Isabelle Mansuy

neuroépigénéticienne
Isabelle M. Mansuy
Description de cette image, également commentée ci-après
Isabelle Mansuy en juillet 2019

Naissance (58 ans)
Cornimont, France
Nationalité Française
Domaines Neuroépigénétique,
Psychiatrie moléculaire, Cognition moléculaire
Institutions Université de Zürich,
École polytechnique fédérale de Zurich
Formation École supérieure de biotechnologie de Strasbourg et Université de Strasbourg (Maîtrise),
Institut Friedrich Miescher à Bâle et Université de Strasbourg (PhD),
Université Columbia à New York (Post-doc)
Influencé par Eric Kandel (postdoctoral)
Renommée pour Ses travaux sur les molécules de l’oubli et sur l'hérédité épigénétique
Site https://www.hifo.uzh.ch/en/research/mansuy.html

Isabelle Mansuy, née le à Cornimont dans les Vosges, est professeure de neuroépigénétique à la faculté de médecine de l'Université de Zurich et dans le département des sciences et technologies de la santé de l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

Elle est connue pour ses travaux sur l'hérédité épigénétique en relation avec les traumatismes de l'enfance[1],[2].

Éducation et carrière modifier

Après un baccaIauréat technologique F7 obtenu au lycée Arthur-Varoquaux de Tomblaine, I. Mansuy a fait une classe préparatoire au lycée Jean-Rostand à Strasbourg. Elle a obtenu un diplôme d’ingénieur de l'École supérieure de biotechnologie de Strasbourg[3] et une maîtrise en biologie moléculaire de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg. Elle a ensuite effectué une thèse de doctorat en neurobiologie du développement à l'institut Friedrich Miescher à Bâle en Suisse[4] puis un postdoctorat à l'Université Columbia à New York, USA où elle a acquis une expertise en neurobiologie moléculaire et dans la conception et l'utilisation de souris transgéniques. Elle a établi son laboratoire comme professeure assistante à l'EPFZ fin 1998 et a été nommée professeure associée en cognition moléculaire à l'Université de Zürich et à l’EPFZ en 2004 puis titularisée comme professeure en neuroépigénétique en 2013[5].

Recherche modifier

Au début de sa carrière, Mansuy a travaillé sur les mécanismes moléculaires de la mémoire[6]. Son équipe a découvert des molécules dans le cerveau responsables de l'oubli. Ces molécules sont les protéines phosphatases PP1 et calcineurine qui empêchent la formation et le stockage des informations en mémoire. Le laboratoire a démontré qu’elles doivent être inhibées par un entraînement régulier pour réduire leur action inhibitrice sur l'activité neuronale. La PP1 et la calcineurine sont en excès dans le cerveau âgé et celui atteint de maladie neurodégénérative et sont une des causes de déficit de mémoire et du déclin cognitif. Son équipe a aussi démontré que la PP1 est un régulateur épigénétique dans les neurones qui modifie les protéines histones et l'activité du génome, un rôle inconnu auparavant. Ces travaux font partie de ceux qui ont fondé le nouveau domaine de la neuroépigénétique au milieu des années 2000, et qui ont ouvert des perspectives thérapeutiques inattendues liant l'épigénome aux troubles de la mémoire[7],[8],[9].

Les travaux de recherche actuels de I. Mansuy portent sur les bases épigénétiques de l’hérédité[10],[11]. Ils examinent comment les expériences de vie peuvent influencer la santé mentale et physique d'une génération à l'autre et quels sont les mécanismes moléculaires impliqués. Ils sont axés sur les expériences traumatiques dans l’enfance et les conséquences sur l’organisme, tout particulièrement sur les cellules reproductrices et leurs lien avec les troubles psychiques et métaboliques chez les descendants. Des systèmes cellulaires et des modèles de souris sont utilisés en laboratoire pour étudier les facteurs épigénétiques, l’ARN et le remodelage de la chromatine dans les gamètes et divers organes tels que le cerveau, et déterminer comment ils sont altèrés par les traumatismes et les conséquences pour les fonctions de l’organisme. Le laboratoire a démontré que les effets des traumatismes dans l’enfance peuvent être transmis sur plusieurs générations chez la souris[12],[13] et que l'ARN dans le sperme est un vecteur de transmission[14]. Des travaux récents ont aussi permis de découvrir que des facteurs sanguins sont impliqués dans les mécanismes de transmission[15], et ont été validés chez des sujets humains[16].

Prix et distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. « Le mystérieux rôle de l’épigénétique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Denise Peikert, « Epigenetik: Erben Enkel Traumata und Unglück ihrer Großeltern? », DIE WELT,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Les Ingénieurs en Biotechnologie de l'ESBS - ESBS - Université de Strasbourg », sur esbs.unistra.fr (consulté le )
  4. FMI, « FMI - Friedrich Miescher Institute for Biomedical Research - Denis Monard », sur fmi.ch (consulté le )
  5. (en) « Laboratory of Neuroepigenetics », sur www.hifo.uzh.ch (consulté le )
  6. (en-GB) « How the brain forgets », (consulté le )
  7. (en) David Genoux, Ursula Haditsch, Marlen Knobloch et Aubin Michalon, « Protein phosphatase 1 is a molecular constraint on learning and memory », Nature, vol. 418, no 6901,‎ , p. 970–975 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/nature00928, lire en ligne, consulté le )
  8. Kyoko Koshibu, Johannes Gräff, Monique Beullens et Fabrice D. Heitz, « Protein Phosphatase 1 Regulates the Histone Code for Long-Term Memory », The Journal of Neuroscience, vol. 29, no 41,‎ , p. 13079–13089 (ISSN 0270-6474, PMID 19828821, PMCID 6665317, DOI 10.1523/JNEUROSCI.3610-09.2009, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Karsten Baumgärtel, David Genoux, Hans Welzl et Ry Y. Tweedie-Cullen, « Control of the establishment of aversive memory by calcineurin and Zif268 », Nature Neuroscience, vol. 11, no 5,‎ , p. 572–578 (ISSN 1546-1726, DOI 10.1038/nn.2113, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Martha Henriques, « Can the legacy of trauma be passed down the generations? », sur www.bbc.com (consulté le )
  11. « Peut-on souffrir des tragédies vécues par nos ancêtres ? », sur France Culture, (consulté le )
  12. (en) Tamara B. Franklin, Holger Russig, Isabelle C. Weiss et Johannes Gräff, « Epigenetic Transmission of the Impact of Early Stress Across Generations », Biological Psychiatry, stress, Neuroplasticity, and Posttraumatic Stress Disorder, vol. 68, no 5,‎ , p. 408–415 (ISSN 0006-3223, DOI 10.1016/j.biopsych.2010.05.036, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Gretchen van Steenwyk, Martin Roszkowski, Francesca Manuella et Tamara B. Franklin, « Transgenerational inheritance of behavioral and metabolic effects of paternal exposure to traumatic stress in early postnatal life: evidence in the 4th generation », Environmental Epigenetics, vol. 4, no 2,‎ (DOI 10.1093/eep/dvy023, lire en ligne, consulté le )
  14. Katharina Gapp, Ali Jawaid, Peter Sarkies et Johannes Bohacek, « Implication of sperm RNAs in transgenerational inheritance of the effects of early trauma in mice », Nature neuroscience, vol. 17, no 5,‎ , p. 667–669 (ISSN 1097-6256, PMID 24728267, PMCID 4333222, DOI 10.1038/nn.3695, lire en ligne, consulté le )
  15. Gretchen van Steenwyk, Katharina Gapp, Ali Jawaid et Pierre-Luc Germain, « Involvement of circulating factors in the transmission of paternal experiences through the germline », The EMBO Journal, vol. 39, no 23,‎ , e104579 (ISSN 0261-4189, PMID 33034389, PMCID PMC7705452, DOI 10.15252/embj.2020104579, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Ali Jawaid, Marina Kunzi, Mahgul Mansoor et Zain Yar Khan, « Distinct microRNA signature in human serum and germline after childhood trauma », medRxiv,‎ , p. 2020.08.11.20168393 (DOI 10.1101/2020.08.11.20168393, lire en ligne, consulté le )
  17. « European Academy of Sciences - Isabelle Mansuy », sur www.eurasc.org (consulté le )
  18. « Décret du 31 décembre 2015 portant promotion et nomination », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  19. « SNSF Research Council: nine new members elected - SNF », sur www.snf.ch (consulté le )
  20. « Décret du 14 novembre 2011 portant promotion et nomination », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  21. « Sénat », sur Sénat (consulté le )
  22. « Prix Robert Bing », sur Prix Robert Bing (consulté le )
  23. « Find people in the EMBO Communities », sur people.embo.org (consulté le )
  24. « FEBS Anniversary Prize der GBM - Homepage der Gesellschaft für Biochemie und Molekularbiologie e.V. », sur gbm-online.de (consulté le )
  25. (en) FENS Office, « Boehringer Ingelheim FENS Research Award 2004 », sur FENS.org (consulté le )
  26. « Find an EMBO Young Investigator / EMBO Installation Grantee / EMBO Global Investigator », sur yip-search.embo.org (consulté le )
  27. « Annuaires », sur Fondation Fyssen (consulté le )

Liens externes modifier