Jacques Bell

prêtre anglais, martyr, béatifié

Jacques Bell (1524 - 20 avril 1584) est un prêtre catholique anglais et le seul des prêtres mariaux (en)[1] connu pour avoir subi le martyr. Béatifié par le pape Pie XI en 1929, sa mémoire est célébrée le 20 avril.

Biographie modifier

Jacques Bell est né à Warrington dans le Lancashire en 1524. Il fait ses études à l'Université d'Oxford, où il est ordonné prêtre sous le règne de Marie 1re. À l'arrivée au pouvoir de la reine Elizabeth, il refuse durant quelque temps de se conformer aux changements de religion imposé par le pouvoir royal. Mais ensuite, adoptant les principes de la Réforme anglaise, il exerce les fonctions de ministre du culte dans l'Église d'Angleterre, durant vingt ans[2],[3],[4],[5].

En 1581, il sollicite une dame d'user de ses bons offices pour lui procurer un petit lectorat, dont son mari était le patron. Cette dame, étant catholique, l'invite à revenir dans l'Église catholique (qu'il avait rejeté)[6]. Ému par ses paroles, il cherche à réintégrer l'Église catholique en 1581, et après « avoir passé quelques mois à se consacrer à la pénitence et aux exercices spirituels, s'appliquant à l'étude du bréviaire, aux cérémonies de la sainte messe, aux sacrements et aux autres devoirs de son sacerdoce »[7], il est autorisé à reprendre ses fonctions sacerdotales. Il travaille avec zèle comme prêtre missionnaire pendant deux ans parmi les catholiques[3] les plus pauvres, dans presque toutes les maisons catholiques et les centres de messe du Lancastre.

En janvier 1584, alors qu'il se rend à pied d'une maison catholique à une autre, il demande son chemin à un homme qui s'avére être un espion. Bell est appréhendé par ce poursuivant à Golborne puis emprisonné à Salford Gaol[7]. Il est ensuite traduit en justice aux Assizes du Carême à Lancastre. Pour cela, il est transféré « à cheval avec ses bras attachés et ses jambes liées sous le cheval », ce qui est extrêmement douloureux[8]. Son procès se déroule en même temps que ceux de Jean Finch, de Thomas Williamson et de Richard Hutton (ces deux derniers sont également des prêtres catholiques)[9],[10].

Il est interrogé par les juges Huddleston et Parker le . Bell a environ soixante ans et il est un peu malentendant. N'entendant donc pas tout ce qu'on lui dit et ne répond pas toujours[11]. Cela a été pris comme un signe de faiblesse, si bien que le lendemain, 19 avril, ses accusateurs ont cherché à le terrifier avec la description de son exécution, mais le vieux prêtre n'en a pas été ému.

Enfin, le tribunal lui demande s'il a réintégré l'Église catholique ou non. Il répond que oui, le tribunal s'exclame alors « oh c'est de la haute trahison », comme le stipule la loi de l'époque pour les prêtres catholiques en Angleterre. Cependant, Bell répond : « ce n'est rien d'autre que le Saint Sacrifice de Pénitence ». On racconte que la Cour a éclatée de rires et de mépris devant l'accusé. Bell a alors déclaré: « Je pardonne les péchés non par mon propre pouvoir, mais parce que je suis prêtre et que j'ai le pouvoir d'absoudre les péchés »[8].

Jacques Bell s'est comporté avec beaucoup de courage et, après avoir été condamné, il dit au juge : « Je supplie Votre Seigneurie, pour l'amour de Dieu, d'ajouter à la sentence que mes lèvres et le dessus de mes doigts devraient être coupés pour avoir juré et souscrit aux articles des hérétiques, contraires à la foi, à ma conscience, et à la vérité de Dieu »[2].

Vitrail représentant le martyr de son compagnon Jean Finch.

Le père Bell consacre la nuit précédant son exécution à la prière et à la méditation. Il a, en peu de mots, exhorté tous les prisonniers condamnés, à la foi catholique et à la vraie repentance. Il demande alors à son compagnon, Jean Finch, de les instruire plus largement, car, âgé et affaibli par les privations, il n'en avait plus la force.

Le matin de son exécution, le , il aurait dit : « Ô jour béni, Ô le plus beau jour que j'ai jamais vu de ma vie », il refuse les services d'un ministre anglican en disant : « car je ne veux pas, ne te crois, ni ne t'écoute, que contre ma volonté ». Lorsqu'il est rendu sur le lieu du supplice, les bourreaux le forcent à regarder l'écartèlement de Jean Finch. Quand il a voit le bourreau retirer les entrailles de Finch, il lui dit: « O pourquoi est-ce que je m'attarde si longtemps derrière mon doux frère; laisse-moi me hâter après lui. C'est un jour des plus heureux ». On dit qu'alors il aurait prié pour tous les catholiques et pour la conversion de tous les hérétiques[9].

Bell est pendu puis écartelé au château de Lancastre[2] le [10], le même jour que Jean Finch[3].

Béatification modifier

Jacques Bell fait partie des 108 martyrs béatifiés par le pape Pie XI le [5].

Sa mémoire est célébrée dans l'Église catholique le 20 avril, en même temps que Jean Finch[3].

Notes et références modifier

  1. Les « prêtres mariaux » est un terme appliqué aux prêtres catholiques anglais qui ont été ordonnés sous ou avant le règne de la reine catholique Marie 1re (1553-1558) et qui ont survécu sous le règne de son successeur anglican, la reine reine Elizabeth. L'expression est utilisée par opposition aux « prêtres du séminaire », par lesquels on désignait les prêtres ordonnés à Douai dans le nord de la France, à Rome ou dans d'autres séminaires anglais sur le continent européen.
  2. a b et c (en) E. Burton, « James Bell », The Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c et d « Le martyrologe romain fait mémoire des Bienheureux Jacques Bell et Jean Finch », Magnificat, no 245,‎ , p. 283.
  4. « Bienheureux Jacques Bell et Jean Finch, Martyrs anglais (+ 1584) », sur Nominis (consulté le ).
  5. a et b (it) « Beati Giacomo Bell e Giovanni Finch Martiri », sur santi e beati, (consulté le ).
  6. (en) Thompson Cooper, « Bell, James (1524-1584) », dans Dictionary of National Biography, vol. IV, Londres, Leslie Stephen, .
  7. a et b (en) John. AMyerscough, A Procession of Lancashire Martyrs and Confessors, Glasgow, Burns and Oates, .
  8. a et b (en) Henry Bowden et Donald Attwater, Mementoes of the Martyrs and Confessors of England and Wales, Burns & Oates, .
  9. a et b (en) CRS(1908), « Unpublished Documents Relating to the English Martyrs », Catholic Record Society, vol. I 1584-1603,‎ , p. 78.
  10. a et b (en) Richard Challoner, Memoirs of Missionary Priests and others from both sexes : from 1577 to 1684, vol. I, Londre, Thomas Richardson & son, , 443 p. (lire en ligne), p. 176-179.
  11. (en) Edwin H. Burton, « Venerable James Bell », Lives of the English Martyrs, The martyrs declared venerable, Londres, Longmans, Green and Co., vol. I,‎ , p. 107-113 (lire en ligne, consulté le ).

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Edwin H. Burton, « Venerable James Bell », Lives of the English Martyrs, The martyrs declared venerable, Londres, Longmans, Green and Co., vol. I,‎ , p. 107-113 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes modifier