Hôtel d'Aurès

édifice urbain historique à Montpellier
Hôtel d'Aurès
Présentation
Destination initiale
Hôtel particulier
Destination actuelle
Bureaux du pôle Culture et Patrimoine de Montpellier Méditerranée Métropole
Construction
1718
Commanditaire
Daniel Chaunel
Propriétaire
Ville de Montpellier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Localisation
Pays
France
Subdivision administrative
Hérault
Commune
Montpellier
Quartier
Sainte Anne
Adresse
14 rue Eugène Lisbonne
Coordonnées
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L'Hôtel d'Aurès est un hôtel particulier du XVIIIe siècle situé au 14 rue Eugène-Lisbonne à Montpellier, dans le département de l'Hérault, en France.

Histoire modifier

L'hôtel d'Aurès est situé à l'angle nord-est de l'îlot du Four-Crémat situé dans le sixain Sainte-Anne[1],[2]. Au début du XVIIIe siècle, la parcelle observable sur la cadastre napoléonien (1814) est divisée en plusieurs biens. En 1718, Daniel Chaunel[3], conseiller du roi et receveur général du taillon en la généralité de Montpellier les achète[4]. Initialement, son projet consistait à rénover la maison nouvellement achetée[5] et incluait également la création d'une nouvelle porte d'entrée ornée et d'une façade dotée de cinq baies. Mais il a dû revoir ses plans en raison des modifications imposées par la municipalité concernant le recul des façades. La mairie exigeait ce recul comme condition préalable à la construction de son hôtel, afin de libérer de l'espace et d'améliorer la salubrité de la rue. Le , l'acquisition d'autres propriétés par Daniel Chaunel témoigne d'un changement significatif dans son projet. Il décide de réutiliser des éléments des structures existantes afin d'ériger son hôtel particulier. La façade donnant sur la rue Eugène-Lisbonne est agrémentée de quatre fenêtres surmontées de mascarons masculins aux visages feuillus. Certains y voit une représentation des quatre humeurs du corpus hippocratique. La grande porte cochère, elle, arbore un mascaron au visage féminin souriant. Cette figure est également présente sur certaines clés d'arc des façades du vestibule ainsi que de la cour. Ce vestibule abrite un escalier monumental à limon porteur doté de ferronneries qui dessert le rez-de-chaussée et les deux premiers étages.

Le , Jean Pierre Aurès[3] rachète l'hôtel au fils de Daniel Chaunel[6],[7]. Sa position de conseiller du roi ainsi que son lien proche avec l’évêque de Toulouse, qu’il accueillait parfois lors des sessions des États du Languedoc, imposent la dénomination pérenne d’Hôtel d’Aurès[8]. Il acquiert ainsi une propriété en excellent état, nécessitant uniquement une mise à jour de la décoration et des travaux de réaménagement intérieur. Un témoin de ces réaménagements est le salon des gypseries situé au rez-de-chaussée. Les décors du salon évoquent le thème des saisons, on retrouve sur les murs des motifs floraux de style rocaille, quatre trophées constitués de fruits, légumes, végétaux et instruments, mais également trois cadres muraux sur le thème de l'amour à travers l'iconographie antique de la déesse Vénus.

En 1811, l'armateur Jean Mercier rachète l'hôtel. Sa fille épouse François Anselme Jaumes qui, à son tour, devient propriétaire en 1855. Un document utilise la dénomination "maison Jaumes" pour parler de l'hôtel, mais cette utilisation ne semble pas avoir perduré. Sept ans plus tard, l'hôtel est légué à son fils Alphonse.

À la fin de la reconstruction de l'église Sainte-Anne[9] en 1869, un projet de réaménagement du parvis et de mise en perspective de l'église depuis la nouvelle rue Impériale (actuelle rue Foch) est lancé[10]. À cette occasion, l'hôtel d'Aurès fait l'objet d'une expropriation pour utilité publique et devient la propriété de la ville le . Cependant, les travaux de réaménagement sont abandonnés en 1874 en raison de l'opposition de nombreux habitants.

Au cours des XIXe et XXe siècles, l'hôtel d'Aurès change d'affectation à plusieurs reprises. Initialement loué comme appartement particulier par la ville, il accueille ensuite diverses entités. Le rez-de-chaussée est principalement utilisé par les services publics, abritant notamment les Prud'hommes au XIXe siècle. La Faculté de droit s'installe au premier étage à la fin du XIXe siècle[11], avant d'être remplacée par le Conservatoire au début du XXe siècle[12]. En 1892, le deuxième étage est mis à la disposition de la société d'archéologie de Montpellier. À la fin du XXe siècle, le Conservatoire occupe l'ensemble de l'édifice jusqu'à son déménagement en 2021 à la Cité des Arts.

Actuellement, l'édifice abrite les bureaux du pôle Culture et Patrimoine de Montpellier Méditerranée Métropole.

Protection modifier

Depuis le les deux salons ainsi que l’escalier et ses ferronneries, les couvertures sur rue et cour, la façade principale, l’entrée et le vestibule sont inscrits monuments historiques[13].

Notes et références modifier

  1. Série CC : compoix
    • no 90 : Compoix de Sainte-Anne - Dates : 1665-1734
    f° 283 : Isle de Four Cremat cy-devant de Leonard [Gear]
    f° 294 : Daniel Chaunel, conseiller du roy et receveur general du taillon de la generalitte de Montpellier
    f° 315 : Elzear Vedel, docteur et advocat.
  2. no 120 : Plan de Montpellier, parcellaire, d’après le plan de Flandio de la Combe, 1788, entièrement remanié en 1816.
  3. a et b Henri Michel, « Maisons et propriétaires montpelliérains au milieu du XVIIIe siècle », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 30, no 4,‎ , p. 597–615 (DOI 10.3406/rhmc.1983.1256, lire en ligne, consulté le ).
  4. Série 2E : f° 234 r°. à 238 v°. : Vente par Françoise Haguenot à Daniel Chaunel, le 17 janvier 1718.
  5. Série C : Bureau des finances des généralités de Montpellier et Toulouse no 6349 : demande d’autorisation de reconstruire sa maison par Daniel Chaunel (1718).
  6. Série 2 E : Notaires f° 228 r°. à 229 v°. : Vente par Louis Daniel Chaunel à Jean Pierre d’Aurès, le 20 septembre 1763.
  7. Série CC : compoix
    • no 103 : Compoix de Sainte-Anne - Dates : 1738-1791
    f° 255 : Jean Pierre Aures, premier secretaire du roy.
  8. Société française d'archéologie Auteur du texte, « Congrès archéologique de France : séances générales tenues ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques », sur Gallica, (consulté le ).
  9. Série G : Clergé séculier no 1394 : Église Sainte-Anne, 1399-1787, ordonnance pour la reconstruction (1754). Rapport des architectes Jean-Baptiste Franque et Claude Projet.
  10. Série 1 Fi : Documents iconographiques numérisés [consultables en ligne] no 1630 : Nouveau plan de la Ville de Montpellier indiquant les percements et embellissements projetés, dressé par Mr. J. Cassan, architecte de la ville. no 1224 : Projet de rue Impériale à ouvrir dans la ville de Montpellier, dressé par l’architecte de la ville soussigné, Montpellier, 1er septembre 1860, J. Cassan.
  11. Série 1T : Fonds des services et établissements concourant à l’éducation no 2231 : liasse faculté de droit.
  12. Série 1 D : délibérations : no 70, 1886/292 : le 8 septembre 1886, Installation de l’école de musique de Montpellier [site du théâtre] no 90, 1903/448 : le 9 décembre 1903, transformation en succursale du conservatoire national de musique, modification de la convention.
  13. Notice no PA00103545, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier

  • Ressource relative à l'architectureVoir et modifier les données sur Wikidata :