Guido Guidi
Guido Guidi est un médecin italien de la Renaissance, né à Florence le [2],[3], mort à Pise le [4],[5],[6]. Il est connu également sous son nom latinisé de Vidus Vidius et a été connu en français sous le nom de Guy Vide[7],[8]. Il a été premier médecin du roi François Ier et le premier des lecteurs royaux en médecine[9] au Collège royal.
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Biographie
modifierSa mère, Costanza Bigordi, est la fille du peintre Domenico Ghirlandaio. Son père est médecin[10].
Il est dans la trentaine, médecin reconnu, quand le cardinal Niccolò Ridolfi attire son attention sur une collection de manuscrits grecs illustrés (IXe ou Xe siècle) dus à un médecin du nom de Nicetas ; les originaux des illustrations (montrant par exemple le traitement de luxations) remontent aux premiers siècles de l'ère chrétienne[11],[12].
Invité par François Ier (qui connaissait Ridolfi et Luigi Alamanni, un autre ami de Guidi), il devient en 1542 le premier lecteur de médecine[9] du Collège royal (l'actuel Collège de France) à Paris. Le roi le prend sous sa protection, en fait son médecin ordinaire[13], l'enrichit et lui donne d'amples moyens pour réaliser ses ouvrages. Son enseignement est populaire et les autres professeurs permettent à leurs élèves de compter les cours de Vidius comme heures d'étude[14].
Guidi retourne en Italie à la mort de François Ier en 1547 ; son successeur comme lecteur est Jacques Dubois (Jacobus Sylvius), que François Ier avait privé de sa promotion en favorisant Guidi[15]. Guidi pour sa part obtient une chaire à l'université de Pise (il a comme élève Andrea Cesalpino[10]) et devient le médecin personnel de Cosme Ier de Médicis[16]. C'est aussi en Italie qu'il reçoit les ordres ; il exerce à la fois la médecine et le sacerdoce.
Il meurt à soixante ans, en 1569, en demandant à son neveu de publier son grand œuvre.
Dans son autobiographie, son ami Benvenuto Cellini témoigne non seulement de la science de Guidi et mais aussi de ses grandes qualités personnelles[17].
Contributions
modifierChirurgia
modifierGuidi publie en 1544 à Paris (il est alors au service de François Ier[5]), sous le titre de Chirurgia è Græco in Latinum conuersa…, une compilation avec commentaires de différents traités d'Hippocrate, Galien et Oribase traduits par lui en latin ; on a mentionné Rosso Fiorentino, Le Primatice et Francesco Salviati comme illustrateurs[18], mais l'attribution à Salviati est la plus probable[19],[20],[21]. Certaines des gravures sont des gravures originales[22]. La qualité de cette édition suscite encore aujourd'hui l'admiration[23]. Cette œuvre paraît un an après De humani corporis fabrica de Vésale, et les deux ouvrages ont joué un rôle important dans le renouveau de l'iconographie anatomique[10].
Autres ouvrages
modifierNous lui devons de plus De anatome corporis humani, un traité d'anatomie en sept livres, composé vers 1560 et publié à titre posthume en 1611 à Venise chez Giunta. On y trouve la description d'un amphithéâtre d'anatomie en bois, de forme octogonale, mais qui n'a probablement jamais existé[5].
Si le passage de l'Ars medicinalis sur la greffe du nez lui est bien dû, Guidi a parlé de cette opération une trentaine d'années avant celui qu'elle a rendu célèbre, Gaspare Tagliacozzi[24].
Sigismond Jaccoud écrit : « Guidi Guido (Vidus Vidius), médecin de Florence (Ars univ. medicinae, t. II, chap. VI, 1596), est un des premiers qui l'aient désignée [la varicelle] avec un peu de précision par ces sortes de « vésicules pleines d'eau, brillantes comme du cristal, qui n'offrent point de gravité »[25]. »
Œuvres
modifierŒuvres originales
modifier- De febribus, Florence, 1585 (Numérisation de Gallica)Le neveu de Vidius dut faire paraître ce traité, qui est en sept livres, afin de prendre de court quelqu'un qui s'apprêtait, pour servir sa propre réputation, à publier un ouvrage semblable d'après des notes de cours de Guidi[4].
- Ars medicinalis (Numérisation de la Bibliothèque nationale d'Autriche) — L'édition de 1611 contient De anatome corporis humani libri VII (L'anatomie du corps humain, en sept livres), qui présente entre autres la méthode de trachéotomie de Guidi[26]. (Numérisation de BIUSanté).
Traductions
modifier- Hippocrate, Galien, Oribase, Chirurgia è graeco in latinum conuersa, Vido Vidio florentino interprete cum nonnullis ejusdem Vidii cõmentarijs (La chirurgie, traduction du grec au latin par Guido Guidi, avec commentaires du traducteur), Paris, Pierre Galtier (ou Gauthier, ou Gaulthier), 1544 (Numérisation de Gallica) — Voir le tableau du contenu de Chirurgia, plus bas.
- Les anciens et renommés autheurs de la médecine et chirurgie, Paris, 1634 — Le traducteur, non nommé, a utilisé à la fois le texte latin et le texte grec. Édition dédiée à Guy Patin.
- Galien, De fasciis libellus — Court traité sur les bandages.
Bibliographie
modifier- (en) « Vidus Vidius (1508–69) », dans Med Hist., 1(2), p. 186–188 PMC 1034271
- (en) William Brockbank, « The man who was Vidius », dans Ann R Coll Surg Engl., ; 19(5), p. 269–295 PMC 2378054
- Mirko Dražen Grmek, « Contribution à la biographie de Vidius (Guido Guidi), premier lecteur royal de médecine : ses origines et sa vie avant la période parisienne », dans Revue d'histoire des sciences, no 31, Paris, 1978, p. 289-299 — Contient en annexe une consultation par lettre de Guidi.
- (en) C. E. Kellett, « The school of Salviati and the illustrations to the chirurgia of Vidus Vidius », dans Med Hist., oct. 1958, 2(4), p. 264–268 PMC 1034416
- (en) Leonard F. Peltier, Fractures : a history and iconography of their treatment, Norman Publishing, 1990, 273 p. (ISBN 0930405161 et 9780930405168) — Passim.
- (it) Cesare Preti, « Guidi, Guido », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 61, 2004
- (it) Salvino Salvini, « Anno MDLIII — Guido Guidi — Consolo XXVI », dans Fasti consolari dell'Accademia Fiorentina, Tartini, 1717, p. 115
Annexes
modifierÉponymie
modifier- Nerf vidien
- Artère vidienne
- Il y a une rue Guido Guidi à Florence[29].
Tableau du contenu de Chirurgia
modifierAuteur | Titre français | Titre latin | Commentateur | Pages |
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Hippocrate | Des ulcères | De ulceribus | Guidi | 1–46 |
Hippocrate | Des fistules | De fistulas | Guidi | 47–60 |
Hippocrate | Des plaies de la tête | De vulneribus capitis | Guidi | 61–130 |
Hippocrate | Des fractures | De fracturis | Galien | 1 : 131 2 : 155 3 : 188 |
Hippocrate | Des articles (c'est-à-dire des articulations[30]) |
De articulis | Galien | 1 : 215 2 : 256 3 : 272 4 : 316 |
Hippocrate | De l'officine du chirurgien | De officina medici | Galien | 1 : 343 2 : 365 3 : 389 |
Galien | Des bandes (c'est-à-dire des bandages) |
De fasciis | 415–466 | |
Oribase | Des lacqs | De laqueis | 467–476 | |
Oribase | Des machines & engins | De machinamentis | 477–534 |
Le titre français est pris de l'édition de 1634, le latin de celle de 1544. Les commentaires de Galien sont divisés en sections. Les pages sont celles de l'édition latine.
Notes et références
modifier- Source chez Gallica. Nous tirons la légende de Peltier, p. 28.
- L'an 1509 de notre calendrier ; mais, à Florence, à ce moment, l'année commençait en mars et en février on était toujours en 1508 : Brockbank 1956, p. 269.
- Fiche de la Bibliothèque nationale de France.
- Brockbank 1956, p. 288.
- Rafael Mandressi, Le Regard de l'anatomiste. Dissections et invention du corps en Occident, Paris, Éditions du Seuil, 2003 (ISBN 978-2020540995).
- Ne pas confondre Vidus Vidius, dont nous traitons ici, et Vidus Vidius junior.
- Fiche de worldcat.org.
- « Vidus Vidius » est une traduction à partir de l'italien ; « Guy Vide » est une retraduction à partir du latin.
- Jacqueline Vons, Le médecin, les institutions, le roi. Médecine et politique aux XVIe–XVIIe siècles, Cour de France.fr, 2012, p. 10 de la pagination originale.
- Preti 2004.
- Brockbank 1956, p. 270.
- Peltier 1990, p. 241 : « The scamnum, or fracture table, of Hippocrates ».
- Il était de service actif un trimestre par an : Preti 2004.
- Brockbank 1956, p. 273.
- Brockbank 1956, p. 272.
- Michael Hirst, Francesco Salviati ou la Bella Maniera, CAT. 133 et 134.
- Cellini parle de lui comme « mio fidelissimo amico messer Guido Guidi » : La vita di Benvenuto di Maestro Giovanni Cellini fiorentino, scritta, per lui medesimo, livre II, chap. LVI, Florence, 1558. Autres mentions de Guidi dans cette autobiographie : livre II, chap. XXIV ; livre II, chap. XXXVII ; livre II, chap. CII.
- Brockbank 1956, à la page 277, cite un artiste anonyme qui dit que les machines du traité d'Oribase ont été reconstruites pour en faire une illustration plus fidèle.
- Kellett 1958.
- Ärzte und ihre Interpreten : Medizinische Fachtexte der Antike als Forschungsgegenstand der Klassischen Philologie, Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften — Walter de Gruyter, 2006, p. 68.
- Preti 2004 : « l'attribution des illustrations, par H. Omont, à Primatice a été réfutée de manière convaincante par Hirst ». Il s'agit de l'ouvrage de Henri Omont, Collection de chirurgiens grecs avec dessins attribués au Primatice, Paris, Berthaud, 1908.
- Brockbank 1956, p. 278.
- Jeremy Norman, Guido Guidi issues a spectacular book of Renaissance surgery and graphic arts (1545).
- Brockbank 1956, p. 290.
- Nouveau dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, vol. 38, p. 227. Jaccoud fait sans doute référence à un texte qui se trouve en ligne dans la numérisation de la Bayerische Staatsbibliothek.
- P. 171, fig. 36.
- Numérisation de l'édition de 1596.
- Pour une analyse plus détaillée du contenu, voir : Brockbank 1956, p. 289.
- Sur Google Maps.
- Ce sens d'article est dans le dictionnaire de Furetière.