Une jasserie est une ancienne ferme d'estive typique du Pilat et des monts du Forez, dans le Massif central. Traditionnellement, les jasseries étaient utilisées par les paysans pour la transhumance estivale des troupeaux de vaches, qui montaient dans les montagnes pour profiter des pâturages pendant la belle saison et fabriquer des fromages tels que la fourme de Montbrison et la fourme d'Ambert[1].

Ce terme est issu du bas latin « jacium », mot désignant le « gîte », c'est-à-dire le « lieu où l'on gît, où l'on est couché »[2],[3]. Il désignait initialement les estives où les troupeaux étaient conduits à la belle saison, mais, au fil du temps et par métonymie, il a fini par s'appliquer à la grange située sur ces prés.

Les jasseries sont construites sur un même plan architectural. Ce sont de petites habitations en pierre de taille, soit au toit de chaume couvert de seigle ou de genêt consolidé par du fil de fer quadrillé, soit au toit de tuiles rouges[4]. Au rez-de-chaussée se trouvait l'étable, l'unique pièce d'habitation et la cave où étaient affinées les fourmes. Au-dessus se trouvait le lieu où l'on serrait le fourrage : la fenière. Très souvent la construction de ce type de bâtiment se faisait en aval d'une source, de façon à mettre en œuvre un système ingénieux[5]. La source était canalisée et divisée en deux : une partie de l'eau traversait l'étable afin d'évacuer le purin des bêtes, l'autre partie s'écoulait dans la cave, afin de créer une hygrométrie suffisante pour l'affinage des fromages.

La plupart de ces jasseries sont aujourd'hui abandonnées ; certaines subsistent cependant soit pour les activités culturelles, comme la jasserie du Coq noir[6],[7], soit pour l'élevage, comme la ferme des Supeyres[8]. En outre, le sentier du « Colporteur des jasseries » propose une boucle de 9 km au départ du col des Supeyres, traversant les Hautes Chaumes et permettant de découvrir de nombreuses jasseries[9].

Notes et références

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  1. « Les jasseries », sur Jasseries de Colleigne, (consulté le )
  2. Hubert Bessat et Claudette Germi, Les noms du patrimoine alpin: atlas toponymique II, Savoie, Vallée d'Aoste, Dauphiné, Provence, ELLUG, (ISBN 978-2-84310-052-9, lire en ligne), p. 177
  3. Enquête sur les structures administratives et les ordres privilégiés en Forez à la veille de la Révolution, Université de Saint-Etienne, (lire en ligne), p. 207
  4. Monique Luirard, Le Forez et la Revolution Nationale, Université de Saint-Etienne, (lire en ligne)
  5. Priscille Chapuis, « Les Hautes Chaumes des monts du Forez », ADLFI. Archéologie de la France - Informations. une revue Gallia,‎ (ISSN 2114-0502, lire en ligne, consulté le )
  6. La Montagne, 4 août 2016, p. 3.
  7. La saison culturelle de la Jasserie du Coq Noir résiste au Covid et débute à Saint-Anthème (Puy-de-Dôme), La Montagne, 11 juin 2020.
  8. La ferme des Supeyres
  9. Centre France, « L'été à pied [3] - Le « Colporteur des jasseries », un voyage sur les Hautes Chaumes d'hier et d'aujourd'hui », sur www.lamontagne.fr, (consulté le )

Annexes

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Bibliographie

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  • François Tomas, Paysages et milieux naturels de la plaine du Forez, Centre d'études foréziennes, , 310 p. (ISBN 9782851450463)
  • Les Monts du Forez : le milieu et les hommes, Centre d'études foréziennes, , 226 p. (ISBN 9782851450609)
  • L'Élevage et la vie pastorale dans les montagnes de l'Europe au Moyen Âge et à l'époque moderne, Institut d'études du Massif central, , 438 p.
  • Jean-Pierre Marty, La maison rurale en Basse Auvergne, Éditions Créer, , 80 p. (ISBN 9782848190068)

Articles connexes

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