Immigration française au Canada

L'immigration française au Canada est l'installation permanente, de longue durée ou temporaire de citoyens de la République française au Canada en vue d'acquérir la citoyenneté canadienne ou la résidence permanente, ou pour d'autres raisons.

Histoire modifier

Époque coloniale modifier

Bien que le peuplement de la Nouvelle-France soit essentiellement le fait de Français, il ne s'agit pas véritablement d'une immigration au sens juridique, car la Nouvelle-France faisait déjà partie du royaume de France[1]. La France a en réalité cherché à éviter à trop peupler le Canada, car elle le concevait comme une colonie-comptoir plutôt qu'une colonie de peuplement, contrairement à la Nouvelle-Angleterre, qui était un ensemble de colonies de peuplement de la Grande-Bretagne[2].

La forte croissance de la population québécoise après la Conquête britannique ne tient pas de l'immigration française mais résulte plutôt du taux de natalité exceptionnel de la population canadienne-française historique. De 8 500 pionniers aux débuts de la colonie[3], la population du Québec a augmenté à plus de 4 000 000 d'habitants en 1950[4].

À l'époque de la Révolution française, des ecclésiastiques et royalistes français se réfugient momentanément au Canada[5].

Depuis 1867 modifier

Il existait un phénomène d'immigration française au XIXe siècle et au début du XXe siècle, mais ne concernait pas toujours des familles; elle était souvent le fait de religieux congréganistes qui fuyaient la situation qui leur était défavorable sous la Troisième République[6].

Entre 1945 et 1960, le Canada reçoit 46 543 immigrants en provenance de la France, un apport modeste en comparaison à celui du Royaume-Uni (594 092 personnes), de l’Italie (259 821), de l’Allemagne (234 679) ou même des États-Unis (151 519)[7].L'immigration française augmente toutefois à plus de 106 000 habitants en 1972[8].

De nos jours, l'immigration française est de manière générale valorisée car elle contribuerait à préserver la langue française au Québec et ailleurs au Canada. À ce chapitre, le Québec et le Canada se sont fixés des objectifs en matière d'immigration francophone[9].

Au cours des dernières décennies, des journalistes et des sociologues ont constaté des phénomènes sociaux propres à l'immigration française : tenue d'élections françaises en sol canadien[10], concentration relativement importante de Français dans le quartier Plateau-Mont-Royal[11] ou encore la popularité du permis travail-études[12]. Il y aurait aujourd'hui plus de 200 000[13] Français seulement dans la région de Montréal, ce qui ferait de cette région l'un des endroits qui comptent le plus d'expatriés français[14]. Les universités québécoises sont particulièrement appréciées des étudiants français cherchant à éviter le système Parcoursup, et qui bénéficient de frais de scolarité réduits par rapport aux étudiants étrangers des autres pays. Rien qu’à l’Université de Montréal, on compte 3 400 étudiants français en 2023[15].

Notes et références modifier

  1. Gilles Havard et Cécile Vidal, Histoire de l'Amérique française, Paris, Flammarion, 2003, 560
  2. Recitus.qc.ca. « Pourquoi peut-on affirmer que la Nouvelle-France de 1608 à 1663 est une colonie-comptoir? ». En ligne. Page consultée le 2023-09-22
  3. Hubert Charbonneau, Bertrand Desjardins, Jacques Légaré et Hubert Denis, « The Population of the St. Lawrence Valley, 1608-1760 », dans A Population History of North America, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 99–142
  4. Québec. Institut de la statistique du Québec (2006, 28 septembre). Québec et Canada, 1851-2006. Page consultée le 16 août 2007.
  5. Narcisse-Eutrope Dionne. Les ecclésiastiques et les royalistes français réfugiés au Canada à l'époque de la Révolution, 1791-1802 Québec : 1905. En ligne. Page consultée le 2023-09-22
  6. Simon Balloud. La migration des religieux français vers le Canada (1880-1914) : territoires de l’attente et spiritualité de l’exil. En ligne. https://journals.openedition.org/nuevomundo/69377. Page consultée le 2023-09-22
  7. Dupuis, Serge. "Immigration française au Canada". l'Encyclopédie Canadienne, 26 février 2018, Historica Canada. www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/immigration-francaise-au-canada. Date consulté: 22 septembre 2023.
  8. L'Encyclopédie canadienne, précité
  9. Gouvernement du Canada. « Le Canada atteint son objectif en matière d’immigration francophone en 2022 ». En ligne. Page consultée le 2023-09-22
  10. Le Devoir. 14 janvier 2012. « Bras de fer entre Paris et Ottawa - Le Canada refuse de permettre aux Français d'ici d'élire leur propre député » En ligne. Page consultée le 2023-09-22
  11. Le Devoir. 26 octobre 2013. « Vie de quartier - Une Petite-France à Montréal ». En ligne. Page consulté le 2023-09-22
  12. Courrier international. « Au Canada, les étudiants étrangers pourront travailler plus longtemps ». En ligne. Page consultée le 2023-09-22
  13. Le Monde. 14 avril 2024. « A Montréal, de plus en plus d’expats français viennent chercher un « esprit d’entreprise » moins rigide et plus collaboratif ». En ligne. Page consultée le 2024-04-15
  14. Ouest-france.fr. 16 avril 2023. « REPORTAGE. Au Canada, Montréal attire toujours plus de Français ». En ligne. Page consultée le 2023-09-22
  15. Hélène Jouan, « Ces étudiants qui choisissent Montréal pour fuir « un système encore très rigide, très théorique » en France », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier