Invasion israélienne du Liban en 1982

L'invasion israélienne du Liban de 1982 (en arabe : الاجتياح الإسرائيلي للبنان عام 1982, translittération Ghazou Loubnan ‘Am 1982), connue en Israël sous le nom d'opération Paix en Galilée (en hébreu : מבצע שלום לגליל - של"ג, translittération Mivtsa Shalom LaGalil), est un épisode de la guerre du Liban au cours duquel l'armée israélienne envahit le Sud du Liban à partir du dans le but de faire cesser les attaques palestiniennes de l'OLP lancées depuis le Liban.

Première Guerre du Liban
Description de cette image, également commentée ci-après
Des troupes israéliennes au Liban-Sud, juin 1982.
Informations générales
Date
(3 mois et 23 jours)
Lieu Liban du Sud
Issue Victoire tactique israélienne qui finit toutefois par devoir quitter le Liban ; occupation militaire du Liban-Sud
Belligérants
Armée du Liban sud
Kataëb
Drapeau d’Israël Israël
Syrie
OLP
Amal
drapeau du parti communiste libanais Parti communiste libanais
PSNS
Al-Mourabitoun
Amal Islamique
Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie
Al-Tawhid
PKK

Soutiens :

Drapeau de l'Iran Iran[1]
Commandants
Menahem Begin
Ariel Sharon
David Ivry (en)
(force aérienne)
Ze'ev Almog (en)
(marine)
Rafael Eitan
Pierre Gemayel
Saad Haddad
Yasser Arafat
Hafez el-Assad
Mustafa Tlass
Abdul Rauf al-Kasm
Georges Haoui
Assaad Hardan
Marwan Fares
Ragheb Harb
Nabih Berri
Ibrahim Qoleilat
Monte Melkonian
Abdullah Öcalan
Mahsum Korkmaz
Forces en présence

76 000 hommes
800 chars de combat
1 500 véhicules de transport de troupes
634 avions



5 000 hommes
70 chars



8 000 hommes

22 000 hommes
352 chars de combat
300 véhicules de transport de troupes
450 avions
300 pièces d'artillerie lourde
225 batteries antiaérienne (100 canons; 125 missiles sol-air


15 000 hommes
300 chars de combat
150 véhicules de transport de troupes
plus de 350 pièces d'artillerie lourde
plus de 250 batteries anti-aériennes
Pertes
657 tués
2383 blessés [2]
2 130 morts, rebelles et civils
1 600 prisonniers

Guerre civile libanaise - Conflit israélo-arabe

Batailles

L'invasion se solde par la mort de 20 000 Libanais et Palestiniens selon le bilan de l’Associated Press[3].

Contexte

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En 1976, la Syrie impose un cessez-le-feu car elle n'a jamais accepté l'indépendance du Liban, qualifié par elle de « Petite Syrie », et propose un rééquilibrage du partage des pouvoirs entre communautés.

Le président syrien Hafez el-Assad ordonne l'entrée de troupes et de blindés au Liban à cette date, dans le but de « préserver le statu quo et mettre en échec les ambitions des Palestino-progressistes ».

Grâce à l'intervention militaire et diplomatique des puissances régionales arabes, le président libanais et le chef de l'OLP sont convoqués à Riyad cette même année. Ils sont invités par l'Arabie saoudite et l'Égypte à reconnaitre la légitimité de la présence des troupes syriennes au Liban, et l'officialisent par la mise en place de la Force arabe de dissuasion (FAD).

Cette présence militaire souffle sur les braises et enferme les Libanais dans des luttes internes. La Syrie écarte Raymond Eddé de la présidence, car il a fait du départ des troupes étrangères le premier point de son programme. Les efforts pour rétablir l'entente nationale ne progressent pas, et de violents affrontements opposent l'armée syrienne aux milices chrétiennes en 1978.

En 1978, dans le Sud, le gouvernement israélien décide d'une offensive dans le Sud du pays, c'est l'opération Litani. Elle vise à repousser les milices palestiniennes au nord du pays et s'emparer de la rivière Litani. Après plusieurs semaines en territoire libanais, les troupes israéliennes se retirent partiellement, laissant la région à l'Armée du Liban-Sud.

Des tirs de katiouchas par les militants de l'OLP à partir de camions mobiles spécialement équipés à cet effet, en direction d'Israël pendant plusieurs semaines font monter les tensions dans la région[4].

Le , un commando de l’organisation activiste palestinienne Abou Nidal tente d'assassiner l'ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov, le blessant grièvement.

De 1979 à 1983, les services secrets israéliens mènent une campagne à large échelle d’attentats à la voiture piégée qui tuent des centaines de Palestiniens et de Libanais, civils pour la plupart, revendiqués par le « Front pour la libération du Liban des étrangers » (FLLE). Le général israélien David Agmon indique qu'il s'agissait de « créer le chaos parmi les Palestiniens et les Syriens au Liban, sans laisser d’empreinte israélienne, pour leur donner l’impression qu’ils étaient constamment sous attaque et leur instiller un sentiment d’insécurité. » Le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman précise que l'objectif principal était de « pousser l’Organisation de libération de la Palestine à recourir au terrorisme pour fournir à Israël la justification d’une invasion du Liban[5].

En 1982, lorsque l’armée israélienne pénètre au Liban, il y a sur place 150 000 combattants appartenant à de multiples factions locales : Phalanges, Parti socialiste progressiste, Amal, Organisation de libération de la Palestine, etc., et de dix-huit nationalités, le tout sur un territoire grand comme un département français[6].

Protagonistes

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Israël et ses alliés

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L'armée israélienne, Tsahal, est soutenue par l'Armée du Liban-Sud et les Phalanges libanaises, des milices libanaises majoritairement chrétiennes.

Le Premier ministre israélien de l'époque est Menahem Begin tandis que Rafael Eitan est le chef d'État-major de Tsahal et Ariel Sharon, le ministre de la Défense.

L'OLP et ses alliés

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Équipe anti-char de l'armée syrienne armé de missiles Milan durant le conflit.

Le principal adversaire de Tsahal est l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), alliée aux forces armées syriennes et à plusieurs groupes de résistants libanais dont les plus importantes sont le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt et les milices de Amal, du Parti social nationaliste syrien ainsi que celle du Parti communiste.

Le 16 septembre 1982, le Parti communiste libanais et deux autres partis de gauche, l’Organisation de l'action communiste au Liban (OACL) et le Parti d'action socialiste arabe, créent le Front de la résistance nationale libanaise, ou Jammoul selon l’acronyme arabe[7].

Le chef du Fatah et de l'OLP est Yasser Arafat.

Effectifs des belligérants

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Forces israélienne, syrienne et de l'OLP durant la guerre de 1982[8]
Israël Syrie OLP
Effectifs 76 000 22 000 15 000
Chars de combat 800 352 300
Véhicule blindé de transport de troupes 300 150
Arme antichar 200 - 2-300
Artillerie - 300 350+
Canon antiaérien - 100 250+
Total des avions des belligérants 634 450 0
Total des avions impliqués 364 96 0
Avion d'attaque au sol 275 225 0
Hélicoptère d'attaque 42 16 0
Lanceur de missile surface-air - 125 -

Pertes humaines

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L'armée israélienne perd 670 soldats lors de ce conflit, portant à 1 216 le nombre total de soldats tués entre les années 1982 et 2000.

Déroulement

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L'OLP tire sur les villes israéliennes à partir de Beyrouth, mettant en danger les populations civiles. De son côté, l'armée israélienne opère une contre-attaque dans les camps palestiniens du Liban-Sud, qui refusent majoritairement de se rendre. D'une manière générale, la frontière entre civils et militaires est devenue extrêmement ténue pour tous les belligérants.

Dès le , un premier cessez-le-feu est proclamé entre les groupes armés palestiniens postés dans le Liban-Sud et l'armée israélienne, mais le refus de l'OLP de quitter Beyrouth entraîne la reprise des combats[4].

Fin de l'intervention

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Au milieu du mois d’, un accord est trouvé pour l’évacuation des combattants Palestiniens et des forces syriennes de Beyrouth. L’évacuation est réalisée sous l’égide d’une force internationale[9]. Les Palestiniens sont évacués par voie maritime notamment vers Tunis, et les Syriens évacués par la route vers le territoire annexé dans la région de la Bekaa. L’évacuation est achevée le .

Les forces françaises sont présentes à Beyrouth du au , les forces américaines du au , les forces italiennes du au . Les forces internationales quittent le Liban plus tôt que prévu, sans avoir réalisé les objectifs 2) et 3) de leur mission[9], et l'assassinat de Bachir Gemayel a lieu le .

Le 30 août, Yasser Arafat est évacué de Beyrouth notamment grâce au soutien de la France et des Etats-Unis[10].

Bachir Gemayel qui venait d'être élu président de la république, était allié à Israël et voulait reconstruire le Liban en faisant la paix avec son voisin. Il est mort assassiné via l'explosion d'une bombe par Habib Chartouni, membre du Parti social nationaliste syrien[11]. Ce meurtre engendra le massacre de Sabra et Chatila.

Références

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  1. (en) Robert Scott Mason, « National Security », dans Thomas Collelo, Lebanon: a country study, Washington, D.C., Federal Research Division, Library of Congress, (OCLC 44356055, LCCN 88600488, lire en ligne), p. 202, 208, 239, 243. Cet article reprend du texte de cette source, qui est dans le domaine public.
  2. (en) « Background & Overview of First Lebanon War », sur jewishvirtuallibrary.org (consulté le ).
  3. https://orientxxi.info/magazine/liban-moussa-sadr-la-presence-de-l-absent,2675
  4. a et b André Chouraqui, L'État d'Israël, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 673), , 11e éd. (1re éd. 1955), 128 p. (ISBN 978-2-13-044340-7)
  5. Rémi Brulin, « Quand Israël créait un groupe terroriste pour semer le chaos au Liban », Orient XXI,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Penser les opérations. Guerres mosaïques et opérations complexes », sur areion24.news (consulté le ).
  7. Marguerite Silve-Dautremer, « Sur les traces des communistes du Liban », sur Orient XXI,
  8. (en) Michael Brzoska et Frederic S. Pearson, Arms and Warfare: Escalation, De-Escalation, and Negotiation, University of South Carolina Press, , 316 p. (ISBN 0-87249-982-0), p. 117
  9. a et b La lettre du 18 août 1982 du ministre libanais des Affaires étrangères aux ambassadeurs des trois pays participants, France, États-Unis et Italie, en définit les objectifs : 1) « assurer la sécurité physique des combattants palestiniens en instance de départ de Beyrouth et la dignité de leur départ ». 2) « Assurer la sécurité physique des autres habitants de la région de Beyrouth ». 3) « Favoriser la restauration de la souveraineté du gouvernement libanais sur ladite région ».
  10. « M. Yasser Arafat a quitté Beyrouth », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) « U.S. Links Men in Bomb Case To Lebanon Terrorist Group », The New York Times,‎ (lire en ligne Accès libre)

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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