Habitation Saint-Régis

ancienne plantation coloniale située à Roura (Guyane)

L'habitation Saint-Régis, aussi appelée habitation des Deux-Caps, est une ancienne plantation coloniale située à Roura, dans le département de la Guyane, en France. Fondée par les jésuites sur un affluent du fleuve Comté le 11 juillet 1688, elle fait partie d'un véritable complexe agricole et devient l'une des plus importantes sucreries de Guyane à la fin du XVIIIe siècle. Cette habitation esclavagiste, visitée par le scientifique Fusée-Aublet, fut rachetée par le Marquis de Lafayette en décembre 1785, avec pour projet d'y mener une expérience d'émancipation des esclaves, avant même la première abolition de 1794. Elle a joué un rôle majeur dans le développement colonial de la Guyane.

Histoire modifier

Les Jésuites en Guyane modifier

La Compagnie de Jésus, fondée par Saint Ignace de Loyola en 1540, est désignée pour partir dans les colonies françaises d'Amérique pour y évangéliser les peuples autochtones et les esclaves. A l'automne 1665, les directeurs de la Compagnie des Indes Occidentales autorisent l'établissement des pères jésuites dans l'Île de Cayenne. Les Pères Brion et Grillet s'y installent l'année suivante, ce dernier étant à l'origine de la fondation de l'habitation Loyola à Rémire-Montjoly. C'est en novembre 1668 que la première concession située en dehors de l'île de Cayenne, dans la paroisse de Roura, est accordée aux jésuites. Installée sur une colline surplombant l'Oyak, l'habitation du Maripa est la première d'un complexe agricole auquel s'ajouteront l'habitation Saint-Régis en 1688 et l'habitation Saint-Lazare, achetée dix ans plus tard. Toutes ces concessions constituent alors à l'époque un véritable empire foncier, surtout si l'on considère les possessions jésuites dans l'Île de Cayenne ou à Kourou.

Les frères jésuites choisissent donc le modèle de l'habitation que l'on connaît sous le terme de réductions au Paraguay, et d'aldeias au Brésil. Vouée à la production de matière première comme le sucre ou le roucou, l'habitation permet aux jésuites d'implanter leur présence à l'intérieur des terres, d'y évangéliser amérindiens et esclaves plus facilement, mais aussi et surtout de s'assurer des revenus car ils ne bénéficient d'aucune aide. Pourtant, leurs habitations seront les plus prospères de Guyane. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils seront expulsés de Guyane en 1764, car leur pouvoir politique et économique, devenu trop important, constituait une menace pour les élites locales. En témoigne le Couvent des Jésuites, un des monuments les plus anciens de la ville de Cayenne, qui après leur expulsion a été réquisitionné par le gouverneur pour s'y est installé. Il abrite aujourd'hui les bureaux du préfet de la Guyane.

L'habitation Saint-Régis modifier

La plantation coloniale est implantée par les jésuites sur une concession obtenue le 11 novembre 1688 au lieu dit Capbombe près de la rivière Comté. D'abord connue sous le nom des Deux-Caps, et reliée à l'habitation voisine du Maripa, elle est peu prospère jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Mais, en 1762, la sucrerie de Saint-Régis devient l'établissement jésuite le plus important de Guyane[1].

Après la dissolution de la Compagnie de Jésus, elle est rattachée au domaine royal, vendue aux Prépaud en 1766, et tombe rapidement en ruine. Le 25 décembre 1785, l'habitation Saint-Régis est rachetée par La Fayette, en même temps que Maripa, et séquestrée en 1793[1].

L'habitation est achetée par André Marie Lanne, le 11 avril 1794, et consacrée à l'exploitation du bois. Le projet d'y implanter la léproserie de la Montagne d'Argent est dressé en 1867, mais abandonné l'année suivante[1].

Notes et Références modifier

  1. a b et c « Saint-Régis, Habitation (Roura ; Guyane française) », sur anom.archivesnationales.culture.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie modifier

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Egle Barone-Visigalli, Histoire et archéologie de la Guyane française : les jésuites de la Comté, Ibis Rouge Edition, coll. « Espace outre-mer », , 365 p. (ISBN 978-2-84450-368-8) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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