Jean-Chrysostôme Bruneteau de Sainte-Suzanne

général français

Jean-Chrysostôme Bruneteau de Sainte-Suzanne, né le à Poivres, mort par suicide le à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), est un général français de la Révolution et de l’Empire. Prénommé parfois par erreur Alexandre-François-Chrysostôme[2].

Biographie

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Les Guerres de la Révolution

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Entré cadet gentilhomme au régiment d'Anjou le , il est réformé en 1791. Le de la même année il est nommé sous-lieutenant au même corps, où il devient adjudant-major, puis capitaine le .

Il est suspendu de ses fonctions militaires comme noble le . À cette dernière époque il a fait la campagne de 1792 à l'armée du Rhin, celle de 1793 aux armées du Nord et du Rhin, et il s'est trouvé à la prise de Spire et de Mayence en 1792, au blocus de Dunkerque en 1793 et à celui de Maubeuge. Il est aux affaires près de Landau, aux combats de la Chapelle-Sainte-Anne et de Cassel en 1795.

On le réintégre dans son grade de capitaine en , et il est classé comme tel dans le 3e bataillon des Pyrénées-Orientales. Ce bataillon étant entré dans la composition de la 5e demi-brigade d'infanterie en , le capitaine de Sainte-Suzanne est mis à la suite de ce corps avec lequel il fait la campagne d'Italie (1796-1797). Il se trouve aux batailles du Pont d'Arcole, de Rivoli, et de la Favorite.

Nommé adjoint aux adjudants-généraux le , il est employé cette année-là à l'armée de l'Ouest. Il passe à l'armée d'Italie en 1799 et combat à Jeacomo et à Cassano. Il se distingue à Novi, où il est fait chef de bataillon sur le champ de bataille le . Employé à l'armée du Rhin, il participe aux batailles et combats d'Engen, de Moeskirch, de Biberach, de Nortlingen, d'Unterhausen et d'Hohenlinden, en 1800, au passage de l'Inn et à Laubach en 1801.

À l'Île Bonaparte

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Le , on le nomme chef de brigade commandant l'infanterie de l'expédition destinée pour l'Inde. Le même mois, il prend part à plusieurs combats livrés ou soutenus par la flottille de Boulogne.

Il s'embarque pour les Indes orientales le , débarque à l'Île de France le suivant, et y fait les campagnes jusqu'en 1805. Il est colonel du régiment de l'Île de France depuis le de cette dernière année, lorsqu'on le nomme commandant de l'Île Bonaparte le 7 octobre 1809. Pour rassurer la population à la suite de l'attaque de Saint-Paul et du suicide de son précédent, il adresse une proclamation à la population le 9 octobre [3].

L'île qui a déjà eu à subir des catastrophes naturelles exceptionnelles qui ravagent toutes les cultures de café et de giroflier en 1807, est devenue depuis la victime du blocus de la flotte britannique en 1808, puis de débarquements ennemis d'abord à Sainte-Rose (ils sont repoussés par la garde nationale de Saint-Benoît, puis à Saint-Paul où les britanniques se retirent immédiatement ()). Afin de redonner confiance à une colonie dans le désarroi le plus complet le général Decean nomme Sainte Suzanne pour succéder au général Des Brulys comme commandant de l'île.

Dès son débarquement sur l'île, Sainte Suzanne y adresse à la population une énergique proclamation, accueilli avec enthousiasme. Hélas, le colonel ne peut néanmoins accomplir des miracles avec les moyens à sa disposition (300 hommes de troupes de ligne, et 500 gardes nationales mobiles) face à des anglais, « maîtres des mers » et déterminés à mettre fin à la présence française dans les Mascareignes.

Le 7 juillet 1810, une expédition anglaise comprenant 60 voiles, 800 matelots et 7 000 hommes de débarquement était au large de Saint-Denis : les troupes anglaises débarquent à la Rivière des Pluies et à la Grande Chaloupe afin de prendre Saint-Denis en tenaille[4]. Sainte-Suzanne refuse de se rendre aux premières sommations qui lui sont faites. Le lendemain, après d'énergiques et glorieux combats, l'ultime affrontement a lieu sur le plateau de la Redoute[5]. La garnison tente d'arrêter là les troupes anglaises qui descendent de la Montagne.

N'ayant ni places fortes ni vaisseaux pour protéger la défense de l'île, il en dispute néanmoins le terrain pied à pied, et ne la rend qu'après avoir perdu l'élite de sa petite troupe, et lorsque l'ennemi s'est rendu maître de la moitié de la ville de Saint-Denis, place ouverte et chef-lieu de l'île. Les combats sont sanglants et l'issue fatale acquise : après avoir entendu à 17 heures les rapports des chefs de service et des commandants de poste sur la situation la décision est prise de proposer au commandant anglais une capitulation. Cette capitulation signée à 18 heures, au 133 de la rue Saint-Joseph (maison appartenant à Claude Dubourg, 1759-1811, conseiller municipal du 1er maire de Saint Denis, Delestrac), faite en cette circonstance est des plus honorables, et jugée telle par une commission d'enquête, qui approuve la conduite qu'a tenue le colonel de Sainte-Suzanne.

Les officiers anglais saluent la bravoure, et qualifient Sainte-Suzanne de « meilleur officier des Français dans l'Inde ».

Les Guerres napoléoniennes

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Il rentre en France le , est nommé colonel du 29e régiment d'infanterie légère le et chevalier de la Légion d'honneur le suivant. Employé à la Grande armée en 1812, il fait la campagne de Russie, se trouve aux batailles de Czaśniki et de Smolensk (1812), ainsi qu'à l'affaire de Borisow. Il est fait prisonnier de guerre au passage de la Bérézina le .

Il ne rentre en France que le . Le roi le nomme maréchal de camp le suivant, chevalier de Saint-Louis le et commandant de la place de Landau le de la même année.

Lors du retour de Bonaparte, il accepte le commandement de Schlettstadt le . Bloqué par des troupes saxonnes et les wurtembergeoises, fortes de 8 000 à 9 000 hommes (à qui il oppose seulement 4 000 hommes, presque tous de la Garde nationale) et commandées par les généraux Stoctmayer et Lecoq, il repousse deux attaques très vives, et fait des sorties dans l'une lesquelles il s'empare du quartier-général ennemi à Châtenay. Refusant d'obtempérer aux sollicitations qui lui sont faites plusieurs fois de remettre la place aux troupes alliées, il ne la rend qu'au roi. Dans un ordre du jour donné à Landau le le Maréchal-Duc d'Albufera témoigne sa satisfaction des services que le général de brigade de Sainte-Suzanne a rendu dans cette place.

Fait officier de la Légion d'honneur le , Sa Majesté lui donne le commandement du département de la Corrèze le 25 du même mois, puis de la 2e subdivision de la 19e division militaire le .

En apprenant la Révolution de 1830, le successeur du général Des Brulys à La Réunion se « brûla à son tour la cervelle » le à Clermont-Ferrand.

En 1836, le maréchal de camp Duvivier demande que son nom soit inscrit sur l'Arc de triomphe.

Vie familiale

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Issu d'une famille de petite noblesse champenoise, il est le fils de Louis Gilles de Bruneteau de Sainte Suzanne et Françoise de La Mothe d'Haucourt. Sa fratrie se compose de :

Il se marie le avec Louise Elisabeth de Rossel, dont :

  • Alexandre François Chrysostôme de Bruneteau de Sainte Suzanne (né le - Paris), 2e baron de Sainte-Suzanne (héritier des titre et dotation de son oncle Pierre Antoine par lettres patentes du ).

État de services

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  • Entré au service comme cadet-gentilhomme au régiment d'Anjou le  ;
  • Réformé en 1791 ;
  • Rappelé au service au régiment d'Anjou-Infanterie ;
  • Sous-lieutenant le  ;
  • Lieutenant le  ;
  • Adjudant-major le  ;
  • Capitaine le  ;
  • Suspendu de ses fonctions comme noble le  ;
  • Réintégré dans son grade de capitaine en et employé dans le 3e bataillon des Pyrénées-Orientales ;
  • Capitaine dans la 5e demi-brigade d'infanterie en  ;
  • Adjoint aux adjudants-généraux le  ;
  • Nommé chef de bataillon à titre provisoire sur le champ de bataille de Novi le  ;
  • Confirmé chef de bataillon le .
  • Chef de brigade le  ;
  • Chef de brigade, commandant l'infanterie de l'expédition destinée pour l'Inde le .
  • Colonel du régiment de l'Île de France le  ;
  • Commandant militaire de l'Île Bonaparte ( - ) ;
  • Colonel du 29e régiment d'infanterie légère le  ;
  • Nommé par le roi maréchal de camp le .
  • Commandant de la place de Landau ( - ) ;
  • Commandant de la place de Sélestat ( - ) ;
  • Général de brigade par décret impérial du  ;
  • Mis en non-activité le , à la seconde Restauration ;
  • Commandant du département de la Corrèze ( -  ;
  • Mis en non-activité le  ;
  • Rappelé au service et nommé par le roi, commandant du département de la Corrèze ( - ) ;
  • Commandant de la 2e subdivision de la 19e division militaire ( - ) ;
  • Commandant de la 3e subdivision de la 19e division militaire (Puy-de-Dôme et Cantal) le  ;
  • Commandant de la 2e subdivision de la 19e division militaire ( - , date de son suicide).

Campagnes et faits d'armes

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Décorations

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Hommage, honneurs, mentions, …

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Autres fonctions

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Figure Blasonnement
Armes du baron Bruneteau de Sainte-Suzanne et de l'Empire

D’azur au lion d’or surmonté d’une étoile d’argent et flanqué de deux colonnes du même, au franc-quartier senestre des barons militaires de l’Empire de gueules chargé d’une épée haute d’argent.[7]

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. (Vicomte Albert Révérend) ou Christophe (fichier CARAN, Archives nationales françaises), Jean-Chrysostôme est souvent désigné à tort comme le fils de Gilles Joseph Martin Bruneteau de Sainte Suzanne mais leur écart d'âge (13 ans) est insuffisant
  3. « Jean-Chrysostôme Bruneteau de Sainte-Suzanne », sur Mi aime a ou (consulté le )
  4. « La Redoute : une bataille, une défaite, cinq ans d’occupation anglaise », sur Le Quotidien de la Réunion et de l'Océan indien, (consulté le )
  5. Fabrice Floch, « La Réunion : le fortin de La Redoute au coeur de l'histoire de La Réunion et de l'île Maurice », sur 1ere.francetvinfo.fr/reunion, (consulté le )
  6. « Chrysostome Brunetteau de Sainte-Suzanne - Gouverneur de l'île », sur Île de la Réunion (consulté le )
  7. Source : lesapn.forumactif.fr, Les Amis du Patrimoine Napoléonien