The Haçienda

club de Manchester, l'un des premiers à diffuser de la musique électronique, notamment la techno de Detroit et l'acid house de Chicago, après l'abandon du son new wave de ses débuts), et est également l'épicentre du mouvement musical Madchester
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Fac 51 Haçienda, plus communément appelé The Haçienda, est un ancien nightclub de Manchester au Royaume-Uni. Inauguré entre autres par Tony Wilson en , le club doit fermer en 1997 après le décès d'une jeune raveuse, des suites d'une overdose.

L'Haçienda est également l'épicentre du mouvement musical Madchester.

Le nouveau bâtiment remplaçant celui démoli de l'Haçienda a gardé le même nom.

Conçu comme un espace ouvert et transversal par les designers Ben Kelly et Peter Saville, le club proposait également des cafés, des expositions, projection de films, conférences, défilés de mode, un coiffeur.

Histoire

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Financé par Tony Wilson, avec lequel sont associés Alan Erasmus, Rob Gretton et Peter Saville, au sein du label Factory Records, officiellement comme étant la référence no 51 du catalogue, le club ouvre ses portes le [1] dans un grand entrepôt pour bateaux[2], 15 Whitworth Street[3]. La transformation du lieu, esthétique postindustrielle réalisée par l'architecte Ben Kelly et le graphiste Peter Saville, est financée par les bénéfices récoltés grâce aux ventes du groupe New Order[2].

Avec un look proche du mouvement techno qui va évoluer au cours des années, tout le monde peut y venir, la sélection à l'entrée étant inexistante[2]. Y compris les dealers[2] : le club ferme le , quelques jours après le décès d'une jeune fille de 21 ans après l'ingestion de deux cachets d'extasy, qui entraîne la suspension de la licence par les autorités de police[4]. Le bâtiment est démoli en 2002[5] et remplacé par un immeuble de standing[3]. Une quinzaine d'années plus tard, le site du club est classé par l'Historic England[6].

Influence sur la scène musicale

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Le club est connu pour avoir été l'un des premiers à diffuser au Royaume-Uni de la musique électronique (notamment la techno de Détroit et l'acid house de Chicago)[2] après l'abandon du son new wave de ses débuts. Le club a donc permis l'émergence de la house music en Europe, mais aussi de groupes comme les Stone Roses, archétype du mouvement Madchester[2], les Happy Mondays, New Order bien sur, ou les Inspiral Carpets[5] et favorisé la rencontre et la collaboration entre musiciens et plasticiens nourris des avant-gardes artistiques. Madonna y fait ses débuts[2], enregistrant deux titres en play-back lors de l'émission The Tube[3].

C'est aussi dans ce club qu'a débuté Laurent Garnier, sous le nom de DJ Pedro, et où les Chemical Brothers se produisaient régulièrement à leurs débuts. Dave Haslam[7], Mike Pickering, futur maître d'œuvre du groupe M People, étaient les autres membres du club.

Un projet porté par des choix radicaux

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La fondation de ce club se veut d'abord une réponse à la création de la Danceteria (en) refondée à New York au début de l'année 1982 sur la 21e Rue et qui s'étendait sur plusieurs dancefloors, formule assez originale à l'époque. Elle est également un prolongement du premier club de Tony Wilson, appelé Factory.

Le nom du club est choisi en référence à un texte situationniste sur l'urbanisme[8], écrit par Ivan Chtcheglov (dit Gilles Ivain), Formulaire pour un urbanisme nouveau[9] et typographié ainsi car le « çi » ressemble au 51[5].

« Nous nous proposons d’inventer de nouveaux décors mouvants »

— Ivan Chtcheglov, Formulaire pour un urbanisme nouveau, 1952-1953

En 1996, le club organise une conférence sur Guy Debord, fondateur de l'Internationale situationniste[8].

Le film 24 Hour Party People, réalisé par le britannique Michael Winterbottom et sorti en 2002, retrace l'histoire de l'Haçienda.

Du au , le MRAC de Sérignan a présenté l'œuvre de Bruno Peinado Il faut reconstruire l'Haçienda inspirée du manifeste situationniste d'Ivan Chtcheglov et de la boîte de nuit mythique de Manchester. Il a réalisé une réplique du dancefloor de The Haçienda et invité artistes et musiciens à l'investir recréant l'esprit d'un espace avant-gardiste et rassembleur[10].

Notes et références

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  1. (en) Jim Poe, « The Hacienda, Manchester: 1982-1997 », sur www.inthemix.com, South Alliance, (consulté le ), p. 1.
  2. a b c d e f et g Charlotte Brunel, « Culture Club, la nuit affole la mode : L'Hacienda… nuits électriques », L'Express Styles, no supplément à L'Express n° 3253,‎ 6 au 12 novembre 2013, p. 115.
  3. a b et c Jean-Vic Chapus, « The Haçienda, un club devant lequel s’extasiait Manchester : « Toutes les communautés se sont senties, une nuit ou l’autre, à la maison entre ces murs » », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  4. « L'HaÇienda », présentation du livre, Le Mot et le Reste.
  5. a b et c KMS, « 713 Il faut construire l’hacienda (Happy Mondays) », Kill Me Sarah, 18 août 2010.
  6. « Le site du mythique club The Haçienda déclaré d’importance historique en Angleterre », Mixmag.
  7. Auteur en 2000 d'un livre autour de la scène de Manchester intitulé Manchester, England: The Story of the Pop Cult City, paru chez Fourth Estate.
  8. a et b Jean-Marie Durand, « Guy Debord, l'inspirateur du punk », Les Inrockuptibles, 24 octobre 2014.
  9. Ivan Chtcheglov, « Formulaire pour un urbanisme nouveau », Internationale situationniste, no 1,‎ (lire en ligne).
  10. « Il faut reconstruire l’Hacienda. Bruno Peinado », sur Musée régional d'art contemporain Languedoc Roussillon Midi Pyrénées.

Voir aussi

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Peter Hook (trad. de l'anglais par Jean-François Caro), L'Haçienda : La meilleure façon de couler un club [« The Haçienda: How Not to Run a Club »], Marseille, Le Mot et le Reste, (1re éd. 2009), 330 p., broché (ISBN 978-2-36054-065-5).
  • The Haçienda must be built (interviews des différents protagonistes du club recueillis par Jon Savage).

Vidéographie

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Liens externes

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