Jean-Étienne Balguerie
Jean-Étienne Balguerie, dit Balguerie junior (Montpellier - Bordeaux ) est un capitaine de navire, armateur, négrier et homme politique français.
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Pierre Balguerie-Stuttenberg Jean-Isaac Balguerie Pierre Balguerie (d) |
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Famille
modifierJean-Étienne Balguerie est le fils de Jean Balguerie, négociant à Sète, protestant dont la famille est originaire de Clairac (Lot-et-Garonne), et de Marguerite Tarteyron, originaire de Ganges (Hérault)[1].
Il épouse en Anne Rion, fille du négociant Jean-Dominique Rion. Elle décède en 1793. Il se remarie la même année avec Sophie du Puy-Monbrun d'Aubignac, d'un famille protestante du Gard. Ils ont quatre enfants[2].
- Charles (1795-1867) marié avec Jeanne-Elisabeth Burète (1800-1887)
- Sophie (1801-1868) mariée en 1823 ou 1833 avec Jean-Louis Baour (1798-1873)
- Henriette (1802-1872) mariée en 1823 avec Henri Lawton (1799-1827)
- Mathilde (1808-1879)
Biographie
modifierCapitaine au long cours
modifierEn 1779, à 23 ans, il commande le Darcy vers la colonie française de Saint-Domingue.
De à , sur du navire l'Hippopotame, un navire de tonnage important (800 tonneaux) armé par Jean-Louis Baux, Barde, & Cie[3], il part pour une expédition de commerce vers la Chine en passant pour l'aller comme pour le retour par l'ile de France[3] et le Cap de Bonne Espérance [4].
Négociant, armateur et négrier
modifierEn 1786, en plein essor du commerce négrier du port de Bordeaux, il prend le commandement du navire l'Horizon, armée par Sageran et Gautier, qui déporte vers l'ile de France, Cabinde et le Cap Français 620 captifs noirs. C'est son dernier voyage comme capitaine au long cours. En 1793, il refuse le commandement d'un vaisseau militaire de 74 canons, «ne naviguant plus depuis cinq ans»[5].
En 1788, son capital se monte à 260.000 livres[1] (4 millions d'euros actuels[6]).
En septembre et octobre 1788, il s'associe à Jean-Louis Baux et expédie à la traite deux navires[3], le Chasseur vers le Mozambique, le Nélée vers Ambriz. De 1789 à 1791 il organise six autres armements vers le Mozambique.
Au mois de frimaire de l'an VII (nov-déc. 1795), il arme à Bordeaux le Grand Dalembert[7], corsaire chargé de marchandises, à destination des colonies françaises. Commandé par Étienne Sénac, subrécargue, après des escales à Porto-Rico, il rentre à Lorient le 8 janvier 1800, avec comme passager un corsaire Marie-Étienne Peltier.
Il participe à la guerre de course pendant la guerre avec l'Angleterre. À cette fin, il fait construire en 1798 à Bordeaux par les frères Courau un premier navire nommé Le Bordelais, qui s'emparera le 13 février 1799 du voilier neutre danois L' Antoinette. Mais Balguerie perd son procès devant le conseil des prises, sur le rapport de Portalis. En 1801 près de Madère, la frégate La Psyché (36 canons), armée pour son compte, capture le Sally of London, navire de traite anglais. Il arme aussi La Psyché (36 canons) en 1801, La Revanche (16 canons) en 1807, La Vénus (construite par les frères Courau) en 1811.
En 1803, un an après le rétablissement de l'esclavage par Napoléon, aboli par la Convention montagnarde en 1794, il arme une expédition négrière par l'Angole vers Saint-Thomas (iles Vierges) durant laquelle son navire, Le Grand-d'Alembert, est capturé par les Anglais[3].
En 1805, Balguerie acquiert le domaine Bonnefont à Talence[8]. Il y fait construire par l'architecte Armand Corcelles le château Bonnefont à l'entrée de l'actuel domaine universitaire de Talence[9],[10].
De 1816 à 1819, son navire le Bordelais effectue le tour du monde. Le navire est commandé par Camille de Roquefeuil-Cahuzac (1781 - 1831). Il fait un tour du monde en trente-six mois (première circumnavigation française après la Révolution) pour ouvrir de nouvelles voies commerciales à la métropole aquitaine. Le récit de son voyage traduit en anglais, allemand et espagnol connait un succès d'édition[11]. Balguerie reçoit à cette occasion la Légion d'honneur[12].
En 1827, il constitue une nouvelle société avec son fils Charles[1].
Il est député de 1827 à 1830 après son élection dans le 3e arrondissement de la Gironde (Blaye). Il se situe au centre gauche et vote avec les constitutionnels. En 1830, il se démet de ses fonctions législatives.
Il décède en 1831[13], laissant à ses héritiers une fortune d'environ 750.000 francs, dont un hôtel particulier, 7 place du Champ-de-Mars, et le domaine viticole de Villambis à Cissac-Médoc, acheté en 1793[1].
Aux XXe et XXIe s., il a de nombreux descendants, notamment dans les familles Cruse et du Vivier de Faÿ Solignac, mais aucun ne porte son nom. La famille Balguerie est toujours représentée de nos jours par les descendants d'une autre branche, celle d'Alfred Balguerie (1892-1974)[14], qui fonde dans les années 1930 l'entreprise Balguerie de transports maritimes, aériens et terrestres. Cette société demeure encore aujourd'hui une société familiale très active[15].
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Séverine Pacteau de Luze, « Jean-Étienne Balguerie », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 138-139 (ISBN 978-2846211901)
- « Jean-Étienne Balguerie », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
- René Cruchet, « Le Voyage en Chine de Balguerie junior (1783-1785) », Revue historique de Bordeaux et de la Gironde, , p. 213-236
- Tugdual de Langlais, Marie-Étienne Peltier, Capitaine corsaire de la République, Éd. Coiffard, Nantes, 2017, 240 p. (ISBN 9782919339471).
- Éric Saugera, Bordeaux port négrier (XVIIe – XIXe siècles), Paris, Éditions Karthala, (1re éd. 1995), 384 p. (ISBN 978-2-8111-4623-8)
Article connexe
modifierLiens externes
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- Ressources relatives à la vie publique :
Notes et références
modifier- Éric Saugera, Bordeaux port négrier (XVIIe – XIXe siècles), Paris, Éditions Karthala, , 384 p. (ISBN 978-2-8111-4623-8, lire en ligne), page 264
- Généalogie de Jean-Étienne Balguerie
- Eric Saugera, Bordeaux port négrier XVIIe – XIXe siècles, Karthala, , p. 104
- J. P. Poussou, dans Le voyage du "Bordelais" et le commerce des fourrures du Nord-Ouest américain : une tentative de rénovation du commerce bordelais au début de la Restauration, in Négoce, ports et océans XVIe – XIXe siècle de Silvia Marzagalli et Hubert Bonin, Presses universitaires de Bordeaux, 2000, p. 306, note 16, affirme à tort que Balguerie junior aurait fait, avant Étienne Marchand, le tour du monde sur l'Hippocampe de 1783 à 1785. Le navire a fait route, pour l'aller comme pour le retour par l'ile de France et le Cap de Bonne Espérance, comme l'atteste son journal de bord pour l'aller et le Journal de Guienne qui signale le passage de l'Hippopotame à l'Ile de france sur la route du retour le 8 septembre 1784, et à Cadix le 6 octobre 1784. (cf. R. Cruchet, Le voyage en Chine..., 1952.)
- René Cruchet, « Le Voyage en Chine de Balguerie junior (1783-1785) », Revue historique de Bordeaux et de la Gironde, , p. 233
- « Convertisseur de monnaie d'Ancien Régime - Livres - euros », sur convertisseur-monnaie-ancienne.fr (consulté le )
- AD L-A, art 337, Désarmement du Grand Dalembert.
- Bordeaux, campus de Talence, Pessac, Gradignan - Guide de recommandations, septembre 2011
- Inventaire en Aquitaine : Les maisons de campagne autour de Bordeaux, à partir de 1805
- Château Bonnefont
- "Journal d'un voyage autour du monde" par Camille de Roquefeuil, 1823 version française chez Ponthieu, Lesage et Gide.
- Éric Saugera, Bordeaux : Port négrièr
- Biographie de Balguerie junior sur le site de l'Assemblée nationale
- Martine Belliard, « Généalogie d'Alfred Balguerie », sur .geneanet.org (consulté le )
- « Historique de la SAS Balguerie », sur balguerie.com (consulté le )