Hereret
Hereret (parfois orthographié comme Hrēre ou Herere ; ḥrr.t « fleur »)[1],[2] est une ancienne noble égyptienne de la fin de la XXe au début de la XXIe dynastie. La place exacte de Hereret dans la famille des grands prêtres thébains dépend finalement de deux facteurs, dont aucun n'a encore été résolu :
Hereret | |||||||
Nom en hiéroglyphe |
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Transcription | Ḥrr.t | ||||||
Période | Troisième Période intermédiaire | ||||||
Dynastie | XXIe dynastie - Dynastie parallèle des grands prêtres d'Amon | ||||||
Famille | |||||||
Conjoint | Piânkh ? Ramsès X ? Amenhotep ? |
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Enfant(s) | ♀ Nedjemet ♂ Pinedjem Ier ? (si Piânkh) ♂ Ramsès XI ? (si Ramsès X) ♂ Nesbanebdjed Ier ? |
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Attestations
modifierLe nom Hereret est un nom apparaissant dans deux contextes et il n'est pas certain que ces attestations renvoient à la même personne :
- une Hereret (A) est indiquée comme la mère d'un roi et de la « mère du roi » Nedjemet (A) dont la momie a été retrouvée dans la cachette DB320[3],
- ce nom est également mentionné dans des lettres du grand prêtre d'Amon Piânkh à la fin de la XXe dynastie, dans lesquelles cette Hereret (B) porte le titre de « supérieure des recluses d'Amon », titre porté par les épouses des grands prêtre d'Amon ; l'une de ces « Lettres ramessides tardives », la lettre no 2, écrite par le scribe de la nécropole Djéhoutymès, mentionne d'ailleurs Hereret comme étant à Éléphantine lors d'une expédition militaire de Piânkh.[4].
L'autre nom important de la période est celui de Nedjemet et, là non plus, il n'est pas certain que ces attestations renvoient toutes à la même personne :
- une momie au nom de Nedjemet (A) a été réinhumée dans la cachette DB320, accompagnée de deux papyrus funéraires sur lesquels est également Hérihor mentionné sans plus de précision et sur l'un d'eux (le papyrus BM 10490), il est écrit « la mère du roi Nedjemet, la fille de la mère du roi Hereret », Hérihor est [3] ;
- une Nedjemet, probablement identique à la précédente, est mentionnée avec le titre de « Grande Épouse Royale » (Hm.t-nsw.t-wr.t) en tant qu'épouse d'Hérihor sur une stèle d'Abydos montrant Hérihor en tant que grand prêtre d'Amon et des reliefs dans le temple de Khonsou à Karnak[4], où Hérihor est à la fois représenté en tant que grand prêtre d'Amon (salle hypostyle) et roi (cour)[4] ;
- une Nedjemet (B) est représentée sur une scène dans la cour du temple de Louxor où sont présents Pinedjem Ier et ses trois frères Héqanéfer, Héqamaât et Ânkhefenmout, ils prient Amon-Rê pour le ka de leur père Piânkh, Nedjemet étant représentée derrière Amon-Rê et portant le titre de « supérieure du harem d'Amon » (ou « supérieure des recluses d'Amon »), titre porté par les épouses des grands prêtre d'Amon[5] ;
- une Nedjemet, probablement identique à la précédente, est mentionnée dans des lettres du grand prêtre d'Amon Piânkh à la fin de la XXe dynastie, dans lesquelles cette Nedjemet B semble être un proche de lui[4].
Généalogie
modifierCes différents éléments ne permettent pas d'être certain des liens généalogiques entre les différents personnages. Un autre point important est l'ordre de succession Piânkh-Hérihor. Si pendant longtemps, l'ordre de succession le plus fréquemment présenté était Hérihor puis Piânkh, ce point de vue ne fait plus l'unanimité et l'ordre Piânkh-Hérihor est maintenant également proposé[6]. Plusieurs propositions ont été faites :
- Frédéric Payraudeau et Joyce Anne Tyldesley proposent ainsi que toutes les attestations de Nedjemet ne renvoient qu'à une seule et même personne, qui aurait épousé Piânkh et avec qui elle aurait eu Pinedjem Ier et ses frères, puis, une fois veuve, qui aurait par la suite épousé Hérihor, ce dernier héritant les charges de Piânkh, dont celle de grand prêtre d'Amon ; sa mère, Hereret (A), aurait alors été la mère d'un roi dont la chronologie indique qu'il ne peut s'agir que de Nesbanebdjed Ier ; Hereret (B) aurait, quant à elle, été l'épouse secondaire de Piânkh[7] ;
- Niwinski et Karl Jansen-Winkeln (de) ont proposé l'existence d'une seule Hereret et une seule Nedjemet : Hereret aurait été l'épouse de Piânkh, et la mère de Pinedjem Ier et de Nedjemet, cette dernière aurait été l'épouse d'Hérihor et la mère du roi Amenemnesout ayant régné après Nesbanebdjed Ier[4] ;
- d'autres reconstitutions font de Nedjemet la fille de Ramsès X et la soeur de Ramsès XI ou même la fille de Ramsès XI, bien qu'elle n'ait jamais porté le titre de « fille de roi »[4] ;
- Kenneth Anderson Kitchen proposait quant à lui que le titre de « mère du roi » d'Hereret était à comprendre comme « belle-mère du roi », le roi étant Hérihor[8], cette hypothèse n'a pas été retenue par les autres historiens ;
- Ad Thijs a proposé comme hypothèse que Nedjemet (A) serait différente de Nedjemet (B), elle serait en fait la mère d'Hérihor et non son épouse, elle serait également l'épouse de Piânkh, Nedjemet (B) étant toujours l'épouse d'Hérihor ; Hereret (A) serait alors la grand-mère d'Hérihor et l'épouse d'un grand prêtre d'Amon que la chronologie donnerait comme Amenhotep[9] ; l'hypothèse qu'Hérihor avait une mère nommée Nedjemet avait déjà été formulée Édouard Naville en 1878.
Notes et références
modifier- Giuseppina Lenzo, The Two Funerary Papyri of Queen Nedjmet, British Museum Studies in Ancient Egypt and Sudan 15 (2010): 63–83 en ligne
- Adolf Erman & Hermann Grapow, Wörterbuch der Aegyptischen Sprache, Im Auftrage der Deutschen Akademien (óegyiptomi és német nyelven), Berlin: Akademie Verlag (1971), III 149
- Payraudeau 2020, p. 57-58.
- Payraudeau 2020, p. 57.
- Payraudeau 2020, p. 58-59.
- Payraudeau 2020, p. 51-60.
- Payraudeau 2020, p. 57-58 et 560.
- Kitchen 1996, p. 44.
- Ad Thijs, Nodjmet A, Daughter of Amenhotep, Wife of Piankh and Mother of Herihor, ZÄS 140 (2013), 54-69
Bibliographie
modifier- Ernest Alfred Thompson Wallis Budge, Fac-similés des papyrus de Hunefer, Anhai, Kerasher et Netchemet, Londres 1899
- Jeremy Goldberg, Piankh était-il le fils de Herihor après tout ?, GM 174 (2000), 49-58
- John Taylor, « Nodjmet, Payankh and Herihor: The end of the New Kingdom reconsidered », dans Christopher J. Eyre (ed), Actes du septième congrès international des égyptologues, Louvain 1998, 1143-1155
- Ad Thijs, « Deux livres pour une seule dame, La mère d'Hérihor retrouvée » , GM 163 (1998), 101-110
- Ad Thijs, Nodjmet A, fille d'Amenhotep, épouse de Piankh et mère de Herihor, Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde 140 (2013), 54-69.
- Edward Frank Wente, Late Ramesside Letters, Chicago 1967 [SAOC 33]
- Edward Frank Wente, Lettres de l'Égypte ancienne, Atlanta 1990.
- (en) Aidan Mark Dodson et Dyan Hilton, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, Londres, Thames & Hudson, , 320 p. (ISBN 978-0500051283)
- (en) Kenneth Anderson Kitchen, The Third Intermediate Period in Egypt (1100–650 BC), Warminster, Aris & Phillips Limited, , 608 p. (ISBN 978-0856682988)
- Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368)