Jacques-Émile Sontag

archevêque d'Ispahan

Jacques-Emile Sontag, né le à Dinsheim en Alsace (France) et mort (fusillé) le à Ourmia en Perse, était un prêtre lazariste français, premier archevêque latin d'Ispahan et Délégué apostolique en Perse.

Jacques-Émile Sontag
Fonctions
Archevêque catholique
Ispahan
Archidiocèse d'Ispahan
-
Cornelio di San Giuseppe Reina (d)
Kevin William Barden (en)
Nonce apostolique
Empire kadjar
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 49 ans)
OurmiaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Jacques-Emile SontagVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Consécrateurs
Léon-Adolphe Amette, Hilarion Joseph Montéty Pailhas (d), Édouard-Adolphe CantelVoir et modifier les données sur Wikidata

Biographie modifier

Jacques-Émile Sontag naquit dans une famille catholique de simples cultivateurs du village de Dinsheim-sur-Bruche en Alsace. En 1883, il entre chez les Lazaristes, congrégation religieuse missionnaire fondée par Saint Vincent de Paul, aussi connu sous le vocable de Congrégation de la Mission. Il reçoit sa formation à l'école lazariste Notre-Dame de Prime-Combe dans le Gard, puis à Paris.

Le , il est ordonné prêtre et envoyé la même année à Ourmia en Perse comme professeur de français. Il rejoint ainsi la mission lazariste, en Perse depuis 1840[1]. En 1897, il prend la direction de la maison lazariste de Téhéran qu'il développa grandement jusqu'en 1910 malgré les troubles politiques de la révolution de 1909. Durant toute sa présence en Perse, il sera proche des Assyro-Chaldéens présents dans ces régions depuis l'aube de la chrétienté[2].

Le , un décret pontifical le nomme 'Délégué apostolique' en Perse et premier archevêque latin d'Ispahan, un ancien diocèse qui reprend vie. Il reçoit le à Paris l'ordination épiscopale et retourne à Ourmia à la fin de la même année. Son épiscopat sera troublé par des événements du dehors et du dedans. Malgré cela, il s'attache à développer les écoles, les orphelinats, les dispensaires, les hospices, les églises, le séminaire chaldéen de Khosrowa, l'imprimerie d'Ourmia et encourage l'apprentissage de la langue araméenne, le soureth, parlé par les Assyro-Chaldéens.

En 1911, les troupes russes, profitant de la décomposition du pouvoir persan, prennent possession du nord-ouest persan, l'Azerbaïdjan iranien. Après leur entrée en guerre les Turcs mènent des offensives contre les Russes qui finissent par évacuer la région d'Ourmia et Salmas le premier . Aussitôt, les troupes ottomanes et les irréguliers kurdes occupent cette région du au .

Lors du déclenchement de la Première guerre mondiale, Monseigneur Sontag venait tout juste de rentrer à Ourmia après un voyage en Europe. Il témoignera des exactions commises dans la région d'Ourmia-Salamas en les résumant par cette phrase " Notre chrétienté a revu les jours de Dèce"[3]. Le docteur Johannes Lepsius [4], les pères dominicains Jacques Rhétoré, Marie-Dominique Berré, Hyacinthe Simon et bien d'autres personnalités, diplomates, écrivains, journalistes ont écrit sur la question du génocide assyrien ou assyro-chaldéen perpétré par les forces ottomanes et kurdes en 1915 sur leur territoire et dans cette région du nord-ouest persan[5].

En , Ourmia est à nouveau occupée par les troupes ottomanes et les irréguliers kurdes. Le l'assaut est donné aux missions. À ce propos, G. Latouche écrit en «C'est d'abord Mgr Sontag, délégué apostolique, traqué et fusillé. Peu après, Mgr Thomas Audo, archevêque d'Ourmiah, subit le même sort. Nos missionnaires et le clergé assyro-chaldéen, qui fait l'office de clergé indigène, furent aussi massacrés; puis ce fut le tour des fidèles...» [6]. Jacques-Emile Sontag est fusillé et meurt martyr le [7]. Sont aussi tués avec lui l'évêque et savant assyro-chaldéen Thomas Audo, plusieurs prêtres et de nombreux fidèles. La presse française a titré sur ces persécutions dont La Croix, Le Rappel, L'Univers, Le XIXe siècle, Le Journal des Débats politiques et littéraires, Le Gaulois, Le Temps[8]...

Mémoire et souvenir modifier

  • La correspondance de Monseigneur Sontag a été préservée par les pères lazaristes à Paris dans leurs archives[9].
  • Récemment encore, la mémoire de Jacques-Emile Sontag fut honorée comme dans le quotidien L'Alsace qui titre le : "Mgr Sontag, martyr des Chrétiens d'Orient"[10].

Documents modifier

  • Une partie de la correspondance de Monseigneur Sontag a été publiée dans les Annales de la Congrégation de la Mission, ou recueil de lettres édifiantes écrites par les prêtres de cette congrégation (Lazaristes) et par les Filles de la Charité, trimestriel, Paris, Adrien Leclerc & Compagnie[11].
  • Aristide Châtelet a écrit plusieurs articles dans la Revue d'Histoire des Missions relative à la Mission lazariste en Perse qui traitent de la période pendant laquelle Jacques-Emile Sontag était actif dans ce pays.
  • Le témoignage de Pierre Aziz, évêque chaldéen de Salmas, témoin oculaire, reproduit dans Joseph Naayem,Shall this nation die?, New-York, Chaldean Rescue, 1921, préface de Lord Bryce.

Bibliographie modifier

  • Joseph Yacoub et Claire Yacoub, "Martyrs par amour en Perse, Mgr Sontag et ses trois compagnons", Editions Salvator, 2022.
  • Blanche Lancezeur, Mathias Gally, bande dessinée, Ourmiah Requiem, Marlenheim, Editions Félès, 2020.
  • Joseph Alichoran, Jacques-Emile Sontag, le Bon Pasteur qui partagea le sort tragique des Assyro-Chaldéens d'Ourmiah (Perse), dans Peuples du monde, n° 348, juillet-.
  • Joseph Eyler, Monseigneur Sontag, Martyr en Perse. Préface de Raymond Facelina, Mutzig, 1996.
  • Laroche-Angedard Marie-Angélique, Mémoire de Maîtrise, Biographie de Jacques-Emile Sontag, Missionnaire lazariste et Délégué apostolique en Perse, Université de Paris III, 1996.
  • Laroche-Angedard Marie-Angélique, Mémoire de D.E.A., « Les Missionnaires Lazaristes en Perse de 1840 à 1910 », Université de Paris III, 1999.
  • Eugène Griselle, Syriens et Chaldéens, leurs martyres, leurs espérances, 1914-1917, Paris, Bloud & Gay, 1918.
  • Florence Hellot-Bellier, Chroniques de massacres annoncés, les Assyro-Chaldéens d'Iran et du Hakkari face aux ambitions des Empires, 1896-1920, Paris Geuthner, 2014.
  • Missionen der Augustiner von Maria Himmelfahrt, "Der Papst für den Orient", Neu Serie n)3-4, Juli-August 1920, p.34-36.
  • Jacques Rhétoré, "Les chrétiens aux bêtes", étude et présentation par joseph Alichoran, éd.Cerf, Paris, 2005.
  • Jacques Rhétoré, Marie-Dominique Berré, Hyacinthe Simon, "Nous avons vu l'enfer", éd. Cerf, Paris, 2015.
  • Joseph Yacoub: Qui s'en souviendra? 1915: le génocide assyro-chaldéo-syriaque, Paris, éditions du Cerf, 2014; Year of the Sword. The Assyrian christian genocide; A History, Hurst and Co, London, Oxford University Press, USA, 2016.

Liens externes modifier

Références modifier

  1. Aristide Châtelet, « La Mission lazariste en Perse », Revue d'Histoire des Missions (RHM), Paris,‎
  2. Raymond Lecoz, Histoire de l'Eglise d'Orient, Paris, Editions du Cerf, , 448 p.
  3. Jacques-Emile Sontag, « Lettre du 25 janvier 1915 », Annales de la Congrégation de la Mission,‎ 1915, tome 80, paris, p.528
  4. Johannès Lepsius, Rapport secret sur les massacres d'Arménie, Paris, Payot, , 332 p.
  5. Naayem Joseph, Les Assyro-Chaldéens et les Arméniens massacrés par les Turcs, Paris, Bloud & Gay,
  6. G. Latouche, « Les persécutions en Perse », Le Gaulois,‎
  7. « Mgr Sontag, l'enfant de Dinsheim, honoré », sur alsace.catholique.fr, Site officiel du Diocèse de Strasbourg, Eglise catholique en Alsace, (consulté le ).
  8. « Les massacres d'Ourmiah », Le Temps,‎
  9. Communauté des Lazaristes, 95 rue de Sèvres, 75015 Paris.
  10. Hervé de Chalendar, « Mgr Sontag, martyr des chrétiens d'Orient », L'Alsace,‎
  11. Ces Annales sont consultables sur le site de DePaul University: http://via.library.depaul.edu/annales/