Herstatt est le nom d'une banque allemande disparue en 1974 et dont la faillite a causé une grave crise sur le marché des changes. Cette faillite a été un des facteurs conduisant à la création du comité de Bâle[1].

Herstatt (2010)

Déroulement de la faillite

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Contexte

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La fin du système de Bretton Wood au début des années 1970 et le libre flottement du dollar en 1972 ont entraîné l'essor du marché des changes et le transfert des risques de change depuis les banques centrales vers des institutions privées[2]. Herstatt est alors une petite banque allemande installée à Cologne, mais elle participe largement à ce marché naissant[3].

La faillite

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Dès 1971, le régulateur allemand, puis plusieurs banques étrangères, partagent leurs inquiétudes sur la gestion de la banque, mais ses responsables minorent leurs engagements sur le marché des changes. Le régulateur allemand n'entreprend aucune mesure concrète et, en juin 1974, la situation se dégrade brutalement : les pertes s'élèvent à plusieurs centaines de millions de deutschmarks. Le , les autorités bancaires allemandes décident de ne pas renflouer la banque et ordonnent la cessation de ses activités à la fin de la journée en Allemagne[3].

Conséquences

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Si, au 26 juin 1974, les paiements et encaissements de Herstatt concernant les devises européennes sont bien effectués, ceux concernant le dollar n'ont pas encore eu lieu. En conséquence, les contreparties de la banque sur le marché des changes et leurs correspondants aux États-Unis se retrouvent avec des créances en blanc, c’est-à-dire sans garanties, sur un établissement en cessation de paiements. Le système des paiements interbancaires de New York cesse de fonctionner pendant plusieurs jours, alors que plusieurs banques enregistrent des pertes importantes sur le marché des changes[3].

Cette faillite, ainsi que plusieurs autres survenues dans les mêmes années[2], montre au grand jour qu'un risque systémique existe sur le marché des changes et frappe durablement les esprits aussi bien dans les établissements bancaires que chez leurs régulateurs. Le comité de Bâle est formé la même année dans le but de concevoir de nouvelles normes de sécurisation et de prévention de risques systémiques. De plus, elle suscite le développement de systèmes de paiement qu'on espère plus robuste (et notamment, bien des années plus tard, du système CLS[4]).

Références

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  1. (en) Catherine R. Schenk, « Summer in the City: Banking Failures of 1974 and the Development of International Banking Supervision », The English Historical Review, vol. 129, no 540,‎ , p. 1129–1156 (ISSN 0013-8266 et 1477-4534, DOI 10.1093/ehr/ceu261, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Alexis Drach, « Chapitre I. Diversité des systèmes nationaux et origines du Comité de Bâle », dans Liberté surveillée : Supervision bancaire et globalisation financière au Comité de Bâle, 1974-1988, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 37–60 p. (ISBN 978-2-7535-8721-2, lire en ligne)
  3. a b et c (en) Emmanuel Mourlon-Druol, « ‘Trust is good, control is better’: The 1974 Herstatt Bank Crisis and its Implications for International Regulatory Reform », Business History, vol. 57, no 2,‎ , p. 311–334 (ISSN 0007-6791 et 1743-7938, DOI 10.1080/00076791.2014.950956, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Catherine R. Schenk, « Telegraph to Tether: Challenges in the Global Payments System and the Struggle between Private and Public Interests », dans Fault Lines After COVID-19, Springer Nature Switzerland, , 279–302 p. (ISBN 978-3-031-26481-8, DOI 10.1007/978-3-031-26482-5_17, lire en ligne)