Guillaume Chasteau
Guillaume Chasteau, dont l'usage était de signer Castellus (les dictionnaires de Charles-François Le Virloys et Pierre-François Basan, au XVIIIe siècle, citent également la signature de Castellus-Gallus), est un graveur d'interprétation au burin et à l'eau-forte, français, né le à Orléans. Il vécut rue Saint-Jacques à Paris et y est mort le .
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Période d'activité |
- |
Pseudonyme |
Castellus, Castellus-Gallus |
Nationalité |
Française |
Activité | |
Maître | |
Conjoint |
Antoinette Hérault |
Distinction |
Membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture |
Biographie
modifierLa date du est dite par le Dictionnaire Bénézit[1] comme étant celle de la naissance de Guillaume Chasteau, les archives de l'Université de Liège[2] la donnant comme celle de son baptême, ces deux propositions n'étant pas contradictoires de par l'usage courant au XVIIe siècle d'un baptême immédiat.
Son séjour à Rome, le plus souvent donné de 1655 à 1660, est étendu par Maxime Préaud de 1654 à 1661-1662[3]. Il est écrit que c'est par simple curiosité qu'initialement il entreprend ce voyage et que c'est par la fréquentation de ceux qui deviendront ses maîtres (Cornelis Bloemaert et Johann Friedrich Greuter (it)[2]) qu'à Rome il prend goût à la gravure (la rare signature Castellus-Gallus semble correspondre à cette première période romaine), qu'il travaille un temps pour la Papauté (Portraits des Papes)[4] et qu'il en fait définitivement sa vocation[5] : « Après quoi, il parcourut une grande partie de l'Italie pour examiner ce qu'elle offre de plus beau en matière de peinture »[6], ses haltes majeures étant Venise et Gênes[4].
Guillaume Chasteau est en 1663 reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture où il côtoie Gilles Rousselet et François Chauveau et où la protection de Colbert lui vaut des commandes officielles.
En 1665, il épouse Antoinette Hérault (1642-1695), mariage dont naîtront au moins huit enfants, par lequel il devient le gendre du peintre et marchand de tableaux Antoine Hérault et le beau-frère de Noël Coypel. Antoinette Hérault, « une des meilleures miniaturistes de son temps, qui excella surtout dans la copie des œuvres des maîtres »[7], voit son chef-d'œuvre, La Famille Darius devant Alexandre d'après Charles Le Brun, acquis par Louis XIV pour le Grand Dauphin[8].
Un procès-verbal nous restitue la fin de l'artiste : « Guillaume Chasteau, graveur ordinaire du Roy en son Académie royale de peinture et sculpture, a été pris en sa maison rue Saint-Jacques au Buste et a été inhumé aux charniers ce 17 septembre 1683. Signé : Coypel, Noël Chasteau[9], Hérault »[10]. Les charniers ici évoqués sont ceux de l'église Saint-Benoît-le-Bétourné : après sa fermeture en 1812 (elle sera détruite en 1831), les ossements des charniers sont en 1813 portés aux catacombes[11].
Sa veuve, qui mit au monde huit enfants, épouse en 1686, en seconde noces, le peintre Jean-Baptiste Bonnart, ancien collaborateur de son mari[8].
Œuvre
modifierGravures d'interprétation
modifierGuillaume Chasteau a gravé des sujets extraits du Nouveau Testament, de la mythologie gréco-romaine et des portraits d'après :
- L'Albane (L'Annonciation, Le baptême du Christ, L'apparition du Christ à la Madeleine ou Noli me tangere).
- Delfobo Burbarini.
- Annibal Carrache (Martyre de Saint Étienne, Assomption de la Vierge).
- Giovanni Benedetto Castiglione (Elle enfanta son premier né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche).
- Le Corrège (Le repos pendant la fuite en Égypte).
- Pierre de Cortone (Saint Paul retrouvant la vue).
- Guillaume Courtois.
- Antoine Coypel (Portrait de Catherine Montvoisin dite "La Voisin", empoisonneuse).
- Noël Coypel (La Vierge et l'Enfant Jésus).
- Ciro Ferri ( Frontispice du livre Prediche dette nel Palazzo Apostolico de Giovanni Paolo Oliva).
- Claude Lefèbvre (Portrait de Colbert[12]).
- Carlo Maratta (La Sainte Famille, Saint Thomas de Villeneuve ).
- Baldassare Peruzzi.
- Nicolas Poussin (Le ravissement de Saint-Paul, 1671[13] ; Jupiter allaité par la chèvre Amalthée, vers 1680 ; Renaud et Armide).
- Guido Reni.
- Raphaël Sanzio (Jonas et Habacuc, 1660 ; Daniel et David, 1660 ; La Pêche miraculeuse).
- Nicolas Tournier.
Contributions bibliophiliques
modifier- André Félibien, sieur des Avaux et de Javercy, Tableaux du Cabinet du Roy - Première partie, Imprimerie royale, 1679. Gravures par Gérard Edelinck, Étienne Picart, Gilles Rousselet, Antoine Masson, Étienne Baudet, Guillaume Chasteau, Gérard Audran et Gérard Scotin.
Expositions collectives
modifier- Trois estampes exposées[14], Académie royale de peinture et de sculpture, 1673.
- Exposition dédiée au Roi, Hôtel de La Ferté-Senneterre, Paris, 1683.
- Exposition Colbert, Hôtel de la Monnaie, Paris, 1983.
- Exposition itinérante : Poussin et Moïse, du dessin à la tapisserie, Académie de France à Rome et Musée des beaux-arts de Bordeaux, 2011 ; Mobilier national, Paris, 2012.
- Les auteurs inspirés par Nicolas Poussin (350e anniversaire de son décès), Galerie nationale de Prague, 2015.
Réception critique
modifier- « Il est surtout connu pour les estampes d'après Le Poussin, gravées au burin pur dans le goût de Bloemaert et de Poilly, qui ne convient pas parfaitement au caractère de ce maître. On connaît moins celles qu'il a considérablement avancées à l'eau-forte, et dans lesquelles on trouve certaines parties traitées avec esprit et d'un très bon goût. On peut regretter qu'il n'ait pas toujours suivi cette manière plus pittoresque et plus libre, dans laquelle il aurait fait sans doute des progrès, et qui aurait augmenté le nombre de ses ouvrages et sa réputation. On lit dans quelques ouvrages sur les arts que Chasteau était un graveur médiocre. Ou les auteurs étaient fort sévères, ou ils n'avaient pas vu ses meilleurs ouvrages. » - Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque[5]
Musées et collections publiques
modifierFrance
modifier- Bibliothèque municipale de Lyon, Les Israélites recueillant la manne dans le désert, d'après Nicolas Poussin, 1680.
- Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France[15].
- École nationale supérieure des beaux-arts, Paris, Martyre de Saint Étienne, d'après Annibal Carrache[16] ; Saint-Paul élevé jusqu'au troisième ciel, d'après Nicolas Poussin[17].
- Petit Palais, Paris, Jésus sortant de Jéricho toucha les yeux de deux aveugles et aussitôt ils virent, d'après Nicolas Poussin.
- Bibliothèque Carnegie, Reims, Monseigneur Jean-Baptiste Colbert, ministre d'état et commandeur des ordres du Roi.
- Musée du Domaine départemental de Sceaux, Portrait de Colbert.
- Château de Versailles, Portrait de Gabriel de Roquette, évêque d'Autun[18] ; Portrait de Catherine Montvoisin dite La Voisin, empoisonneuse, d'après Antoine Coypel[19].
Autriche
modifier- Bibliothèque nationale autrichienne, Vienne, Portrait de Colbert.
Belgique
modifier- Université de Liège, L'Assomption de la Vierge d'après Annibal Carrache[2].
Estonie
modifier- Université de Tartu, La mort de Germanicus, d'après Nicolas Poussin ; Portrait de Colbert.
Pays-Bas
modifier- Rijksmuseum, Amsterdam, Renaud et Armide, La mort de Germanicus, d'après Nicolas Poussin[20].
- Musée Teyler, Haarlem, Sortie de prison de Saint Pierre, d'après Nicolas Poussin[21].
Royaume-Uni
modifier- Galerie nationale d'Écosse, Édimbourg, Les Hébreux recueillant la manne dans le désert, d'après Nicolas Poussin, 1680[22].
- British Museum, Les Hébreux recueillant la manne dans le désert (id.)[23] ; Jonas et Habacuc, d'après Raphaël Sanzio ; Daniel et David, d'après Raphaël Sanzio ; Saint Thomas de Villeneuve, d'après Carlo Maratta.
- Victoria and Albert Museum, Londres, Jupiter enfant allaité par la chèvre Amalthée (gravure légendée : Oracle vivant des curieux et unique centre de la véritable curiosité, dédié à Simon Imbert, conseiller et secrétaire du Parlement d'Aix-en-Provence), d'après Nicolas Poussin[24].
- Wellcome Library, Londres, Jésus sortant de Jéricho toucha les yeux de deux aveugles et aussitôt ils virent, d'après Nicolas Poussin[25].
États-Unis
modifier- Musée des beaux-arts de Boston, Jupiter allaité par la chèvre Amalthée, d'après Nicolas Poussin.
- Musées d'art de Harvard, Cambridge (Massachusetts), Le jeune Pyrrhus sauvé, La Sainte Famille, Assomption de la Vierge, Saint Paul élevé au troisième ciel, d'après Nicolas Poussin[26].
- Metropolitan Museum of Art, New York, Martyre de Saint Étienne, d'après Annibal Carrache.
- Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, La mort de Germanicus, d'après Nicolas Poussin[27].
Galerie
modifier-
La Manne, d'après Nicolas Poussin
-
Les Aveugles de Jéricho d'après Nicolas Poussin
-
Assomption de la Vierge d'après Annibale Carrache
-
Mort de Germanicus d'après Nicolas Poussin
-
Le Jeune Pyrrhus sauvé d'après Nicolas Poussin
Collections privées
modifierÉlèves
modifier- Benoît Farjat (?-1724)[29].
- Charles Simonneau (1645-1728).
Notes et références
modifier- Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 3, pages 524-525.
- Université de Liège, Guillaume Chasteau dans les collections
- La peinture italienne et la France, actes de colloque, La Documentation française, 1990.
- Oxford Index, Volume Grove Art On Line, Guillaume Chasteau, 1996
- Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque, Encyvlopédie méthodique. Beaux-arts, dédiés et présentés à Monsieur Vidaud de la Tour, conseiller d'état et directeur de la librairie, chez Panckoucke à Paris et chez Plomteux à Liège, 1788.
- Pierre-François Basan, Dictionnaire des graveurs anciens et modernes depuis l'origine de la gravure, Prault, imprimeur du Roi, Paris, 1789, pages 120-122.
- Dictionnaire Bénézit, Antoinette Hérault, Gründ, 1999, tome 6, page 917.
- Sandrine Lely, « Antoinette Hérault », notice biographie, sur le site de la SIEFAR, 2004.
- Dictionnaire Bénézit, Gründ 1999, tome 3, page 525 : « Noël Chasteau, artiste peintre, membre de l'Académie de Saint-Luc en 1693 », frère de Guillaume Chasteau.
- Le Cabinet de l'amateur et de l'antiquaire, no 33-34, 1883.
- Tombes et sépultures, église Saint-Benoît-le-Bétourné - Personnalités inhumées dans l'église, les charniers ou les cimetières
- Jean Hubac, Colbert, mars 2015
- Marianne Cojannot-Le Blanc, Le vertige des sens - Expérience du tableau et description, in À la recherche du rameau d'or, collection « Humanités classiques », Presses universitaires de Paris Nanterre, 2012
- Fiche exposant S 1673, base salons du musée d'Orsay.
- Roger-Armand Weigert, Bibliothèque nationale, cabinet des estampes, inventaire du fonds français - Graveurs du XVIIe siècle, B.N.F., 1951, tome II.
- École nationale supérieure des beaux-arts, Martyre de Saint Étienne dans les collections
- École nationale supérieure des beaux-arts, Saint-Paul enlevé jusqu'au troisième ciel dans les collections
- Château de Versailles, Le portrait de Gabriel de Roquette dans les collections
- Château de Versailles, Le portrait de La Voisin dans les collections
- Rijksmuseum, Guillaume Chasteau dans les collections
- Musée Teyler, Guillaume Chasteau dans les collections
- Galerie nationale d'Écosse, Guillaume Chasteau dans les collections
- British Museum, Guillaume Chasteau dans les collections
- Victoria and Albert Museum, Guillaume Chasteau dans les collections
- Wellcome Library, Guillaume Chasteau dans les collections
- Musées d'art de Harvard, Guillaume Chasteau dans les collections
- Philadelphia Museum of Art, Guillaume Chasteau dans les collections
- Dyce collection - A catalogue of the printed books and manuscripts bequeathed by the Reverend Alexander Dyce, HMSO, Londres, 1875.
- Charles-Philippe de Chennevières-Pointel et Anatole de Montaiglon, Abecedario de Pierre-Jean Mariette et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et sur les artistes, Éditions J.-B. Dumoilin, Paris, 1854-1856.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- André Félibien, Nom des peintres les plus célèbres et les plus connus, anciens et modernes, Paris, 1679.
- Charles-François Roland Le Virloys, Dictionnaire d'architecture civile, militaire et navale, antique, ancienne et moderne, et de tous les arts et métiers qui en dépendent, chez les libraires associés, Paris, 1770.
- Pierre-François Basan, Dictionnaire des graveurs anciens et modernes depuis l'origine de la gravure, avec une notice des principales estampes qu'ils ont gravées, Prault, imprimeur du Roi, Paris, 1789.
- Claude-Henri Watelet et Pierre Charles Levesque, Encyclopédie méthodique. Beaux-arts, dédiés et présentés à Monsieur Vidaud de la Tour, conseiller d'état et directeur de la librairie, chez Panckoucke à Parus et chez Plomteux à Liège, 1788 ; réédition sous le titre Dictionnaire des arts de peinture, sculpture et gravure, L.-F. Prault, imprimeur à Paris, 1792.
- Dictionnaire des artistes dont nous avons des estampes, avec une notice détaillée de leurs ouvrages gravés, chez Jean Gottlob Immanuel Breitkopf, Leipzig, 1790.
- Charles Le Blanc, Manuel de l'amateur d'estampes, vol.1, 1854.
- Georges Duplessis, Histoire de la gravure en France, Rapilly libraire-éditeur, Paris, 1861.
- Michael Bryan, Dictionary of painters and engravers, Macmillan, New York, 1903.
- Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, E.A. Seemann, 1912.
- Georges Wildenstein, Les graveurs de Poussin au XVIIe siècle, « Gazette des beaux-arts », n°1040-1043, 1957.
- Maxime Préaud, Guillaume Chasteau, graveur et éditeur d'estampes à Paris (1635-1683), et la peinture italienne, in La peinture italienne et la France, La Documentation française, 1990 (présentation en ligne).
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Liens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :