Iryna Farion
Iryna Dmytrivna Farion (en ukrainien : Ірина Дмитрівна Фаріон), née le à Lviv (RSS d'Ukraine, URSS) et morte assassinée le dans la même ville, est une linguiste et femme politique nationaliste ukrainienne d'extrême droite.
Députée ukrainienne VIIe Rada ukrainienne (en) Electoral district #116 (d) | |
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Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Iryna Dmytrivna Farion |
Nationalité | |
Formation |
Université de Lviv (jusqu'en ) |
Activités |
Linguiste, pédagogue, professeur d’université, philologue, femme politique, language activist |
Père |
Dmytro Farion (d) |
Mère |
Yaroslava Slipec (d) |
Enfant |
Sofia Semtsisin (d) |
A travaillé pour | |
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Chaire | |
Partis politiques | |
Idéologie |
Nationalisme ukrainien, russophobie, anti-soviétisme (en), anticommunisme |
Membre de |
VIIe Rada ukrainienne (en) |
Distinctions | Liste détaillée Всеукраїнська премія імені Бориса Грінченка (d) ( et ) Diplôme d'honneur de la Verkhovna Rada (en) () Ivan Ohienko Prize () |
Elle est connue pour ses propos polémiques à l'encontre des Ukrainiens russophones. Le , un homme lui tire dessus dans la rue. Gravement blessée, elle meurt peu de temps après à l'hôpital.
Biographie
modifierCarrière professionnelle et politique
modifierIryna Farion naît le , et est diplômée de l'université nationale polytechnique de Lviv où elle enseigne, au sein du département consacré à la langue ukrainienne[1]. Durant sa jeunesse, alors que l'Ukraine est encore soviétique, elle est membre du Parti communiste de l'Union soviétique, « un peu un passage obligé pour qui voulait réussir à l’université » selon le Courrier international. Elle tente par la suite de cacher son appartenance au PCUS, mais elle est révélée en 2013[2].
Devenue membre du parti ultranationaliste ukrainien Svoboda en 2005[2], elle est élue députée de la septième Rada ukrainienne, entre 2012 et 2014. Elle est considérée comme d'extrême droite[3]. Elle ne parvient pas à être réélue pour les législatures suivantes, mais devient membre du conseil régional de Lviv.
Dès le début de sa carrière politique, Iryna Farion participe à des campagnes médiatiques visant à promouvoir la langue ukrainienne[4].
Controverses et poursuites judiciaires
modifierIryna Farion se fait connaître pour son hostilité à l'égard des Ukrainiens parlant russe. En 2018, dans le cadre de la guerre du Donbass, elle appelle à « frapper chaque russophone dans la mâchoire ». Début 2022, alors que le régiment Azov défend la ville de Marioupol assiégée, elle critique les combattants de l'unité parlant russe[4].
Le , lors d'une interview à la télévision, elle attaque les Ukrainiens russophones combattant au sein de la 3e brigade d'assaut « Azov », déclarant qu'elle « ne pouvait pas les considérer comme Ukrainiens » en raison de leur langue. Elle est soutenue par un étudiant pro-ukrainien vivant en Crimée occupée, dont elle publie le message de soutien ainsi que les coordonnées et la photographie. La fuite de ce message initialement privé provoque une polémique car elle révèle l'identité de cet homme, l'exposant à la répression russe[5]. Par la suite, l'étudiant est en effet « arrêté et transféré dans un ‘centre de lutte contre l’extrémisme’ »[2].
Cette mise en danger fait polémique et des jeunes de l'Institut polytechnique où elle enseigne réclament sa démission[2]. L'ombudsman Dmytro Loubinets fait un signalement aux services de police, au Service de sécurité d'Ukraine (SBU) et à la chaîne de télévision[6]. Le , le Service de sécurité d'Ukraine ouvre une enquête sur ses activités pour « violation de l’égalité des citoyens sur la base de leur race, nationalité, appartenance régionale, croyances religieuses, handicap et autres motifs » ; elle est relevée de son poste d'enseignante[6],[7],[8] le même jour[2].
En janvier 2024, elle fait à nouveau polémique en décrivant Lviv comme une « ville de saboteurs » en raison du grand nombre d'Ukrainiens russophones y habitant[9].
Le , elle est réintégrée en tant que professeure à l'université polytechnique de Lviv par une décision de la cour d'appel de Lviv[10]. Cette décision prend effet au début du mois de juin 2024[3]. Elle reçoit en compensation de sa suspension 124 000 hryvnias, qu'elle dépense pour fournir des drones aux Forces armées ukrainiennes[2].
Assassinat et enquête
modifierIryna Farion est assassinée le à Lviv. Vers 19 h 30, un homme portant des gants ouvre le feu sur elle et la blesse à la tempe[5], en pleine rue Masaryk[11]. Elle est transportée à l'hôpital dans un état grave[9]. Les services de secours ne divulguent initialement pas son nom, mais le gouverneur de l'oblast de Lviv, Maksym Kozytskyi, révèle que la victime est bien Iryna Farion un peu plus tard[3]. Iryna Farion meurt à l'hôpital quelques heures plus tard et sa mort est annoncée peu de temps après[11].
La police ukrainienne lance une enquête et une chasse à l'homme dans les rues de Lviv pour retrouver le tueur[12]. Le président Volodymyr Zelensky affirme que toutes les ressources ont été mobilisées pour retrouver le criminel[5]. Un journal ukrainien, Vyssokiy Zamok (en), écrit que l'assassinat d'Iryna Farion aurait été « préparé depuis au moins un mois, et [que] le coupable avait des complices ». Des caméras de surveillance filment le tireur dès le 11 juillet et il se rend régulièrement devant la maison de la linguiste, en portant les mêmes vêtements[2].
L'assassinat d'Iryna Farion provoque de vives réactions dans la presse ukrainienne, même chez des personnalités politiquement opposées, comme Iouri Loutsenko. En désaccord à « ses méthodes radicales de lutte », il lui reconnaît « une indubitable ferveur pour l’Ukraine ». De nombreux commentateurs et personnalités publiques, comme Kyrylo Boudanov, accusent la Russie d'être à l'origine de son assassinat [2].
Références
modifier- (en) Kateryna Denisova, « Former Ukrainian MP Iryna Farion dies in Lviv after assassination attempt », sur The Kyiv Independent, (consulté le )
- « L’assassinat d’une universitaire d’extrême droite choque l’Ukraine », sur Courrier international, (consulté le )
- (en) Kateryna Denisova, « Former Ukrainian MP injured after assassination attempt in Lviv », The Kyiv Independent, (consulté le )
- (en) « Gunman wounds nationalist former parliamentarian in Ukraine's Lviv », sur Reuters, (consulté le )
- (en) « Gunman assassinates former Ukrainian lawmaker Iryna Farion outside her home in Lviv », sur Meduza, (consulté le )
- (en) « The court reinstated Iryna Farion as a professor at Lviv Polytechnic », sur babel.ua, (consulté le )
- (uk) « СБУ відкрила провадження щодо Фаріон » [« Le Service de sécurité d'Ukraine a ouvert une procédure contre Farion »], sur Radio Free Europe/Radio Liberty, Радіо Свобода,
- (uk) « Ірину Фаріон звільнили з "Львівської політехніки": що відомо » [« Iryna Farion a été licenciée de l'École polytechnique de Lviv : ce que l'on sait »], sur Suspilne,
- Stéphane Sicard, « Guerre en Ukraine : Une ex-députée ukrainienne, critique envers les russophones, abattue en pleine rue d’une balle dans la tempe », L'Indépendant, (consulté le )
- (en) « Former Ukrainian Deputy Known For Defending Language Shot Dead In Lviv », Radio Free Europe/Radio Liberty, (lire en ligne, consulté le )
- (uk) « Ірина Фаріон померла 19 липня 2024 року - на неї скоїли замах у Львові - новини України - 24 Канал », sur 24tv.ua (consulté le )
- (en-GB) « Nationalist campaigner for the Ukrainian language is shot dead in Lviv », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
Liens externes
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