Jean-François Mercurio

Jean-François Mercurio en signant

Biographie
Naissance	23 mars 1956 Burdeau (Algérie)
Décès	20 juillet 1990 (à 34 ans) Poitiers^{[réf. nécessaire]} (France)
Nationalité	Français
Activité	Militant

Autres informations
Site web	jean-francois-mercurio.blogspot.fr

Jean-François Mercurio est un militant sourd français, né le 23 mars 1956 à Burdeau en Algérie et mort le 20 juillet 1990 à Poitiers^{[réf. nécessaire]} en France. Il a été directeur du Service d'Éducation Bilingue de Poitiers et président du colloque international sur la langue des signes à Poitiers en 1990.

Il est connu pour avoir cassé une prothèse auditive avec un marteau devant le public au moment de l'inauguration d'un colloque sur la langue des signes en 1990^[1].

Biographie modifier

Enfance et études modifier

Jean-François Mercurio naît sourd le 23 mars 1956 à Burdeau en Algérie. Il a une sœur aînée sourde et une seconde sœur, entendante^[2]. Sa famille quitte l'Algérie pour la France dans les années 1960. Passionné par le football, il rejoint l'équipe de l'Association sportive des sourds toulousains, dont il est le président pendant une année.

En 1982, il fait un stage de langue des signes française, organisé par l'Association nationale Deux langues pour une éducation (2LPE) à Marseille. Il est surpris d'y voir un professeur sourd. Depuis la naissance de sa fille en 1983, également sourde, Jean-François Mercurio décide de se battre pour la communauté sourde, et surtout pour sa fille. En 1984, il accepte de devenir professeur à l'école bilingue de Poitiers où il exercera durant six ans.

Combat modifier

En 1985, le groupe 2LPE d'Orléans, dont les deux seuls membres sont Raymond Barberot et Bernard Truffant, organise une conférence de Jean-François Mercurio à Orléans^[3].

Colloque international sur la langue des signes modifier

Le Colloque international sur la langue des signes se déroule du 9 au 13 juillet 1990 à Poitiers, au Futuroscope^[4]. Jean-François l'organise avec des professionnels et des sourds.

Au moment de l'inauguration du colloque, Jean-François fait un discours et, au lieu de couper le ruban rouge de la cérémonie, casse une prothèse auditive avec un marteau pour évoquer le principal problème : la surmédicalisation de la surdité, déclarant : « Je vais casser des appareils pour nous libérer symboliquement et nous rendre notre langue afin que nous puissions nous exprimer librement pendant le colloque »^[5]. Le sociologue Sylvain Kerbourc'h^{[Note 1]} cite et souligne à ce propos l'analyse publiée dans le journal Écho de Famille : « Ce geste symbolique a peut-être été mal compris. Il ne s'agit pas d'une opposition à l'appareillage des sourds, mais d'une protestation contre l'importance excessive que prend l'aspect médical de la surdité au détriment du reste : des réalités humaines et en particulier de la place de la Langue des signes la première^[6]. » Pour Agnès Millet^{[Note 2]}, « ce geste est inscrit dans la mémoire collective sourde comme le symbole d'une révolte identitaire - et communautaire^[7]. »

Le 20 juillet 1990, seulement sept jours après la fermeture du colloque, « Jean-François Mercurio, une des grandes figures du monde sourd^{[Selon qui ?]}, directeur de l'école bilingue de Poitiers et principal organisateur du colloque, se suicide. La communauté en est profondément traumatisée^[8] ».

Vie privée modifier

Jean-François a deux filles sourdes : Sophie et Sandy.

Aujourd'hui modifier

Jean-François Mercurio est un représentant des aspirations des militants^[9] pour la communauté sourde.

Citation modifier

Il disait : « Nous devons nous inspirer des enfants. Ils sont notre force pour continuer à combattre et à avancer (…) C'est en débattant des questions éducatives que nous trouverons des solutions politiques »^[9].
Et il s'exprime pendant le colloque international : « J'ai remarqué qu'ici beaucoup de personnes se préoccupent de notre oreille sans me regarder en face. »^[10]

Publications modifier

« L'éveil de l'enfant sourd à la communication », Surdité, identité, langage. De nouvelles pistes pour l'enfant sourd, Institut pour le développement de l'audition et de la communication, 1990.

Vidéos sur Jean-François Mercurio modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

↑ Sylvain Kerbourc'h, CADIS (UMR 8039, CNRS-EHESS).
↑ Agnès Millet, Université Stendhal-Grenoble 3, Professeur émérite.

Références modifier

↑ Jean-François Mercurio Fiche sur www.cis.gouv.fr, Centre d'information sur la surdité, mise à jour le 6 avril 2011, relu le 27 décembre 2013.
↑ un extrait de témoignage de sa sœur aîné dans le film document JFM Jean-François Mercurio réalisé par Jacques Sangla, en DVD produit par VidéoSignes
↑ L’Écho Magazine, le mensuel des sourds n^o 805, novembre 2013, p. 8.
↑ « Blog officiel de Jean-François Mercurio » (consulté le 22 novembre 2013).
↑ « Jean-François Mercurio », sur blogspot.fr (consulté le 22 septembre 2020).
↑ Écho de Famille, n^o 574, 1990, cité par Sylvain Kerbourc'h, Mouvement sourd (1970-2006): De la Langue des Signes française à la reconnaissance sociale des sourds, L'Harmattan, 2012, 250 p., note 1 p. 181.
↑ Agnès Millet, « Surdité et plurilinguisme : fragilité des constructions identitaires », in Pierre Martinez (dir.), Danièle Moore (dir.), Valérie Spaëth (dir.), Plurilinguismes et enseignement: identités en construction, Riveneuve, 2008, 211 p., p. 66.
↑ Paul Jouison, Écrits sur la langue des signes français, L'Harmattan, 1996, 250 p., p. 30.
↑ ^{a et b} L’Écho Magazine, le mensuel des sourds N^o 787 - Janvier 2012, page 5
↑ Yves Delaporte, Les sourds, c'est comme ça : Ethnologie de la surdimutité, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, coll. « Ethnologie de la France », 2002, 398 p. (ISBN 978-2-7351-0935-7, lire en ligne), Page 92.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Presse écrite modifier

Sylvie Steinebach, « Les sourds brisent leur silence », L'Humanité,‎ 17 juillet 1990 (lire en ligne)
[PDF] « DVD - Jean-François Mercurio », Art'Pi,‎ juin-octobre 2011, p. 16 (lire en ligne)

Ouvrages modifier

Patrice Gicquel, Il était une fois… les sourds français, Paris, Éditions Books on Demand, 2011, 208 p. (ISBN 978-2-8106-1306-9)
Sylvain Kerbourc'h, Mouvement sourd (1970-2006) : De la Langue des Signes française à la reconnaissance sociale des sourds, Éditions L'Harmattan, 2012, 250 p. (ISBN 978-2-296-49035-2, lire en ligne)

Documentaire modifier

L'Œil et la Main, émission sur France 5 : Histoire : Jean-François Mercurio, naissance d'un combat, documentaire diffusé le 22 mai 2005 et réalisé par Sophie Bergé-Fino
JFM Jean-François Mercurio réalisé par Jacques Sangla, en DVD produit par VidéoSignes (témoignages et des vidéos filmé sur jean-François)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Site officiel
Olivier Calcada, « Hommage à Jean-François Mercurio pour le 20^e anniversaire de sa disparition », sur Websourd, 10 septembre 2010.
« Jean-François Mercurio », sur www.cis.gouv.fr, Centre d'Information sur la Surdité (CIS).

[6] Sylvain Kerbourc'h, CADIS (UMR 8039, CNRS-EHESS).

[8] Agnès Millet, Université Stendhal-Grenoble 3, Professeur émérite.

[1] Jean-François Mercurio Fiche sur www.cis.gouv.fr, Centre d'information sur la surdité, mise à jour le 6 avril 2011, relu le 27 décembre 2013.

[2] un extrait de témoignage de sa sœur aîné dans le film document JFM Jean-François Mercurio réalisé par Jacques Sangla, en DVD produit par VidéoSignes

[3] L’Écho Magazine, le mensuel des sourds n^o 805, novembre 2013, p. 8.

[4] « Blog officiel de Jean-François Mercurio » (consulté le 22 novembre 2013).

[5] « Jean-François Mercurio », sur blogspot.fr (consulté le 22 septembre 2020).

[7] Écho de Famille, n^o 574, 1990, cité par Sylvain Kerbourc'h, Mouvement sourd (1970-2006): De la Langue des Signes française à la reconnaissance sociale des sourds, L'Harmattan, 2012, 250 p., note 1 p. 181.

[9] Agnès Millet, « Surdité et plurilinguisme : fragilité des constructions identitaires », in Pierre Martinez (dir.), Danièle Moore (dir.), Valérie Spaëth (dir.), Plurilinguismes et enseignement: identités en construction, Riveneuve, 2008, 211 p., p. 66.

[10] Paul Jouison, Écrits sur la langue des signes français, L'Harmattan, 1996, 250 p., p. 30.

[écho-11] {a et b} L’Écho Magazine, le mensuel des sourds N^o 787 - Janvier 2012, page 5

[12] Yves Delaporte, Les sourds, c'est comme ça : Ethnologie de la surdimutité, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, coll. « Ethnologie de la France », 2002, 398 p. (ISBN 978-2-7351-0935-7, lire en ligne), Page 92.

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