Jean-Jérôme Colonna

Jean-Jérôme Colonna, dit « Jean-Jé », de son vrai nom Jean-Baptiste Jérôme, né le à Sartène (Corse) et mort dans un accident de voiture en Corse-du-Sud le , est un parrain présumé de la Corse-du-Sud.

Jean-Jérôme Colonna
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 67 ans)
Serra-di-Ferro (ou environs)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant
Julien Colonna (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

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Famille

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En 2024, son fils Julien Colonna réalise le film de long-métrage Le Royaume, dont le scénario est compatible avec la vie de Jean-Jérôme Colonna. Selon le journal Le Monde « tout le monde en Corse a fait le lien entre le jeune cinéaste et son père »[1], Julien Colonna ne dément pas, mais insiste sur le côté universel de cette histoire, et que le film est par ailleurs centré sur la relation filiale, le banditisme n'étant qu'une toile de fond[2].

Légende du milieu corse, il ne participa pas à la guerre du Combinatie parce que trop jeune. Mais son père, Jacques Colonna, un marchand d'huile, a été tué devant ses yeux à Ajaccio alors qu'il sortait de chez lui impasse Davin le probablement parce que les tueurs envoyés par Planche Paolini ne pouvaient atteindre son oncle Jean Colonna, futur maire de Pila-Canale en Corse-du-Sud. Jean-Jérôme Colonna dit « Jean-Jé » avait à l'époque 16 ans.

Ayant appris le jour de ses 21 ans que les assassins de son père vivaient encore, il se consacra, durant une dizaine d'années, à poursuivre les assassins de son père et à les tuer un à un, incarnant pour certains Corses le « bandit d'honneur » qui agit par sens du devoir familial. « Je ne suis ni fier ni honteux de ce que j'ai fait » confessera-t-il en au mensuel Corsica, dans la seule interview qu'il ait jamais donnée[3].

Trafic de stupéfiants

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Le nom de Jean-Jé apparaît en tête de liste des suspects, avec une demi-douzaine de comparses. En fait, son « affaire » arrive près de cinq ans après celle de la French Connection mais il est dénoncé à la DEA américaine par un ancien de ce réseau Michel Nicoli contre la promesse d'une libération rapide. Michel Nicoli deviendra d'ailleurs une taupe appointée du service anti-drogue américain. Il était surtout l'ami d'un des assassins du père de Jean-Jé Colonna et avait promis de tuer ce dernier. Jean-Jé Colonna, en réponse, avait tenté de l'assassiner à Rome. Sans succès. Condamné à mort en France pour l'assassinat d'un membre des forces de l'ordre, Michel Nicoli s'était réfugié en Argentine d'où il avait été extradé vers les États-Unis où il avait passé un marché avec la DEA. À l'automne 1974, le patron des stups de Marseille, le commissaire Lucien Aimé-Blanc, reçoit ces informations et vérifie le tout. Le juge René Saurel, spécialiste de la French Connection, dirige l'instruction. Filatures et témoignages concordent. Le , Jean-Jé est arrêté, puis inculpé pour trafic de stupéfiants, avec ses amis. Craignant de porter le chapeau de cette affaire, après une incarcération de 6 mois, Jean-Jé se fait hospitaliser à l'Hôtel-Dieu en simulant une tentative de suicide au couteau et se fait la belle en pyjama en [3].

Il se réfugie sous un faux patronyme au Brésil, aux États-Unis, sans oublier quelques discrets séjours à Marseille et en Corse, où il garde de précieux appuis. Ses ex-complices comparaissent pour trafic de stupéfiants à Marseille le . Ils écopent de 10 à 15 ans de prison pour infraction à la législation sur les stupéfiants. Les juges sont encore plus sévères avec l'homme en fuite, Jean-Jé, condamné par défaut à 17 ans de prison. Cette condamnation est motivée par le fait « d'être un organisateur au sommet, ayant tiré un bénéfice financier du trafic, objet de très mauvais renseignements, joueur, ne mérite aucune indulgence. »

En appel, la cour d'appel d'Aix-en-Provence se penche sur cette affaire en . Les peines des complices de Colonna sont confirmées, voire alourdies. Contre toute attente, les magistrats ne se prononcent pas sur le cas de Jean-Jé, repoussant à plus tard l'examen de son dossier.

Puis, le temps passe, Colonna est toujours introuvable. La cour d'appel oublie curieusement de juger dans les délais légaux. La prescription de 10 ans s'applique. Sa première condamnation à 17 ans disparaît. Plus de trace dans son casier, désormais vierge. Le miracle judiciaire a eu lieu. C'est ainsi qu'il peut revenir en France vers la mi-1985.

Semi-retraite en Corse

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Rentré en Corse, plus personne ne peut le poursuivre. Il commence alors une seconde carrière de chef de clan. Officiellement peu actif, il aide son épouse qui gère des supérettes. Habitant Abbartello, il était un proche de l'ancien maire de Pila Canale, Robert Feliciaggi, abattu sur le parking de l'aéroport d'Ajaccio en , possiblement première victime de la guerre qui allait faire rage à Ajaccio entre bandes rivales.

Rapport Glavany en 1998

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Le rapport (dit « rapport Glavany ») remis en par la commission d'enquête parlementaire sur « l'utilisation des fonds publics et la gestion des services publics en Corse », présidée par Jean Glavany (PS), vraisemblablement influencé par l'homonymie du patronyme Colonna avec l'assassin du préfet Érignac, le qualifiait de « seul véritable parrain », influent et incontournable dans l'île faisant peu de cas de la Brise de Mer bastiaise. Jean-Jé Colonna s'est toujours défendu de ce qualificatif, assurant n'être qu'un « juge de paix » arbitrant les conflits. Une assertion qui lui vaudra d'être mis sur surveillance, sans grandes suites par les services de police en . Ce qui le poussera à affirmer dans le mensuel Corsica[4] en « Je ne suis pas le parrain de la Corse »[3] alors que les médias le présentent pourtant comme le « dernier parrain corse »[5],[6].

Mise en accusation

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Poursuivi en 2002 pour des prises d'intérêt occultes, il entre en cavale durant deux ans, avant de se présenter au procès. À l'issue du procès en , puis de l'appel en 2005, il sera en définitive lavé de tous les chefs de mise en examen à l'exception d'un seul (emploi fictif) qui lui vaudra 3 ans de prison dont six mois ferme et 330 000 euros d'amende : être employé à raison de 1 500 euros par mois… par sa propre épouse gérante d'une supérette SPAR au lieu-dit Abbartello. Il s'était pourvu en cassation. S'il avait été condamné, cela aurait été la seule condamnation inscrite à son casier judiciaire[3].

Décès

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Le , Jean-Jérôme Colonna roulait près de Porto-Pollo (Corse-du-Sud), lorsque son véhicule a percuté le parapet d'un petit pont puis a effectué une sortie de route au niveau d'un pont et s'est encastré contre la pile gauche du pont avant de s'enflammer[7].

L'absence de traces de freinage a intrigué les policiers. Puis le décès fut ensuite attribué à un malaise cardiaque précédant la sortie de route.

Cependant, début , le quotidien Le Monde faisait état de plusieurs éléments de l'enquête en cours remettant en doute une mort naturelle. L'expertise mécanique du véhicule aurait mis au jour la présence d'un élément mécanique étranger au moteur. Cette pièce aurait comporté des traces d'un composant chimique pouvant entrer dans la composition d'un explosif « brisant ». L'examen autoptique a révélé une absence de « lésion » et « un muscle cardiaque en parfaite santé ».

Cependant, les conclusions de l'enquête scientifique de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont contredit l'hypothèse d'un attentat. Le tube « étranger » serait en réalité un élément du climatiseur de la voiture. Le morceau de tuyau aurait de surcroît été retrouvé déformé par la chaleur et n'aurait donc pas explosé. Les nitrates détectés sont utilisés dans les appareils électriques et électroniques, ils émanent donc très probablement de la climatisation elle-même.

Son décès va entraîner un déséquilibre important dans le milieu corse ; à partir de 2006 les règlements de compte vont crescendo notamment après des meurtres commis au sein de la bande bastiaise de la Brise de Mer et le passage d'un de ses membres vers le Petit Bar ajaccien. Dès lors vont se conjuguer les règlements de compte relevant du seul pays ajaccien et ceux impliquant les factions rivales de la puissante Brise de Mer.

Notes et références

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  1. « Un film dans l’ombre d’un père, « Jean-Jé » Colonna, parrain corse », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Julien Colonna, pour son premier film "Le Royaume" - "Nouvelles têtes", France Inter (, 8:18 minutes), consulté le
  3. a b c et d « Le juge Duchaîne se déchaine » sur bakchich.info.
  4. L'entretien presque intégral paru dans le journal Le Monde le 7 août 2002: https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/08/07/jean-je-colonna-ancien-truand-mais-toujours-corse-d-honneur_286765_1819218.html L'entretien intégral sur cette page: https://france.corse.narkive.com/r6BU3P4I/hommage-a-colonna
  5. « Jean-Jérôme Colonna :obsèques d'un parrain », sur Le Nouvel Obs,
  6. « La justice enquête sur l’accident de Jean-Jé Colonna », sur Le Figaro, .
  7. (fr) « Le "parrain" de l'île se tue dans un accident » sur lefigaro.fr.

Voir aussi

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Sources et bibliographie

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  • Requiem for a Colonna, bakchich.info,
  • « Mort du "parrain" corse Jean-Jérôme Colonna », nouvelobs.com,
  • Fin de cavale pour "Jean-Jé" à la veille d'un procès pour emplois fictifs, AFP,
  • Mandat d'arrêt contre Jean-Jé Colonna, Nouvel Observateur,
  • Nécrologie : "Jean-Jé" Colonna, Le Monde,
  • Un rapport d'enquête met en lumière les irrégularités financières de la Cadec, Le Monde,
  • Corse : « L'émergence d'un système pré-mafieux », Le Monde,
  • La mort de "Jean-Jé" Colonna, parrain corse, ne serait pas accidentelle, Le Monde,
  • Corse : Jean-Jé Colonna serait bien mort accidentellement, Le Figaro,