Ilia Machkov

peintre russe

Ilia Ivanovitch Machkov (en russe : Илья́ Ива́нович Машко́в), né le à Mikhaïlovskaïa-sur-le-Don (près de Volgograd) et mort le à Moscou, est un peintre russe et soviétique. Il est, en 1910, un des fondateurs et membre actif par la suite, du groupe artistique moscovite du Valet de Carreau (1910-1913) (avec Robert Falk, Piotr Kontchalovski, Aristarkh Lentoulov). Machkov est aussi un des créateurs de l'association « Mir Iskousstva » à partir de 1916[1].

Ilia Machkov
Ilia Machkov
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Илья́ Ива́нович Машко́в
Nationalité
russe, soviétique
Activités
Autres activités
enseignement privé
Formation
Maître
Élève
Lieux de travail
Moscou, Saint-Pétersbourg, Mikhaïlovskaïa (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
Influencé par
Distinction

Biographie

modifier

Machkov nait dans un village cosaque, dans une famille de paysans pauvres. De 1900 à 1910, il étudie а l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou auprès de maîtres réputés tels que Valentin Serov, Constantin Korovine, Apollinaire Vasnetsov. Dès l'époque de ses études il se distingue par un tempérament excentrique, il aime l'outrance, l'excessif. En 1909 il accomplit un voyage en Europe de l´Ouest, en Turquie et en Égypte.

Il aime par-dessus tout la couleur, une couleur toujours chaude, ardente et s'intéresse en même temps au dessin et à la simplification des formes. Les contours des sujets sont épais, les motifs sont décoratifs. Il s'agit le plus souvent de natures mortes ou de portraits, tous sujets fort simples (des fruits, des pains) ; des recherches abstraites dans le domaine de la couleur et de la forme. Les expositions du Valet de Carreau fournissent l'occasion de présenter les fruits des nouvelles expériences picturales. Les influences sont diverses : primitivisme, expressionnisme, cubisme[2].

Il est proche des Fauves mais aussi des expressionnistes allemands qui participèrent à la seconde exposition du Valet de Carreau en 1912 (Max Pechstein, Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel). Une même "violence" chez Machkov mais un choix de sujets moins provocateurs que chez les allemands, moins outrancier et un rythme plus coulant[3].

Le nu féminin, qui n'avait pas de très forte tradition en Russie, bénéficie de la libération générale due au mot d'ordre de l'avant-garde : « Liberté ». La société russe reste officiellement puritaine et Natalia Gontcharova se voit enlever deux " nus féminins " par la police lors d'une exposition en 1910.

Mais il est difficile de parler pour l'art russe d'avant-garde, d'érotisme au sens occidental. Il n'y a, la plupart de temps, ni sous-entendu, ni malice. Avec Machkov la nudité se fait tout à fait " iconique "[4]. Le nudisme recevra une justification idéologique de la part de révolutionnaires d'octobre qui déclarèrent que la nudité était la vraie forme démocratique du costume. Mais avant la révolution de 1917, en peinture Serov (avec son nu : "Rubinstein"), Larionov (avec des "Vénus"), Machkov apparaissent déjà comme des témoins de cette mode du nudisme, à cette époque, dans la société russe[5]. Il est possible également de rapprocher ces nus du culte nouveau de la gymnastique, de la musculation, des arts martiaux, du culte des corps, d'une nouvelle vision du corps. Les robustes paysans de Malevitch traduisent par exemple le désir de mettre en valeur une force prométhéenne[6]. Natalia Gontcharova participe au goût des artistes du Valet de Carreau pour la boxe et la lutte avec sa toile : " Les lutteurs "[7]. Les lutteurs, les boxeurs, les haltérophiles sont des sujets de tableaux pour Machkov comme pour d'autres peintres de cette époque. Il avait des haltères dans son atelier de Moscou, au-dessus de la porte un écriteau proclamait: « Il n'y a de place dans mon atelier que pour le sain et le fort »[8]. Il ouvrit un atelier où il enseignait lui-même la peinture. Parmi ses élèves figurent : Vera Rockline (qui peignit souvent des nus), Pavel Sokolov Skalia[9], l'Ukrainien Alexis Gritchenko, Henry Blumenfeld, Alexandra Snejko-Blotskaïa.

Machkov meurt le dans sa datcha d'Abramtsevo. Il est inhumé à Moscou au cimetière de Novodevitchi.

Musées

modifier

Les œuvres de Machkov sont exposées :

Les ventes signalées en 2011(1) et 2013(2) sont à 3,5 et 7,5 millions de dollars.

  1. Натюрморт «Цветы» продан на «Sotheby's» за 3,5 млн долларов[10].
  2. «Натюрморт c фруктами» продан на «Christies» за 7,25 млн долларов[11].
Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur les œuvres de Ilya Mashkov.

Bibliographie

modifier
  • (fr) Peter Leek: La peinture russe du XVIII au XXes. Parkstone press. Bournemouth 1999 (trad.J-P Orban) (ISBN 1-85995-356-5)
  • (fr) Jean-Claude Marcadé : L'avant-garde russe. Flammarion. Paris, 1995 et 2007. (ISBN 2-08-120786-9)
  • (fr) Camilla Gray: L'Avant-garde russe dans l'art moderne (traduit par Marian Burleigh -Motley) Éditeur : Thames et Hudson. Paris 2003 p. 123 p. 124 (ISBN 2-87811-218-0)
  • (fr) John Ellis Bowlt, Moscou et Saint-Pétersbourg (1900-1920) édition française : Hazan, 2008 (ISBN 9 782754 103039)
  • (ru) Перельман, Виктор Николаевич|Перельман В. Н.(Perelman Victor): Илья Машков "Советский" художник 1957
  • (ru) Алленов, Михаил Михайлович|Алленов М. М.:"Илья Иванович Машков" Художник РСФСР 1973
  • (ru) Светляков К. А. Илья Машков:Илья Машков éd.: Арт-Родник 2007 (ISBN 978-5-9561-0266-4)

Notes et références

modifier
  1. Il fut également membre de l'« Association des Artistes-peintres moscovites » (à partir de 1925), de 1924 à 1928[pas clair] membre de l'« Association des artistes de la Russie révolutionnaire », nommé artiste émérite des arts de la RSFSR (1928). Plus tard de la « Société des artistes de Moscou » (19271929)
  2. Peter Leek, La peinture russe du XVIII au XXes, Parkstone press, Bournemouth, 1999 (trad. J-P Orban) p. 136 (ISBN 1-85995-356-5)
  3. Camilla Gray: L'Avant-garde russe dans l'art moderne (traduit par Marian Burleigh-Motley) éditeur : Thames et Hudson, Paris, 2003 p. 123-124 (ISBN 2-87811-218-0)
  4. Jean-Claude Marcadé : L'avant-garde russe. Flammarion.Paris 1995 et 2007 (ISBN 2-08-120786-9)p. 9-10
  5. John Ellis Bowlt, Moscou et Saint-Pétersbourg (1900-1920) édition française : Hazan, 2008 p. 288
  6. John. E. Bowlt, op. cit. p. 292
  7. John Ellis Bowlt, op. cit. p. 281
  8. John. E. Bowlt, op. cit. p. 279
  9. Большая Советская Энциклопедия. Гл. ред. А. М. Прохоров, 3-е изд. Т. 24. Книга I. Собаки — Струна. 1976. 608 стр., илл.; 35 л. илл. и карт. (статья Соколов-Скаля, Павел Петрович)
  10. « Феномен Машкова » [archive du ], Культура, Волгоградская правда,‎ (consulté le )
  11. « Кристис, лот 66, (03.06.2013) »

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :