Jacques Muglioni

philosophe français
Jacques Muglioni
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Fonction
Doyen
Groupe Philosophie de l'Inspection générale de l'Éducation nationale (d)
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 74 ans)
ChatouVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant
Jean-Michel Muglioni (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Jacques Muglioni est un philosophe français, né le à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) et mort le .

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Jacques Muglioni, né le à La Garenne-Colombes, est le fils d'une fleuriste et de Xavier Muglioni, comptable et militant socialiste originaire de Bastia[1].

Il fait ses études secondaires au lycée Pasteur comme boursier jusqu’à la classe de philosophie[1]. Son professeur est Georges Bastide. Jacques Muglioni se plaisait à dire que s’il avait eu Sartre comme professeur dans l’autre classe de philosophie de Pasteur, il aurait peut-être pris la voie du dessin – et en effet il a eu un accessit au concours général de dessin et n’a jamais cessé de peindre.

Carrière universitaire modifier

En 1941, il est reçu au CAEC de lettres et philosophie[2] et est nommé à Charolles où il enseigne pendant toute la guerre, outre la philosophie, les lettres, le latin et le grec. Il y rencontre son épouse, Yvette Michel, professeur de mathématiques. Nommé au lycée Lamartine à Mâcon il est reçu à l’agrégation de 1948 (la même année que Louis Althusser, Gilbert Simondon, Gilles Deleuze, François Châtelet, Olivier Revault d'Allonnes)[3]. Il y est remarqué par Georges Canguilhem, inspecteur général. Il est nommé en 1955 au lycée Janson-de-Sailly, puis en hypokhâgne au lycée Pasteur et enfin en khâgne au lycée Henri-IV et devient inspecteur général en 1963. De 1963 à 1985, il est inspecteur général de philosophie et de 1971 à 1983, doyen de l'Inspection générale de philosophie. Alain Savary, ministre de l’Éducation, prit un décret interdisant qu’on puisse être doyen d’une inspection générale plus de 10 ans, afin de se débarrasser de Jacques Muglioni qui s’opposait à sa politique[réf. nécessaire].

Militantisme modifier

Il milite dans les mouvements anarchistes d’extrême gauche et quitte la SFIO lors de l’arrestation de Ben Bella en 1956 (son père mort en 1936 était militant de la SFIO avant 1914 à Bastia). Il milite avec Louis Lecoin, qui obtint en 1963 que l’objection de conscience soit reconnue par la loi. Il publie aux PUF en 1962 des morceaux choisis de Proudhon sous le titre Justice et liberté[4].

Prises de position pédagogique modifier

Jacques Muglioni défendait une conception exigeante et républicaine de l’enseignement : « l'école, c'est le lieu où l'on apprend ce que l'on ignore pour pouvoir, le moment venu, se passer de maîtres. » Il estimait que l'éducation ne doit pas se donner pour mission d'adapter les élèves à la société mais de leur fournir les outils intellectuels pour choisir la société dans laquelle ils souhaitent vivre. Méfiant à l'égard des effets de mode, il n'était pas favorable aux théories constructivistes et à la pédagogie par objectif.

En 1991, Régis Debray, qui a été son élève au lycée Janson-de-Sailly, lui a rendu hommage en avant-propos d’un ouvrage collectif de défense de sa conception de l’enseignement, dans son ouvrage Les Préaux de la République (Minerve, 1991) et lui consacre un chapitre dans Par amour de l’art (Gallimard, 1998) Dans L'Envers du tableau : quelle pédagogie pour quelle école ? Philippe Meirieu, tout en reconnaissant la valeur de l'idéal exprimé par Jacques Muglioni, s'interroge de façon critique sur le primat de l'intelligence rationnelle et se réfère plus volontiers à l'éthique levinassienne[5]. Jacques Muglioni disait ses conceptions totalement incompatibles avec celles de Philippe Meirieu et des pédagogistes.

Publications modifier

Par ordre chronologique de rédaction :

Notes et références modifier

  1. a et b Jacques Girault, « MUGLIONI Jacques, François, Louis », sur Le Maitron, (consulté le )
  2. CAEC, certificat d'aptitude à l'enseignement dans les collèges, bivalent, sera transformé en 1950 en CAPES, certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement secondaire, monovalent.
  3. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 », sur Ressources numériques en histoire de l'éducation (consulté le ).
  4. D., P., « Proudhon, Justice et liberté. Textes choisis et présentés par Jacques Muglioni », Revue Philosophique de Louvain, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 62, no 73,‎ , p. 204–204 (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  5. Philippe Meirieu, L'envers du tableau : quelle pédagogie pour quelle école ?, , 281 p. (ISBN 978-2-7101-1086-6, lire en ligne), p. 96.
  6. Voir la présentation et quelques extraits en ligne : « Le droit à l'erreur 17 octobre 1958 », dans L'École ou le loisir de penser, CNDP, 1993, p. 235 ; « Les vandales 18 avril 1958 », dans L'École ou le loisir de penser, CNDP, 1993, p. 78-79

Liens externes modifier