Jean-Jacques Isle de Beauchaine

Jean-Jacques Isle, dit le chevalier Isle, né à Pons le 13 septembre 1747 et mort dans son château de Cazeau à Saint-Paul (Gironde) le 8 août 1803[1], est un officier de la Marine royale ayant eu un rôle important et méconnu dans le développement de la Marine sous Louis XVI[2]. Il est issu d'une famille de marins parmi lesquels son oncle Henri-Zacharie Isle, sieur de Beauchesne (1718-1776)[3],[4],[5], chef d'escadre et directeur de l'Académie royale de marine. Sa famille est alliée notamment à la famille Aubert du Petit-Thouars, son neveu Louis-Henri Isle de Beaucheine, marquis d'Isle (1777-1870) ayant épousé Marie-Pauline Aubert de Boumois (1785-1859)[6].

Jean-Jacques Isle de Beauchaine
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 55 ans)
Saint-PaulVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean-Jacques Isle
Nationalité
Français
Formation
Activités
Officier de marine, scientifiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Henri Zacharie Isle de Beauchaine (d) (oncle)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Grade militaire
Distinction

Biographie modifier

Installée à Pons, la branche aînée de la famille Isle prit le nom Isle de BeauchEIne (jugement du Tribunal de Saintes 12/11/1895), la branche cadette conservant Isle de BeauchAIne. Les registres paroissiaux de Pons n'indiquent d'ailleurs que le nom Isle[3].

Jean-Jacques Isle naît à Pons le 13 septembre 1747, d'Henri Antoine Isle, sieur de Ballode, et de Jeanne Regnault de La Mothe, et est baptisé le jour-même[3],[7].

Il entre à l'École royale militaire, dont le premier intendant est Joseph Pâris Duverney, le 6 septembre 1756 et en sort le 1er janvier 1764. Il entre dans les gardes de la Marine à Rochefort le 16 janvier 1764. Il gardera des liens avec l'intendant[8],[9].

On le retrouve embarqué sur La Balance en 1766, L'Hippopotame en 1767 et L'Isis en 1768-1769. Ce dernier voyage part de La Rochelle en mai 1768[8] et revient à son point de départ en octobre 1769[9].

Le 15 novembre 1771, il est nommé enseigne de vaisseau[7]. Il sert sur Le Lévrier en 1771-1772[7].

Le 1er mai 1772, il est nommé lieutenant en second au 1er régiment de Bayonne[7]. Son oncle Henri-Zacharie est nommé capitaine au même régiment le même jour[4].

En 1774, il obtient une permission de rester à Paris deux ans pour suivre un cours d'astronomie et de physique[7].

Des ports de la Baltique aux ports français de l'ouest modifier

Note autographe en tête d'une lettre reçue en 1789 par le chevalier Isle

En 1775, il obtient la permission de passer à Copenhague et de voyager au Danemark[7]. Il semble habiter à Elseneur. Il est alors chargé par le ministre de la Marine, Antoine de Sartine, d'étudier les différents droits de douane des ports de la Baltique et d'étudier ces ports. Malgré les recommandations envoyées aux différents monarques[10], il n'est bien accueilli qu'en Suède[11] où il peut étudier les différents ports au début de l'année 1776. Un de ses rapports[12] montre aussi l'importance d'Elseneur où le consul de France est un étranger depuis 1697 : Jacop Hanssen puis son fils Jean-Georges Hanssen jusqu'en 1770 et probablement le fils de ce dernier, Conrad Hanssen. C'est donc à la suite de ce rapport qu'un premier Français, Guillaume-Simon Brosseronde (ca.1739-1820), y est nommé consul.

Pendant le printemps 1777, il embarque à bord du vaisseau de guerre danois Dannebrog pour Alger où il séjourne avant de revenir à Elseneur. Le ministre Sartine l'ayant su, il lui demande un rapport sur le voyage et la Régence d'Alger[13] qu'il trouvera intéressant[14],[15]. Il fera aussi un mémoire, tout aussi apprécié, sur la marine danoise[16].

Le 14 février 1778, il est promu lieutenant de vaisseau.

Il séjourne à nouveau au Danemark en 1779 et est embarqué sur Le Triton[7].

Le 1er avril 1780, il est détaché aux constructions, puis sert, en 1781, sur L'Iphigénie. Il est débarqué le 28 octobre 1781 à Tenerife (Îles Canaries) pour cause de maladie. Il y restera environ une année.

Le 10 février 1782, il est fait chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Il revient des Canaries en passant par Cadix et arrive à Toulon en juillet 1783.

Signature J.J.J. pour Jean-Jacques Isle

Il semble être passé alors par Rochefort puisque le 31 janvier 1784, le ministre de la Marine, Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries, le félicite pour sa méthode d'étamage des ferrures de gouvernail en cuivre utilisée là-bas[17]. Le 1er avril 1785 il acquiert la forteresse de Saint-Jean-d'Angle.

Le 16 décembre 1786, il est promu major de Vaisseau et le 27 janvier 1787, il est chargé de faire un rapport sur les travaux de la Barre de Bayonne dont le but est de redresser le cours de l'Adour afin qu'il s'ensable moins à son embouchure[18]. Cette mission prendra une tournure plus importante dès le 17 mars 1787 quand il est chargé de rédiger des mémoires sur les ports allant de Nantes à Saint-Jean-de-Luz. Il en rédigera 22[19]. Pendant ce travail, on lui demanda aussi de donner son avis sur le projet de canal de Pornic porté par le Marquis de Brie-Serrant[20] ou sur les travaux de la Tour de Cordouan[21]. On le charge aussi d'enquêter sur l'importance du clocher de l'église de Saint-Gilles-sur-Vie en Vendée[22]. En effet ce clocher s'est effondré à cause de la foudre le 12 février 1787 et la population demande au ministère de la Marine de payer les réparations car il servirait de repère aux marins. La rapidité de la reconstruction du clocher[23] semble montrer que le chevalier Isle a confirmé cela et que le ministère paya la restauration.

Ce long travail sur les ports des côtes fut rendu le 14 avril 1788 et fut particulièrement remarqué et félicité[19].

Le 10 janvier 1792 il est nommé capitaine de vaisseau.

Des travaux du port militaire de Cherbourg au Dépôt des cartes et plans modifier

Brouillon d'une lettre de Jean-Jacques Isle de Beauchaine à Anne-François d'Harcourt, duc de Beuvron daté du 9 novembre 1790

Il fut envoyé par le ministre de la Marine, César Henri de La Luzerne, à Cherbourg afin, dans un premier temps, d'y faire un « plan général des divers établissements qu’il sera nécessaire d’y former pour le service de la Marine »[24] dans le Port militaire de Cherbourg. Son travail prit ensuite de l'ampleur quand il fut chargé d'effectuer les sondes en mer. Il reçut notamment l'aide de Jean-Charles de Borda avec qui il fit la liste des instruments nécessaires à ces sondes. Il était donc aussi en rapport direct avec Anne-François d'Harcourt, gouverneur de Cherbourg, et son frère François-Henri d'Harcourt, gouverneur de Normandie.

Le 20 novembre 1790, il nommé inspecteur du Dépôt des plans et journaux de la Marine[7],[25] à la place du nouveau ministre de la Marine, Charles Pierre Claret de Fleurieu. Cela montre encore l'importance que le chevalier Isle eut dans la Marine à son époque.

Jean-Jacques Isle resta célibataire. Il avait, en 1773, été initié à la loge parisienne de l'Etoile polaire.

Sources : Archives de La Rochelle série E 262 à 273.

  • Jean-François Bascans, "Histoire des Isle 1336-1979" (Archives de La Rochelle cote MF 937).
  • Jean-François Bascans, "Le chevalier Isle, cartographe du roi", tapuscrit, Rosny-sous-Bois, 2019.

Notes et références modifier

  1. Etat civil Saint-Paul (Gironde)
  2. Olivier Chapuis, A la mer comme au ciel : Beautemps-Beaupré & la naissance de l'hydrographie moderne, 1700-1850 : l'émergence de la précision en navigation et dans la cartographie marine, Presses Paris Sorbonne, , 1068 p. (ISBN 978-2-84050-157-2, lire en ligne)
  3. a b et c « Table des registres paroissiaux de Pons », p. 13
  4. a et b « Ecole Navale / Espace tradition / Officiers célèbres », sur ecole.nav.traditions.free.fr (consulté le )
  5. « CTHS - ISLE BEAUCHAINE Henri d', Henri Zacharie », sur cths.fr (consulté le )
  6. « Généalogie de Louis Henry ÎSLE de BEAUCHAINE », sur Geneanet (consulté le )
  7. a b c d e f g et h « Ecole Navale / Espace tradition / Officiers célèbres », sur ecole.nav.traditions.free.fr (consulté le )
  8. a et b Joseph Parîs Duverney, Lettre au chevalier Isle, 12 mai 1768. Librairie Trois Plumes, Angers
  9. a et b Joseph Parîs Duverney, Lettre au chevalier Isle, 7 décembre 1769. Librairie Trois Plumes, Angers
  10. Charles Gravier de Vergennes, Lettre au chevalier Isle, 10 janvier 1776. Librairie Trois Plumes, Angers.
  11. Antoine de Sartine, Lettre au chevalier Isle, 23 septembre 1776. Librairie Trois Plumes, Angers.
  12. Antoine de Sartine, Lettre au chevalier Isle, 30 octobre 1775. Librairie Trois Plumes, Angers.
  13. Antoine de Sartine, Lettre au chevalier Isle, 26 mai 1777. Librairie Trois Plumes, Angers.
  14. Antoine de Sartine, Lettre au chevalier Isle, 1er septembre 1777. Librairie Trois Plumes, Angers.
  15. Antoine de Sartine, Lettre au chevalier Isle, 24 novembre 1777. Librairie Trois Plumes, Angers.
  16. Antoine de Sartine, Lettre au chevalier Isle, 21 décembre 1778. Librairie Trois Plumes, Angers.
  17. Maréchal de Castries, Lettre au chevalier Isle, 31 janvier 1784. Librairie Trois Plumes, Angers.
  18. Maréchal de Castries, Lettre au chevalier Isle, 27 janvier 1787. Librairie Trois Plumes, Angers
  19. a et b César-Henri de La Luzerne, Lettre au chevalier Isle, 19 juillet 1788. Librairie Trois Plumes, Angers.
  20. César-Henri de La Luzerne, Lettre au chevalier Isle, 7 avril 1787. Librairie Trois Plumes, Angers.
  21. César-Henri de La Luzerne, Lettre au chevalier Isle, 9 juin 1787. Librairie Trois Plumes, Angers.
  22. César-Henri de La Luzerne, Lettre au chevalier Isle, 28 avril 1787. Librairie Trois Plumes, Angers.
  23. « À PROPOS DE L’ÉGLISE DE SAINT-GILLES – Association VIE Vendée » (consulté le )
  24. César-Henri de La Luzerne, Lettre au chevalier Isle, 29 juin 1788. Librairie Trois Plumes, Angers.
  25. Charles-Pierre Claret de Fleurieu, Lettre au chevalier Isle, 20 novembre 1790. Librairie Trois Plumes, Angers.