Holism and Evolution

Holism and Evolution est un livre de Jan Smuts, homme politique sud-africain et ancien Premier ministre de l'Afrique du Sud paru en 1926. Dans cet ouvrage, Smuts tente de définir le terme « holisme ». Les concepts qu'il développera seront repris par d'autres auteurs.

L'auteur

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En 1912, il écrivit un ouvrage Inquiry Into the Whole où il expose pour la première fois sa conception philosophique du monde. Il tente d'unir ses passions pour la poésie de Goethe ou de Walt Whitman avec son intérêt pour les théories scientifiques les plus pointues. Il y expose ses premières intuitions, qu'il développera plus tard dans Holism and Evolution. Sa passion d'étudiant pour le poète américain Walt Whitman a certainement marqué sa philosophie[1], auquel il consacra son premier ouvrage en 1894 : Walt Withman : A study in the evolution of personality ?

Les influences majeures de sa jeunesse : sa foi protestante, les principes moraux de sa culture afrikaner, son goût pour la philosophie, les sciences et son amour de la nature[2] l'ont aussi influencé dans sa description d'un univers holistique.

Pour ses biographes, sa personnalité et ses attirances de jeunesse pour le « transcendantalisme américain[3] », pour le romantisme allemand, semble avoir été décisives dans l'idéalisme de Smuts, et se retrouve tout au long de ses choix politiques[4] ainsi que dans sa philosophie de l'holisme.

Voici quelques repères biographiques pour comprendre quelle vision du monde, Jan Smuts défend dans son ouvrage Holism and Evolution.

L'enfance

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Jan Christiaan Smuts est né le dans une famille de fermiers traditionnels afrikaners de la colonie du Cap. Ses ancêtres sont des Néerlandais du côté paternel et des Français huguenots du côté maternel. Il est le fils cadet d'une famille de 6 enfants.

Son père, Jacobus Abraham Smuts, était un riche éleveur, notable local et un des piliers de l'Église réformée. Il finit par être élu député de sa circonscription au parlement de la colonie du Cap. Sa mère, née Catharina Petronella de Vires, était la sœur du prédicateur local de l'Église réformée néerlandaise. Elle avait étudié la musique et le français au collège du Cap, ce qui, pour cette époque et dans cette communauté, représentait une éducation considérable.

Ce futur homme d'État, élevé dans une famille profondément calviniste, était destiné à reprendre l'exploitation familiale car la coutume voulait que seul le fils aîné, de riches familles afrikaner, reçut une éducation secondaire complète. Enfant menu, sensible, timide et solitaire, il aimait les longues promenades à travers le veld sud-africain, où il exerçait son goût pour les collections naturalistes[5].

L'adolescence

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Après le décès de son frère aîné Michiel des complications de la typhoïde, il entreprit des études de théologie à l'âge de douze ans. Malgré une excessive timidité, ce travailleur acharné, obsédé par ses études[6], rattrapa puis dépassa ses condisciples et obtint d'entrer au prestigieux collège de Victoria – Stellenbosch. À la fréquentation des puerile element[7], il préférait les longues promenades dans la nature, les offices du dimanche et la tenue d'une classe d'étude de la bible pour garçons noirs. Élève assidu, brillant, torturé par le sens moral et le sens du devoir, il fut diplômé, avec mention, en sciences et en littérature (théologie, grec ancien et allemand) à l'âge de 21 ans et obtint une bourse pour étudier le droit au Christ's College de l'Université de Cambridge en Angleterre.

L'adulte

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Cet homme cultivé, fervent calviniste, chef de guerre et fin politique fut surtout un grand stratège. Par exemple, sur le plan idéologique, s'il avait une vision paternaliste des Africains et ségrégationniste des relations raciales, tout en étant favorable à une assimilation progressive entre les différentes communautés noires et blanches, il fut aussi le rédacteur de la charte fondamentale de l'ONU en 1945 et un opposant au projet d'apartheid du parti national lors des élections de 1948.

Confronté aux immigrations indienne et malaise, il prit des mesures radicales auxquelles s'opposa Mohandas Gandhi, avocat de Durban. Ce dernier fut alors emprisonné à plusieurs reprises. Mais le général Smuts comprit probablement le pouvoir de la satyagraha (action non-violente) de Gandhi[8]. Un compromis fut finalement trouvé qui mit fin à ce conflit d'un nouveau genre en Afrique du Sud.

Un biographe[9] n'hésite pas à synthétiser la carrière politique à partir de ses conceptions philosophiques « holistiques ». Son parcours semble en effet conforme au principe philosophique qu'il défendait : de petites entités qui se rassemblent et évoluent vers des entités plus complexes aux propriétés émergentes.

Il fut, au début de sa carrière politique, en faveur de l'unification des quatre provinces dans l' Union of South Africa. Puis il milita pour l'adhésion de cette union au sein du Commonwealth. Après la Première Guerre mondiale, il fut en faveur d'une Société des Nations. Partisan de l'entrée en guerre contre l'Allemagne nazie, il fut un proche de Winston Churchill durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut signataire de traités de paix et contribua à la formation de l'ONU.

Résumé

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Après l'écrasante défaite du parti sud-africain d'Afrique du Sud en 1924, le premier ministre défait Jan Christiaan Smuts interrompt sa carrière politique et retourne enseigner à l'université. Passionné de biologie, botaniste-collectionneur, il utilisera cette période d'opposition politique pour publier en 1926 « Holisme et évolution[10] » qui n'a jamais été traduit en français. Dans cet ouvrage de 362 pages, cet homme politique de culture calviniste tente de poser des bases pour une épistémologie à venir. Le concept principal qu'il propose et défend est celui d' « holism » : terme forgé à partir du grec Όλος : tout, intégral. Il définit l'holism comme : « La tendance dans la nature de former des ensembles (des « wholes ») qui sont plus grands que la somme de leurs parties au travers de l'évolution créative ». Tout en reconnaissant qu'il se limitera à dresser les grandes lignes d'un projet qui mériterait plus d'affinement, tant sur le plan philosophique que scientifique, il présente en quelque 353 pages l'introduction du concept « holisme » auquel nombre de travaux, de théories, de groupes et d'auteur se réfèreront plus ou moins explicitement au cours du vingtième siècle. Voici en résumé, chapitre après chapitre ce qu'est l'holisme de Smuts.

Sommaire

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L'auteur envisage d'abord de réformer certains concepts fondamentaux, en particulier les concepts de temps, d'espace et de matière, puis de revenir aux définitions de la cellule et de l'organisme :

  1. The Reform of Fundamental Concepts
  2. The Reformed Concepts of Space and Time
  3. The Reformed Concept of Matter
  4. The Cell and the Organism

Arrivé à ce point, il introduit son concept central, l'holisme, en en détaillant certaines catégories et fonctions :

  1. General Concept of Holism
  2. Some Functions and Categories of Holism

En se fondant sur les constructions théoriques des chapitres précédents, il étudie les conséquences de son concept sur les principaux courants épistémologiques de la première moitié du XXe siècle :

  1. Mechanism and Holism
  2. Darwinism and Holism

À ce point, il poursuivra sa généalogie des wholes (des « touts ») ; ce développement et cette stratification graduels de séries progressives de totalités (les « wholes »), qui s'étirent depuis les commencements inorganiques jusqu'aux niveaux les plus élevés de la création spirituelle. Il s'était arrêté, au chapitre 4, au « whole » organisme fils du « whole » de la cellule, lui-même engendré par le « whole » de la matière brute. Maintenant, il montre comment le « whole » organisme génère le « whole » esprit ; Lui-même à l'origine du « whole » personnalité :

  1. Mind as an Organ of Wholes
  2. Personality as a Whole

L'avant-dernier chapitre expose ses idées sur le « whole » personnalité, degré ultime au sein de la généalogie des whole pour l'univers physique.

  1. Some Functions and Ideals of Personality

Il conclut son ouvrage sur sa conception d'un univers holistique :

  1. The Holistic Universe
Définition de wholes par Smuts

« In all the previous cases of wholes, we have nowhere been able to argue from the parts of the whole. Compared to its parts, the whole constituted by them is something quite different, something creatively new, as we have seen. Creative evolution synthesises from the parts a new entity not only different from them, but quite transcending them. That is the essence of a whole. It is always transcendent to its parts, and its character cannot be inferred from the characters of its parts[10]. » Un whole[11] (un tout) – dans le sens holistique du terme – un ensemble organisé, plus ou moins autonome, qui présentent des propriétés émergentes.

Définition de holisme par Smuts

« the tendency in nature to form wholes that are greater than the sum of the parts through creative evolution[10] » - « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de (ou « durant » ?) l'évolution créatrice ».

Résumé des chapitres

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Préface Smuts situe son œuvre à la frontière entre la Science et la Philosophie. Il écrit, dans la préface de la première édition : « ce n'est, ni un livre de science, ni un livre de philosophie mais un livre qui aborde quelques points de contact entre les deux ». Il y annonce le ré-examen de concepts scientifiques fondamentaux (l'espace, le temps) à la lumière d'un facteur qu'il appellera « holisme » : un champ de force de l'univers qui tend à faire évoluer la matière de l'atome vers la personnalité. L'évolution y sera abordée, ajoute-t-il, comme le « développement et la stratification graduels de séries progressives de totalités, qui s'étirent depuis les commencements inorganiques jusqu'aux niveaux les plus élevés de la création spirituelle ».

Notes et références

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  1. Hancock, sem. et van der Poel, J (eds) - choix à partir des papiers de Smuts, 1886-1950, (7 vols), (1966-73)
  2. « The intimate rapport with nature is one of the most precious things in life. Nature is indeed very close to us; sometimes closer than hands and feet, of which in truth she is but the extension. The emotional appeal of nature is tremendous, sometimes almost more than one can bear. » Smuts, Jan. Holism and Evolution. Londres: Macmillan & Co Ldt, 1926, 362 p.
  3. À l'âge de 32 ans, il écrit : « How well I remember the years I spent tending the cattle on the large farm, roaming over all its far expanse of veld, in which every kloof, every valley, every koppie was endeared to me by the most familiar associations. Month after month I had spent there in lonely occupation—alone with the cattle, myself and God. The veld had grown part of me, not only in the sense that my bones were a part of it, but in that more vital sense which identifies nature with man ... Having no human companion, I felt a spirit of comradeship for the objects around me. In my childish way I communed with these as with my own soul; they became the sharers of my confidence. » in J. C. Smuts, Jan Christian Smuts, p.12.
  4. Un biographe attache ensemble sa vision politique de grande envergure et sa philosophie technique : F. S. Crafford, Jan Smuts: A Biography, (1943)
  5. « Having no human companion I felt a spirit of comradeship for the objects of nature around me. In my childish way I communed with these as with my own soul; they became the sharers of my confidence. » in Smuts, Jan. Holism and Evolution. Londres: Macmillan & Co Ldt, 1926, 362 p.
  6. Hancock, WK and van der Poel, J (eds) - Selections from the Smuts Papers, 1886-1950, (7 vols), (1966-73)
  7. « ... such a place, where a large puerile element exists, affords fair scope for moral, and what is more important, religious temptation, which, if yielded to will eclipse alike the expectations of my parents and the intentions of myself ... for of what use will a mind, enlarged and refined in all possible ways, be to me, if my religion be a deserted pilot and morality a wreck ? » Smuts to C Murray, 12 June 1886, Selections from the Smuts Papers (hereafter SP) vol.1, p.4
  8. « I do not like your people and I do not care to assist them at all. But what am I to do ? You help us in our days of need. How can we lay hands upon you ? I often wish you took to violence like the English strikers and then we would know at once how to dispose of you. But you will not injure even the enemy. You desire victory by self-suffering alone and never transgress your self-imposed limits of courtesy and chivalry. And that is what reduces us to sheer helplessness » in F. S. Crafford, Jan Smuts: A Biography, (1943)
  9. « It had very much in common with his philosophy of life as subsequently developed and embodied in his Holism and Evolution. Small units must needs develop into bigger wholes, and they in their turn again must grow into larger and ever-larger structures without cessation. Advancement lay along that path. Thus the unification of the four provinces in the Union of South Africa, the idea of the British Commonwealth of Nations, and, finally, the great whole resulting from the combination of the peoples of the earth in a great league of nations were but a logical progression consistent with his philosophical tenets. » in F. S. rafford, Jan Smuts: A Biography, (1943), p. 140
  10. a b et c Smuts, Jan. Holism and Evolution. Londres: Macmillan & Co Ldt, 1926, 362 p.
  11. De l'anglais whole : a thing that is complete in itself ; all of something, où l'on retrouve la racine heal, soigner dans le sens de « rendre entier ».