Henri Karayan

résistant franco-arménien

Henri Karayan (en arménien Յարութիւն Քարայեան), né le à Constantinople (Turquie) et mort le à Goussonville, est un résistant français d'origine arménienne, membre des FTP-MOI dirigé par Missak Manouchian.

Henri Karayan
Henri Karayan en 2007
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Յարութիւն ՔարայեանVoir et modifier les données sur Wikidata
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Biographie

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Enfance

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Henri Karayan est né en 1921 à Constantinople, d'une famille arménienne victime du génocide arménien[1],[2]. Il arrive en France à l'âge d'un an et demi. Sa famille s'installe à Décines, près de Lyon[2]. Henri Karayan s'implique dans la vie culturelle et associative de la communauté arménienne lyonnaise[3]. Il raconte ainsi, dans un entretien donné au journal L'Humanité en 2000, avoir participé à la création d'une troupe théâtrale, d'une chorale, d'une équipe de football ou encore d'avoir organisé la projection du premier film arménien : Bebo[3].

Son père Guiragos est en 1921 secrétaire de la section de Décines de la Section française du Comité de secours pour l'Arménie (HOG)[4], une association qui a pour objectif de venir en aide à l'Arménie soviétique isolée alors par le blocus des armées alliées[2]. En 1937, le comité est dissous[3]. Missak Manouchian, militant communiste depuis 1934, met en place une nouvelle structure sous le nom d'Union populaire franco-arménienne et fait la tournée des communautés arméniennes en France[2]. Henri Karayan, âgé de 17 ans et alors malade et alité depuis des mois, le rencontre lorsqu'il rend visite à son père, au domicile familial de Décines[3]. Missak Manouchian passe l'après-midi à son chevet[3].

Dans la résistance

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L'Affiche rouge.

En , Henri Karayan est incarcéré à la prison Saint-Paul de Lyon comme « individu douteux » et de là envoyé au camp de Loriol (Drôme), puis à celui du Vernet (Ariège), avant d’être livré aux Allemands pour travailler dans la Ruhr[1], avec son père Guiragos et Diran Vosguiritchian[4]. Il y retrouve un communiste juif, Leo Kneler, ancien des Brigades internationales et dont il avait fait connaissance dans le camp de Vernet[1]. Ils parviennent ensemble à s'évader et, en , rejoignent Paris[1]. Henri Karayan reprend contact avec Missak Manouchian et lui présente son compagnon de route[1]. Ses premières actions de résistant sont des distributions clandestines de tracts ou de L'Humanité[2]. Parallèlement, il se fait embaucher à l’usine de Satory puis comme coiffeur à l’hôpital de la Pitié[1].

En (il explique dans une interview rejoindre le groupe de Missak Manouchian en [5]), il rejoint le groupe de jeunes FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – main d'œuvre immigrée) sous le commandement de Manouchian et participe à six opérations armées[4]. Selon Boris Holban, il participe à l’attaque d’un camion allemand à Vanves en [4]. Sous le pseudonyme de Louis, il reçoit le matricule 10308 et est rattaché au 1er détachement[4]. Responsable de la troisième équipe du groupe, il avait coutume de dire : « Moi, je ne tuais pas des civils, je ne tuais pas des Allemands, je tuais des nazis en uniforme »[6]. Il échappe de justesse (comme son camarade Arsène Tchakarian) à la traque de la BS2 qui mena au peloton d'exécution 23 membres du groupe le au Mont Valérien[2]. Il se cache pendant plusieurs mois au sein de familles arméniennes, avant de fuir dans le Loiret et de trouver refuge dans la petite communauté arménienne de Châlette-sur-Loing[4]. Il y rejoint la résistance du Loiret, puis devient officier interprète[7].

Après la guerre

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Après la guerre, Henri Karayan se marie et exerce le métier de journaliste, puis de commerçant[7].

Il est l'un des fondateurs et principaux animateurs de la Jeunesse arménienne de France (JAF), organisation culturelle pro-soviétique de jeunesse arménienne issue des rangs de la Résistance, officiellement fondée à Paris le [4]. Il s’installe à Issy-les-Moulineaux où il se lie d’amitié avec Guy Ducoloné, ancien résistant et déporté, militant responsable à l’UJRF et futur élu des Hauts-de-Seine, investi auprès de la communauté arménienne[4]. Joueur de football depuis son enfance à Décines, Henri Karayan anime également pendant un temps une union sportive arménienne à Issy-les-Moulineaux où il tient également un commerce[4].

Après avoir pris sa retraite, il se consacre à transmettre la mémoire des FTP-MOI et est régulièrement sollicité dans les collèges et lycées pour livrer son témoignage, à l’instar de son camarade Arsène Tchakarian[4].

Il aide Robert Guédiguian pour son film L'Armée du crime sorti en 2009[6],[8].

Il meurt à Paris le [2],[4]. Il est inhumé à Issy-les-Moulineaux où, selon ses volontés, André Santini, le député maire de la ville, prononce son éloge funèbre[4].

Décoration

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Filmographie

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  • Henri Karayan intervient dans le documentaire Faire quelque chose (2013) réalisé par Vincent Goubet[10] (documentaire disponible en DVD aux éditions Les Mutins de la Pangée[11]).

Notes et références

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  1. a b c d e et f Jacqueline Sellem, « Henri Karayan, un engagement pour la liberté et l’universalisme », sur humanite.fr,
  2. a b c d e f et g Dominique Buffier, « Avec Henri Karayan, "l’Affiche rouge" a perdu son avant-dernier survivant », sur lemonde.fr, (consulté le )
  3. a b c d et e Jean Morawski, « Henri Karayan: Manouchian, un après-midi, un soir… », sur humanite.fr,
  4. a b c d e f g h i j k et l Astrig Atamian 2011.
  5. « Henry Karayan - Interview réalisée par Vincent Goubet pour son film « Faire quelque chose », sorti en 2013, édité en DVD », sur advr.fr
  6. a et b « Résistance : mort de l'un des deux derniers survivants du groupe Manouchian », sur lexpress.fr,
  7. a et b Patrice Corbin, « Henri Karayan nous a quittés », sur l-afficherouge-manouchian.hautetfort.com,
  8. « Secrets de tournage du film L'Armée du crime », sur allocine.fr
  9. « Décret du 25 mars 2005 portant promotion et nomination - Anciens combattants (Au grade de chevalier) » [PDF], sur legifrance.gouv.fr,
  10. « Faire quelque chose, portraits », sur cooperativedhr.fr
  11. « Faire quelque chose », sur lesmutins.org,

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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