Henri Michelli, né à Saint-Gilles (Bruxelles), le et mort à une date inconnue, est un résistant de la Seconde Guerre mondiale qui œuvre au sein de plusieurs réseaux de résistance belges. En , il intègre le Réseau Comète. En , en remplacement de Frédéric De Jongh parti pour Paris, il assure la coordination à Bruxelles du Réseau. Rapidement trahi, il est arrêté et déporté au camp de concentration de Dachau dont il est libéré en .

Henri Michelli
Description de cette image, également commentée ci-après
Henri Michelli vers 1941
Nom de naissance Henri Pierre Georges Michelli
Alias
"Miche" pour la résistance
Naissance
Saint-Gilles (Bruxelles), Belgique
Nationalité Belge
Pays de résidence Belgique
Profession
Autres activités
Résistant
Membre du Réseau Comète
Ascendants
Henri Alfred Marie Michelli
Georgina Gemenick

Éléments biographiques

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Henri Michelli naît dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles, le . Après ses humanités il fait des études en comptabilité. Vétéran de la Première Guerre mondiale, il s'investit de bonne heure dans la résistance belge lorsque la Seconde éclate[1]. Il prend part au renseignement[Notes 1] et participe à des sabotages. En , il rencontre Frédéric De Jongh qui lui explique que sa fille Andrée De Jongh a créé une filière d'exfiltration vers l'Espagne et l'Angleterre et que le contact est établi avec le MI9. Ces derniers financent les exfiltrations a posteriori, plongeant le réseau dans des difficultés de trésorerie. « De combien avez-vous besoin ? » lui rétorque Henri Michelli. « 50 000 francs belges » précisant qu'il ne lui demande pas la totalité, seulement une contribution. Henri Michelli lui prête la totalité de la somme. Il intègre ainsi le réseau Comète naissant qui s'appelle alors la « ligne DD ». Sa maison devient une Safe house où il héberge des pilotes alliés en attente d'un billet de retour chez eux en Angleterre[2].

En , Arnold Deppé avait été arrêté par les Allemands avec un groupe de six officiers belges tentant de rallier Londres. Andrée De Jongh ayant pris un autre itinéraire est parvenue à rejoindre les Pyrénées et à atteindre le consulat de Bilbao. Deppé a été trahis par un agent-double à la solde de l'Abwehr qui donne un signalement d'Andrée aux Allemands. Ses parents sont alors interrogés par la Gestapo mais ils ne sont pas inquiétés davantage. Andrée De Jongh ne peut plus rentrer en Belgique, elle loge chez Charles Morelle qui assure bien vite les navettes Bruxelles-Paris avec d'autres passeurs comme Andrée Dumon. La sécurité de Frédéric De Jongh étant compromise à Bruxelles, sa fille le presse de quitter Bruxelles et de s'installer à Paris. Il ne peut s'y résoudre tant qu'il n'a pas formé sa relève. Cette relève n'est autre qu'Henri Michelli qui devient son adjoint en . Henri Michelli héberge alors chez lui Frédéric De Jongh[3],[4].

L'Affaire Michelli

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Henri Michelli ignore que la Geheime Feldpolizei de la Luftwaffe en charge de mener le contre-espionnage dans ce dossier a des agents infiltrés dans le réseau. Prosper Dezitter et sa maîtresse Florentine Giralt sont parvenus sous couvert d'avoir pris part à la presse clandestine à orbiter à proximité immédiate du cœur du réseau bruxellois. Le , Frédéric De Jongh quitte définitivement Bruxelles laissant la coordination à Henri Michelli tandis que lui coordonnera le réseau parisien[3],[5],[6].

Le dimanche , Henri Michelli rencontre Jean Greindl pour lui demander de le seconder dans l'énorme tâche qui est désormais la sienne, il accepte[7].

Six jours après sa prise de fonction, le , imprudent, Henri Michelli convie chez lui pour un dîner, Charles Morelle, Gérard Waucquez, alias « Jolimont », et deux autres agents parachutés depuis Londres[Notes 2]. Le jour même, Henri Michelli reçoit la visite de Madame R. que Frédéric De Jongh connaissait bien accompagnée de Florentine Giralt, elles sont toutes deux bien informées de la réunion du soir. Lorsque tous sont là, vers 20 heures, une quinzaine de soldats allemands accompagne Florentine Giralt et font irruption. Tous sont arrêtés[5],[8].

Plus d'une centaine d'arrestations suivront, les Allemands étant parvenu à infiltrer le réseau et à retourner un de ses agents, Eugène Sterckmans qui, à lui seul, a dénoncé plus de 120 personnes. Le réseau bruxellois ne tient plus qu'à quelques fils ténus. Plus personne ne le coordonne et le lien avec Paris est rompu[8].

Robert Roberts-Jones, également membre du réseau, n'a de cesse d'échafauder des plans pour faire évader Henri Michelli de la prison de Saint-Gilles où il est détenu. Il est sur le point d'y parvenir en , ayant soudoyé deux officiers allemands et deux geôliers pour organiser un vrai faux transfert pour interrogatoire. La Gestapo à Berlin évente l'affaire à la suite d'indiscrétions commises par les deux officiers[9]. Henri Michelli sera interrogé à la Rue Traversière jusqu'en . Durant ses interrogatoires, il invente le personnage d'Albert Legrand, supposé chef absolu du réseau, le pilotant depuis Montpellier où il réside au no 1 de la Rue de Verdun[10],[11].

Henri Michelli, sans avoir été jugé, est déporté le . Il rencontre alors pour la première fois dans ce même transport Andrée De Jongh et Nicolas Monami. Il connait tout d'abord la prison d'Essen et deux autres avant d'arriver à Dachau dont il est libéré, le par les troupes américaines[12].

Publications

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  • Henri Michelli, Comptabilité des assurances, par Henri Michelli, ... Exposé et raisonnement, principes d'organisation, à l'usage de la pratique et de l'enseignement. 1re édition, Dunod, (lire en ligne)

Reconnaissances

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Citation : Henri Michelli, citoyen belge, pour son courage et son dévouement exceptionnels à la cause des Nations Unies de novembre 1941 à mai 1942. L'un des principaux responsables de la section belge de l'organisation d'évasion Comet, il prit une part active à l'évacuation du territoire belge d'un grand nombre d'aviateurs alliés abattus en combat aérien. Au péril de sa vie, il hébergea des aviateurs chez lui, parcourut les régions de province afin de créer des voies sûres pour rassembler les aviateurs du pays et les amener à Bruxelles et, lorsque son chef fut contraint de fuir, prit le commandement de toute l'organisation. Arrêté et déporté, il fut emprisonné trois ans en Allemagne pour avoir résisté à l'ennemi. Sa contribution à la victoire alliée fut inestimable et les Nations Unies lui doivent l'expression de leur haute estime et de leur gratitude[Notes 3].

Notes et références

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  1. Au sein des réseau Luc et du groupe Raymond
  2. Il s'agit de Marcel Thonus "Buur", Joseph Van Hoof et Gérard Waucquez parachutés fin avril dans la région de Soissons. La secrétaire d'Henri Michelli, Germaine Spreutels, sera également arrêtée ce soir là.
  3. Henri Michelli, citizen of Belgium, for outstanding bravery and devotion to the cause of the United Nations from November 1941 to May 1942. Serving as one of the leading figures in the Belgian section of the Comet evasion organization, he took an active part in the evacuation from Belgian territory of large numbers of Allied aviators who had been shot down in aerial combat. At great personal risk he sheltered airmen in his home, traveled in the provincial areas in order to create safe routes for gathering aviators from the country and bringing them to Brussels, and, when his chief was forced to flee, assumed command of the entire organization. Arrested and deported, he suffered three years imprisonment in Germany for having resisted the enemy. His contribution to the Allied victory was invaluable, and the United Nations owe him the expression of their high esteem and gratitude Michelli Henri, cometline.org.

Références

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  1. O'Connor 2009, p. 28.
  2. Marcodemano 2023, p. interview d'Andrée De Jongh (de 10:19 à 11:52).
  3. a et b Ottis 2001, p. 127-128.
  4. Rémy 1967, p. 60-61.
  5. a et b Etherington 2002, p. 42.
  6. Rémy 1967, p. 64.
  7. Rémy 1967, p. 66.
  8. a et b Rémy 1967, p. 45-48.
  9. Rémy 1967, p. 456-458.
  10. Ottis 2001, p. 209 note 31.
  11. Rémy 1967, p. 68.
  12. Rémy 1967, p. 73-74.

Bibliographie

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Liens externes

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