Haplogroupe R1a
En génétique humaine, l'haplogroupe R1a est un haplogroupe du chromosome Y.
L'haplogroupe R1a est un sous-groupe de l'haplogroupe R. On le trouve actuellement le plus en Asie centrale et occidentale, en Inde et dans les populations slaves d'Europe de l'Est. Son origine serait l'Eurasie il y a au moins 20 000 ans.
Origine
modifierLa division de R1a (M420) daterait d'il y a environ entre 22 000 et 25 000 ans, soit le moment du dernier maximum glaciaire. Une vaste étude menée en 2014 par Peter A. Underhill utilisant 16 244 personnes provenant de plus de 126 populations de toute l'Eurasie, a conclu qu'il existait des preuves convaincantes que les premiers épisodes de diversification de l'haplogroupe R1a se sont produits aux alentours de l'Iran actuel[1]. Néanmoins, les plus anciens spécimens d'ADN étudiés ont montré le plus ancien exemple de R1a au cours du mésolithique parmi les chasseurs-cueilleurs de l'Est, et le premier cas de R* parmi les Eurasiens du nord du Paléolithique supérieur, dont les chasseurs-cueilleurs de l'Est tirent principalement leur ascendance. Aucun exemple de ces premiers échantillons de R1a n'a jusqu'à présent été trouvé en Iran[2].
Diffusion
modifierSelon Anatole Klyosov et Igor Rozhanskii (2012), à un moment donné, apparemment entre 20 000 et 15 000 ans, les détenteurs de R1a ont commencé une migration vers l'ouest, à travers le Tibet et au-dessus de l'Himalaya. Ils sont arrivés en Hindoustan au plus tard 12 000 AP. Ils ont apparemment continué leur chemin sur le plateau iranien, le long de l'Anatolie orientale et dans le reste de l'Asie mineure entre 10 000 et 9 000 ans. À environ 9 000 ans, ils arrivèrent dans les Balkans et se répandirent vers l'ouest en Europe et dans les îles Britanniques. Lorsque les détenteurs de l'haplogroupe R1b1a2 ont commencé à peupler l'Europe après 4800 AP (les populations de la culture campaniforme et autres vagues migratoires R1b1), l'haplogroupe R1a s'est déplacé de l'Europe centrale vers la plaine russe autour de 4800 - 4600 AP (Klyosov, 2011). De là, R1a a migré vers le sud, l'est et le sud-est en tant qu'« Aryens historiques » (Klyosov et Rozhanskii, 2012)[3].
Dans cette étude, ceux-ci constatent que les plus anciens porteurs des sous-clades de la R1a (R1a1-M198− et R1a1a-M198 + / M417-) qui vivent actuellement en Europe (les haplotypes actuels sont dispersés entre l'Angleterre et les Balkans) sont apparus en Europe il y a au moins 7 300 ans et éventuellement 9 000 ans. Les trois principaux sous-groupes aval de R1a, L664 (branche nord-ouest), Z93 (branche sud-est) et Z283 (branche eurasienne), se sont séparés de leur ancêtre européen commun à peu près au même moment, il y a environ entre 7 000 à 6 000 ans[3]. Le plus ancien échantillon de la lignée R1a-M420 trouvé en Europe de l'Est se trouve à Vassylivka (Ukraine), daté d'env. 8690 av. J.-C.[4].
Le plus ancien spécimen étudié de R1a1a1-M417 vient d'un site daté du Mésolithique (~6425 av. J.-C.) sur une île du lac Onega en Carélie[5],[6]. Selon Underhill (2010), le sous-clade M417 (R1a1a1) s'est diversifié en Z282 et Z93 il y a environ 5 800 ans[7].
De multiples études à grande échelle des données modernes du chromosome Y laissent supposer une croissance rapide des haplotypes R1a et R1b il y a environ 5 000 ans. Elles ont fourni la preuve que R1a et R1b étaient rares en Europe centrale avant ~ 4500 ans, mais commune peu de temps après. Les populations de la région des steppes pontiques et caspiennes, comme la culture Yamna, ont une forte hiérarchie masculine, comme en témoigne la surreprésentation des enterrements masculins, des divinités masculines et des termes de parenté (26, 30). La région est une origine putative pour le cheval domestiqué en Europe, et la culture est connue pour son utilisation de wagons à cheval, un mécanisme potentiel de dispersion masculine en Europe centrale[8].
Selon une étude (2017) de l'équipe du généticien Mattias Jakobsson de l'université d'Uppsala, les migrants yamnayas porteurs de l'haplogroupe auraient été quasi exclusivement mâles, dans une proportion de 10 pour une femme[9].
Dans une étude publiée en 2019, la majorité des hommes étudiés (16/24) issus des contextes de la culture de la céramique cordée (environ -3 000 à -2 200). appartenaient à des haplogroupes R1a, alors qu'une fraction plus petite appartenait à R1b (3/24) ou I2a (3/24)[10].
Questions linguistiques
modifierBien que R1a soit l'haplogroupe le plus fréquent du chromosome Y parmi les populations parlant une grande variété de langues comme les langues slaves, l'indo-iranien, le dravidien, le turc et le finno-ougrien, la question des origines de R1a est pertinente pour les débats en cours concernant la région originelle des peuples de langue indo-européenne, et peut également être pertinente pour les origines de la civilisation de la vallée de l'Indus. R1a montre une forte corrélation avec les langues indo-européennes d'Asie du Sud et de l'Ouest et d'Europe centrale et orientale, étant les plus répandues en Europe de l'Est, en Asie occidentale, en Asie du Sud et Asie centrale[7]. En Europe, Z282 est particulièrement répandue alors qu'en Asie Z93 domine.
Le lien entre l'ADN-Y R-M17 et la propagation des langues indo-européennes a été noté par T. Zerjal et ses collègues en 1999.
Présent
modifierLe marqueur M458 a une fréquence significative en Europe, dépassant 30 % dans sa zone centrale en Europe de l'Est et comprenant jusqu'à 70 % de tous les chromosomes M17 présents dans cette région. Les profils de diversité et de fréquence de M458 suggèrent son origine au début de l'Holocène et une expansion ultérieure probablement liée à un certain nombre de développements culturels préhistoriques dans la région. Sa fréquence primaire et sa répartition en diversité correspondent bien à certains des principaux bassins fluviaux d'Europe centrale et orientale où l'élevage sédentaire a été établi avant sa propagation vers l'est. Fait important, l'absence virtuelle de chromosomes M458 en dehors de l'Europe s'oppose à un important flux de gènes patrilinéaires entre l'Europe de l'Est et l'Asie, y compris en Inde, au moins depuis le milieu de l'Holocène[7].
Sous-clades
modifierR-M417 (R1a1a1)
modifierR-M417 (R1a1a1) est le sous-groupe le plus répandu, sous deux variantes, respectivement en Europe R-Z282 (R1a1a1b1) et en Asie centrale et méridionale R-Z93 (R1a1a1b2).
R-M458
modifierLe R-M458 (R1a1a1b1a1) est un SNP principalement présent parmi les peuples parlant des langues slaves, caractérisé par sa propre mutation, et a d'abord été appelé cluster N. Underhill et al. (2009) ont constaté qu'il était présent dans les populations européennes modernes à peu près entre le bassin du Rhin et les montagnes de l'Oural et l'ont attribué à « un effet fondateur qui [...] se situe dans la période de l'holocène précoce, à 7,9 ± 2,6 KYA ». M458 a été retrouvé dans un squelette d'un tombeau du XIVe siècle situé à Usedom dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale, en Allemagne. L'étude de Underhill et al. (2009) fait également état d'une fréquence étonnamment élevée de M458 chez certaines populations du Caucase du Nord (par exemple, 27,5 % des Karatchaïs, 23,5 % des Balkars, 7,8 % des Karanogays et 3,4 % des Abazines)[7].
R-Z93
modifierLe R-Z93* ou R1a1a1b2* (R1a1a2* chez Underhill (2014)) est commun (> 30%) dans la région de l'Altaï sud-sibérien, en Russie, apparaissant au Kirghizistan (6 %) et dans toutes les populations iraniennes (1 à 8 %).
Le R-Z2125 se produit aux fréquences les plus élevées au Kirghizistan et chez les Pachtounes d’Afghanistan (> 40 %). Il est également observé à une fréquence supérieure à 10 % dans d'autres groupes ethniques afghans et dans certaines populations du Caucase et de l'Iran.
Le R-M780 est présent à haute fréquence en Asie du Sud: en Inde, au Pakistan, en Afghanistan et dans l'Himalaya. Le groupe est également présent à plus de 3 % dans certaines populations iraniennes et > 30 % chez les Roms de Croatie et de Hongrie.
Arbre ISOGG 2011
modifierArbre ISOGG - janvier 2011 - | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Voir aussi
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Haplogroupes du chromosome Y (Y-ADN) | ||||||||||||||||||||||||
Plus récent ancêtre patrilinéaire commun | ||||||||||||||||||||||||
A | ||||||||||||||||||||||||
BT | ||||||||||||||||||||||||
B | CT | |||||||||||||||||||||||
DE | CF | |||||||||||||||||||||||
D | E | C | F | |||||||||||||||||||||
G | H | IJK | ||||||||||||||||||||||
IJ | K | |||||||||||||||||||||||
I | J | LT | K2 | |||||||||||||||||||||
I1 | L | T | MS | P | NO | |||||||||||||||||||
M | S | Q | R | N | O | |||||||||||||||||||
R1 | R2 | |||||||||||||||||||||||
R1a | R1b | |||||||||||||||||||||||
Notes et références
modifier- (en) Peter A Underhill, G David Poznik... Richard Villems, The phylogenetic and geographic structure of Y-chromosome haplogroup R1a, European Journal of Human Genetics, volume 23, pages 124–131, 2015
- (en) Vagheesh M. Narasimhan, Nick Patterson, Priya Moorjani et Alexander M. Kim et al., « The formation of human populations in South and Central Asia », Science, (PMID 31488661, PMCID 6822619, DOI 10.1126/science.aat7487) : « Y chromosome haplogroup types R1b or R1a not represented in Iran and Turan in this period... », eaat7487
- (en) Anatole Klyosov et Igor Rozhanskii, Haplogroup R1a, Its Subclades and Branches in Europe During the Last 9,000 Years, Advances in Anthropology, Vol. 2 (No. 3), p.139-156, janvier 2012
- (en) Iain Mathieson et al., The Genomic History Of Southeastern Europe, Nature, volume 555, pages 197–203, 2018
- (en) Asya Pereltsvaig, « Is “massive migration from the steppe … a source for Indo-European languages in Europe”? », sur languagesoftheworld.info,
- (en) Alexander S. Semenov, Vladimir Vladimirivich Bulat, Ancient Paleo-DNA of Pre-Copper Age North-Eastern Europe: Establishing the Migration Traces of R1a1 Y-DNA Haplogroup, European Journal of Molecular Technology, mars 2016
- (en) Peter A Underhill, Natalie M Myres, Siiri Rootsi, Mait Metspalu, Lev A Zhivotovsky, Roy J King... Separating the post-Glacial coancestry of European and Asian Y chromosomes within haplogroup R1a, Eur J Hum Genet. avril 2010, 18(4): p. 479–484
- (en) Amy Goldberg, Torsten Günther, Noah A. Rosenberg, and Mattias Jakobsson, Ancient X chromosomes reveal contrasting sex bias in Neolithic and Bronze Age Eurasian migrations, PNAS, 7 mars 2017
- Pierre Grumberg, « Actualités : une curieuse migration de mâles a marqué l'Âge du Bronze », Guerres & Histoire, no 36, , p. 17 (ISSN 2115-967X)
- (en), Helena Malmström et al., The genomic ancestry of the Scandinavian Battle Axe Culture people and their relation to the broader Corded Ware horizon, royalsocietypublishing.org, 9 octobre 2019