Herbert Sobel
Herbert Sobel ( à Chicago - dans la même ville) est un officier de l'US Army. Parachutiste de la 101e division aéroportée, il est le premier commandant de la célèbre Easy Company. Connu pour ses méthodes d'encadrement extrêmement dures, il s'attire l'antipathie de ses hommes et amène ses chefs à l'écarter du commandement de sa compagnie. Assigné alors à des tâches d'intendance, il passe la Seconde Guerre mondiale sans combattre puis reprend brièvement du service pendant la guerre de Corée. Connaissant de graves problèmes personnels, il meurt isolé en 1987.
Herbert Sobel | ||
Herbert Sobel | ||
Naissance | Chicago (Illinois) |
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Décès | (à 75 ans) Chicago (Illinois) |
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Origine | États-Unis | |
Allégeance | Army National Guard US Military Police Corps US Army |
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Arme | Infanterie | |
Grade | Lieutenant-colonel | |
Années de service | 1940 – 1953 | |
Commandement | Easy Company | |
Conflits | Seconde Guerre mondiale Guerre de Corée |
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Distinctions | Bronze Star | |
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Biographie
modifierAvant-guerre
modifierHerbert Sobel naît le à Chicago dans l'Illinois d'une famille juive. Diplômé en architecture à l'université d'Illinois, il n'exerce pas la profession pour laquelle il est formé mais devient vendeur de vêtements[1]. Fréquentant la Culver Military Academy, il sert ensuite pendant neuf ans dans la garde nationale puis dans la police militaire à Fort Riley au Kansas[1]. Son expérience l'amenant à intégrer l'armée d'active, il y est engagé en 1940 avec le grade de second-lieutenant.
Seconde Guerre mondiale
modifierVolontaire pour servir dans les troupes aéroportées nouvellement créées, Sobel est promu premier-lieutenant puis muté au Camp Toccoa en Géorgie où il rejoint les rangs du 506e régiment d'infanterie parachutée (506th PIR)[2]. Placé à la tête de la Easy Company du régiment, il en est le premier membre chargé d'assurer la formation et l'entraînement des hommes en vue d'un futur déploiement en Europe ou dans le Pacifique. Sobel se fait alors connaître pour ses méthodes extrêmement dures et méprisantes pour les soldats. Excellent organisateur et gestionnaire, il est promu capitaine par le colonel Sink qui commande le 506th PIR, mais s'attire l'animosité de ses subordonnés qu'il sanctionne à longueur de temps pour des infractions mineures, voire imaginaires[2]. Il s'oppose particulièrement au lieutenant Dick Winters, un des chefs de section de sa compagnie, en qui il voit un rival du fait de la popularité dont celui-ci jouit auprès des hommes[2].
Après leur formation initiale dans l'infanterie à Toccoa, les hommes du régiment sont envoyés s'aguerrir au parachutiste à Fort Benning puis à Camp Mackall, en Caroline du Nord, afin d'y suivre un entraînement complémentaire au combat[2]. Au cours de ce nouveau stage, Herbert Sobel commence à montrer ses lacunes en matière de tactique au combat d'infanterie, sa compagnie se faisant virtuellement éliminer quand elle est sous son commandement direct[3]. En 1943, intégré à la 101e division aéroportée, le 506th PIR est envoyé en Angleterre en vue de l'opération Overlord. Dans les manœuvres d'entraînement précédant l'invasion de l'Europe, Sobel se signale encore par de nombreuses maladresses au combat, provoquant l'inquiétude de ses hommes à la veille d'engager les hostilités contre les Allemands[4]. Tentant à nouveau d'évincer Dick Winters, Sobel entreprend de le sanctionner pour un motif imaginaire. Ne se laissant pas impressionner, Winters choisit de faire appel de la sanction en cour martiale afin de retarder la procédure et pouvoir participer aux opérations en Normandie[3]. Cependant, Sobel l'écarte du commandement de sa section pour l'assigner à des tâches d'intendance. Mécontents du sort réservé à Winters et de plus en plus inquiets de devoir prochainement aller au combat sous les ordres de Sobel, les sous-officiers de la compagnie, parmi lesquels Bill Guarnere et Carwood Lipton, conscients d'être lourdement condamnés pour insubordination voire mutinerie , écrivent une lettre au colonel Sink dans laquelle ils expriment leur refus d'être menés au combat réel par Sobel lors de l'attaque[5]. Après avoir reçu ces hommes et les avoir vivement réprimandés ou dégradés pour leur démarche, le colonel Sink prenant conscience de la mauvaise ambiance régnant au sein de la Easy Company décide d'en écarter le capitaine[2]. Winters est réintégré comme chef de section et Sobel, remplacé à la tête de la Easy Company par le premier-lieutenant Meehan, est muté dans une école de parachutistes non combattants [3]. Ironie de l'histoire Thomas Meehan et ses hommes seront tués dans le crash de leur avion en Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, sans même avoir pu combattre.
Après le débarquement de Normandie, Herbert Sobel est chargé de missions d'intendance et d'approvisionnement au profit de la 101e division[2]. Bien que son parcours exact soit peu connu il croise à plusieurs reprises le chemin de la Easy Company, comme lors de la préparation de l'opération Market Garden où il réprimande Donald Malarkey qui avait des vues sur une moto transportée dans un convoi qu'il dirigeait[4]. Il est de ceux qui en Belgique subissent le terrible siège de Bastogne lors de la contre-offensive allemande dans les Ardennes. À partir de début 1945, au sein des troupes américaines il entre en Allemagne puis participe à l'occupation du pays vaincu par les armées alliées. Incidemment il y croise Winters, devenu entre-temps major, qu'il néglige de saluer, occasionnant une réprimande justifiée de la part de son ancien subordonné[2],[3].
Après-guerre
modifierAprès la guerre, Herbert Sobel retourne vivre à Chicago où il exerce la profession de comptable. Il est rappelé au service actif pour servir brièvement pendant la guerre de Corée puis poursuit son service dans la garde nationale[1]. Il se retire définitivement avec le grade de lieutenant-colonel. Marié et père de trois enfants, il connaît de nombreux problèmes personnels. Divorcé et perdant le contact avec ses enfants, il tente de se suicider en 1970, survit et entre dans un centre de soins à Waukegan où il passe les dix-sept dernières années de sa vie[1]. Bien que décrié pour ses méthodes dures et pour son incompétence au combat, les vétérans de la Easy Company reconnaissent avec le recul que la personnalité de Sobel a contribué à leur cohésion et à leur efficacité au combat. Des anciens de la compagnie tentent un rapprochement, à l'instar de Bill Guarnere qui le convie à des rassemblements de l'association des anciens de la 101e division[5]. Sobel décline toutes les invitations. Victime de malnutrition, il meurt à Chicago le [6].
Décorations
modifierCombat Infantryman Badge | |||||
Bronze Star | American Campaign Medal | European-African-Middle Eastern Campaign Medal | |||
World War II Victory Medal | |||||
Parachutist Badge | |||||
Presidential Unit Citation |
Postérité
modifier- Interprété par David Schwimmer, Herbert Sobel est présent dans la série Band of Brothers, celle-ci mettant en scène tous les côtés négatifs du personnage, mais aussi la cohésion qu'il génère chez ses subordonnés, renforcée par leur animosité à son égard. La dureté de l'entraînement prodigué trouve écho dans la dureté des combats qui suivent.
Notes et références
modifier- (en) Marcus Brotherton, We who are Alive and Remain : Untold Stories from the Band of Brothers, Berkley Pub Group, , 294 p. (ISBN 978-0-425-22763-3)
- Stephen Ambrose, Band of Brothers, Simon & Schuster, (ISBN 978-0-7432-2454-3)
- (en) Richard D. Winters et Cole C. Kingseed, Beyond Band of Brothers, St Martin's Press, (ISBN 0-425-20813-3)
- (en) Donald Malarkey et Bob Welch, Easy Company Soldier : The Legendary Battles of a Sergeant from World War II's "Band of Brothers", St Martin's Press, , 288 p. (ISBN 978-0-312-37849-3)
- (en) Bill Guarnere et Babe Effron, Brothers in battle : Best of friends, Berkley Hardcover, , 296 p. (ISBN 978-0-425-21728-3)
- (en) « Illinois, Cook County Deaths, 1878-1994 »,
Bibliographie
modifier- (en) Stephen Ambrose, Band of brothers : E Company, 506th Regiment, 101st Airborne : From Normandy to Hitler's Eagle's Nest, Simon & Schuster, (ISBN 978-0-7432-2454-3).
- (en) Richard D. Winters, Cole C. Kingseed, Beyond Band of brothers : The war memories of Major Dock Winters, St Martin's Press, (ISBN 0-425-20813-3).
- (en) Larry Alexander, Biggest brothers : The Life of Major Dick Winters, the Man Who Led the Band of Brothers, New Amer Library, , 297 p. (ISBN 978-0-451-21839-1).
- (en) Marcus Brotherton, We who are alive and remain : Untold Stories from the Band of Brothers, Berkley Pub Group, , 294 p. (ISBN 978-0-425-22763-3).
- (en) Lynn Compton, Call of Duty : My Life Before, During and After the Band of Brothers, Berkley Hardcover, , 275 p. (ISBN 978-0-425-21970-6).
- (en) Bill Guarnere, Babe Effron, Brothers in battle : Best of friends, Berkley Hardcover, , 296 p. (ISBN 978-0-425-21728-3).
- (en) Donald Malarkey, Bob Welch, Easy Company Soldier : The Legendary Battles of a Sergeant from World War II's "Band of Brothers", St Martin's Press, , 288 p. (ISBN 978-0-312-37849-3).
- (en) Marcus Brotherton, Shifty's War : The Authorized Biography of Sergeant Darrell "Shifty" Powers, the Legendary Sharpshooter from the Band of Brothers, Berkley, , 285 p. (ISBN 978-0-425-24097-7).
- (en) Donald Burgett, The Road to Arnhem : A Screaming Eagle in Holland, Presidio Press, (ISBN 0-89141-682-X).
- (en) David Kenyon Webster, Stephen Ambrose, Parachute Infantry : An American Paratrooper's Memoir of D-Day and the Fall of the Third Reich, Louisiana State University Press, 1994 (publication posthume), 288 p. (ISBN 978-0-8071-1901-3 et 0-8071-1901-6).
- (en) Richard E. Killblane and Jake McNiece, Filthy Thirteen : From the Dustbowl to Hitler's Eagle’s Nest - The True Story of the 101st Airborne's Most Legendary Squad of Combat Paratroopers, Casemate Publishers, , 320 p. (ISBN 978-1-935149-81-1, lire en ligne).