Jean-Michel Rosenfeld

homme politique français

Jean-Michel Rosenfeld, né le à Paris et mort le [1] est un homme politique français, chargé de mission auprès de Pierre Mauroy, Premier ministre, pour la presse, la communication et les relations extérieures, de 1981 à 1984, et chef adjoint de cabinet auprès de Michel Delebarre, ministre du Travail, de 1984 à 1986. Il est maire adjoint du 20e arrondissement de Paris, de 1984 à 2008. Durant la Seconde Guerre mondiale, il porte l'étoile jaune, en tant que Juif.

Biographie modifier

La jeunesse modifier

Jean-Michel Rosenfeld est né à Paris, le [2], où sa famille d'origine juive polonaise s'était installée en 1907[3] (ou en 1909)[4].

La famille paternelle de Jean-Michel Rosenfeld est originaire de Lublin, en Pologne d'où ses grands-parents paternels, Moïse Rosenfeld, tailleur pour dames, et Etha Ejzenfarb, couturière, arrivent en France en 1907[5]. Moïse et Etha Rosenfeld ont deux enfants : un fils, Joseph et une fille, Simone.

La grand-mère maternelle de Jean-Michel Rosenfeld, Suzanne Graif, est la fille d'un Juif roumain et d'une Juive alsacienne. Suzanne Graif avait épousé à Paris Berek Altman, casquettier, qui en 1906, avait quitté Lublin. Berek et Suzanne Altman ont une fille Jacqueline.

Le , à la mairie du 10e arrondissement de Paris est célébré le mariage de Joseph Rosenfeld, chambre maître (tailleur sur fourrure) à domicile, et de Jaqueline Altman, secrétaire dans une entreprise de revêtements de sol, Linoléum.

Jean-Michel Rosenfeld naît chez une sage-femme, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, dans le 4e arrondissement de Paris.

Il quitte l'école après son certificat d'études primaires. Son seul autre diplôme est un brevet d'animateur des sciences de l'éducation.

À 16 ans, il devient commis-drapier dans le quartier du Marais.

Survivant de la Shoah modifier

Jean-Michel Rosenfeld est un survivant de la Shoah. Dans l'ouvrage de la journaliste américaine vivant en France, Elaine Sciolino (2015), sur la Rue des Martyrs à Paris, il est une des personnalités habitant cette rue qui témoigne[6]. Il porte toujours sur lui, dans son portefeuille, l'étoile jaune imposée durant la Seconde Guerre mondiale. Il déclare vouloir être enterré avec cette étoile jaune[7].

En 1939, il a 5 ans quand son père, Joseph Rosenfeld (1911-1976), part au combat puis est fait prisonnier de guerre[2] pour ne revenir qu'en 1945. Jean-Michel Rosenfeld vit avec sa mère à Paris, durant l'Occupation allemande et les premiers temps de la Libération. De 1942 à 1944, tous les deux portent l'étoile jaune.

Jean-Michel Rosenfeld survit à la Rafle du vel d'hiv du , caché avec sa mère par la patronne de celle-ci[8],[9].

Jean Michel Rosenfeld a édité les 163 lettres que son père envoie à sa famille, durant sa captivité, de 1940 à 1944. Joseph Rosenfeld est soldat au 21e régiment d'infanterie coloniale. Il est fait prisonnier en , par une patrouille allemande, à Charmes, dans les Vosges. Il échappe à une exécution sommaire en prétendant qu'il n'est pas Juif. Il est emmené en captivité dans un camp de prisonniers (Stalag), à la frontière entre l'Autriche, l'Italie et la Yougoslavie. Il rentre à Paris le , ayant perdu le tiers de son poids et ses dents[10].

Jean-Michel Rosenfeld perd 38 membres de sa famille dans la Shoah[11].

En politique modifier

Jean-Michel Rosenfeld s'inscrit à la SFIO, à la fin des années 1960.

Il devient conseiller municipal de Bonneuil-sur-Marne, puis de Limeil-Brévannes, de 1971 à 1989.

Avec Pierre Mauroy modifier

Il entre dans l'équipe parisienne de Pierre Mauroy, après le congrès de Metz de 1979. Il s'occupe des relations extérieures.

Jean-Michel Rosenfeld est chargé de mission auprès de Pierre Mauroy, Premier ministre, pour la presse, la communication et les relations extérieures, de 1981 à 1984. Il est chargé des contacts avec diverses associations et communautés (Juifs, Arméniens, Maghrébins, LICRA, MRAP, Amnesty International, ainsi qu'avec des obédiences maçonniques[12]).

Pendant quarante ans, Jean-Michel Rosenfeld travaille avec Pierre Mauroy. Il est présent à son décès. Il « lui ferme ses yeux »[2],[13],[14]. L'expression de « lui ferme les yeux » est plutôt figurative, Jean-Michel Rosenfeld précise à Lille, en  :

« Quand il est parti, je lui ai presque fermé les yeux[15]. »

Après sa carrière avec le Premier ministre modifier

Il devient chef de cabinet auprès de Michel Delebarre, ministre du Travail, de à , dans le gouvernement de Laurent Fabius[16].

Il est maire adjoint du 20e arrondissement de Paris, de 1984 à 2008[17],[18].

Antisémitisme modifier

Jean-Michel Rosenfeld subit une agression verbale, se faisant traiter de « youpin », le , par un groupe de militants du Front national[19],[20].

Cercle Bernard Lazare modifier

Jean-Michel Rosenfeld est vice-président du Cercle Bernard Lazare[21].

Décorations modifier

Œuvres modifier

  • Je poursuis le chemin, L'Amandier, 2001
  • Les lumières de l'espoir : l'espoir, l'étoile, le triangle et la rose, La Bruyère, 2007[24]

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Amadou Bal BA, « "Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023)" par Amadou Bal BA », sur Blog Mediapart, (consulté le )
  2. a b et c Voir, (en) Elaine Sciolino, 2015.
  3. Voir, Jean-Michel Rosenfeld 8, rue d'Enghien, Xe arrondissement Huit ans en 1942. In: Alain Vincenot. Vel d'hiv-16 juillet 1942. 20012.
  4. Voir, Jean-Michel Rosenfeld: le militant et l'énarque. L'Histoire. No. 147. Septembre 1991.
  5. Voir, Jean-Michel Rosenfeld In: Alin Vincenot, 2012.
  6. Voir, (en) Rachel Shteir. A Mash-Up of the Paris of the Past With a Personal Here and Now. Books Of The Times, The New York Times, December 23, 2015. La version imprimée du The New York Times est publiée le jeudi 24 décembre 2015 (Thursday, December 24, 2015), p. C4.
  7. Voir, Shteir, 2015.
  8. Alain Vincenot, Vel d'hiv - 16 juillet 1942, Archipel, (lire en ligne), Jean-Michel Rosenfeld, 8 rue d'Enghien, Xe siècle arrondissement, huit ans en 1942
  9. Voir, En mémoire d'une rafle. L'Ami du 20e, Été 2013, no. 697.
  10. Voir, Joseph Rosenfeld: Lettres du stalag: 1940-1945. Préface de Jean Lacouture
  11. Voir, François Devinat. Des francs-maçons retournent à Auschwitz. Libération. 21 mars 1995.
  12. Voir, (en) Sophie Coignard & Marie-Thérèse Guichard. French Connections: Networks & Influence, 2000, p. 133.
  13. Voir, Jean-Michel Rosenfeld Honore Pierre Mauroy Devant La Maison du Peuple. YouTube.
  14. Voir, Inauguration d'une sculpture en l'honneur de Pierre Mauroy à Cachan. 14 juin 2015. Les Amis de Pierre Mauroy.
  15. Voir, FK. L. Lille: l'hommage des socialistes à Pierre Mauroy, géant u Nord disparu le 7 juin 2013. La Voix du Nord, 8 juin 2015
  16. Voir, L'Histoire, 1991.
  17. Voir, Jean-Michel Rosenfeld. Fondation Jean Jaurès.
  18. Voir, Jean-Michel Rosenfeld. Portrait liste Clandra. Vidéo Dailymotion.
  19. Voir, Solidarité avec Jean-Michel Rosenfeld. Le CRIF an action. 24 février 2004.[
  20. Voir, Élu traité de "youpin": Delanoë condamne. L'Obs. Politique, 15 février 2004.
  21. Voir, (en) Paris Square Renamed in Honor of Dreyfus Defender. dsjv.com (Deep South Jewish Voice, the Jewish newspaper of Alabama, Louisiana, Mississippi and NW Florida) June 21, 2005.
  22. Voir, d'honneur, promotion du 1er janvier 2014.
  23. Voir, Lundi 26 mai 2014. Remise des insignes d'Officier de la Légion d'honneur à M. Jean-Michel Rosenfeld par George Pau-Langevin, Ministre des Outre-mer.
  24. Voir, Jean-Michel Rosenfeld. Les lumières de l'espoir: l'étole, le triangle et la rose. L Bruyère, 2007.

Liens externes modifier