Grimdark
Le grimdark (pouvant se traduire de l'anglais par sombre obscurité ou obscurité sinistre) est un sous-genre de littératures de l'imaginaire avec un registre, un style ou un cadre particulièrement dystopiques, amoraux ou violents. L'expression est inspirée d'une citation tirée du jeu Warhammer 40,000[1].
Définitions
modifierPlusieurs définitions du sous-genre grimdark ont été proposées :
- Adam Roberts décrit celui-ci comme étant une fiction « où personne n'est honorable et où règne la loi du plus fort[trad 1] ». Il est « la manière typique de référer aux œuvres de fantaisie qui ont tourné le dos aux visions plus édifiantes et préraphaélistes d'un univers médiéval idéalisé, pour plutôt mettre en lumière les côtés méchants, brutaux, courte et sombre de la vie de cette époque[trad 2]. » Il souligne que le grimdark a peu à voir avec la relecture d'une réalité historique, mais plutôt avec une projection de notre propre monde « cynique, désillusionné et ultraviolent[trad 3],[2]. »
- Quant à elle, Genevieve Valentine définit le grimdark comme un « sous-genre abrégé de fantaisie affirmant mettre en évidence la psychologie des héros faisant la justice à la pointe de l'épée et du sombre réalisme derrière les tractations politiques du royaume[trad 4],[3]. »
- Selon Jared Shurin, la fantaisie grimdark repose sur trois composantes : un ton sombre et obscur, un certain réalisme (par exemple, les monarques ne servent à rien et les héros sont imparfaits) et l'agencement des protagonistes. Ainsi, dans la high fantasy, tout est prédestiné et l'intrigue évolue autour de comment les héros vont défaire le Seigneur des Ténèbres, alors que dans le grimdark, les personnages doivent choisir entre le bien et le mal et y sont « aussi perdus que nous le sommes[trad 5],[4]. »
- Liz Bourke considère que le grimdark est principalement caractérisé par « un repli dans la valorisation des ténèbres par amour de celles-ci, selon une sorte de nihilisme qui présente les bonnes actions [...] comme quelque chose d'impossible ou de futile[trad 6]. » D'après elle, cela a pour effet d'absoudre les protagonistes, tout comme les lecteurs, de toute responsabilité morale[5].
Le statut de genre à part entier du grimdark est également discuté. Valentine note que bien que certains écrivains utilisent le terme, d'autres le voient comme un « terme méprisant désignant la fantaisie qui démonte les tropes (en), une étiquette injuste[trad 7],[3]. »
Citation
modifier« dans l'obscurité sinistre (grim darkness) du futur lointain, il n'y a que la guerre[trad 8],[2]. »
Usages
modifierD'après Roberts, le grimdark est une forme moderne d'approche anti-Tolkien de l'écriture, dont la représentation la plus connue est la saga du Trône de fer[2]. D'après Garrad, le grimdark est associé au mouvement gothique des années 90 et de son esthétique autour de la perte et de la négativité[6].
En 2016, Damien Walter écrit dans le Guardian que le grimdark domine la fantaisie en raison d'un « impératif commercial visant à attirer les adolescents masculins[trad 9] » à l'aide de « plus grosses épées, plus de combats, plus de sang, plus de combats, de haches, de combats[trad 10]. » Il oppose ce courant à celui d'une fantaisie « plus épique et plus nuancée émotionnellement[trad 11] misant plus sur l'histoire que les combats[7]. »
Des œuvres sont qualifiées de grimdark surtout depuis les années 1990. En plus de George R. R. Martin, on classe dans ce genre des auteurs tels Glen Cook[8], Joe Abercrombie[3],[9], Richard Morgan[3] et Mark Lawrence[4],[9]. Dans un sens plus large, une « vision intransigeante, sombre, pessimiste ou nihiliste du monde[trad 12],[10] », caractéristiques de la fiction grimdark, se retrouve à partir des années 2000 dans une vaste série d’œuvres fictives populaires telles Batman, Breaking Bad et The Walking Dead (en)[10].
Hopepunk et noblebright
modifierEn 2017, l'écrivaine Alexandra Rowland affirme que le hopepunk s'oppose au grimdark en axant sur l'importance de l'espoir et sur l'idée que les idéaux valent la peine d'être défendus malgré l'adversité[11],[10].
Le genre est également opposé au noblebright, qui non seulement affirme qu'il y a de bon combats qui méritent d'être faits, mais que ceux-ci peuvent être gagnés et mener à un happy end[11],[10].
Notes et références
modifier- Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Grimdark » (voir la liste des auteurs).
- (en) « where nobody is honourable and Might is Right »
- (en) « the standard way of referring to fantasies that turn their backs on the more uplifting, Pre-Raphaelite visions of idealized medievaliana, and instead stress how nasty, brutish, short and, er, dark life back then 'really' was »
- (en) « cynical, disillusioned, ultraviolent place »
- (en) « shorthand for a subgenre of fantasy fiction that claims to trade on the psychology of those sword-toting heroes, and the dark realism behind all those kingdom politics »
- (en) « just as lost as we are »
- (en) « a retreat into the valorisation of darkness for darkness's sake, into a kind of nihilisme that portrays right action ... as either impossible or futile »
- (en) « a dismissive term for fantasy that's dismantling tropes, a stamp unfairly applied. »
- (en) « In the grim darkness of the far future there is only war. »
- (en) « commercial imperative to win adolescent male readers »
- (en) « bigger swords, more fighting, bloodier blood, more fighting, axes, more fighting »
- (en) « a truly epic and more emotionally nuanced kind of fantasy »
- (en) « pervasively gritty, bleak, pessimistic, or nihilistic view of the world »
- Références
- (en) Marcel Moser, « Hope as the Main Driving Force of Humanity in the Grimdark Universe of Warhammer 40,000 », Kick, no 2, (ISSN 2623-9558)
- (en) Adam Roberts, Get Started in: Writing Science Fiction and Fantasy, Hachette UK, (ISBN 9781444795660, lire en ligne), p. 42
- (en) Genevieve Valentine, « For A Taste Of Grimdark, Visit The 'Land Fit For Heroes' », National Public Radio Books, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Jared Shurin, « NEW RELEASES: THE GOBLIN EMPEROR BY KATHERINE ADDISON », Pornokitsch, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Liz Bourke, « The Dark Defiles by Richard Morgan », Strange Horizons, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) Jon Garrad, « Endless Nineties: the perennial aesthetic of 'grimdark' games », Gothic Styles, Gothic Substance, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Damien Walter, « Science fiction and fantasy look ahead to a diverse 2016 », The Guardian, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Savannah Cordova, « Grimdark Books », Reedsy, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Mike Gelprin, Mark Lawrence, Gerri Leen, Adrian Tchaikovsky et Nick Wisseman, Grimdark Magazine Issue #1, Grimdark Magazine, , 15–16 p. (ISBN 978-0-9941659-1-6, lire en ligne)
- (en) Aja Romano, « In the era of Trump and apocalyptic change, Hopepunk is weaponizing optimism », Vox, (lire en ligne, consulté le )
- (en) One atom of justice, one molecule of mercy, and the empire of unsheathed knives, Alexandra Rowland, festiveninja. Published 17 November 2018 (Accessed 30 December 2018).