Hilun hi kôba encore appelé Hilun Bassa'a ou Hilun tout simplement, est un instrument ancestral mystico-spirituel utilisé depuis la période précoloniale par le peuple Bassa. Enregistrée à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle, cette harpe fourchue dotée d'une puissance surnaturelle est uniquement jouée par les personnes ayant passé plusieurs rites d’initiation et épreuves mystico-religieuses d'une durée de sept à vingt-cinq ans[1].

Guitare ancestrale du peuple Bassa

Facture modifier

En langue Bassa, Hilun veut dire la corde de la forêt. Instrument cordophone, la harpe est construite à partir d’un bois éventré, d’une pièce en contreplaqué, de six lianes de rotin, de fils de fer barbelés et des cordes en jute. Dans la mythologie locale, cette harpe proviendrait du génie ou des esprits des eaux. Les femmes seraient allées à la pêche et aurait pêché un esprit qui jouait le hilun. De retour au village, l'esprit aurait disparu en laissant son instrument. Ces notes musicales aurait été pérennisées par l’esprit et les femmes.

Jeu modifier

Malgré son caractère mystique, le rythme du Hilun bassa’a est vulgarisé par des artistes. Au Cameroun, Emiza Pod et Mongo Mbea formés par Joseph Mandeng sont les artistes contemporains qui utilisent cet instrument[1].

Grâce à ses recherches et son court documentaire sur cet instrument ancestral, Isabelle Adiang alias Emiza Pod a reçu le prix de l’Excellence du Ministère camerounais de la Recherche scientifique de même que la reconnaissance du ministère camerounais de la culture. Emiza Pod a également produit le titre intitulé Kal Bo’o (Dites-leur en langue Bassa) qui valorise le Hilun[2].

Notes et références modifier

  1. a et b Frank William Batchou, « Le Hilun bassa’a, l’ancêtre de la guitare moderne protégé à l’Oapi », sur blogfrankwilliam.com.over-blog.com, (consulté le )
  2. Miriam Fogoum, « Détecteur de génies », sur miriamfogoum.over-blog.com, (consulté le )

Bibliographie modifier

  • Joseph Mboui, Pierre Ngijol. Mingen mi hilun nkod hilun le ebog (bikeg) ngog bilon. 1980 - 58 p.
  • Clément Ndjewel. Bon ba Hitong Lingom, épopée Basaa: introduction au texte et édition, Partie 1. Université de Lille, 1980 - 1032 p.
  • Pierre Ngijol Ngijol. Les fils de Hitong: Texte, traduction et notes socio-linguistique. Centre d'édition et de production pour l'enseignement et la recherche, 1980
  • Pierre Ngijol Ngijol. Les fils de Hitong: Contribution à l'étude de l'épopée comme genre. Centre d'édition et de production pour l'enseignement et la recherche, 1980
  • Simon Epea. Message chrétien et visage de l'homme chez les Basa: bantie du sud Cameroun. Atelier national reproduction des thèses, Université Lille III, 1982 - 282 p.
  • Lilyan Kesteloot, Bassirou Dieng. Les épopées d'Afrique noire. Karthala Editions, - 634 p.
  • Werewere Liking. La puissance de Um. CEDA, 1979 - 63 p.
  • Njab Makon. Centre d'édition et de production pour l'enseignement et la recherche, 1986 - 38 p.
  • Marie José Hourantier. Du rituel au théâtre-rituel: contribution à une esthétique théâtrale négro-africaine. L'Harmattan, 1984 - 286 p.