Tahsin Uzer
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Député turc
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Beylerbey de Damas
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Conflit
Vue de la sépulture.

Hasan Tahsin Bey, né le à Salonique (Empire ottoman) et mort le à Erzurum en Turquie, est un haut fonctionnaire et homme politique ottoman et turc. À la suite de la nouvelle loi sur les noms de famille, en 1934, il change son nom en Hasan Tahsin Uzer.

Durant sa carrière dans la fonction publique, Tahsin occupe successivement le poste de gouverneur dans les vilayets de Van, d'Erzurum, de Syrie puis d'Aydin. Il occupe enfin la fonction de troisième inspecteur général vers la fin de sa vie.

Entre-temps, il exerce également des fonctions politiques, successivement, en tant que député des provinces d'Izmir, d'Ardahan, d'Erzurum puis de Konya.

Hasan Tahsin est aussi connu pour avoir fourni un témoignage important à la suite du génocide arménien.

Biographie modifier

Hasan Tahsin est né le à Salonique dans l'Empire ottoman, il est le fils d'Haci Ibrahim Efendi, un officier ottoman, et d'Hatice Hanim et est l'ami d'enfance de Mustafa Kemal Atatürk[1],[2].

Le , il reçoit son diplôme de la fonction publique après trois années d'étude — où il rejoint le comité union et progrès comme membre no 129[2] — il n'a encore que 19 ans quand il est nommé à la direction du canton de Prosotsani. Plus tard, il occupe la direction des cantons de Çiç et d'Alnus[1],[3].

Le nom « Uzer » donné à Hasan Tahsin, document signé K. Atatürk le 10 décembre 1934.

En 1902, Tahsin devient gouverneur de district, il occupe ce poste dans plusieurs villes avant de devenir gouverneur du vilayet de Van en 1913[3],[4],[5]. Cependant, en [6], Tahsin Bey est démis de ses fonctions et est transféré à Erzurum, où il devient gouverneur du vilayet jusqu'au [7]. En , il est ensuite transféré en Syrie et devient le gouverneur du vilayet de Syrie. Il démissionne de ce poste le , mais il est à nouveau nommé gouverneur de Syrie quelques mois plus tard. Cependant, lorsque le gouvernement ottoman perd la province fin 1918, Tahsin Bey est immédiatement transféré à Aydin où ses fonctions de gouverneur ne durent que quelques semaines.

En , il est ensuite élu à l'Assemblée nationale turque en tant que député d'Izmir[8]. À la suite de la Première Guerre mondiale, Tahsin Bey fait partie des exilés de Malte après avoir été appréhendé par les forces britanniques et envoyé à Malte. Lorsqu'il est finalement libéré, il poursuit sa carrière politique[1] en étant une fois de plus élu à l'Assemblée nationale turque en tant que député des provinces d'Ardahan en 1924, d'Erzurum en 1927 puis de Konya en 1933[9].

Le , Hasan Tahsin adopte le nom de famille « Uzer », nom qui lui est donné par Atatürk lui-même lors de l'introduction de la loi sur les noms de famille[9].

Le , Tahsin Uzer est nommé au poste de troisième inspecteur général. Le , il démissionne en raison de problèmes de santé. Hasan Tahsin meurt un mois après avoir démissionné le , il était le père de deux fils et deux filles[1],[9].

Rôle dans le génocide arménien modifier

Le médecin et missionnaire Clarence Ussher, qui était en poste à Van, rapporte dans ses mémoires An American Physician in Turkey: A Narrative of Adventures in Peace and War, que Hasan Tahsin, le « fort et large d'esprit[10] » vali de la province, dont la gouvernance a été relativement pacifique, a été en muté à Erzurum et remplacé par Djevdet Bey, dur du régime et beau-frère d'Enver Pacha, qui le « secondait » déjà officieusement à la tête du vilayet fin [11]. Son arrivée à l'aube de la guerre est un tournant majeur pour Van, dans la mesure où il est autrement radical que Tahsin Bey qui était jugé trop modéré[12],[13]. Djevdet Bey finira par être considérée comme responsable du massacre des Arméniens dans et autour de Van[14]. Ussher rapporte que 55 000 Arméniens ont été tués par la suite dans ces massacres[15],[16],[17].

Déportation des Arméniens d'Erzurum.

Alors que Tahsin Bey est gouverneur d'Erzurum, les déportations des Arméniens, dans le cadre des premières étapes du génocide arménien, commencent. Lors de la réception des ordres demandant de procéder à des déportations, Tahsin Bey est hésitant. Il exhorte le commandement de la 3e armée stationnée près d'Erzurum de retarder les déportations, car il estimait que les terres, les biens et la vie des déportés seraient en danger. L'historien Raymond Kévorkian note donc que Tahsin Bey « entre ainsi parmi les vali, mutessarif et kaïmakam qui ont montré quelques réticences à appliquer les ordres de déportations, car ils savaient parfaitement ce que cela signifiait pour les personnes visées[18]. » Kévorkian ajoute que la réaction de Tahsin aux déportations démontre que les autorités militaires appliquaient les ordres de déportation et que les autorités civiles n'avaient pas d'autre choix que de s'y conformer[19]. Ces militaires, selon Tahsin Bey lui-même, étaient sous les ordres du gouvernement central, et directement impliqués dans le « nettoyage » des Arméniens autour d'Erzurum[19]. Pendant ce temps, dans un télégramme codé qu'il a envoyé au gouvernement central le , Tahsin Bey déclare que les Arméniens n'étaient pas une menace. Il a ensuite tenté d'épargner les femmes, les enfants et les personnes âgées de la déportation, mais a échoué ; le commandement de l'armée déportait systématiquement tous les Arméniens[20]. Tahsin devait se conformer aux ordres de déportation, bien qu'à contrecœur, de manière à éviter que des mesures plus sévères ne se produisent. Tahsin Bey aurait dit à Max Erwin von Scheubner-Richter, le vice-consul allemand d'Erzéroum, qu'il était contre les déportations, mais qu'il devait « obéir » afin de « les atténuer[20],[21]. » Scheubner-Richter lui-même témoigne que Tahsin « a fait ce qu'il pouvait, mais il ne disposait d'aucun pouvoir[20]. » Cela a également été confirmé par le témoignage du missionnaire américain Robert Stapleton qui déclare que Tahsin refusait d'exécuter tous les ordres prescrivant de massacrer les Arméniens, mais qu'il y fut contraint par « force majeure »[22].

Tahsin Bey occupe le poste de gouverneur d'Erzurum jusqu'au [7] et est ensuite transféré en Syrie en septembre.

Le , à la suite du génocide arménien, durant le procès à Mamuret ül-Aziz, Tahsin Bey témoigne devant la cour que la responsabilité des atrocités perpétrées envers les Arméniens à l'occasion des « déportations » incombait principalement au commandant de la 3e armée, Mahmud Kamil Pacha et au Dr Behaeddine Chakir, commandant de l'Organisation spéciale qui a été mobilisé pour tuer les Arméniens[23]. Selon son témoignage, lorsque les ordres de déportation et de massacre ont été délivrés par le ministère de l'Intérieur, il a protesté, disant que les Arméniens étaient irréprochables et que la population arménienne locale n'a pas mise en scène de rébellion[21]. Il a également souligné que la révolte de Van ne serait pas survenu si le gouvernement ottoman n'avait pas provoqué les Arméniens[6],[24]. Tahsin a également témoigné qu'il avait tenté d'assurer la sécurité des déportés dans sa juridiction[25]. Cependant, en dépit de ses efforts, de nombreux convois ont été « détruits » dans la périphérie de la ville[26].

Références modifier

  1. a b c et d (tr) Mustafa Sahin, « Suriye’nin Son Osmanlı Valisi Tahsin (Uzer) Bey’in Suriye Valiliği ve Mustafa Kemal Paşa İle Buradaki Çalışmaları », Journal Of Social Sciences, vol. 1, no 2,‎ , p. 1-27 (lire en ligne).
  2. a et b (en) Paul Leverkuehn et Hilmar Kaiser (trad. de l'allemand), A German officer during the Armenian genocide : a biography of Max von Scheubner-Richter, Londres, Gomidas Institute, , 153 p. (ISBN 978-1-903656-81-5), p. 35.
  3. a et b (tr) « Hasan Tahsin Uzer », sur Erzurum Arastirmalari Web Sitesi.
  4. (tr) Kâmil Erdeha, Millî Mücadelede vilâyetler ve valiler, Remzi Kitabevi, (lire en ligne), p. 374.
  5. (tr) Arif Hikmet Koyunoğlu, Osmanlı'dan Cumhuriyet'e bir mimar Arif Hikmet Koyunoğlu : anılar, yazılar, mektuplar, belgeler, İstanbul, Nuri Akbayar, Yapı Kredi Yayınları, , 1re éd. (ISBN 978-975-08-1487-7 et 975-08-1487-8, lire en ligne), p. 163.
  6. a et b Kévorkian 2006, p. 290.
  7. a et b Kévorkian 2006, p. 386.
  8. Kévorkian 2006, p. 979.
  9. a b et c (tr) « Atatürk'ün Hasan Tahsin Uzer'e Uzer Soyadını Vermesi », İşte Atatürk.
  10. Ussher 1917, p. 234.
  11. Kévorkian 2006, p. 217.
  12. Kévorkian 2006, p. 287.
  13. Ussher 1917, p. 233.
  14. Kévorkian 2006, p. 394.
  15. Ussher 1917, p. 288.
  16. (en) Confronting Genocide : Judaism, Christianity, Islam, Lanham, MD, Steven Leonard, Lexington Books, , 350 p. (ISBN 978-0-7391-3590-7 et 0-7391-3590-2, lire en ligne), p. 130.
  17. (en) Richard L. Rubenstein, Jihad and genocide, Lanham, Md., Rowman & Littlefield Publishers, , 1re éd., 251 p. (ISBN 978-0-7425-6202-8 et 0-7425-6202-6, lire en ligne), p. 51.
  18. Kévorkian 2006, p. 309.
  19. a et b Kévorkian 2006, p. 357.
  20. a b et c Taner Akçam (trad. Odile Demange), Un acte honteux : le génocide arménien et la question de la responsabilité turque, Éditions Denoël, coll. « Médiations », , 496 p. (ISBN 978-2-207-25963-4), p. 183.
  21. a et b Winter 2003, p. 68.
  22. Arnold Joseph Toynbee et James Bryce (trad.), Le traitement des Arméniens dans l'Empire Ottoman (1915-1916), Impr. moderne, G. Kavanagh & cie, , 553 p., p. 234.
  23. (en) Taner Akçam, « The Ottoman Documents and the Genocidal Policies of the Committee for Union and Progress (Ittihat ve Terakki) towards the Armenians in 1915 », Genocide Studies and Prevention: An International Journal, vol. 1, no 2,‎ , p. 142-143 (ISSN 1911-0359, lire en ligne).
  24. Winter 2003, p. 67.
  25. (en) Richard G. Hovanissian, Armenian Karin/Erzerum, Costa Mesa, Calif., Mazda Publ., , 442 p. (ISBN 1-56859-151-9), p. 352.
  26. (en) John Kirakossian, The Armenian genocide : the Young Turks before the judgment of history, Madison, Conn., Sphinx Press, (ISBN 0-943071-14-3, lire en ligne), p. 169.

Bibliographie modifier