Harry Palfrey

personnage de John le Carré

Harry Palfrey est un personnage de fiction créé par John le Carré qui apparaît dans trois de ces romans d'espionnages : La Maison Russie, Le Voyageur secret, et Le Directeur de nuit.

Biographie

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Horatio Benedict "Harry "de Palfrey est un ancien avocat devenu conseiller juridique au sein du Cirque (nom de code pour le MI6). Autrefois un juriste brillant et prometteur, "second associé dans la défunte étude d'avoués Mackie, Mackie et de Palfrey sur Chancery Lane" [1], il est surtout utilisé par le Service comme intermédiaire légal lors de négociations et de formalités, mais aussi comme interrogateur ou comme homme de paille "prêt en toute occasion à fausser la balance de cette incorruptible déesse Justice"[2]. Ses collègues, qui le connaissent sous le nom de Harry Palfrey, lui manifestent une familiarité plus ou moins méprisante. Homme d'âge mûr, Palfrey a une épouse, Margaret, avec laquelle il a cessé la vie commune et un fils adulte. Il est jadis tombé amoureux de l'épouse de son ancien associé, Hannah, une femme qui l'aimait et avait confiance en ses capacités morales: "Sans doute parce qu'Hannah était une femme. Parce qu'elle croyait en la rédemption des âmes masculines."[2]. Mais Palfrey, craignant un scandale qui endommagerait sa carrière, a refusé de divorcer. Vingt ans après, il est encore hanté par le souvenir d'Hannah et continue à la voir régulièrement, rappelant la relation difficile mais obsédante d'un autre personnage de Le Carré, George Smiley et de son épouse Anne.

Dans La Maison Russie, Harry Palfrey joue un rôle pivot comme il est à la fois personnage et narrateur du roman. Il constitue ainsi la seule source d'information du lecteur et lui transmet les événements de l'intrigue auxquels il a assistés comme ceux que lui ont rapportés d'autres personnages, tels Niki Landau, Ned et surtout le héros, Bartholomew Blair dont il est le principal confident. Palfrey apparaît comme un homme désillusionné mais lucide, qui perce à jour avec une acuité inattendue ses propres failles comme celles de ses collègues ou du monde de l'espionnage et du renseignement. En défendant Blair et les choix qu'il a entrepris lors de son opération, le récit de Palfrey fait aussi figure d'une tentative de rédemption personnelle : "À cause d'Hannah que...je rédige un rapport officiel destiné à blanchir l'opération appelé Bluebird, et son protagoniste, Bartholomew, alias Barley, Scott Blair"[3]

Palfrey fait quelques brèves apparitions dans le roman suivant de Le Carré, Le Voyageur secret, dont la narration est cette fois assurée par Ned, l'ancien chef de la Maison Russie. Ned évoque ses rencontres avec lui, essentiellement lors de négociations avec le Cirque ou lorsqu'il remplit les formalités de son départ en retraite. Il voit son ancien collègue sous un jour plutôt négatif, faisant allusion surtout à sa soumission peu scrupuleuse au Service. La dernière apparition de Harry Palfrey a lieu dans Le Directeur de nuit où il est persuadé par Rex Goodhew, un haut fonctionnaire de Whitehall, de servir d'informateur sur son employeur, le politicien controversé Goeffrey Darker lors d'une mission concernant un baron de la drogue. Devenu dépressif et alcoolique, le personnage se laisse néanmoins tenter par un double jeu et les rumeurs de sa trahison indignent Leonard Burr, le successeur de Ned: "Vous avez vendu Geoffrey Darker à Goodhew...Vous avez fait semblant et après vous avez vendu Goodhew à Darker. Qu'est ce que ça vous rapporte Harry?"[4]. Récupéré in extremis par Burr, Palfrey lui est utile pour tendre un piège à Darker mais il ne peut plus supporter la solitude et la culpabilité. Il se suicide en se jetant sous les roues d'un autobus: "Un testament manuscrit rédigé selon les règles de l'art fut retrouvé légèrement froissé dans sa poche. Il annulait toutes ses dettes et faisait de Goodhew son exécuteur testamentaire"[5]

Notes et références

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  1. La Maison Russie,John le Carré, éditions Folio, p 51
  2. a et b La Maison Russie, John Le Carré, Éditions Points, page 51
  3. La Maison Russie, John Le Carré, Editions Folio, page 52
  4. Le Directeur de nuit, John Le Carré, Editions Points, page 598
  5. Le Directeur de nuit, John Le Carré, Editions Points, page 625

Bibliographie

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  • John le Carré, La Maison Russie (The Russia House, 1989) traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle Perrin, Éditions Folio, 2262, Paris, 1991 (1989 pour la traduction aux éditions Robert Laffont), 497 pages, (ISBN 2070383792)
  • John le Carré, Le Voyageur secret (The Secret Pilgrim, 1990) traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle Perrin, Éditions Robert Laffont, Paris, 1991, 334 pages, (ISBN 2221070313)
  • John le Carré Le Directeur de nuit (The Night Manager, 1993) traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle Perrin, Éditions du Seuil, Collection Points, P2429, Paris, 2003 (1993 pour la traduction aux éditions Robert Laffont), 664 pages, (ISBN 9782020479943)