Hugues XIII de Lusignan

seigneur de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême

Hugues XIII le Brun[1] (-nov. 1303)[2] fut seigneur de Lusignan, de Porhoët, de Fougères, comte de la Marche et d'Angoulême de 1270 à sa mort. Il possède également les châteaux de Longjumeau[3], de Fougères et de Josselin[4]. Il succède à son grand-oncle, Guy de Lusignan[5] (♰1288), pour les châtellenies de Cognac et de Merpins[6].

Biographie modifier

Famille modifier

Hugues XIII est le fils de Hugues XII de Lusignan (av. 1241-1270), seigneur de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême et de Jeanne de Fougères (av. 1242-ap. 1273), héritière des fiefs bretons de Porhoët et de Fougères. Il est le dernier descendant, en ligne directe, de la Maison de Lusignan du Poitou.

Enfance modifier

Hugues XIII le Brun n'avait pas atteint sa majorité en 1270, date du décès de son père. La garde du comté échut à sa mère, Jeanne de Fougères, qui fit annuler par le Parlement, en 1271, les entreprises du sénéchal de Périgord, Pierre de Saux, qui, au nom du roi avait pris possession du château d'Angoulême[7].

Testaments et succession modifier

Le 25 mai 1283 à Touvre, Hugues XIII le Brun institua pour héritier son frère cadet Guy et à défaut de celui-ci son oncle Guy de Lusignan[8], seigneur de Couhé et de Peyrat, fils d'Hugues XI le Brun et de Yolande de Bretagne.

A Touvre, le 12 juin 1297, Hugues XIII le Brun déshérita Guy au profit de Geoffroi II de Lusignan, seigneur de Jarnac, son cousin. Le cas échéant, Geoffroi II de Lusignan, devait être remplacé par Aymar de Valence, comte de Pembroke, puis par Renaud IV de Pons[9], son neveu, et enfin par Amaury III de Craon[10].

Hugues XIII le Brun cède les terres de Chilly au roi de France, Philippe IV le Bel.

En 1285 aux côtés du roi de France, Philippe III le Hardi, Hugues XIII le Brun participe à la campagne d'Aragon, dite Croisade d'Aragon, contre le roi Pierre III[11].

Le 16 août 1302, il fait un codicille en faveur de sa sœur Yolande de Lusignan[12]. À sa mort en 1303, son frère Guy Ier de Lusignan lui succède.

Les légataires d'Hugues XIII le Brun dans ses testaments successifs[13]
Date du testament Légataire universel

no 1

Légataire universel

no 2

Légataire universel

no 3

Légataire universel

no 4

1283, 25 mai
Guy de Lusignan

seigneur d'Archiac

[frère]
Guy de Lusignan

seigneur de Couhé

[oncle]
Geoffroy II de Lusignan

seigneur de Jarnac

[cousin de son père]
1297, 12 juin
Geoffroy II de Lusignan

seigneur de Jarnac

[cousin de son père]
Aymar de Valence

comte de Pembroke

[cousin de son père]
Renaud IV de Pons
[neveu]
Amaury III de Craon
[cousin issu de germain]
1302, 16 août
Geoffroy II de Lusignan

seigneur de Jarnac

[cousin de son père]
Renaud IV de Pons
[neveu]
Amaury III de Craon
[cousin issu de germain]
Aymar de Valence

comte de Pembroke

[cousin de son père]

Décès et sépulture modifier

Hugues XIII le Brun décède en novembre 1303 et fut enterré à l'Abbaye de Valence[14].

Mariage modifier

Béatrix de Bourgogne modifier

Hugues XIII le Brun avait épousé à Paris, en août 1276[15], Béatrix de Bourgogne (av. 1264-ap. juillet 1328), dame de Grignon, fille du duc de Bourgogne, Hugues IV (1213-1270) et de Béatrix de Champagne (1242-1295), fille de Thibaud IV le Chansonnier (1201-1253), comte de Champagne, roi de Navarre. Leur union est restée sans postérité.

Notes et références modifier

  1. Surnom dans les chartes.
  2. E Chronico Savigniacensi (éd. Natalis de Wailly et Léopold Delisle), t. XXIII : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, (lire en ligne), p. 586 :

    « Anno Domini M.CC.LIX, in crastino Nativitatis sancti Johannis Baptistae, natus est Hugues, filius primogenitus predictorum Hugues comitis Marchie et Johanne uxoris sue et obiit M. CCC. III, in mense Novembris. »

    25 juin 1259
  3. Hérité de son père.
  4. Hérités de sa mère.
  5. Second fils d'Hugues X de Lusignan (v. 1182-5 juin 1249) et d'Isabelle d'Angoulême (v. 1188/1192-4 juin 1246).
  6. Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 1 : Texte (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, (lire en ligne), p. 600 :

    « Relevons simplement qu'en 1297, Hugues XIII est toujours en possession de Cognac et de Merpins qui sont mentionnés dans son testament. »

  7. Les olim ou registres des arrêts rendus par la cour du roi (éd. Jacques Claude Beugnot), t. I : 1254-1274, Paris, Imprimerie royale, (lire en ligne), partie VIII, p. 854-855
    1271, 24 mai, Parlement de Paris : Jeanne de Fougères, [veuve d'Hugues XII de Lusignan], comtesse de la Marche et d'Angoulême, s'est plainte de ce qu'après la mort de son époux en croisade, Pierre de Saux, sénéchal de Périgord, ait fait saisir le château d'Angoulême et fait prêter aux habitants de la ville un serment contraire aux usages anciens. Le roi de France, Philippe [III], rend en plein Parlement de Paris, un arrêt qui annule le serment et ordonne au sénéchal de ne pas laisser des sergents royaux demeurer dans la terre de la comtesse d'Angoulême et y faire des actes de juridiction.
  8. Chartes et documents poitevins du XIIIe siècle en langue vulgaire (éd. Milan Sylvanus La Du), vol. II, t. LVII, Poitiers, coll. « Archives historiques du Poitou », , partie 414, p. 350-354
    1283, 25 mai, Touvre : Hugues [XIII] le Brun, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères fait son testament. Il demande que le testament de son père [Hugues XII] et de sa mère [Jeanne de Fougères], soit exécuté et que ses dettes soient payées. Il établit comme héritier universel son frère, Guy de Lusignan, s'il venait à décéder sans enfants. Si Guy mourait sans héritiers, il établit son oncle, Guy de Lusignan [seigneur de Couhé]. Si quelqu'un d'autre, par droit ou coutume, peut être héritier universel, il l'établit. Si son oncle ne peut hériter, il demande qu'il reçoive les biens de son grand-oncle, Guy de Lusignan, seigneur de Cognac, à sa mort. S'il a des descendants, il demande que son frère, Guy, reçoive l'apanage attribué par leur père. S'il meurt avant la majorité de Guy, que Guy de Lusignan [seigneur de Couhé] ait la garde des terres et s'il ne le peut ou le veut, la garde irait à son cousin, Maurice [VI], seigneur de Craon, et après lui, à son cousin, Guy [II], vicomte de Thouars. Comme il lui tient à cœur que son héritage aille à un héritier mâle descendant d'un de ses oncles ou oncles de son père, si son frère et son oncle décèdent sans héritier, il établit héritier universel son cher cousin, Geoffroy [II], seigneur de Jarnac. Il demande que les legs de son père [Hugues XII] en faveur de sa sœur Marie soient respectés et que lui soit attribuée la terre qui lui revient en Bretagne, conformément à la coutume du pays. Il demande que son épouse [Béatrix de Bourgogne], reçoive son douaire conformément à la coutume, avec en particulier le château du Dorat. Il choisit comme lieu de sépulture l'abbaye de Valence à laquelle il donne 130 livres pour célébrer son anniversaire et demande que son cœur soit porté dans l'église des Franciscains d'Angoulême et assigne 5000 livres à divers legs notamment pour faire célébrer son anniversaire à l'abbaye de Savigny, attribue cinq rentes d'une valeur totale de 4 livres pour faire célébrer son anniversaire, et répartit le reste entre divers établissements religieux. Il laisse un montant total de 190 livres à trois de ses serviteurs. Enfin, il institue exécuteurs testamentaires son oncle, Guy de Lusignan [seigneur de Couhé], son cousin, Maurice [V], seigneur de Craon, son clerc, Pierre Ode d'Angoulême, et le chevalier Simon de Baudiment, et prie le roi de France, Philippe [III] d'entériner le testament.
  9. Fils de Yolande de Lusignan (1257-1314) et de son premier époux Hélie Ier Rudel (av. 1260-1290), seigneur de Pons et de Bergerac.
  10. Chartes et documents poitevins du XIIIe siècle en langue vulgaire (éd. Milan Sylvanus La Du), vol. II, t. LVII, Poitiers, coll. « Archives historiques du Poitou », , partie 415, p. 354-363
    1297, 12 juin, Touvre : Hugues [XIII] le Brun, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères fait un nouveau testament. Il demande que le testament de son père [Hugues XII], de sa mère [Jeanne de Fougères] et de son grand-oncle, Guy, seigneur de Cognac soit exécuté et que ses dettes soient payées. S'il venait à décéder sans enfants, il établit héritier universel son cousin Geoffroy [II] de Lusignan, seigneur de Jarnac. Si c'est impossible, il demande qu'il reçoive le tiers de ses biens, notamment le comté d'Angoulême et les châtellenies de Cognac, Merpins et Lusignan. Il demande que son épouse [Béatrix de Bourgogne], reçoive son douaire conformément à la coutume. Il déshérite son frère, Guy de Lusignan, et interdit qu'il reçoive quoi que ce soit de sa succession à l'exception des 1000 livres de rente attribuées par le testament de son père et la succession maternelle, selon la coutume de Bretagne, car il s'est toujours mal comporté envers lui et agit de toutes ses forces au détriment de son frère, en aidant ses ennemis mortels publiquement et notoirement. Si par hasard, Guy parvenait tout de même à entrer en possession de son héritage, il assigne 60 000 livres tournois à Geoffroy [II] dont la moitié sera pour lui et l'autre pour l'exécution de son testament, ce qu'il fait à cause des grands services que le père de Geoffroy, Geoffroy [Ier] de Lusignan, avait rendu à son père, [Hugues XII] et pour les grands services que Geoffroy [II] lui a rendu. Il demande que son frère soit contraint par le roi de France, Philippe [IV le Bel] à accepter son testament. S'il advenait que Geoffroy [II] meure sans descendants, tous ses biens devraient aller à son cousin Aymar de Valence. Si celui-ci n'avait pas non plus de descendants, les biens iraient au neveu du comte de la Marche, Renaud [IV] de Pons. À défaut, ici aussi, de descendants, les biens devraient revenir à son cousin issu de germain, Amaury [III] de Craon. S'il meurt sans descendants, Hugues [XIII] demande également que soient assignées à ses sœurs, Jeanne, veuve de Pierre de Joinville et Marie, comtesse de Sancerre, la part que leur attribue la coutume. Il lègue à sa nièce, Yolande de Pons, épouse de Foulques [II] de Matha, 5000 livres en accroissement de dot, à son chapelain, Pierre Faure, 60 livres de rente sur la châtellenie de Bouteville, à son chevalier, Aimery d'Archiac, 40 livres de rente sur la châtellenie de Bouteville puis sur les rentes assignées à sa tante, Isabelle, dame de Beauvoir, à sa soeur, Isabelle, moniale à Fontevraud, 100 livres. Il choisit comme lieu de sépulture l'abbaye de Valence à laquelle il laisse 15 livres de rente ou 195 livres en deniers pour célébrer son anniversaire. Il demande que son cœur soit enterré devant le maître autel de l'église des dominicains d'Angoulême dont il veut être le fondateur et patron et donne 500 livres tournois pour faire le premier ciboire de l'église. Il fait également des legs à vingt-et-un établissements religieux pour un montant total de 612 livres. Toutes les églises du diocèse d'Angoulême reçoivent 6 sous pour s'acheter 6 deniers de rente afin que son nom soit prononcé chaque dimanche dans les églises. Il laisse à Geoffroy [II], 5000 livres pour aller en Terre Sainte pour le salut de son âme au prochain passage Outremer qui aura lieu sur lesquelles 500 livres seront pour lui et 4500 pour qu'il puisse emmener avec lui quinze chevaliers et les entretenir pendant un an. Si Geoffroy ne peut ou ne veut y aller, les 5000 livres iront à son neveu, Foulques [II] de Matha et, à défaut, à un de ses chevaliers dans l'ordre suivant : Aimery d'Archiac, Jourdain de Lohert, Guillaume de Genetines, Pierre Constantin, Bouchard de Cornafou et à défaut de tous ceux-là, un chevalier choisi par ses exécuteurs testamentaires. Il supplie le roi de France, Philippe [IV le Bel] de garder, défendre, parfaire et accomplir son testament et il lui lègue son château de Chilly si le roi, en cas de contestation, fait exécuter ses dernières volontés. Il institue exécuteurs testamentaires, l'évêque d'Angoulême, l'évêque de Saintes, l'évêque de Rennes et son oncle, Guy de la Marche [seigneur de Couhé], à qui il laisse 100 livres à chacun et son chapelain Pierre Faure, ses clercs, maîtres Guillaume Faure et Pierre Rouleau, le dominicain Bos de Lille et le chevalier Aimery d'Archiac, à qui il laisse à chacun 50 livres. Il annule tous les autres testaments qu'il a pu faire et obtient les confirmations de ses exécuteurs testamentaires, du roi de France et de son oncle.
  11. Guillaume de Nangis (éd. Pierre Daunou et Joseph Naudet), Gesta Philippi tertii regis Franciae, t. XX : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, Imprimerie royale, (lire en ligne), p. 534
    1285, 15 août, Gérone : Hugues XIII le Brun participe à la bataille qui met en déroute l'armée de Pierre III d'Aragon.
  12. Vidimus, d'après original perdu (par Gérard II de Blaye, évêque d'Angoulême), Paris, AN, J//407, no 8,
    1302, 16 août : Hugues [XIII] de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères, ajoute un codicille à son testament. Il demande que sa sœur, Yolande de Lusignan, dame de Pons, reçoive, sur l'héritage de son père et sa mère, ce que lui attribue la coutume. S'il advenait que Geoffroy [II] de Lusignan, héritier actuel, vienne à mourir sans descendants, il désigne comme héritier Renaud [IV] de Pons, fils de Yolande, à défaut, Amaury [III] de Craon, et à défaut seulement, Aymar de Valence. Il laisse à sa soeur Isabelle, moniale à Fontevraud, une rente de 200 livres sur la terre de Fougères au lieu de 100 livres prévues initialement. Il demande que 100 livres qu'il a pris aux héritiers de maître Hélie Dimanche leur soient rendues, que soient restituées, 100 livres d'amende pour avoir fortifié sa maison près de Touvre, 200 livres d'amende à un certain Mercier, de Villebois. Il établit vingt chapelles, chacune desservie par un prêtre avec une rente de douze livres pour son âme, celles de ses parents et de ses prédécesseurs, demande que chacun de ses serviteurs soit récompensé. L'évêque d'Angoulême, le prêtre Pierre Faure et le clerc Guillaume Faure, qui avaient été choisis comme exécuteurs testamentaires sont révoqués au profit de l'évêque de Poitiers, l'abbé de la Couronne, Arnaud Leotard, chanoine d'Angoulême, son clerc, Guillaume Veyrian et son frère Aimery, chapelain du comte et son chambellan, Raymond Aubert.
  13. Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 1 : Texte (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, (lire en ligne), p. 606
  14. Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 1 : Texte (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 996
  15. Anonymum S. Martialis chronicon, ad annum M. CCC. XV. Continuatum (éd. Joseph-Daniel Guigniaut et Natalis de Wailly), t. XXI : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, Imprimerie Impériale, (lire en ligne), p. 803 :

    « Eodem anno [1276], mense Augusti, Hugo Bruni, comes Marchiae, filiam ducis Burgundiae, sororem vice-comitissae Lemovicensis, ducit in uxorem Parisius, et eam secum adducit in Marchiam. »

    1276, août, Paris : Mariage d'Hugues XIII et Béatrix de Bourgogne.

Sources et bibliographie modifier

Sources sigillographiques modifier

Bibliographie modifier

  • Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell, Université de Nantes, 4 vol., 2 797 p., décembre 2018.[lire en ligne]

Articles connexes modifier