Homophilie

tendance d'un individu à fréquenter ses semblables, ou ses pairs, c'est-à-dire d'autres individus partageant des caractéristiques sociologiques

L'homophilie est la tendance d'un individu à fréquenter ses semblables, ou ses pairs, c'est-à-dire d'autres individus partageant des caractéristiques sociologiques. Il s'agit d'un concept de sociologie.

Dans certains contextes, le mot « homophilie » est synonyme d'homosexualité. Selon le professeur de philosophie à l'université Paris Nanterre, spécialiste des liens entre sciences de la vie et ses prolongements culturels, Thierry Hoquet (2019)[1], les années 1970 voient cohabiter et s'opposer « trois modes rivaux de subjectivité homosexuelle : l'homophile, représenté en France par l'association Arcadie, fondée par André Baudry (1922-2018) et éditrice d'un périodique paru de 1954 à 1982 ; le gay, émergeant dans le sillage des événements de Stonewall à New York en 1969, et donnant naissance à un Front Gay de Libération ; l'homosexualité révolutionnaire telle qu'elle prend forme après 1968 dans l'éphémère Front homosexuel d'action révolutionnaire (…). Loin de représenter un simple clivage intergénérationnel, ces oppositions représentent avant tout différentes conceptions sociales et politiques de l'homosexualité, différentes manières de penser la communauté, mais aussi des modes de subjectivité dans lesquels la vie homosexuelle peut s'incarner dans la période antérieure à l'épidémie de sida »[1].

Concept

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L'homophilie désigne la tendance des individus à fréquenter et à apprécier la compagnie d'autres individus qui partagent des caractéristiques sociales. Claire Bidart définit l'homophilie comme « la tendance à préférer entretenir des relations avec des personnes qui nous ressemblent ». Il s'agirait d'« un autre indicateur de la persistance des catégorisations sociales globales à l'intérieur des structures relationnelles »[2]. L'homophilie conduit par exemple à une surreprésentation des personnes de même sexe dans les conversations qu'un individu a au cours d'une semaine[3].

La question des déterminants de l'homophilie a été explorée par de nombreux sociologues. Pierre Bourdieu, par exemple, explique la tendance à l'homophilie par le concept de capital social et de capital culturel. Les agents sociaux dotés des mêmes réseaux de sociabilité, d'une part, et du même niveau d'études, d'autre part, auraient ainsi tendance à s'associer spontanément[4].

L'homophilie sociale est particulièrement remarquée dans le cadre de la sociologie de l'amour. Cette homophilie serait la principale force de la reproduction sociale. Cette homophilie sociale a pendant des siècles été imposée aux sociétés. Les logiques claniques, qui fonctionnent par des alliances entre des familles ou des tribus, avaient rendu l'homophilie sociale nécessaire[5].

L'homophilie sociale n'est toutefois pas un impératif, ni une règle universelle. Des mariages peuvent avoir lieu entre des individus venant de groupes sociaux différents[5]. L'homophilie serait particulièrement marquée chez les classes sociales aux extrêmes de la société[6]. Elle se serait affaiblie au sein des populations intermédiaires depuis les années 1960 jusqu'à aujourd'hui[3].

Notes et références

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  1. a et b Thierry Hoquet, « De l’homophile au gay : comment l’homosexualité fait-elle communautés ? », Cahiers de philosophie de l’Université de Caen, no 56,‎ , p. 117–144 (ISSN 1282-6545 et 2677-6529, DOI 10.4000/cpuc.480, lire en ligne, consulté le ).
  2. Claire Bidart, « Étudier les réseaux. Apports et perspectives pour les sciences sociales », Informations sociales, 2008/3 (n° 147), p. 34-45. Lire en ligne paragraphe 23
  3. a et b Jean-Marc Stébé, Risques et enjeux de l'interaction sociale (Collection Sciences du risque et du danger, série Notes de synthèse et de recherche), Lavoisier, (ISBN 978-2-7430-1868-9, lire en ligne).
  4. Fabien Éloire, « Qui se ressemble s'assemble ? », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 205, no 5,‎ , p. 104 (ISSN 0335-5322 et 1955-2564, DOI 10.3917/arss.205.0104, lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Yvonne Castellan, Initiation à la psychologie sociale, Armand Colin (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-7062-0463-0, lire en ligne).
  6. Jacques Digout, Jonathan Leonardo Leonardo, Jean-Charles Cointot et Laurent Besson, Web social: Le Web 2.0 au service de la création de valeur, Vuibert, (ISBN 978-2-311-40178-3, lire en ligne)

Articles connexes

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