Ife

ville célèbre pour ses têtes en terre cuite et en bronze, État d'Osun, Nigeria

Ife (en yoruba Ilé-Ifẹ̀) est une vieille cité yoruba située au sud-ouest du Nigeria. La ville est célèbre pour ses têtes en terre cuite et en bronze, ainsi que pour avoir donné naissance à une civilisation entre les XIIe et XVe siècles en Afrique subsaharienne.

Ile Ife
Nom local
(yo) Ilé-Ifẹ̀Voir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
État
Superficie
1 791 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
280
Coordonnées
Démographie
Population
501 952 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
280,3 hab./km2 ()
Fonctionnement
Jumelages
Identifiants
TGN
Carte

Histoire d'Ife

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L'histoire d'Ife et sa chronologie restent relativement floues malgré d'importantes découvertes archéologiques attestant l'existence de réseaux de villes dès la période correspondant au Moyen Âge européen[1]. L'histoire de la ville est essentiellement connue grâce à des sources orales et archéologiques. Les premières sources sont liées soit à un discours mythologique soit à un discours ethnocentrique colonial posant ainsi de nombreux problèmes historiographiques.[réf. souhaitée]

Origines mythiques de Ife dans la culture Yoruba

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Ife est la ville centrale de la mythologie yoruba. Elle est considérée comme le berceau de l'humanité et le centre du monde. Selon la mythologie d'Ife la ville aurait été fondée par le Dieu mineur Oduduwa qui fut le premier Ooni (titre royal propre à Ife). La mythologie Yoruba aurait pu se constituer pour appuyer la légitimité du nouvel État. Ogun, Dieu du fer et de la guerre, y occupe une place importante[2]. On sait grâce à l'archéologie que le peuplement de cette aire semble très ancien. Mais ce n'est qu'au début du IIe millénaire que des évolutions dans le domaine de la métallurgie auraient permis une explosion du rendement agricole et un phénomène rapide d'urbanisation[3].

Restructuration politique de la région sous l'impulsion d'Ife

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Fondation de la Cité-État d'Ife par Oduduwa

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Selon la tradition orale, la ville d'Ife fut fondée au IXe – Xe siècles avant Jésus-Christ, par Oduduwa avec le rassemblement de 13 villages en une cité. Oduduwa devint ainsi le premier Ooni (Roi) et se fit construire un Aafin (Palais du roi). Il gouverna à l'aide des isoro, anciens chefs de village ayant récupérés un titre religieux et assujettis à l'autorité politique royale[4]. Cependant la prise de pouvoir d'Oduduwa n'est pas formellement datée. Elle aurait pu être beaucoup plus tardive et avoir remplacé un appareil étatique déjà existant[5].

Réorganisation du pays en Cité-État sous l'impulsion d'Ife

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Le modèle étatique incarné dans la personne d'Oduduwa va être largement exporté dans la région de l'actuel Nigéria et au-delà. Plusieurs descendants et capitaines d'Oduduwa ont fondé d'autres royaumes sur le même modèle et s'appuyant sur la même légitimité. L'expérience monarchique d'Ife s'est exporté avec son cadre culturel. L'adé ilèkè, qui est une couronne de perles de verre symbole du pouvoir royal, se retrouve dans la plupart des monarchies de la région[6]. Le royaume de Kétou par exemple est fondé par un prétendu descendant d'Oduduwa. En tout 7 à 20 royaumes selon les sources composent le monde yoruba dans la première moitié du deuxième millénaire de notre ère[7].

Transformations sociales et réorganisations politiques basées sur le fer

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Court historique sur la ville d’Ile-Ife, raconté oralement dans la langue locale par un locuteur natif

L'expansion d'Ife au début du IIe millénaire semble basée sur le fer ou sur la métallurgie en général qui aurait permis une amélioration des techniques et des excédents agricoles. Cette transformation économique aurait pu permettre l'entretien d'une population urbaine et d'un pouvoir centralisé. L'expansion militaire peut donc s'expliquer par les transformations économiques et sociales et l'amélioration des armes. Le fer a d'ailleurs une place centrale dans la culture et la mythologie d'Ife. Oduduwa possédait une forge dans son palais (Ogun Laadin). De plus les rois des différents royaumes installaient leurs forges dans l'enceinte du palais royal montrant ainsi le rapport symbolique fort entre pouvoir et métallurgie. De plus les techniques de production du laiton montrent un savoir faire technologique très avancé[8].

Ife est également à cette époque un centre africain majeur de production du verre, et en particulier de perles de verre[9]. Les déchets de la production verrière, constitués de parties de creusets recouverts de verre fondu, seront au XIXe siècle recherchés par les habitants de la région bien que l'origine de ces déchets soit à l'époque oubliée[9].

Système de fossés complexe démontrant une importante urbanisation

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L'urbanisation médiévale d'Ife est aujourd'hui largement attestée par l'existence de nombreuses enceintes faites de fossés et de talus qui semblent indiquer les différents espaces ayant connu une concentration démographique et une entité politique suffisamment puissante pour mettre en œuvre de tels travaux[10].

Effondrement démographique au XIVe siècle et peste noire

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Au XIVe siècle, un effondrement démographique est constaté. Il se caractérise par un abandon d'enceintes et une forte avancée de la forêt sur des zones anciennement occupées. On constate également une rupture dans les savoir-faire et les techniques artisanales. Cet effondrement démographique pourrait s'expliquer par une épidémie de peste noire selon certains auteurs, qui font un parallèle avec les grandes épidémies constatées en Europe sur des périodes proches[10],[9].

Économie

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Ife est le centre économique d'une région agricole où se cultivent principalement l'igname, le manioc, le maïs, le tabac et le coton. Ce dernier étant aussi à la source d'une importante industrie de tissage de vêtements.

Culture

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Ces têtes « sans être des portraits, ont un caractère naturaliste, proches de la taille humaine et comportent des trous pour y insérer cheveux, moustache et barbe. »[11].

Ife est le siège de l'université Obafemi Awolowo et du Museum d'histoire naturelle du Nigeria. Elle reste un centre spirituel important du peuple Yoruba.

Personnalités liées

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Notes et références

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  1. Gérard L. F. Chouin, Fossés, enceintes et peste noire en Afrique de l'ouest forestière (500-1500 AD), Afrique: Archéologie & Art, 2013,p. 44].
  2. Biodun Adediran, The frontier states of western Yorubaland, 1600-1889., IFRA Ibadan & Institute of African Studies of Ibadan, 1994, p. 56].
  3. I. A. Akinjogbin, The cradle of a race, Ife from the beginning to 1980, Obafemi Awolowo University, Ile Ife, p. 70].
  4. Biodun Adediran, The frontier states of western Yorubaland, 1600-1889., IFRA Ibadan & Institute of African Studies of Ibadan, 1994, p. 55-60].
  5. I. A. Akinjogbin, The cradle of race, Ife from the beginning to 1980, Obafemi Awolowo, Ile-Ife 1992, p. 60-61].
  6. Lawal B. , The living dead: Art and immortality among the Yorubà of Nigeria. Africa 471 (1977). p. 56].
  7. Biodun Adediran, The frontier states of western Yorubaland, 1600-1889., IFRA Ibadan & Institute of African Studies of Ibadan, 1994, p. 66].
  8. Frank Willett, The Art of Life, The University of Glasgow, 2004].
  9. a b et c Gérard L. Chouin et al., chap. 10 « Igbo-Ukwu, Ifé et les régions du golfe de Guinée », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », , 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1).
  10. a et b Gérard L. F. Chouin, Fossés, enceintes et peste noire en Afrique de l'ouest forestière (500-1500 AD), Afrique: Archéologie & Art, 2013,p. 49].
  11. Jacques Kerchache, Jean-Louis Paudrat, Lucien Stéphan et Françoise Stoullig-Marin (préf. Germain Viatte), L'art africain, Paris, Mazenod, (réimpr. 2008), 619 p., 32 cm (ISBN 2-85088-018-3), p. 535.

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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