Homosexualité dans le football professionnel
L'homosexualité dans le football professionnel est un thème tabou dans les clubs, notamment masculins[1]. La lesbophobie[2] peut également être présente dans le football féminin[3].
Plusieurs comportements d'homophobie sont remarqués dans les stades d'Europe[4], y compris dans l'époque contemporaine[5].
Cette situation se révèle singulièrement en France, de la part d'une partie du public[6], et même de certains joueurs[7].
Histoire modifier
En Espagne, durant la Seconde République, l'athlète féministe Anna Maria Martínez Sagi, compagne de l'écrivaine Elisabeth Mulder[8], est l'une des dirigeantes du FC Barcelone[9]. D'autre part, le joueur de l'Atlético Madrid, le jeune Rafael Rodríguez Rapún, est le compagnon de Federico García Lorca, aficionado de l'équipe madrilène[10]. À la suite de l'assassinat de celui-ci en 1936 par les franquistes, Rapún s'engage dans la guerre d'Espagne où il tombe en 1937[11]. Après la Seconde Guerre mondiale, et durant l'après-guerre, l'homosexualité dans le football devient un sujet porté au silence.
Il faut attendre l'année 1990, quand le footballeur anglais Justin Fashanu est le premier à faire son coming-out[12], pour que le thème revienne dans les médias.
En 1992 est créée l'International Gay and Lesbian Football Association, institution qui réunit des équipes de football avec des joueurs homosexuels et des joueuses lesbiennes du monde entier. Cette association vise à lutter contre l'homophobie dans le monde du football[13].
Époque contemporaine modifier
En France, en 2008, l'entraîneur et consultant sportif Olivier Rouyer, ancien capitaine de l'AS Nancy-Lorraine et champion de la Coupe de France en 1978[14], est le premier joueur français à faire son coming out lors d'un entretien au journal L'Équipe[15].
Aux États-Unis, la footballeuse Megan Rapinoe milite pour les droits et la place des sportives et des sportifs LGBT[16].
En Allemagne, en 2021, le refus de l'UEFA d'illuminer l'Allianz Arena de Munich aux couleurs LGBT lors de l'Euro à la suite des lois hongroises crée un scandale européen[17]. Un grand mouvement de solidarité entre sportifs allemands encourage les joueurs homosexuels[18].
En 2022, Jake Daniels est le second joueur britannique, après Justin Fashanu, à parler de son homosexualité[19]. Son annonce, faite la veille de la Journée mondiale contre l'homophobie, est saluée par plusieurs personnalités[20] dont l'entraîneur de Liverpool Jürgen Klopp qui déclare : « Nous vivons en 2022. Que nous devions en parler autant est fou, mais on avance »[21].
En Espagne, le joueur du Rayo Vallecano de Madrid Cedrick Mugisha, tient le rôle d'un jeune homosexuel dans la série Smiley, romance gay de Noël diffusée sur Netflix en décembre 2022, avec le soutien de son club qui en fait la promotion sur son site officiel[22].
En 2023, le tchèque Jakub Jankto devient le premier international ouvertement gay[23].
Polémiques modifier
En France, cela contraste avec le refus du joueur du PSG Idrissa Gana Gueye, de participer à un match de la Ligue 1, pour lequel les joueurs doivent porter un maillot aux couleurs arc-en-ciel dans le cadre de la lutte contre l'homophobie de 2022, et de la polémique que ce refus entraîne[24].
Dans certains pays d'Europe, en particulier en France, des chants et manifestations homophobes et lesbophobes se produisent lors de certains matches par le public[25], mais sont désormais dénoncés par le monde politique et les médias[2]. Ainsi, la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, s'indigne de banderoles à caractère homophobe par quelques supporters du MHSC de Montpellier[26] lors d'un match contre Nantes le 15 janvier 2023. La ville de Montpellier et le président du MHSC, Laurent Nicollin, lui-même engagé avec ses joueurs dans la lutte contre les discriminations et l'homophobie[27], dénoncent ces actes[28]. La justice française s'empare de l'affaire[29]. En septembre 2023, des chants à caractère homophobe se reproduisent à Paris, au Parc des Princes, lors du match entre le PSG et l'Olympique de Marseille, déclenchant une nouvelle fois une polémique nationale[30].
De son côté, la FIFA, organisme qui règle ce sport au niveau mondial, a élaboré un « guide de bonnes pratiques » où les conduites homophobes sont interdites[31]. De nombreuses initiatives contemporaines, associatives et médiatiques[32], visent à lutter contre l'homophobie dans le football[33]. Néanmoins, la décision d'organiser la Coupe du monde 2022 au Qatar, pays dans lequel l'homosexualité est toujours criminalisée, a fait polémique dans de nombreux pays[34] et a suscité les interrogations de joueurs, comme l'Australien Josh Cavallo[35]. La ministre française des sports, Amélie Oudéa-Castéra, arbore, durant la compétition, un vêtement aux couleurs du drapeau arc-en-ciel[36].
Malgré tout, la France reste timide sur le sujet, contrairement à ses voisins européens[37], alors que le joueur français international Patrice Evra assurait en 2022 dans le Parisien qu'"au moins deux joueurs par clubs sont homosexuels[38]". Ainsi, encore en mai 2023, plusieurs joueurs professionnels français refusent de porter le maillot aux couleurs de l'arc-en-ciel dans le cadre de la lutte contre l'homophobie[39]. Le ministre Olivier Véran qualifie l'action de ces joueurs d'"anachronique"[40].
Le joueur et écrivain Ouissem Belgacem, auteur en 2021 d'une autobiographie[41] saluée par la critique et les médias[42], est l'une des personnalités reconnues, et l'un des grands témoins contemporains, de cette situation[43].
Affaires judiciaires modifier
L'arbitre Nicolas Pottier, ouvertement gay depuis 2022, estime avoir été mis au ban de l’arbitrage français dans les années 2000 du fait d'avoir assumé son homosexualité, alors qu'il était considéré comme l'un des meilleurs espoirs de Ligue 1. Le , après il porte plainte contre X pour viol et harcèlement moral et sexuel dans le cadre professionnel et privé, afin que la lumière soit faite sur les dérives de ce qu’il appelle la « décennie noire de l’arbitrage »[44]. En juin 2023, interviewé par So Foot, il affirme que plusieurs arbitres seraient victimes de chantage homophobe, dont Stéphane Moulin, suicidé en 2020[44]. Plusieurs faits rapportés dans l'article étaient connus de la mission de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) relative au pilotage de la FFF et aux obligations qui s’y rattachent (notamment la lutte contre les violences à caractère sexiste et sexuel), et celle-ci a ouvert une enquête interne[45].
Bibliographie modifier
- Ouissem Belgacem, Adieu ma honte, Paris, Fayard, , 252 p. (ISBN 9782213720739).
Références modifier
- « "Des stars du foot sont gays et ont peur de le dire" selon un ancien patron de club », sur parismatch.com.
- « Homophobie: pourquoi le sport a un problème à régler », sur RMC SPORT (consulté le ).
- Stéphanie Delon, « Football, lesbophobie et sexisme : Focus sur les discriminations subies par les joueuses », sur Jeanne Magazine, (consulté le ).
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- « Homophobie dans les stades de foot : on vous résume la polémique autour des interruptions de matchs », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Une banderole homophobe brandie lors du match Montpellier-Nantes, la ministre des sports réclame des sanctions », Le Monde.fr, (lire en ligne).
- « Homophobie : le boycott des maillots arc-en-ciel par plusieurs joueurs de Ligue 1 révèle-t-il un problème spécifique au football français ? », sur Franceinfo, (consulté le ).
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- (ca) esport3, « Un documental sobre Anna Maria Martínez Sagi recupera la importància de la lluita feminista en la història del FC Barcelona », sur CCMA, .
- (es) «A Lorca le gustaba el fútbol, y el equipo de sus amores era el Atleti de Madrid», sur Ideal, (consulté le ).
- (es) eldiariocantabria.es, « "Rafael Rodríguez Rapún fue el último gran amor de Federico García Lorca" », sur eldiariocantabria.es (consulté le ).
- « Pourquoi l'histoire du football doit se souvenir de Justin Fashanu - têtu· », sur tetu.com.
- (en) « https://www.iglfa.org/ ».
- Baptiste Burckel, « Coupe de France 1978 : la plus belle page de l'histoire de l'AS Nancy Lorraine », sur Le Corner, .
- « « Si un joueur déclarait son homosexualité, il serait soutenu par l’ensemble du football » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Coupe du monde : Megan Rapinoe et la cause LGBT dans la sélection américaine », sur L'Équipe.
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- « L'absence d'Idrissa Gueye contre Montpellier fait parler », sur L'Équipe (consulté le ).
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- « « Adieu ma honte », sur MyCanal : Ouissem Belgacem tacle l’homophobie dans le football », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- Le pôle Édition de France Inter, « Homophobie dans le football : Ouissem Belgacem a dû "porter un masque hétéro" », sur France Inter, .
- « Ouissem Belgacem, après les polémiques liées à la journée de lutte contre l'homophobie : « Raciste ou homophobe, c'est pareil » », sur L'Équipe.
- Christophe Gleizes, « Les révélations de Nicolas Pottier sur le monde de l’arbitrage français », So Foot, (lire en ligne)
- « Le ministère des Sports réagit aux faits potentiels de viol et de harcèlement sexuel et moral au sein de l’arbitrage dans le football français », sur sports.gouv.fr (consulté le ).
