Jean-Michel Bertrand

personnalité politique française

Jean-Michel Bertrand, né le à Baccarat (Meurthe-et-Moselle) et mort à 64 ans le à l'hôpital Saint-Louis de Paris, est un homme politique français.

Jean-Michel Bertrand
Illustration.
Jean-Michel Bertrand en 2008.
Fonctions
Député français

(5 ans)
Élection 16 juin 2002
Circonscription 1re de l'Ain
Législature XIIe (Cinquième République)
Groupe politique UMP
Prédécesseur André Godin
Successeur Xavier Breton
Maire de Bourg-en-Bresse

(6 ans, 10 mois et 25 jours)
Élection 18 mars 2001
Prédécesseur André Godin
Successeur Jean-François Debat
Conseiller régional de Rhône-Alpes

(1 an, 3 mois et 12 jours)

(2 ans, 7 mois et 14 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Baccarat (France)
Date de décès (à 64 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Nationalité Français
Parti politique UMP
Profession Pharmacien-biologiste
Résidence Bourg-en-Bresse

Jean-Michel Bertrand

Pharmacien-biologiste de formation, Jean-Michel Bertrand a été élu maire de Bourg-en-Bresse en 2001, puis député de la première circonscription de l'Ain en 2002 (XIIe législature). Membre de l'UMP, d'abord proche de Charles Millon, il se fait connaître par ses réalisations municipales, son fort caractère et son action en faveur de la sécurité routière.

Atteint d'une myélodysplasie, il avait décidé de ne pas se représenter à ses mandats de député (2007) et de maire (2008).

Notable à Bourg-en-Bresse

modifier

Un entrepreneur au Conseil municipal

modifier

Après des études de pharmacien-biologiste[1] Jean-Michel Bertrand, lauréat de l'Université[2], effectue son internat aux Hôpitaux de Nancy. Il reprend en 1970 le laboratoire Berger à Bourg-en-Bresse (rue Notre-Dame)[2],[3]. À partir de 1974 il préside la Jeune Chambre économique. Jean-Michel Bertrand s’intéresse à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire quand il rencontre Paul Barberot, alors maire de Bourg-en-Bresse[4].

Entré au RPR le [5], deux jours après la victoire de la gauche, puis créateur de l'Université inter-âges de l'Ain en 1983[3], il est élu pour la première fois conseiller municipal de Bourg-en-Bresse la même année sur la liste de Bernard Vuitton.

Particulièrement attaché au développement économique et au rayonnement de Bourg-en-Bresse[6], il siège au Conseil municipal jusqu'à sa mort ; soit comme membre de l’opposition municipale (1983-1989 puis 1995-2001), soit dans la majorité (1989-1995 puis 2001-2008).

À partir de 1989 Jean-Michel Bertrand devient le premier adjoint du radical-valoisien Paul Morin. En 1994, il est défait aux élections cantonales par le sortant socialiste Jean-Paul Rodet[3], puis l’année suivante la gauche remporte la mairie. Battu, le sortant Paul Morin s'éloigne et Jean-Michel Bertrand prend la tête de l’opposition municipale.

Un maire au caractère trempé

modifier
Une rue du centre-ville de Bourg-en-Bresse et la cathédrale.

Jean-Michel Bertrand est élu maire de Bourg-en-Bresse en 2001 après une campagne houleuse. Il s’impose tout d'abord comme candidat du RPR face au député et ancien maire de Pont d'Ain Jacques Boyon[7], puis lors de l'élection contre le député-maire PS André Godin alors que les sondages le donnent battu[8], au terme d'une campagne acharnée, agrémentée de rumeurs sur son adversaire[9]. Une fois maire, Jean-Michel Bertrand est désigné comme premier vice-président de la Communauté d'agglomération de Bourg-en-Bresse[3].

Catholique fervent, de caractère autoritaire[7] (il préfère parler de « volontarisme »)[3], ce travailleur[10] est quelquefois surnommé « le bulldozer de la Bresse » pour son action municipale, ou qualifié de bétonneur. Jean-Michel Bertrand était parfois dogmatique et polémique[11], et commit de fréquents dérapages verbaux, comme traiter de « lopettes » les membres de l'opposition municipale[12].

Son action à Bourg-en-Bresse

modifier

« Renforcer l’attractivité de Bourg »[13] a été le leitmotiv et la priorité de son mandat municipal. Pour renforcer son image locale, il n'avait pas hésité à provoquer de multiples visites ministérielles dans sa ville[14].

Polémiques locales et grands travaux

modifier

Au cours de son mandat, le nombre de logements construits par an passe de 70 à 330[15], tandis qu'un site internet[16] est créé pour inciter de nouveaux habitants à s’installer dans la commune.

Plusieurs équipements sportifs sont réalisés ou réhabilités (centre nautique, stade Farouk Nouï, stade Marcel Verchère, centre hippique[17], notablement). Les zones piétonnes sont multipliées. Dans le secteur social, il instaure un Conseil économique et social de Bourg-en-Bresse[18], afin de favoriser la démocratie locale.

Après des débuts houleux avec les milieux culturels (nudité déclarée inacceptable dans les spectacles, protestation quand les enfants des écoles chantent en langue étrangère)[7], puis lors de la démolition de la salle de la Vinaigrerie, les relations s'apaisent avec l’évolution du théâtre municipal et le développement de la scène de la Tannerie qui sont achevées sous son mandat, ou la transformation de l'Hôtel Marron de Meillonnas en espaces culturels[2].

Les relations de sa municipalité avec les associations[19] sont critiquées, comme la volonté de contrôler l'action de l'office de tourisme[20] et de l'office municipal des sports.

Un urbanisme parfois contesté

modifier

Comme maire, Jean-Michel Bertrand marque fortement l’urbanisme de Bourg-en-Bresse. Plusieurs opérations d’aménagement font évoluer la commune : aménagement du Champ de Foire, vente de la caserne Aubry à un organisme HLM (logements, ludothèque et conservatoire), implantation (critiquée) d’un multiplexe, entre autres. Le lancement en d'une opération de renouvellement urbain à la Reyssouze (médiathèque, pôle enfance), lancée à titre préventif[4] dans ce quartier de 4 000 habitants, est contestée (démolition de 348 logements et 804 réhabilitations)[2]. Quant à la transformation du Cours de Verdun en une Esplanade de la Comédie, elle est motivée par la création d'un cœur de ville, destiné à renforcer l’attractivité du centre-ville[2].

Plus polémiques, la fourniture du foncier du nouveau centre pénitentiaire au ministère de la justice pour garantir la présence des 300 emplois[21] et le choix de son emplacement, à la Providence, sont sources d’importants débats locaux[22]. Pour maintenir l’emploi industriel et attirer de nouvelles entreprises, la ville et l’agglomération ont créé le parc industriel Paul-Berliet et la zone commerciale de la Cambuse, rénové la zone d’activité de Cenord, et en ont facilité la desserte[23],[2]. En revanche, la rocade (pour mieux desservir Renault Trucks ou Tréfileurope), les principales entreprises burgiennes) ou la création d’un centre universitaire, sont encore à l'état de projets lors de sa mort.

Au cours de son mandat, Jean-Michel Bertrand a favorisé l'urbanisme et le développement économique (4 000 entreprises, 4e agglomération la plus dynamique de France[24] de la préfecture de l'Ain, au détriment de la qualité de vie dans la commune[réf. nécessaire].

Un unique mandat parlementaire

modifier

Devenu conseiller régional en 1995 dans le sillage de Charles Millon, puis en 2001, Jean-Michel Bertrand se présente aux législatives de 2002. Une fois député, il est intervenu en particulier sur le sujet de la sécurité routière.

Du Conseil régional à l'Assemblée nationale

modifier
Jean-Michel Bertrand lors d'un rassemblement de l'UMP.

Présent en 1992 sur la liste de Charles Millon aux élections régionales, il accède en 1995 au Conseil régional Rhône-Alpes, et après 1998 soutient un temps la Droite[7], un parti politique créé par Charles Millon.

En 2002, il est élu député à sa première candidature (42,5 % au premier tour puis 47,4 %[25]), battant le socialiste André Godin, qui avait ravi en 1997 le siège de Jacques Boyon. Touché par le cumul des mandats, Jean-Michel Bertrand démissionne alors du mandat de conseiller régional qu’il avait retrouvé en 2001[26].

Au palais Bourbon (où il siège dans les bancs les plus à droite[27]) il est membre de la commission des affaires économiques[27] et vice-président du groupe d’étude sur la route et la sécurité routière.

Parlementaire assidu et actif[28], attentif aux dossiers sur la jeunesse et l’économie[6], il s’est également investi dans la Haute Autorité de santé (HAS), notamment sur la maladie de Parkinson. Ardent partisan des réformes libérales proposées par les gouvernements Raffarin et Villepin[29], il s'affranchit parfois des positions de son parti[30].

Il a été membre du groupe d'études sur le problème du Tibet de Assemblée nationale[31].

Son action en faveur de la sécurité routière

modifier

Jean-Michel Bertrand est cosignataire de nombreuses propositions de lois, le plus souvent empreintes de conservatisme moral ou de libéralisme économique[32], visant à renforcer la sécurité publique (inceste, lutte contre la récidive, contre les drogues, imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, contre la polygamie, règle d’acquisition de la nationalité, mariages de complaisance…), mais aussi sur la protection de l’environnement, l’action pour les handicapés ou l’assouplissement des règles économiques (droit du travail – notamment les 35h – et de l’entreprise). Jean-Michel Bertrand est l’auteur de trois propositions de lois, visant à simplifier la redevance[33], à instaurer un service minimum dans les services publics[34] et enfin à renforcer la sécurité routière[35].

Car c’est dans le secteur de la sécurité routière que Jean-Michel Bertrand s'est le plus investi ; membre titulaire du Conseil national de la sécurité routière (CNSR) depuis son élection[27], il est chargé par le Premier ministre le d'animer une mission parlementaire sur la sécurité routière, principalement sur l’apprentissage à la conduite. Déclarée chantier prioritaire par Jacques Chirac, accompagnée de contrôles accrus par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy à partir de 2002, la sécurité routière est alors un sujet de société ; cette mission devait proposer des améliorations pour l’accès au permis de conduire et sur le contenu de la formation initiale[36]. En , Jean-Michel Bertrand remettait son rapport intitulé « Faciliter l'accès des jeunes au permis de conduire »[37] au Premier ministre ; 38 propositions pour faciliter le financement du permis de conduire (qui deviendra le dispositif national sur les permis à 1  par jour pour les jeunes de 16 à 25 ans[2]), adapter l'apprentissage de la conduite à leurs besoins, ou encore améliorer les conditions de passage de l'examen.

La maladie et sa succession politique

modifier

Une myélodysplasie (production anormale de la moelle osseuse) lui est diagnostiquée à la fin de l’année 2006[38]. Jean-Michel Bertrand renonce alors à se représenter à l'Assemblée nationale[39], et après avoir subi une greffe de moelle osseuse en , avait annoncé en qu’il ne serait pas candidat pour des raisons de santé à sa propre succession à la mairie de Bourg-en-Bresse en 2008[40].

À la mairie comme à l'Assemblée nationale, il anticipe sa succession en faisant émerger deux élus UMP[41]. Tout d’abord Xavier Breton, son 1er adjoint à la mairie de Bourg-en-Bresse (qui avait assuré l’intérim à la mairie durant son hospitalisation[2]) qui lui succèdera à l’Assemblée nationale le , puis, jusqu'à sa mort, il a soutenu et poussé la candidature de Christophe Feillens à l’Hôtel de Ville, battu aux élections municipales de 2008 par Jean-François Debat (PS).

Marié, père de trois enfants, quatre fois grand-père[3], il est mort le après plusieurs semaines d’hospitalisation[2].

Mandats

modifier
Député
Conseiller régional
Conseiller municipal / Maire
  • -  : membre du conseil municipal de Bourg-en-Bresse
  • -  : adjoint au maire de Bourg-en-Bresse
  • -  : membre du conseil municipal de Bourg-en-Bresse
  • -  : Maire de Bourg-en-Bresse
Mandats intercommunaux

Distinctions

modifier

Moins d’un mois avant sa mort, Jean-Michel Bertrand est fait chevalier dans l'Ordre national de la Légion d'honneur[42].

Notes et références

modifier
  1. Le courrier économie de Bourg-en-Bresse et des Pays de l'Ain, jeudi 21 février 2007.
  2. a b c d e f g h et i Site de la mairie de Bourg-en-Bresse.
  3. a b c d e et f Julien Brodier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Jean-Michel Bertrand au scanner…, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, .
  4. a et b Fabienne Python, « Ce que Jean-Michel Bertrand laisse à Bourg », Le Dauphiné libéré, .
  5. Jean-Marc Perrat, « Bourg-en-Bresse pleure son maire », Le Dauphiné libéré, 20 février 2008
  6. a et b Témoignage de Jean-Jack Queyranne, Le Dauphiné libéré, 20 février 2008.
  7. a b c et d Julien Bordier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Le bulldozer de la Bresse, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006
  8. Sondage IFOP du 22 février 2001 pour Le Progrès, où sa liste est créditée de 39 à 46 % des voix au second tour.
  9. Julien Bordier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Le bulldozer de la Bresse, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006. Le maire André Godin y témoigne qu'« une rumeur a circulé selon laquelle j'avais une liaison extraconjugale avec une Maghrébine et des enfants cachés ! » (...) « En 2000, j'ai eu un syndrome de Guillain-Barré, qui se traduit par une paralysie des extrémités des membres. J'ai dû m'arrêter trois mois. Trois semaines avant les élections, lors d'un meeting à la salle des fêtes, Jean-Michel Bertrand a dit que, compte tenu de mes tremblements, je ne pourrais plus jouer aux boules. En clair que je me faisais vieux. »
  10. Témoignages de Lucien Guichon et d’Étienne Blanc, Le Dauphiné libéré, 20 février 2008.
  11. Rubrique Coup de gueule de son blog.
  12. Julien Brodier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Jean-Michel Bertrand au scanner..., dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006. Les propos étaient retranscrits dans une interview à LyonMag.
  13. Julien Bordier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Opérations séduction, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006. Citation de Jean-Michel Bertrand.
  14. Julien Bordier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Opérations séduction, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006. Entre son élection et début 2006, 17 membres du gouvernement se sont rendus sur sa circonscription.
  15. Julien Bordier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Opérations séduction, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006. Témoignage de Philippe Morel-Lab, adjoint à l'urbanisme.
  16. ChoisirBourg.com.
  17. Site de la mairie de Bourg-en-Bresse. Sa commune lui doit également des actions en faveur du handicap (charte Ville Handicap), de l’environnement (Conseil national du développement durable) ou de l’accès à des animations culturelles.
  18. Page sur CESL sur le site de la Ville de Bourg-en-Bresse.
  19. La Ville de Bourg et les associations : de drôles de méthodes, blog de Jean-François Debat
  20. Office de Tourisme de Bourg : à la niche, les bénévoles !, blog de Jean-François Debat
  21. Julien Bordier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Polémique autour de la prison, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006
  22. Blog de Jean-François Debat.
  23. Julien Bordier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Opérations séduction, dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006
  24. Site de la mairie de Bourg-en-Bresse, classement du mensuel l'Entreprise..
  25. Site du ministère de l'Intérieur.
  26. France 3 Rhône-Alpes Auvergne..
  27. a b et c Présentation de Jean-Michel Bertrand sur le site de l’Assemblée nationale.
  28. Liste des questions au Gouvernement déposées par Jean-Michel Bertrand..
  29. Julien Brodier, Jean-Michel Bertrand, le maire bulldozer - Jean-Michel Bertrand au scanner..., dossier de L'Express sur Bourg-en-Bresse, 26 janvier 2006. Il regrettait « que l'on n'aille pas assez vite dans les réformes dont la France a besoin pour se réveiller. Le pays s'est vitrifié pendant que le reste du monde se développait. » Il était fier de « réussir, en ce moment, à débloquer la réforme des retraites, celle de l'assurance-maladie, le monde du travail. »
  30. Sa position sur l'amnistie accordée à Guy Drut..
  31. Groupe d'études sur le problème du Tibet.
  32. Sur son blog, ses vœux pour 2006..
  33. Proposition de loi de M. Jean-Michel Bertrand relative aux obligations déclaratives en matière de redevance audiovisuelle.
  34. Proposition de loi de M. Jean-Michel Bertrand visant à instaurer un service garanti à l'ensemble du service public..
  35. Proposition de loi de M. Jean-Michel Bertrand visant à mieux qualifier certains comportements particulièrement dangereux au volant.
  36. Présentation sur le site de la sécurité routière.
  37. [PDF] Jean-Michel Bertrand, Faciliter l'accès des jeunes au permis de conduire - Étude et propositions, Rapport parlementaire, .
  38. Information donnée sur son blog.
  39. « Décès de Jean-Michel Bertrand, maire de Bourg-en-Bresse », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  40. Le courrier économie de Bourg-en-Bresse et des Pays de l'Ain, jeudi 21 février 2008.
  41. Témoignage de Charles Millon, Le Dauphiné libéré, .
  42. Site de la mairie de Bourg-en-Bresse et décret du président de la République en date du 30 janvier 2008.

Voir aussi

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :