Henri de Sponde

prélat catholique

Henri de Sponde (Henricus Spondanus)
Image illustrative de l’article Henri de Sponde
Gravure de Michel Lasne (1641) - BNF Estampes
Biographie
Naissance
Mauléon-Licharre (France)
Ordination sacerdotale
Décès (à 75 ans)
Toulouse
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
Dernier titre ou fonction Évêque de Pamiers
Évêque de Pamiers

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Henri de Sponde ou Henricus Spondanus est un ecclésiastique, juriste et historien français, continuateur de Caesar Baronius, né le à Mauléon dans l'actuel département des Pyrénées-Atlantiques, et mort à Toulouse le . Évêque de Pamiers, il est le frère du poète Jean de Sponde.

Biographie modifier

Éducation modifier

Henri de Sponde nait au milieu des troubles qui opposent catholiques et protestants. Sa famille, proche de la cour de Navarre — son père Inigo de Sponde est le secrétaire et le conseiller de la reine Jeanne d'Albret — est passée à la Réforme. Il est le filleul du roi Henri III de Navarre (futur Henri IV de France), ce qui lui permet plus tard d'être recommandé auprès des plus grands. Durant ses études au collège calviniste d'Orthez, il apprend le grec, l'hébreu et la théologie. Il termine ses études à Genève, et il accompagne en 1587 l'ambassadeur royal Guillaume du Bartas en Écosse et en Angleterre. Ce dernier est en effet envoyé en mission par le roi de Navarre auprès de Jacques VI Stuart à Édimbourg et de la reine Élisabeth à Londres. Henri de Sponde n'a pas 20 ans, et pourtant il se fait remarquer par sa faculté à apprendre la langue du pays et sa maîtrise du latin. À son retour, il aborde l'étude de la jurisprudence à Tours. En 1589, il est juriste au parlement de Tours, puis maître des requêtes et conseiller du roi de Navarre (son parrain).

La conversion au catholicisme modifier

Jacques du Perron.

En 1593, Henri IV, roi de France, se convertit au catholicisme. Jean de Sponde, frère d'Henri et conseiller du roi, fait de même. Henri de Sponde se laisse convaincre par les écrits du futur cardinal Robert Bellarmin, et surtout par les instructions de Jacques Du Perron, calviniste converti alors évêque d'Évreux. Il finit par abjurer le , six mois après le décès de son frère Jean. Il se destine alors à l'état ecclésiastique.

Le successeur de Baronius modifier

César Baronius

En 1600, grâce à l'appui de Du Perron, il accompagne l'archevêque de Bordeaux François de Sourdis à Rome, où ce dernier doit recevoir le chapeau de cardinal. Henri de Sponde demeure à Rome, où il est ordonné prêtre le . En 1615, le pape Paul V le nomme réviseur des mémoires de la Pœnitentiaria.

La reprise d'un évêché aux abois modifier

En 1626, malgré ses réticences, il est fait évêque de Pamiers. Il ne peut s'installer à son évêché que l'année suivante. Et encore, il ne peut dire la messe que dans un bâtiment de fortune. La ville épiscopale est en effet ravagée par soixante années de guerres intestines, où se sont affrontés protestants et catholiques. L'administration de la ville est d'ailleurs dévolue aux protestants.

Travaillant alors à la préservation du catholicisme dans cette contrée, Henri de Sponde se met à visiter son diocèse à cheval ou à pied, parcourant les montagnes où les habitants n'avaient jamais aperçu leur évêque. Il réorganise la vie religieuse dans le haut pays et convertit de nombreux protestants. Il stimule l'entretien des édifices religieux isolés et encourage les décorations intérieures tout en veillant à rester en conformité avec les décrets du concile de Trente qui interdisent les représentations impures ou provocantes. Entre 1625 et 1630, il tente d'implanter un couvent de Minimes à Tarascon-sur-Ariège, mais échoue faute de moyens.

La fin de vie modifier

Henri de Sponde, gravure par Jacques Lubin (XVIIIe siècle).

Fatigué, Henri de Sponde réclame la venue de son neveu, alors clerc du diocèse de Saintes. Le , afin de permettre à ce neveu (prénommé Jean) de devenir coadjuteur de l'évêque de Pamiers, et d'être fait évêque in partibus de Mégare (de). Grâce à cette aide, Henri de Sponde peut consacrer plus de temps à ses travaux d'érudit. Il réside alors à Montgauzy, près de Foix. Puis, à cause de sa santé toujours plus vacillante, l'évêque de Pamiers quitte les Pyrénées en et s'installe à Paris, chez Pierre Frizon, son ami de longue date qu'il avait rencontré à Rome. Pierre Frizon l'aide à finaliser ses travaux et à les publier. Ainsi, il réalise la publication complète de ses annales qui résument celles de Tornelli et de Baronius. De plus, il les complète en englobant dans un même ouvrage toute l'histoire sacrée et ecclésiastique depuis les origines jusqu'à son temps.

Afin de renforcer l'autorité de son neveu à Pamiers, il demande sa démission qui est agréée par le pape le . Ainsi, il abandonne son titre à son neveu. Dès lors, Henri de Sponde songe à retourner à Rome pour y finir ses jours. Mais il change d'avis lorsque le cardinal de Richelieu lui fait comprendre qu'il compte l'employer auprès du pape Urbain VIII. Désireux de terminer ses jours en paix, il part à Toulouse où il loge à partir de , chez Durand de Besga, banquier et expéditionnaire en cour de Rome.

Plaque funéraire de Henri de Sponde
Enfeu de Henri de Sponde à la cathédrale de Toulouse.

Il n'eut pas le loisir de profiter de sa retraite puisque le , son neveu Jean de Sponde décède. Le roi l'oblige alors à suivre les affaires de son ancien évêché. Moins de deux mois plus tard, le à neuf heures du soir, il décède à Toulouse, où il est enterré dans la cathédrale. On peut y voir son enfeu, à environ deux mètres du sol et environ deux mètres de hauteur, dans le déambulatoire derrière le retable principal du chœur gothique.

Il laisse une bibliothèque de plus de 3 000 volumes qu'il lègue au couvent des Pères minimes à Toulouse.

Œuvres modifier

  • Les cimitieres sacrez, Bordeaux, Simon Millanges, (lire en ligne).
  • Défense de la Déclaration du feu sieur de Sponde. Par Henry de Sponde son frère, conseiller et maistre des requestes du Roy en Navarre, converty à l'Eglise catholique. Contre les cavillations des ministres Bonnet et Sonis, Bordeaux, Simon Millanges, , 332 p. (lire en ligne).
  • Annales ecclesiastici Cæsaris Baronii in Epitomen redacti, Paris, 1612.
  • Annales sacri a mundi creatione ad ejusdem redemptionem, Paris, 1637.
  • Annalium Baronii continuatio ab a. 1197 quo is desinit ad a. 1622, Paris, 1639. Tome 1 en ligne, édition de 1675. Tome 2 en ligne, édition de 1678.

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

  • [Perrault 1697] Charles Perrault, « Henry de Sponde évesque de Pamiers », dans Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, t. 1, chez Antoine Dezallier, (lire en ligne), p. 5-6
  • [Vidal 1929] Jean-Marie Vidal, Henri de Sponde, recteur de Saint-Louis des Français, évêque de Pamiers : 1568-1643, Paris, Picard,
  • [Blanc-Rouquette 1997] Marie-Thérèse Blanc-Rouquette, « Trois prélats face aux options majeures de leur temps », dans Actes du Colloque des 8 et , Saverdun, Société historique et archéologique de Pamiers et de la Basse-Ariège,
  • [Costa 2005] Georges Costa, « Le monument d’Henri de Sponde, évêque de Pamiers, à la cathédrale de Toulouse », Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. 65,‎ , p. 185-195 (lire en ligne)

Liens externes modifier