sera opérationnel) s'est vu confier un modèle 1966 (avec coque en aluminium), qui pèse 50 kg de plus. Les Eagle utilisent des pneus Goodyear[16].

  • Honda RA273 "Usine"

Avec son moteur V12 à double arbre à cames en tête et distribution à quatre soupapes par cylindre développant 420 chevaux à 10500 tr/min, la Honda RA273 est la plus puissante monoplace du plateau. Mais c'est également la plus lourde (740 kg à vide) et les fréquents dysfonctionnements de son système d'alimentation ont empêché John Surtees d'obtenir des résultats probants. L'équipe japonaise a boycotté le dernier Grand Prix de l'ACF et procédé à de nombreux tests afin de tenter de résoudre ces problèmes et Surtees vient de consacrer une journée d'essais sur le circuit de Goodwood à la mise au point du nouveau système d'injection conçu sous la direction de l'ingénieur Yoshio Nakamura. C'est ce système qui a été retenu pour la Honda engagée à Silverstone. Elle est dotée d'une boîte cinq vitesses réalisée en interne et chaussée de pneus Goodyear[17].

  • McLaren M3A privée

Habitué des courses de Formule Libre, le pilote privé Robin Darlington voulait tenter sa chance en Grand Prix en adaptant l'ancien moteur V8 Climax Godiva FPE sur son habituelle McLaren M3A. Ce projet ne s'est cependant pas matérialisé et Darlington a déclaré forfait[18].

Coureurs inscrits

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Cooper-Maserati T86
Jochen Rindt est engagé sur la toute nouvelle Cooper-Maserati T86 (vue ici lors d'une manifestation historique).
Liste des pilotes inscrits[19]
no  Pilote Écurie Constructeur Modèle N° châssis Moteur Pneumatiques
1 Jack Brabham Brabham Racing Organisation Brabham Brabham BT24 BT24/1 Repco 740 V8 G
2 Denny Hulme Brabham Racing Organisation Brabham Brabham BT24 BT24/2 Repco 740 V8 G
3 Jackie Stewart Owen Racing Organisation BRM BRM P115
BRM P83
1151[Note 1]
8302[Note 2]
BRM P75 H16
BRM P75 H16
G
G
4 Mike Spence Owen Racing Organisation BRM BRM P83 8303[Note 3] BRM P75 H16 G
5 Jim Clark Team Lotus Lotus Lotus 49 49 R2 Ford Cosworth DFV V8 F
6 Graham Hill Team Lotus Lotus Lotus 49
Lotus 49
49 R1
49 R3
Ford Cosworth DFV V8
Ford Cosworth DFV V8
F
F
7 John Surtees Honda R&D Company Honda Honda RA273 F102 Honda RA273E V12 G
8 Chris Amon SpA Ferrari SEFAC Ferrari Ferrari 312/67 312/0003 Ferrari 242 V12 F
9 Dan Gurney Anglo-American Racers Eagle Eagle T1G 104 Weslake 58 V12 G
10 Bruce McLaren Anglo-American Racers Eagle Eagle T1G 102 Weslake 58 V12 G
11 Jochen Rindt Cooper Car Company Cooper Cooper T86 F1-2-67 Maserati 10/F1 V12 F
11T Jochen Rindt Cooper Car Company Cooper Cooper T81 B F1-1-67 Maserati 9/F1 V12 F
12 Pedro Rodríguez Cooper Car Company Cooper Cooper T81 F1-6-66 Maserati 9/F1 V12 F
14 Alan Rees Cooper Car Company Cooper Cooper T81 F1-3-66 Maserati 9/F1 V12 F
15 Chris Irwin Reg Parnell Racing BRM
BRM
BRM P83
BRM P261
8302[Note 4]
2614[Note 5]
BRM P75 H16
BRM P60 V8
G
G
16 Piers Courage Reg Parnell Racing BRM BRM P261 2614[Note 6] BRM P60 V8 G
17 Joseph Siffert Rob Walker/Jack Durlacher Cooper Cooper T81 F1-2-66 Maserati 9/F1 V12 F
18 Guy Ligier Privé Brabham Brabham BT20 F1-2-66 Repco 620 V8 F
19 Bob Anderson DW Racing Enterprises Brabham Brabham BT11 F1-5-64 Coventry Climax FPF L4 F
20 David Hobbs Bernard White Racing BRM BRM P261 2615 BRM P60 V8 G
21 Robin Darlington Privé McLaren McLaren M3A M3A/3 Climax Godiva FPE V8 G
22 Silvio Moser Charles Vögele Racing Cooper Cooper T77 F1-1-65 ATS V8 D
23 Joakim Bonnier Joakim Bonnier Racing Team Cooper Cooper T81 F1-5-66 Maserati 9/F1 V12 F
  • La lettre T accolée au numéro désigne la voiture de réserve («Test car», en anglais).

Qualifications

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Trois séances qualificatives sont prévues, deux le jeudi et une le vendredi précédant la course[20].

Première séance - jeudi 13 juillet (matin)

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Le temps est légèrement brumeux lorsque commence la première session qualificative, le jeudi matin, mais le soleil apparaît bientôt. Plusieurs séances d'essais libres ont eu lieu sur le circuit les jours précédents aussi la plupart des monoplaces sont-elles déjà parfaitement réglées. Au sein de l'équipe Cooper, cependant, les mécaniciens travaillent encore d'arrache-pied à l'usine pour achever la préparation de la nouvelle T86 confiée à Jochen Rindt, laissant le jeune Autrichien sans volant pour la matinée[21]. Profitant des problèmes d'allumage affectant les deux Lotus, Jack Brabham et Denny Hulme vont se montrer les plus rapides, le pilote-constructeur australien accomplissant un tour à 195,8 km/h de moyenne juste avant d'être stoppé par une panne de pompe à essence, devançant d'une seconde son coéquipier. Malgré un moteur cafouillant quelque peu, Jim Clark obtient tout de même le troisième meilleur temps, devant la Ferrari de Chris Amon. Dan Gurney, cinquième, est relégué à deux secondes de Brabham alors que sur la deuxième Eagle son coéquipier Bruce McLaren n'a effectué que peu de tours avant de devoir faire réparer sa monoplace, un dysfonctionnement du différentiel affectant la tenue de route. Étrennant la Brabham qu'il vient de racheter à l'usine, Guy Ligier a passé la séance à tester différents types de pneus, le pilote français utilisant des gommes Firestone alors que la voiture était adaptée aux Goodyear[10].

Jack Brabham
Jack Brabham s'est montré le plus rapide lors de la premières séance qualificative.
Résultats de la première séance[20]
Pos. Pilote Écurie Temps Écart
1 Jack Brabham Brabham-Repco 1 min 26 s 6
2 Denny Hulme Brabham-Repco 1 min 27 s 6 + 1 s 0
3 Jim Clark Lotus-Ford 1 min 27 s 8 + 1 s 2
4 Chris Amon Ferrari 1 min 28 s 1 + 1 s 5
5 Dan Gurney Eagle-Weslake 1 min 28 s 6 + 2 s 0
6 Graham Hill Lotus-Ford 1 min 28 s 7 + 2 s 1
7 Mike Spence BRM 1 min 28 s 8 + 2 s 2
8 Jackie Stewart BRM 1 min 29 s 1 + 2 s 5
9 Bruce McLaren Eagle-Weslake 1 min 29 s 3 + 2 s 7
10 Pedro Rodríguez Cooper-Maserati 1 min 29 s 6 + 3 s 0
11 John Surtees Honda 1 min 29 s 9 + 3 s 3
12 Bob Anderson Brabham-Climax 1 min 30 s 7 + 4 s 1
13 David Hobbs BRM 1 min 30 s 9 + 4 s 3
14 Piers Courage BRM 1 min 31 s 6 + 5 s 0
15 Joakim Bonnier Cooper-Maserati 1 min 32 s 0 + 5 s 4
16 Alan Rees Cooper-Maserati 1 min 32 s 3 + 5 s 7
17 Chris Irwin BRM 1 min 32 s 4 + 5 s 8
18 Joseph Siffert Cooper-Maserati 1 min 32 s 4 + 5 s 8
19 Guy Ligier Brabham-Repco 1 min 35 s 4 + 8 s 8
20 Silvio Moser Cooper-ATS 1 min 37 s 8 + 11 s 2

Deuxième séance - jeudi 13 juillet (après-midi)

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Le deuxième séance se déroule en fin d'après-midi, sous le soleil, sa durée étant limitée à une heure. Déçu par le comportement de la BRM P115, Jackie Stewart la laisse à son coéquipier Mike Spence et reprend le volant du modèle 1966. Spence n'effectuera toutefois que quelques tours : l'affaissement de la suspension avant au moment d'aborder le virage de Copse va provoquer une spectaculaire sortie de route ; le pilote anglais en sort indemne mais sa session s'arrête là. La préparation de la nouvelle Cooper n'est toujours pas terminée et Rindt doit utiliser l'ancien modèle. Les moteurs des Lotus ne donnent toujours pas leur plein rendement, le problème affectant cependant plus Graham Hill que Clark. Ce dernier va d'ailleurs parvenir à tourner à 196 km/h, battant d'un dixième de seconde le temps obtenu par Brabham le matin. Malgré quelques petits problèmes de freins, Gurney obtient le deuxième temps de la soirée. La séance étant très courte, beaucoup de pilotes n'ont pas amélioré leur performance du matin. McLaren a longtemps attendu avant de pouvoir récupérer sa voiture et n'a eu le temps d'effectuer qu'un seul tour.

Dan Gurney
Des problèmes de freins ont perturbé la séance de Dan Gurney, qui échoue à huit dixièmes de seconde de Clark.
Résultats de la deuxième séance[20]
Pos. Pilote Écurie Temps Écart
1 Jim Clark Lotus-Ford 1 min 26 s 5
2 Dan Gurney Eagle-Weslake 1 min 27 s 3 + 0 s 8
3 Jack Brabham Brabham-Repco 1 min 27 s 7 + 1 s 2
4 Denny Hulme Brabham-Repco 1 min 27 s 9 + 1 s 4
5 Chris Amon Ferrari 1 min 28 s 2 + 1 s 7
6 Jochen Rindt Cooper-Maserati 1 min 29 s 0 + 2 s 5
7 Pedro Rodríguez Cooper-Maserati 1 min 29 s 0 + 2 s 5
8 Jackie Stewart BRM 1 min 29 s 2 + 2 s 7
9 Graham Hill Lotus-Ford 1 min 29 s 2 + 2 s 7
10 John Surtees Honda 1 min 29 s 6 + 3 s 1
11 Chris Irwin BRM 1 min 30 s 0 + 3 s 5
12 Piers Courage BRM 1 min 30 s 4 + 3 s 9
13 Mike Spence BRM 1 min 30 s 7 + 4 s 2
14 Alan Rees Cooper-Maserati 1 min 31 s 1 + 4 s 6
15 David Hobbs BRM 1 min 31 s 8 + 5 s 3
16 Joseph Siffert Cooper-Maserati 1 min 32 s 0 + 5 s 5
17 Guy Ligier Brabham-Repco 1 min 34 s 8 + 8 s 3
18 Silvio Moser Cooper-ATS 1 min 35 s 2 + 8 s 7
19 Bruce McLaren Eagle-Weslake 2 min 01 s 5 + 35 s 0

Troisième séance - vendredi 14 juillet (matin)

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Le temps est couvert lorsque commencent les derniers essais qualificatifs et les pilotes prennent immédiatement la piste, craignant qu'une averse ne vienne perturber la séance. Rindt dispose enfin de la nouvelle Cooper, arrivée juste à temps. Durant la nuit, Keith Duckworth a trouvé l'origine des problèmes de fonctionnement des moteurs Cosworth équipant les Lotus et la voiture de Clark est bientôt totalement opérationnelle. L'écossais en profite pour se mettre en évidence, dominant nettement tous ses adversaires. Il améliore bientôt le record officieux, atteignant 197,9 km/h de moyenne après sa première série de tours rapides. L'équipe Lotus entreprend alors d'affiner les réglages de suspension, tandis qu'en parallèle on optimise la carburation sur le V8 de Hill. Grâce aux améliorations apportées sur sa voiture, Clark ne tarde pas à se mettre hors de portée de tous, sa deuxième série de tours lancés se concluant à 198,8 km/h de moyenne. Ses problèmes moteurs résolus, Hill s'évertue ensuite à peaufiner ses réglages de suspension. Il parvient à établir le deuxième temps, à sept dixièmes de seconde de son coéquipier mais ne semble pas tout à fait satisfait du comportement de sa voiture ; alors qu'il aborde l'entrée des stands pour une ultime phase de mise au point, un bras de suspension arrière cède, la Lotus étant aussitôt projetée contre le talus. Hill n'est pas blessé, mais l'avant de sa voiture est sérieusement endommagé et la coque déchirée. En piste à ce moment, Clark va rouler sur les débris de la voiture de son coéquipier et une crevaison met un terme à sa session. Les temps réalisés par les deux pilotes Lotus leur assurent néanmoins les deux premières places sur la grille de départ, la première ligne étant complété par les Brabham de Brabham et Hulme. Gurney, qui a égalé le chrono de Hulme, s'élancera à l'intérieur de la deuxième ligne, au côté d'Amon et de John Surtees qui, malgré un moteur cafouillant, a réussi à tirer le meilleur parti de sa Honda. Stewart a également subi une rupture de suspension et sa BRM est hors d'usage. L'équipe britannique décide alors de lui attribuer la voiture de Chris Irwin (dont l'équipe, dirigée par Tim Parnell, est partenaire de l'usine) ; Irwin se voit quant à lui attribuer la BRM à moteur V8 de son coéquipier Piers Courage, moins bien qualifié, ce dernier se retrouvant sans volant pour la course.

Résultats de la troisième séance[20]
Pos. Pilote Écurie Temps Écart
1 Jim Clark Lotus-Ford 1 min 25 s 3
2 Graham Hill Lotus-Ford 1 min 26 s 0 + 0 s 7
3 Jack Brabham Brabham-Repco 1 min 26 s 2 + 0 s 9
4 Denny Hulme Brabham-Repco 1 min 26 s 3 + 1 s 0
5 Dan Gurney Eagle-Weslake 1 min 26 s 4 + 1 s 1
6 Chris Amon Ferrari 1 min 26 s 9 + 1 s 6
7 John Surtees Honda 1 min 27 s 2 + 1 s 9
8 Jochen Rindt Cooper-Maserati 1 min 27 s 4 + 2 s 1
9 Pedro Rodríguez Cooper-Maserati 1 min 27 s 9 + 2 s 6
10 Bruce McLaren Eagle-Weslake 1 min 28 s 1 + 2 s 8
11 Mike Spence BRM 1 min 28 s 3 + 3 s 0
12 Jackie Stewart BRM 1 min 28 s 7 + 3 s 4
13 Chris Irwin BRM 1 min 29 s 6 + 4 s 3
14 David Hobbs BRM 1 min 30 s 1 + 4 s 8
15 Alan Rees Cooper-Maserati 1 min 30 s 3 + 5 s 0
16 Bob Anderson Brabham-Climax 1 min 30 s 8 + 5 s 5
17 Joseph Siffert Cooper-Maserati 1 min 31 s 0 + 5 s 7
18 Piers Courage BRM 1 min 31 s 6 + 6 s 3
19 Silvio Moser Cooper-ATS 1 min 32 s 9 + 7 s 6
20 Guy Ligier Brabham-Repco 1 min 34 s 9 + 9 s 6

Tableau final des qualifications

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Jim Clark
Jim Clark a dominé les essais qualificatifs et s'élancera en pole position.
Résultats des qualifications à l'issue des deux séances d'essais
Pos. Pilote Écurie Temps Écart Commentaire
1 Jim Clark Lotus-Ford 1 min 25 s 3 temps réalisé le vendredi matin
2 Graham Hill Lotus-Ford 1 min 26 s 0 + 0 s 7 temps réalisé le vendredi matin
3 Jack Brabham Brabham-Repco 1 min 26 s 2 + 0 s 9 temps réalisé le vendredi matin
4 Denny Hulme Brabham-Repco 1 min 26 s 3 + 1 s 0 temps réalisé le vendredi matin
5 Dan Gurney Eagle-Weslake 1 min 26 s 4 + 1 s 1 temps réalisé le vendredi matin
6 Chris Amon Ferrari 1 min 26 s 9 + 1 s 6 temps réalisé le vendredi matin
7 John Surtees Honda 1 min 27 s 2 + 1 s 9 temps réalisé le vendredi matin
8 Jochen Rindt Cooper-Maserati 1 min 27 s 4 + 2 s 1 temps réalisé le vendredi matin
9 Pedro Rodríguez Cooper-Maserati 1 min 27 s 9 + 2 s 6 temps réalisé le vendredi matin
10 Bruce McLaren Eagle-Weslake 1 min 28 s 1 + 2 s 8 temps réalisé le vendredi matin
11 Mike Spence BRM 1 min 28 s 3 + 3 s 0 temps réalisé le vendredi matin
12 Jackie Stewart BRM 1 min 28 s 7 + 3 s 4 temps réalisé le vendredi matin
13 Chris Irwin BRM 1 min 29 s 6 + 4 s 3 temps réalisé le vendredi matin
14 David Hobbs BRM 1 min 30 s 1 + 4 s 8 temps réalisé le vendredi matin
15 Alan Rees Cooper-Maserati 1 min 30 s 3 + 5 s 0 temps réalisé le vendredi matin
16 Piers Courage BRM 1 min 30 s 4 + 5 s 1 temps réalisé le jeudi après-midi
17 Bob Anderson Brabham-Climax 1 min 30 s 7 + 5 s 4 temps réalisé le jeudi matin
18 Joseph Siffert Cooper-Maserati 1 min 31 s 0 + 5 s 7 temps réalisé le vendredi matin
19 Joakim Bonnier Cooper-Maserati 1 min 32 s 0 + 6 s 7 temps réalisé le jeudi matin
20 Silvio Moser Cooper-ATS 1 min 32 s 9 + 7 s 6 temps réalisé le vendredi matin
21 Guy Ligier Brabham-Repco 1 min 34 s 8 + 9 s 5 temps réalisé le jeudi après-midi

Grille de départ

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Grille de départ du Grand Prix et résultats des qualifications[22]
1re ligne Pos. 4 Pos. 3 Pos. 2 Pos. 1

Hulme
Brabham
1 min 26 s 3

Brabham
Brabham
1 min 26 s 2

G. Hill
Lotus
1 min 26 s 0

Clark
Lotus
1 min 25 s 3
2e ligne Pos. 7 Pos. 6 Pos. 5

Surtees
Honda
1 min 27 s 2

Amon
Ferrari
1 min 26 s 9

Gurney
Eagle
1 min 26 s 4
3e ligne Pos. 11 Pos. 10 Pos. 9 Pos. 8

Spence
BRM
1 min 28 s 3

McLaren
Eagle
1 min 28 s 1

Rodriguez
Cooper
1 min 27 s 9

Rindt
Cooper
1 min 27 s 4
4e ligne Pos. 14 Pos. 13 Pos. 12

Hobbs
BRM
1 min 30 s 1

Irwin
BRM
1 min 29 s 6

Stewart
BRM
1 min 28 s 7
5e ligne Pos. 18 Pos. 17 Pos. 16 Pos. 15

Siffert
Cooper
1 min 31 s 0

Anderson
Brabham
1 min 30 s 7
Emplacement
vide

Rees
Cooper
1 min 30 s 3
6e ligne Pos. 21 Pos. 20 Pos. 19

Ligier
Brabham
1 min 34 s 8

Moser
Cooper
1 min 32 s 9

Bonnier
Cooper
1 min 32 s 0
  • Auteur du seizième temps sur sa BRM, Piers Courage aurait dû s'élancer de la cinquième ligne mais a dû déclarer forfait, sa monoplace étant utilisée par Chris Irwin pour la course.

Déroulement de la course

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Dans la nuit du vendredi au samedi, les mécaniciens du Team Lotus ont préparé une nouvelle voiture pour Graham Hill, partant d'une coque entièrement neuve sur laquelle ils ont greffé les éléments mécaniques récupérés sur la monoplace accidentée lors de la dernière séance d'essais. Ne disposant pas d'un capot avant de rechange, un nez de Lotus 33 a été adapté sur la Lotus 49, dont l'assemblage s'achève juste avant le tour de chauffe, à quinze heures[22]. Cent vingt mille spectateurs assistent au départ de la course, sous un ciel dégagé[21]. Jim Clark exploite parfaitement sa pole position et vire le premier à Copse devant son coéquipier Hill, les deux Lotus précédant Chris Amon (Ferrari) et Jack Brabham. Denny Hulme, sur la deuxième Brabham, a totalement manqué son envol et se trouve noyé au milieu du peloton[23]. Clark repasse légèrement détaché devant les tribunes, Hill menant un petit groupe de chasse comprenant Brabham, Amon et Dan Gurney (Eagle). Auteur d'un excellent départ depuis la quatrième ligne, Jackie Stewart suit à quelques secondes, sa BRM devançant la Honda de John Surtees, la Brabham de Hulme et les Cooper de Pedro Rodríguez et Jochen Rindt. Au cours du second tour, Brabham déborde Hill pour le gain de la deuxième place, tandis que Hulme dépasse facilement Surtees et revient rapidement sur Stewart. Au passage suivant, le Néo-Zélandais, qui s'est approprié le record du circuit à près de 195 km/h de moyenne, est devant la BRM. De l'huile s'échappe du moteur de Rindt, tombant sur le pot d'échappement, et le pilote autrichien va bientôt devoir regagner son stand. La piste est un peu souillée et l'allure diminue sensiblement. Après cinq tours, Clark compte un peu plus de deux secondes d'avance sur Brabham, le champion du monde étant à la tête d'un groupe comprenant Hill, Amon, Gurney et Hulme, bien revenu. Septième, Stewart n'a pu tenir le rythme et compte déjà dix secondes de retard ; il devance de quelques longueurs Rodríguez, Surtees et McLaren. Rindt a repris la piste, après un long arrêt, et navigue en avant-dernière position. À la fin du sixième tour, Hulme se porte au niveau de Gurney, les deux hommes passant la ligne côte à côte avant que le Néo-Zélandais ne prenne l'avantage au virage suivant, s'emparant de la cinquième place. Brabham commence à être gêné par d'importantes vibrations (probablement dues à la perte d'une masselotte d'équilibrage de roue arrière) et Hill en profite pour le dépasser au cours du huitième tour, alors que Hulme est maintenant au coude-à-coude avec Gurney. L'Américain ne peut résister et cède bientôt sa quatrième place. À la fin du dixième tour, Clark possède une marge de quatre secondes et demie sur son coéquipier Hill, la deuxième Lotus étant légèrement détachée devant Brabham et Hulme. Amon et Gurney ne sont pas très loin. Stewart a été débordé par Rodríguez et McLaren, le trio accusant déjà une vingtaine de secondes de retard sur les leaders. Handicapé par des problèmes d'injection, Surtees a perdu le contact avec ce groupe.

Lotus 49
Jim Clark au volant de sa Lotus 49. Longtemps dans le sillage de son coéquipier Graham Hill (une nouvelle fois très malchanceux), le champion écossais a ensuite pris le relais pour remporter son cinquième Grand prix de Grande-Bretagne.

De plus en plus gêné par les vibrations, Brabham laisse passer son coéquipier Hulme, qui le talonnait depuis quelques tours. Ce dernier se retrouve dans les roues de Hill. Le Britannique, qui a pris confiance dans le comportement de la monoplace qu'il étrenne, hausse alors le rythme pour tenter de prendre un peu de champ. Alors que McLaren a abandonné, moteur cassé, Hill se rapproche progressivement de Clark. Au quart de la course, moins de deux secondes séparent les deux Lotus de tête, tandis que le trio Hulme/Brabham/Amon est à environ cinq secondes derrière. Gurney tente de s'intégrer à ce groupe, mais est légèrement décroché. Isolé à la septième place, Rodríguez accuse près de quarante secondes de retard. Il a distancé Stewart, dont la transmission est en train de lâcher et qui va abandonner. Hill est à ce moment le plus rapide en piste et il ne tarde pas pas rattraper Clark. Il le talonne quelque temps avant de lui ravir le commandement au cours du vingt-sixième tour. Il va s'en détacher progressivement, l'écart augmentant de quelques dixièmes à chaque passage avant de se stabiliser à deux secondes. Hulme, Brabham et Amon, toujours dans cet ordre, accusent désormais plus de dix secondes de retard. Gurney, aux prises avec un embrayage qui patine, a encore perdu un peu de terrain et devra renoncer avant la mi-course. À ce stade, Hill précède toujours son coéquipier de deux secondes, Hulme, toujours troisième, étant maintenant à quinze secondes. Brabham a perdu le contact mais parvient cependant à contenir Amon, qui semble plus rapide mais ne parvient pas à trouver l'ouverture. Rodriguez est sixième, à bonne distance, les autres concurrents, emmenés par Surtees, accusant plus d'un tour de retard. Les positions paraissent établies, Clark tenant le rythme mais ne semblant pas en mesure de reprendre l'avantage sur son coéquipier et Hulme assurant sa troisième place, protégé par son «patron» qui contient toujours Amon. Un doublé Lotus se profile quand, au début du cinquante-cinquième tour, la suspension arrière gauche de la voiture de Hill s'affaisse soudainement. Le pilote britannique se range sur le bord de la piste au niveau du virage de Becketts, constate les dégâts et regagne son stand au ralenti, avec une roue brinquebalante. Clark se retrouve seul en tête avec une vingtaine de secondes d'avance sur Hulme, qui a distancé le duo Brabham/Amon. Cinquième, Rodríguez est à plus d'un tour tandis que Surtees, sixième, est toujours pénalisé par ses problèmes d'injection et compte près de deux tours de retard. Cependant, les mécaniciens parviennent à réparer la suspension de Hill, qui reprend la piste deux minutes plus tard ; il est désormais septième, à environ vingt-cinq secondes de Surtees qu'il va essayer de rattraper. Il revient très rapidement sur lui mais, alors qu'il n'est plus qu'à cinq secondes de la Honda, un arbre à cames du V8 Cosworth casse, mettant un terme à sa remontée. À quinze tours de l'arrivée, Clark, qui calque désormais son allure sur celle de ses poursuivants, a toujours une bonne vingtaine de secondes de marge sur Hulme. Brabham est à quatre secondes de son coéquipier, toujours en pleine bagarre avec Amon. Les autres sont très loin. La bataille pour la troisième place continue à tenir le public en haleine. Les vibrations subies par la monoplace de Brabham sont telles que le champion du monde a depuis longtemps perdu ses deux rétroviseurs et qu'il négocie ses virages sans voir où Amon porte ses attaques. Toutefois, à la fin du soixante-seizième tour, Amon parvient à parfaitement négocier le virage de Woodcote et à se porter à la hauteur de son adversaire au niveau des stands. Retardant son freinage, le Néo-Zélandais prend l'avantage dans la courbe de Copse, s'emparant de la troisième place. Il va faire le maximum pour revenir sur Hulme, mais ne pourra que réduire l'écart sur son compatriote. Clark remporte son cinquième Grand Prix de Grande-Bretagne, Hulme, deuxième, consolidant sa place en tête du championnat. Amon obtient une belle troisième place, devant Brabham dont la monoplace a résisté jusqu'au bout. Bien qu'attardés, Rodríguez et Surtees inscrivent des points.

Classements intermédiaires

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Classements intermédiaires des monoplaces aux premier, deuxième, troisième, cinquième, huitième, dixième, douzième, quinzième, vingtième, vingt-cinquième, trentième, quarantième, cinquantième, soixantième et soixante-dixième tours[20],[24].

Classement de la course

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Pos Pilote Écurie Tours Temps/Abandon Grille Points
1 5 Jim Clark Lotus-Ford 80 1 h 59 min 25 s 6 1 9
2 2 Denny Hulme Brabham-Repco 80 1 h 59 min 38 s 4 (+ 12 s 8) 4 6
3 8 Chris Amon Ferrari 80 1 h 59 min 42 s 2 (+ 16 s 6) 6 4
4 1 Jack Brabham Brabham-Repco 80 1 h 59 min 47 s 4 (+ 21 s 8) 3 3
5 12 Pedro Rodriguez Cooper-Maserati 79 2 h 00 min 09 s 6 (+ 1 tour) 9 2
6 7 John Surtees Honda 78 2 h 00 min 26 s 2 (+ 2 tours) 7 1
7 15 Chris Irwin BRM 77 1 h 59 min 47 s 6 (+ 3 tours) 13  
8 20 David Hobbs BRM 77 2 h 00 min 45 s 0 (+ 3 tours) 14  
9 14 Alan Rees Cooper-Maserati 76 1 h 59 min 51 s 4 (+ 4 tours) 15  
10 18 Guy Ligier Brabham-Repco 76 2 h 00 min 19 s 2 (+ 4 tours) 21  
Abd. 19 Bob Anderson Brabham-Climax 67 Moteur 17  
Abd. 6 Graham Hill Lotus-Ford 64 Arbre à cames 2  
Abd. 4 Mike Spence BRM 44 Allumage 11  
Abd. 9 Dan Gurney Eagle-Weslake 34 Embrayage 5  
Abd. 22 Silvio Moser Cooper-ATS 29 Pression d'huile 20  
Abd. 11 Jochen Rindt Cooper-Maserati 26 Moteur 8  
Abd. 3 Jackie Stewart BRM 20 Transmission 12  
Abd. 10 Bruce McLaren Eagle-Weslake 14 Moteur 10  
Abd. 17 Jo Siffert Cooper-Maserati 10 Moteur 18  
Abd. 23 Jo Bonnier Cooper-Maserati 0 Moteur 9  
Np. 16 Piers Courage BRM 0 Non partant    

Légende :

  • Abd.=Abandon

Pole position et record du tour

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Évolution du meilleur tour en course

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Le meilleur tour fut amélioré trois fois au cours de l'épreuve[20].

Tours en tête

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Classement général à l'issue de la course

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  • Attribution des points : 9, 6, 4, 3, 2, 1 respectivement aux six premiers de chaque épreuve.
  • Pour la coupe des constructeurs, même barème et seule la voiture la mieux classée de chaque équipe inscrit des points.
  • Le championnat est divisé en deux demi-saisons, seuls les cinq meilleurs résultats (sur six épreuves) étant retenus pour la première et les quatre meilleurs (sur cinq épreuves) pour la deuxième[22].
Denny Hulme
Denny Hulme, en tête du classement provisoire du championnat du monde à l'issue de la première demi-saison.
Classement des pilotes
Pos. Pilote Écurie Points
AFS

MON

NL

BEL

FRA

GBR
1re
½ saison

ALL

CAN

ITA

USA

MEX
2e
½ saison
1 Denny Hulme Brabham 28 3 9 4 - 6 6 28
2 Jim Clark Lotus 19 - - 9 1 - 9 19
Jack Brabham Brabham 19 1 - 6 - 9 3 19
4 Chris Amon Ferrari 15 - 4 3 4 - 4 15
5 Pedro Rodríguez Cooper 14 9 2 - - 1 2 14
6 Jackie Stewart BRM 10 - - - 6 4 - 10
7 Dan Gurney Eagle 9 - - - 9 - - 9
8 John Love Cooper 6 6 - - - - - 6
Graham Hill Lotus 6 - 6 - - - - 6
10 John Surtees Honda 5 4 - - - - 1 5
11 Bruce McLaren McLaren 3 - 3 - - - - 3
Jochen Rindt Cooper 3 - - - 3 - - 3
Joseph Siffert Cooper 3 - - - - 3 - 3
Mike Spence BRM 3 - 1 - 2 - - 3
15 Bob Anderson Brabham 2 2 - - - - - 2
Mike Parkes Ferrari 2 - - 2 - - - 2
Chris Irwin BRM 2 - - - - 2 - 2
18 Ludovico Scarfiotti Ferrari 1 - - 1 - - - 1
Coupe des constructeurs
Pos. Écurie Points
AFS

MON

NL

BEL

FRA

GBR
1re
½ saison

ALL

CAN

ITA

USA

MEX
2e
½ saison
1 Brabham-Repco 33 3 9 6 - 9 6 33
2 Lotus-Ford 19 - - 9 1 - 9 19
Cooper-Maserati 19 9 2 - 3 3 2 19
4 Ferrari 15 - 4 3 4 - 4 15
5 BRM 11 - 1 - 6 4 - 11
6 Eagle-Weslake 9 - - - 9 - - 9
7 Cooper-Climax 6 6 - - - - - 6
Lotus-BRM 6 - 6 - - - - 6
9 Honda 5 4 - - - - 1 5
10 McLaren-BRM 3 - 3 - - - - 3
11 Brabham-Climax 2 2 - - - - - 2

À noter

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  • 22e victoire en championnat du monde pour Jim Clark.
  • 27e victoire en championnat du monde pour Lotus en tant que constructeur.
  • 2e victoire en championnat du monde pour Cosworth en tant que motoriste.

Notes et références

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  1. voiture uniquement utilisée aux essais, également testée par Mike Spence.
  2. voiture utilisée aux essais et en course.
  3. voiture également utilisée par Jackie Stewart lors des essais du vendredi.
  4. voiture attribuée à Jackie Stewart pour la fin des essais du vendredi et pour la course, sous le n°3.
  5. voiture initialement attribuée à Piers Courage sous le n°16, attribuée à Chris Irwin pour la fin des essais du vendredi et pour la course.
  6. voiture attribuée à Chris Irwin pour la fin des essais du vendredi et pour la course, sous le n°15.

Références

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  1. Johnny Rives, Gérard Flocon et Christian Moity, La fabuleuse histoire de la formule 1, Éditions Nathan, , 707 p. (ISBN 2-09-286450-5)
  2. (en) Ray Hutton, Silverstone 40 years, Motor racing Publications, , 144 p. (ISBN 0-947981-29-2)
  3. a et b Christian Naviaux, Les Grands Prix de Formule 1 hors championnat du monde : 1946-1983, Nîmes, Éditions du Palmier, , 128 p. (ISBN 2-914920-05-9)
  4. a et b Christian Moity et Serge Bellu, « La galerie des championnes : 1966/67 : les Brabham-Repco V8 », Revue L'Automobile, no 396,‎
  5. Pierre Ménard, « Brabham BT19, BT20 & BT24 : Triomphe de la simplicité », Revue Automobile historique, no 37,‎
  6. Gérard Gamand, « Guy Ligier », Revue Autodiva, no 3,‎
  7. Christian Moity et Serge Bellu, « La galerie des championnes : 1966/67 : les Brabham-Repco V8 », Revue L'Automobile, no 396,‎
  8. Alan Henry, Brabham : Les monoplaces de Grand Prix, Editions ACLA, , 285 p. (ISBN 2-86519-058-7)
  9. Patrick Michel, « La famille Coventry Climax », Revue auto passion, no 19,‎
  10. a b c d e et f Revue Sport Auto no 67 -
  11. Alan Henry, Ferrari : Les monoplaces de Grand Prix, Editions ACLA, , 319 p. (ISBN 2-86519-043-9)
  12. Gérard Gamand, « Cooper 1966-1968 : La lente agonie de la Formule 1 », Revue Autodiva, no 11,‎
  13. Yves Kaltenbach, « Le 16 cylindres en compétition : BRM H16 - 1966-67 », Revue Automobile historique, no 13,‎
  14. Christian Moity, « V8 Ford-Cosworth F1 : 400 chevaux pour l'écurie Colin Chapman », Revue L'Automobile, no 254,‎
  15. Gérard Crombac (trad. de l'anglais), Colin Chapman : L'épopée Lotus en formule 1, Paris, Presses Universitaires de France, , 381 p. (ISBN 2-13-040012-4)
  16. Gérard Gamand, « Eagle en Formule 1 : Le rêve américain de Dan Gurney », Revue Autodiva, no 14,‎
  17. Yves Kaltenbach, « Honda - Formule 1 : 3 litres 1966-1968 », Revue Automobile historique, no 11,‎
  18. Doug Nye, McLaren : Formule 1, Can-Am, Indy, Editions ACLA, , 270 p. (ISBN 2-86519-039-0)
  19. (en) Bruce Jones, The complete Encyclopedia of Formula One, Colour Library Direct, , 647 p. (ISBN 1-84100-064-7)
  20. a b c d e et f (en) Autocourse : Review of International Motor Sport 1967-1968, Haymarket Press Ltd, , 215 p.
  21. a et b (en) Bill Boddy, « The 19th British Grand Prix : Team Lotus Dominate », Magazine MotorSport, no 8 Vol.XLIII,‎
  22. a b c et d (en) Mike Lang, Grand Prix volume 2, Haynes Publishing Group, , 260 p. (ISBN 0-85429-321-3)
  23. L'année automobile no 15 1967-1968, Lausanne, Edita S.A., , 268 p.
  24. Edmond Cohin, L'historique de la course automobile, Editions Larivière, , 882 p.