Jean Badovici
Jean Badovici, né le à Bucarest et mort le à Monaco, est un architecte et critique d'art français d'origine roumaine connu pour avoir édité le magazine d’avant-garde architecturale L'Architecture vivante de 1923 à 1932[1].
Jean Badovici | |
Présentation | |
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Nom de naissance | Jean Badovici |
Autres noms | "Bado" |
Naissance | Bucarest (Royaume de Roumanie) |
Décès | Principauté de Monaco |
Nationalité | Roumanie France à partir de 1930 |
Mouvement | Mouvement moderne, courant puriste, brutaliste, CIAM... |
Activités | architecture, urbanisme, édition, écriture, conférences |
Diplôme | architecte |
Formation | École des beaux-arts de Paris École spéciale d'architecture |
Œuvre | |
Réalisations |
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Publications | L'Architecture vivante |
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Biographie
modifierUne jeunesse parisienne
modifierJean Badovici[2] arrive à Paris en 1913. Il repart en Roumanie en octobre 1914 mais, exempté du service militaire à la suite d'un accident, il est démobilisé et regagne Paris en janvier 1915. Il commence des études d'architecture à l'École des beaux-arts où il est élève dans l'atelier d'architecture d'Edmond Paulin, puis il rentre à l'École spéciale d'architecture d’où il sortira 1er diplômé sur 9 étudiants, en 1919. Durant ses études, il se lie d'amitié avec Christian Zervos, alors étudiant en philosophie à la Sorbonne, ils logeaient tous deux à l'Hôtel des Carmes voisin de la faculté[3]. Ensemble, ils fréquentent Giuseppe Ungaretti, poète italien proche du cercle d’Apollinaire également hébergé dans leur petit hôtel. Jeune diplômé, Badovici décide de rester en France et à la fin l'année 1919, jusqu'au début de l'année suivante ; il voyage en Italie en compagnie de Christian Zervos. En 1920, il rencontre Le Corbusier et Eileen Gray et, en 1922, adhère à la société des architectes modernes.
L’Architecture vivante
modifierJean Badovici était un critique influent en France et mentor de l'architecture moderne, il a convaincu l'éditeur Albert Morancé de l'importance de créer une revue avant-gardiste[4]. L'Architecture vivante. De 1923 à 1925, il édite ce magazine placé sous le double patronage de Paul Valéry et Auguste Perret, la revue avait pris pour dénomination : Architecture vivante, ce qui signifiait pour Auguste Perret « une architecture qui parle et qui chante ». Les publications diffusaient les théories et les principes de l’architecture moderne : fonctionnalité, emploi judicieux des matériaux, équilibre et proportions. L’emprise de Le Corbusier dont Badovici était l’un des proches amène surtout la revue à devenir l’organe de diffusion du « Mouvement Moderne International ». L'Architecture Vivante est devenu immédiatement un porte-parole influent de l'architecture moderne (Bauhaus, constructivisme, De Stijl). Badovici entretint des relations à des magazines avant-gardistes européens comme Wendingen (Pays-Bas) et les Cahiers d'art fondé en 1926 par son ami Christian Zervos.
La rencontre avec Eileen Gray
modifierJean Badovici venait régulièrement à Vézelay depuis que le peintre décorateur Yves Renaudin l’avait invité à venir restaurer sa maison dite « de la Tour Rouge » en 1927. En 1923, il avait déjà conçu et réalisé pour lui son atelier à Paris. Séduit par le village, il se porta progressivement acquéreur de plusieurs maisons, jusqu’à cinq, pensant créer une communauté d’artistes et d’artisans dans l’esprit théosophique de la colline du Monte Verità à Ascona en Suisse. Pour y vivre avec sa compagne Eileen Gray, il réhabilite d’abord une maison, rue de l’Argenterie, achetée en 1927, puis une autre, rue de la Porte Neuve, pour y recevoir ses amis dont Paul Gueguen, Jean Follain et Le Corbusier[5]. C'est ainsi qu'il va convaincre son ami Christian Zervos de prendre une maison de vacances dans un hameau qui domine la vue sur le village.
La Villa E 1027
modifierÀ Roquebrune-Cap-Martin, il assista Eileen Gray dans la conception et la construction de l’un des plus importants édifices du Style international, la maison E-1027, (E comme Eileen, 10 pour la position de la lettre J, comme Jean, 2 pour B de Badovici, et 7 pour G de Gray). Il rédigèrent ensemble une description détaillée de leur maison dans un numéro spécial de L'Architecture Vivante, publié en 1929, intitulé Maison en bord de mer, E-1027. Tous les détails de la maison sont dessinées par Eileen Gray et en grande partie réalisés sous sa direction à Paris[6]. Pour le couple, la commande se résume ainsi:
« La maison a été construite pour un homme aimant le travail, les sports et aimant à recevoir ses amis. »
— Description, Eileen Gray et Jean Badovici, « E 1027. Maison en bord de mer », numéro spécial de L’Architecture vivante, Paris, Éd. Albert Morancé, 1929 automne - hiver 1929, pages 16.
Le Corbusier
modifierDe 1927 à 1936, il est très impliqué dans la diffusion de l'architecture moderne et édita le premier catalogue des œuvres de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret. Il est naturalisé français en , grâce à l'intervention de Frantz Jourdain, président de la Société des architectes modernes.Il participe aux Congrès international d'architecture moderne, en particulier le IVème, celui d'Athènes en 1933, ou fut élaboré la charte d'Athènes. Il participera aux autres CIAM jusqu'au Xème de 1956 à Dubrovnik.
La passion de la mer
modifierLa reconstruction de Maubeuge
modifierAprès la Seconde Guerre mondiale, Badovici fut l’assistant d'André Lurçat l’architecte en chef responsable de la reconstruction de Maubeuge (1945-53), Lurçat s'y révèle attentif aux attentes des sinistrés, sensible à la forme urbaine antérieure et aux délicats problèmes fonciers.
Réalisations
modifier- Atelier d'Yves Renaudin au 22, rue Henri Barbusse à Paris (1923)
- Villa E-1027, à Roquebrune-Cap-Martin (1926-1929)
- La maison Battachon-Renaudin, à la tour rouge, à Vézelay (1932)
- La maison Badovici-Gray, rue de l'argenterie à Vézelay (1931)
- Logements d'artistes, rue de la porte-neuve à Vézelay (1932)
- La maison Zervos, au hameau de la Goulotte à Vézelay (1937-1943)[7]
- Résidence Le Building (face à la Chapelle des sœurs noires), Immeuble de 6 étages, à Maubeuge(1945-1953)
- Immeubles Lalo, Bizet, Les Arcardes, à Maubeuge (1953)
- Caisse d'épargne de Maubeuge (1953)[8]
- Ilot D, de la reconstruction de Maubeuge avec les architectes Henri Lafitte, Armand Bonhomme, Maurice Gouvernet, Marcel Mélon (1945-1953)[9]
- Maison sur les coteaux de Sèvres (1954)
Publications
modifierArticles de Jean Badovici
modifier- « Maisons de rapport de Charles Plumet », L'Architecture vivante, Paris, vol. Automne, , p. 18
- « Parfumerie d'Orsay par Süe et Mare », L'Architecture vivante, Paris, vol. Automne, , p. 19-29
- (en) Jean Badovici, « Eileen Gray. Meubelen en interieurs », Wendingen, Amsterdam, vol. 6, no 6,
- « Entretiens sur l'architecture vivante », L'Architecture vivante, Paris, vol. Automne - Hiver, , p. 15
- « Entretiens sur l'architecture vivante », L'Architecture vivante, Paris, vol. Printemps - Été, , p. 24-25
- « La maison individuelle d'aujourd'hui, Vol.1 », Maisons Individuelles, Paris,
- « Le problème du toit », L'Architecture vivante, Paris, vol. Automne - Hiver, , p. 20-23
- « Le moment héroïque de l'Architecture moderne en U. R. S. S. », L'Architecture vivante, Paris,
- « L'architecture hospitalière », L'Architecture vivante, Paris, , p. 5-32 (lire en ligne [PDF])
- « Troisième projet d'Urbanisation d'Alger », L'Architecture vivante, Paris, , p. 40 (lire en ligne [PDF])
- « Urbanisation de la rive gauche de l'Escaut, à Anvers », L'Architecture vivante, Paris, , p. 57-70 (lire en ligne [PDF])
Brevets déposés par Jean Badovici
modifier- Fenêtre mécanique type paravent
- Canot de sauvetage de grande capacité, inchavirable et insubmersible (1933)
- Dispositif de lancement des canots de sauvetage actuels et tunnel isolant allant des cabines aux canots (1935)
- Croiseur de bataille porte-vedettes torpilleur (1939)
Voir aussi
modifierArchives
modifier- Fonds Jean Badovici (1927-1956) [archives écrites et photographiques, dessins ; 1 boite]. Cote : BADO. Paris : Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou (présentation en ligne).
Bibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Eileen Gray et Jean Badovici, E. 1027 : Maison en bord de mer, Marseille, Imbernon, , 27 p. (ISBN 2-9516396-5-1 et 978-2-9516396-5-2, OCLC 421691125, BNF 40948232), prix Paul-Marmottan 2007Réédition du numéro spécial de L'Architecture vivante publié en 1929 par Albert Morancé, augmentée d'un 32 pages composé de trois articles.
- Eileen Gray, « Jean Badovici (1893-1956) », Technique et Architecture, Paris, vol. 4, , p. 24
- Brigitte Loye, Eileen Gray, Editions Analeph, J.P. Viguier, , 159 p. (ISBN 978-2-905115-00-3)
- Jean-François Archieri, « Jean Badovici: une histoire confisquée », dans Cloé Pitiot (dir.), Eileen Gray, Paris, Centre Pompidou, , 88-94 p. (ISBN 9782844265951).
- Yvette Szczupak-Thomas, Un Diamant brut: Vézelay-Paris 1938-1950, Paris, Editions Métailié, , 438 p. (ISBN 978-2-86424-654-1)
- Dossier Jean Badovici, Archives du Musée de la Marine.
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- L'Architecture vivante
- Eileen Gray
- Villa E-1027
- Congrès international d'architecture moderne
- Reconstruction de Maubeuge après la Seconde guerre mondiale
Références
modifier- (en) « Badovici, Jean », sur encyclopedia.com (consulté le ).
- Eléments de biographie de Jean Badovici, site de l'association l'Étoile de mer.
- Christian Zervos, un éditeur face à l'art de son temps, bibliothèque Kandinsky.
- http://cths.fr/an/prosopo.php?id=119232.
- « fondationzervos.com/maison/mai… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- Brigitte Loye, p. 22.
- « fondationzervos.com/maison/mai… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- http://patrimoine-de-france.com/nord/maubeuge/banque-dite-caisse-d-epargne-15.php.
- http://patrimoine-de-france.com/nord/maubeuge/ilot-d-56.php.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jean Badovici » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
(fr) Biographie de Jean Badovici sur le site de la Fondation Christian et Yvonne Zervos