Herta Cohn-Bendit
Herta Judith Cohn-Bendit, née David en 1908 à Poznań (Empire allemand) et morte en 1963 à Londres, est l'épouse d'Eric Cohn-Bendit, et la mère de Gabriel Cohn-Bendit et de Daniel Cohn-Bendit. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle fait partie, comme intendante (1941-1942), d’une maison d’enfants juifs du Centre des éclaireurs israélites (institution dissoute en 1943) à Moissac (Tarn-et-Garonne). Après la guerre, elle devient économe de l'École Maïmonide.
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Herta Judith David |
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Biographie
modifierHerta Judith David[1] est née en 1908 dans une famille juive pratiquante de Poznań (ville allemande jusqu'en 1918, aujourd'hui en Pologne). Elle est la fille d'Albert David et la sœur d'Alise David[1].
Bien qu’ayant milité dans une organisation sioniste et « attachée à la tradition juive », elle n’est pas pratiquante[2]. En 1933, elle vient de terminer des études de droit, se préparant à devenir juge pour enfants[3].
Eric Cohn-Bendit est un avocat. Avec Hans Litten, il est l'un des principaux partisans de l'organisation d'aide affiliée au Parti communiste d'Allemagne Rote Hilfe Deutschlands (RHD)[4]. Erich Cohn-Bendit tend davantage vers le trotskisme[4]. À la suite de la prise du pouvoir des nationaux-socialistes, il est interdit de travail pour « activités communistes » présumées et sera bientôt déchu de la citoyenneté allemande[4].
Menacé d'arrestation, il quitte l'Allemagne dès , rejoint par sa future épouse. Ils s'installent à Paris, au 3 square Léon-Guillot dans le 15e arrondissement de Paris[5]. En 1936, naît leur premier enfant, Gabriel. En 1939, ils sont rejoints par les parents d'Eric, qui passeront la guerre à Paris. Durant ces années, ils fréquentent un cercle de réfugiés comprenant Walter Benjamin, Heinrich Blücher et Hannah Arendt[6]. Erich est actif dans la Quatrième Internationale fondée en 1938.
Seconde Guerre mondiale
modifierDurant la « drôle de guerre », Erich est interné comme ressortissant allemand, mais s'évade[7]. La famille Cohn-Bendit se réfugie à Moissac (Tarn-et-Garonne), et prend le nom de Delpioux[8],[9].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Moissac est un refuge pour l'importante communauté des éclaireurs israélites de France (EIF). Ces derniers, hébergés au Moulin de Moissac, ou pour les plus jeunes à la Maison des enfants de Moissac, y demeurent durant la guerre grâce, entre autres, à la bienveillance des autorités municipales et de la population[10]. Des jeunes Juifs d'Europe centrale forment le « groupe rural de Charry » qui défriche une dizaine d'hectares à Viarose, en 1941 et 1942 : bien vu du voisinage, ce groupe est l'objet d'un rapport élogieux de la gendarmerie[11]. Cependant, l'occupation de la zone Sud en rend la situation beaucoup plus difficile, bien que le préfet François Martin ait répugné à appliquer rigoureusement la répression antisémite[12]. Les enfants juifs sont dispersés dans des familles d'accueil jusqu'à la Libération (). Une des responsables de ces refuges est Herta Cohn-Bendit, la mère de Daniel (lequel naît en 1945 à Montauban, Tarn-et-Garonne).
En 1943, après l'occupation de la zone sud par les Allemands, la famille Cohn-Bendit passe dans la clandestinité jusqu'à la libération de la région (autour du ). Daniel Cohn-Bendit naît, comme il l'a lui-même souligné[13], 10 mois après le débarquement de Normandie.
Après la Guerre
modifierÀ la Libération, les Cohn-Bendit restent quelque temps en France. Herta Cohn-Bendit s'occupe des maisons pour orphelins dont les familles ont disparu dans les camps d'extermination. Daniel Cohn-Bendit voit le jour le , à Montauban.
Entre 1945 et 1948, les Cohn-Bendit sont responsables de la « Colonie Juliette », un établissement pour enfants d'anciens déportés juifs situé à Cailly-sur-Eure (Eure). Puis ils reviennent à Paris.
Eric Cohn-Bendit, ne pouvant exercer sa profession en France (il faudrait qu'il refasse un cursus universitaire), décide en 1952 de rentrer en Allemagne et devient avocat à Francfort. Il est en étroit contact avec les membres de l'école de Francfort, Max Horkheimer, Theodor W. Adorno, ainsi que Bertolt Brecht et Hélène Weigel. Parmi ses clients on trouve Bruno Bettelheim[14].
Herta Cohn-Bendit devient l'économe de l'École Maïmonide. Daniel Cohn-Bendit et sa mère emménagent dans une chambre du lycée Maïmonide de Boulogne[7].
Mort
modifierErich Cohn-Bendit meurt en 1959. Herta Cohn-Bendit, rentrée en France, meurt quatre ans après, à l'âge de 55 ans, d'un infarctus en 1963, au cours d'une visite chez sa belle-sœur à Londres[14].
Notes et références
modifier- (en) « Hertha Judith Cohn-Bendit (David) », sur geni.com (consulté le ).
- « Les Cohn-Bendit, en rouge, en vert, et contre tout! », sur Le Monde, .
- Emeline Cazi, Le vrai Cohn-Bendit, Paris, Plon, , 310 p. (ISBN 978-2-259-21134-5 et 2259211348), p. 10.
- (de) Sabine Stamer, Cohn-Bendit : die Biographie, Europa Verlag, , 287 p. (ISBN 3-203-82075-7 et 9783203820750), p. 29.
- En 1968, c'est encore le domicile de Daniel Cohn-Bendit en France.
- Cazi, p. 12.
- Cazi, p. 14.
- Quand les Cohn=Bendit s'appelaient Delpioux. Le parisien. 16 juin 2009.
- J-Ph. Cros. Daniel Cohn-Bendit, fils de Montauban. La dépêche. 13 mai 1998.
- François Boulet, Moissac 1939-1945. Résistants, Justes et Juifs, Maisons-Laffitte, Éditions Ampelos, , 160 p. (ISBN 978-2-35618-102-2)
- François Boulet, Moissac 1939-1945, Éditions Ampelos, , p. 67-69.
- François Boulet, Moissac 1939-1945, Éditions Ampelos, , p. 85-86.
- Cazi, p. 16, en référence à un débat à propos de l'intervention en Bosnie.
- « Cohn-Bendit, Daniel (1945-....) », sur Bibliothèque municipale George Sans (consulté le ).