Jauna eta Anderea

Personnages de la mascarade souletine

Jauna eta Anderea
Personnage de fiction apparaissant dans
les Mascarades souletines.

Jauna et Anderea à Barcus en 2010.
Jauna et Anderea à Barcus en 2010.

Sexe resp. masculin et féminin
Entourage gorriak

Jauna eta Anderea (« le seigneur et la dame[1] » en basque) forment un couple de personnages des mascarades souletines. Leur rôle pendant la représentation est discret et mineur : Jauna l'a organisée et s'assure de son bon déroulement ; le couple préside aux spectacles en tant que personnages du rang le plus élevé.

Anderea pourrait pourtant être la véritable héroïne de la mascarade, celle que Jauna vient présenter dans chaque quartier du village : dans sa robe virginale, elle figurerait simultanément la nouvelle année et une future mariée.

Étymologie modifier

Les mots Jauna et Anderea ont plusieurs significations en basque. Jauna signifie littéralement « monsieur, maître ou seigneur[2] » selon le contexte et Anderea signifie littéralement « madame[3] » mais le plus souvent associé à la « maîtresse de maison[4] » (etxekoandrea).

Dans le contexte des mascarades, Jauna est un seigneur, un notable ou une personne ayant une certaine notoriété. Philippe Veyrin les nomme « le Seigneur et son épouse[5] », ou François Fourquet les nomme « le Seigneur et la dame[1].

Description modifier

Jauna porte une chemise et des gants blancs, un couvre-chef, une veste queue-de-pie, un pantalon, des chaussettes et des chaussures noires. Sa poitrine est ceinte d'un ruban aux couleurs du Pays basque (rouge, blanc, vert). Il tient souvent en main une canne, et porte une épée à la taille. Anderea est généralement vêtue d'une longue et élégante robe, d'un chapeau à larges bords et de chaussures, uniformément blancs[6].

Si auparavant les deux rôles étaient attribués à des garçons[7], c'est de nos jours toujours une fille qui interprète Anderea.

Rôle dans la mascarade modifier

Au sein de la troupe des « Rouges  » (gorriak), les personnages bien habillés qui représentent l'ordre et la société souletine, si Jauna et Anderea sont les personnages les plus respectables, ils n'ont pour autant qu'un rôle mineur dans la représentation. Ils marchent côte à côte en se tenant le bras ou la main[7], puis président immobiles la majeure partie du spectacle[8]. Quasiment muets, ils ne participent qu'à quelques danses[9], dont le branle (bralia).

L'acteur qui interprète Jauna est en général l'organisateur de la mascarade : il en gère les finances, la logistique[7], est responsable de son bon déroulement[10] et assure la communication avec les édiles des villages visités[7]. À midi, la tradition veut que le couple aille dîner chez le maire du village et lors du branle, Jauna invite à danser la jeune fille du public que cet édile lui a désignée comme la plus méritante[11].

Une scène de la mascarade montre les rémouleurs (Xorrotxak) affûter l'épée de Jauna ; dans une autre les chaudronniers (Kauterak) réparent son chaudron[12].

Parenté et interprétation modifier

Dans une lecture socio-politique des mascarades, Jauna représente l'homme de qualité, le gentilhomme du premier ordre souletin, le châtelain accompagné de sa dame, Anderea, suivi de leur troupe de vassaux. Le couple s'oppose ainsi symboliquement à celui que forment le paysan et la paysanne[13].

Une interprétation fait des mascarades non pas seulement un rite carnavalesque d'approche de la fin de l'hiver, mais aussi un rite de mariage[9] : dans les villages de France du XVIIIe siècle quatre mariages sur cinq étaient célébrés en janvier ou février[9]. Anderea, « pimpante et pleine de vie » dans sa robe de mariée, serait la véritable héroïne de la mascarade que Jauna vient présenter dans chaque quartier du village : elle figurerait simultanément la nouvelle année et une future mariée[9].

Bibliographie modifier

Références modifier

  1. a et b François Fourquet, La mascarade d'Ordiarp, Bayonne, Association de recherche sociale Ikerka, Ministère de la Culture. Direction du Patrimoine Ethnologique. Convention de recherche 31119-1983, , 108 p. (lire en ligne)
  2. Jaun dans le dictionnaire Elhuyar Hiztegia.
  3. Andere dans le dictionnaire Elhuyar Hiztegia.
  4. Etxekoandre dans le dictionnaire Elhuyar Hiztegia.
  5. Philippe Veyrin, Les Basques de Labourd, de Soule et de Basse Navarre : leur histoire et leurs traditions (monographie), Pau, Cairn [publié avec le concours du conseil régional et la direction régionale des Affaires culturelles de la région Aquitaine], [rééd.] (1re éd. Bayonne, Musée basque et de l'histoire de Bayonne, ), 347 p. (ISBN 9782350682617, OCLC 826784280, BNF 42791812, présentation en ligne), p. 284
  6. (eu) « Kantiniersa - Auñamendi Eusko Entziklopedia », sur aunamendi.eusko-ikaskuntza.eus (consulté le )
  7. a b c et d Guilcher 1984, p. 564.
  8. François Fourquet, La Mascarade d'Ordiarp, Ministère de la culture - Direction du patrimoine ethnologique, , 106 p. (lire en ligne)
  9. a b c et d Jean-Dominique Lajoux, Les Mascarades : Carnaval populaire de la Soule, Institut culturel basque, coll. « Les Cahiers de Sü Azia », , 55 p., « La Mascarade souletine », p. 21-26
  10. Marcel Bedaxagar, Les Mascarades : Carnaval populaire de la Soule, Institut culturel basque, coll. « Les Cahiers de Sü Azia », , 55 p., « Que sont les mascarades ? », p. 8
  11. Guilcher 1984, p. 593.
  12. Marcel Bedaxagar, Les Mascarades : Carnaval populaire de la Soule, Institut culturel basque, coll. « Les Cahiers de Sü Azia », , 55 p., « Que sont les mascarades ? », p. 10
  13. Guilcher 1984, p. 664.